mercredi 27 septembre 2006

CHAVEZ AUX NATIONS UNIES

Bien peu nombreux sont ceux qui peuvent rapporter la teneur des propos du Président du Venezuela, Hugo Chavez, lors de son intervention aux Nations Unies. On a évidemment relevé avec insistance ses propos incendiaires contre le Président Bush et son Administration, mais très peu ont relevé le contenu de son intervention et le contexte très particulier dans lequel il l’a livré.

DES COUPS BAS

D’abord dans on propre pays, alors qu’il est en campagne électorale, il doit déployer tous les moyens pour contrer les actes de sabotages soutenus et encouragés par l’actuelle Administration étasunienne. Tout récemment, ils ont saisi à l’aéroport de Caracas 22 valises diplomatiques destinées à l’ambassade des États-unis contenant tout un arsenal pouvant servir à des actes terroristes et à la subversion. En 2002, cette même Administration avait encouragé et soutenu le coup d’État militaire visant à le renverser et même à l’éliminer physiquement, en dépit du fait qu’il ait été élu très démocratiquement. À son arrivée à New York pour la présente session, son médecin personnel et son chef de sécurité se sont vus refuser leur visa d’entrée.
« Vous savez que mon médecin personnel a dû rester dans l'avion. Le chef de la sécurité a dû rester enfermé dans un avion verrouillé. Aucun de ces deux messieurs n'ont été autorisé à venir assister à la réunion de l'Onu. »

À ceci il faut ajouter le fait que les États-unis font tout pour contrer la candidature du Venezuela à un poste non permanent du Conseil de Sécurité. Tous les moyens à leur disposition sont déployés pour convaincre les pays à voter contre cette candidature.

« Voici comment le Venezuela s'est présenté. La patrie de Bolivar a cherché à obtenir un siège permanent au Conseil de Sécurité. Voyons ! Bon, il y a eu une attaque en règle par le gouvernement étasunien, une attaque immorale, pour essayer d'empêcher le Venezuela d'être élu librement à un poste au Conseil de Sécurité. »

À tout ceci il faut signaler tous les efforts déployés auprès des medias existants un peu partout dans le monde pour noircir et discréditer le plus possible sa personne et ses fonctions. Des millions de dollars y sont investis à cette seule fin. Le visage qu’ils présentent est celui de l’extrémiste, mais ce que voient les Vénézuéliens et bien des peuples de la terre, laissés pour compte, c’est celui d’un leader entièrement dévoué à la cause de la justice, qui pose des gestes cohérents et courageux, un Président qui n’a pas peur des mots pour faire entendre leurs voix.

SON ANTI-IMPÉRIALISME

Il n’y a pas de doute que Chavez est un ardent opposant à tout impérialisme ainsi qu’à toute forme d’hégémonie. Il n’est pas le seul à en faire la critique et à y voir la source d’un sous-développement et d’une pauvreté systémique. L’auteur auquel il s’est référé au tout début de son intervention, NOAM CHOMSKY, n’est pas un inconnu pour les spécialistes des sciences sociale, politique et linguistique, mais pour le commun des mortels, peu savent qui il est. Il faut dire que nos medias n’y voient pas un grand intérêt : ses critiques à leur endroit étant sans compromis. IL est un de ceux qui démystifie la prétendue neutralité des médias sous le couvert de laquelle ils se placent pour mieux servir l’idéologie dominante de leurs maîtres.

NOAM CHOMSKY, né aux Etats-Unis de famille juive, s’est fait connaître de façon particulière par ses travaux et ses découvertes en linguistique. Doté d’une intelligence exceptionnelle et préoccupé par les questions sociales et politiques il est vite devenu un chercheur militant et engagé. Ainsi, de nombreux ouvrages l’ont propulsé à l’avant scène des grands débats de l’époque contemporaine. Hugo Chavez y trouve son inspiration pour comprendre tout autant les forces qui s’affrontent que les objectifs qu’elles poursuivent. Pour Chomsky, la politique extérieure des Etats-Unis en est une d’hégémonie et de domination. Le droit et le bien des autres doivent être subordonnés aux leurs. Sa puissance militaire et ses influences politiques et économiques servent de leviers pour mettre au pas les récalcitrants. Ses intérêts passent avant ceux de tous les autres. La seule démocratie viable est celle qui lui est subordonnée.

