dimanche 30 janvier 2005

LES MEDIAS ET LES TUERIES :UN CHOIX POLITIQUE

Il y a maintenant plus d’une semaine que des personnes, ceinturées de dynamite, ont pris en otage des centaines d’étudiants et de parents dans une école de Russie. Pour des raisons encore inconnues le tout s’est transformé en un bain de sang largement rapporté par les media à travers le monde. Au même moment, des bombardiers de la force d’occupation en Irak, munis de bombes à haute puissance explosive, larguaient ces dernières sur des quartiers résidentiels de Bagdad, causant la mort de dizaines de civils et blessant des centaines d’autres. Dans un cas comme dans l’autre, les victimes sont des humains, enfants et adultes, qui portent la douleur d’une violence injustifiée et dont le sang est tout aussi dramatique pour les uns comme pour les autres. La douleur et la souffrance n’ont ni couleur, ni nationalité, ni religion.

Alors pourquoi certaines cruautés nous sont si crûment présentées pendant que d’autres sont à ce point couvertes que nous en venons à penser qu’elles sont des bénédictions du ciel ? Quelle différence y a-t-il entre un kamikaze ceinturé de dynamite et un bombardier gonflé de bombes incendiaires et mortelles ? Quelle différence y a-t-il entre les victimes innocentes des uns et des autres ? On annonce la décapitation d’un travailleur comme un crime barbare en même temps que l’on signale que plus de cent personnes ont été tués lors de bombardements dans un quartier résidentiel sans toutefois ajouter l’horreur à de tels massacres. .En tant que citoyen qui croit à la charte des droits de la personne s’appliquant du premier au dernier des humains je ne puis demeurer silencieux devant le fait que nous départagions ainsi et à notre convenance les bons assassins des mauvais ainsi que les bonnes victimes des mauvaises victimes. Comme si nous pouvions parler de bons et de mauvais malheurs. Les artisans de l’information, les faiseurs d’opinion, les spécialistes de la manipulation et notre manque d’analyse critique participent à ce départage. Nous en portons tous la responsabilité.

En Irak, par exemple, on ne parle pas des forces d’occupation mais de celles de la coalition. On ne parle pas de la résistance irakienne, mais de terroristes, de délinquants, de fanatiques, d’antisociaux. Lorsque l’Allemagne a envahi la France dans les années 1940 on parlait vraiment d’une force d’occupation et les français qui s’allièrent à cette force on les appelait des
«collaborateurs». Nous savons aujourd’hui qui étaient les véritables héros. Que penserions-nous des canadiens qui n’auraient pas le courage de défendre leur patrie contre tout envahisseur, qui plus est en deviendraient des « collaborateurs » ? Nous les traiterions de traîtres. Ils seraient jugés et condamnés à des peines d’emprisonnement. Dans certains pays de tels agissements conduisent directement à la peine de mort. Actuellement en Irak, c’est l’inverse qui se produit : le résistant, celui qui lutte contre l’occupation est le traître et le « collaborateur » est le bon citoyen fidèle à sa patrie.

Les medias, ceux qui arrivent jusqu’à nous, reproduisent et entretiennent, à de rares exceptions près, cette perception des choses. La profession de journaliste ressemble de plus en plus et pour un nombre toujours plus croissant à du « couper-coller ». Quelques grandes agences de presse ayant acquis le droit de régner s’occupent des messages et du sens à leur donner. Les nouvelles en provenance d’autres agences de presse, n’ayant pas acquis leur droit de noblesse dans ce club sélecte, comme Prensa latina plus près de nous, sont plutôt rares et exceptionnelles. Il y a de l’information que l’on préfère taire. Évidemment pour le bien de la population et celui de la démocratie.

Oscar Fortin

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