« Noam Chomsky, est l'un des Américains et des intellectuels du monde les plus prestigieux. Voici l'un de ces tout derniers ouvrages, 'Hegemony or Survival : The Imperialist Strategy of the United States.' [L'hégémonie ou la survie : La stratégie impérialiste des Etats-Unis. C’est un excellent livre qui nous aide à comprendre ce qui s'est passé dans le monde au cours du 20ème siècle, sur ce qui se passe aujourd'hui et sur la plus grande menace qui plane sur notre planète. »

LES TERRORISTES POUR BUSH

Il n’a pas manqué l’occasion de relever certains passages du discours du Président Bush qui s’était adressé la veille à la même Assemblée générale. Il a mis en évidence le fait que deviennent terroristes tous ceux qui s’opposent à leur hégémonie et qui luttent pour la justice.

"Partout où vous regardez, vous entendez des extrémistes vous dire que vous pouvez échapper à la pauvreté et retrouver votre dignité par la violence, la terreur et le martyre".

Et de commenter le Président Chavez : « Partout où il regarde, il voit des extrémistes. Et vous, mes frères - il regarde la couleur de votre peau et il dit, oh ! Il y a un extrémiste. Evo Morales, le valeureux Président de Bolivie est, pour lui, un extrémiste. »

Il aurait pu ajouter : Eh vous, monsieur le Président, que faites-vous pour sortir les pauvres de leur pauvreté et leur permettre de retrouver leur dignité ? Que faites-vous avec toutes les armes en votre possession ? Qu’arrivent-ils aux pauvres de votre pays : ceux du Bronx, ceux des arrières cours de vos grandes villes, des victimes de l’ouragan Christina ? Que faites-vous des pauvres des pays que vous maintenez sous votre domination en Amérique centrale, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud et ailleurs dans le monde ? Quelle dignité leur concédez-vous ? Ce ne sont pourtant pas les armes qui vous manquent ni la violence pour les utiliser.

LES TERRORISTES DE BUSH

Le Président du Venezuela relève les incohérences dans les paroles et les faits. Il relève les actes terroristes commis contre des pays et des citoyens du l’Amérique Latine. Il rappelle l’assassinat de Orlando Letelier, ancien ministre des Relations étrangères du Chili, celui, en 1977, de l’avion cubain détruit en plein ciel entraînant la mort de 73 innocentes victimes et plus récemment le coup d’État au Venezuela dont il fut la principale victime.

« Luis Posada Carriles est le nom de ce terroriste qui a fait l’attentat de l’avion cubain et qui est protégé ici. Et d'autres personnes extrêmement corrompues qui se sont échappées du Venezuela vivent aussi ici sous protection : un groupe qui a posé des bombes dans diverses ambassades, qui a assassiné des gens pendant le coup d'Etat. Ils m'ont kidnappé et ils allaient me tuer, mais je pense que Dieu est descendu et notre peuple est sorti dans les rues et l'armée y était aussi et ainsi je suis ici devant vous, aujourd'hui. Mais ces personnes qui ont dirigé ce coup d'Etat sont ici, aujourd'hui, dans ce pays, protégés par le gouvernement américain. Et j'accuse le gouvernement américain de protéger ces terroristes et d'avoir un discours complètement cynique. »

UNE RÉFORME DES NATIONS UNIES S’IMPOSE

Le président du Venezuela s’est fait de nouveau un ardent promoteur d’une réforme en profondeur des Nations Unies. Dans la situation actuelle l’Autorité réside entre les mains du conseil de sécurité, lequel dépend entièrement du droit de veto des six membres permanents. Il suffit qu’un de ces membres utilisent son droit de veto pour enlever toute capacité d’intervention de l’Organisation des Nations Unies dans les litiges qui l’interpellent directement. Si les Etats-Unis dérogent au droit international, son droit de veto au Conseil de sécurité, annulera toute capacité d’intervention de l’ONU.

Il a relevé l’importance d’une plus grande démocratisation de l’Organisation et il a invité ceux qui se font les apôtres de la démocratie de s’y engager. Il a également fait valoir l’importance d’ouvrir le Conseil de sécurité à d’autres membres permanents comme par exemple aux représentants des pays non alignés. Le seul fait que le Venezuela ait présenté sa candidature à un poste au Conseil de sécurité a déchaîné une attaque en règle de la part du Gouvernement des Etats-Unis :

« L'imperium a peur de la vérité, il a peur des voix indépendantes. Il nous appelle extrémistes, mais ce sont eux les extrémistes. Et j'aimerais remercier tous les pays qui ont aimablement annoncé leur soutien au Venezuela, même si le scrutin est secret et qu'il n'est pas nécessaire d'annoncer ces choses «

CONCLUSION

UN DISCOURS À LIRE EN SON ENTIER.
http://www.alterinfo.net/DISCOURS-DE-HUGO-CHAVEZ-a-la-61eme-assemblee-generale-de-l-ONU_a3594.html

N’ATTENDEZ PAS SA PUBLICATION DANS L’UN DE NOS MEDIAS, VOUS RISQUERIEZ DE NE JAMAIS LE LIRE.

Oscar Fortin 27 septembre 2006
NOTE: SATAN pris de l'hébreu se traduit par ADVERSAIRE
DIABOLOS pris du grec se traduit par CALOMNIATEUR

samedi 23 septembre 2006

L'IRAN S'EXPLIQUE


L’ouverture annuelle des sessions des Nations Unies est une occasion toute spéciale pour les chefs d’État de prendre la parole et de s’expliquer sur divers problèmes qui menacent la sécurité du monde. Ainsi en fut-il tout au long de cette semaine du 17 septembre qui a marqué l’ouverture de la 61ième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. On a vu défiler à la Tribune de cette Institution Georges W. Bush, Hugo Chavez, le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad et tous les autres.

Si la PRESSE canadienne de langue française a amplement fait écho au discours du Président des Etats-Unis et aux débordements de langage du Président du Venezuela, elle a très peu relevé la performance de celui que l’Administration Bush et la presse occidentale en générale qualifient de grand Satan de l’Axe du Mal. Ce silence s’explique d’autant moins que les relations entre les Etats-Unis et l’Iran placent le monde face à une guerre aux conséquences les plus imprévisibles pour l’humanité. Pourtant, le droit du public à l’information dont se réclament nos medias lorsque leurs journalistes ne peuvent couvrir certains évènements en direct (Radio Canada et Cuba lors du XIVième Somment des pays non alignés, Journal de Québec, 16 septembre 2006) commandait qu’on y accorde une plus grande attention. Ce n’est tout de même pas tous les jours que « le Satan de l’axe du mal » vient s’expliquer devant la communauté des nations.

(http://www.alterinfo.net/L-integralite-du-discours-du-President-iranien-a-l-Assemblee-generale-de-l-ONU-totalite-_a3518.html )

Ce qui arrive, aujourd'hui, à l'humanité, n'est pas digne de la grandeur humaine. Dieu n'a pas crée l'homme pour que les uns oppressent les autres.

Certains déclenchent des guerres et des conflits pour piller les ressources, faire des fortunes et élargir leur domination et certains subissent la misère, les souffrances et les douleurs qui en résultent. Certains recourent à la force et à la menace pour gouverner le monde et certains vivent sous le spectre de la menace et de l'insécurité

Certains occupent les territoires des autres qui se trouvent des milliers de kilomètres de leur pays et s'ingèrent dans les affaires des autres et font main basse sur les ressources pétrolières et non pétrolières des autres et certains subissent, quotidiennement, des bombardements et leurs enfants meurent chaque jour dans les rues et leurs maisons sont détruites. Ce genre de comportements n'est pas digne de l'humanité et ne correspond pas au juste, à la justice et à la dignité humaine. La question essentielle qui se pose, dans les conditions actuelles est de savoir chez qui devront se plaindre les opprimés du monde? Qui ou bien quelle organisation défend les droits des opprimés et remette à leur place les oppresseurs? Où se trouve l'équité internationale ?


Le Président poursuit en demandant à quoi sert la prolifération des armes nucléaires si ce n’est à proférer des menaces, à développer la haine, à créer des divisions. Cette prolifération n’a pas apporté la paix à l’humanité. Que penser de l’occupation par des forces extérieures de territoires étrangers comme c’est le cas en Irak, en Palestine, au Liban ? Quant aux activités nucléaires de l’Iran il a de nouveau confirmé qu’elles se font au grand jour et qu’elles n’ont aucune prétention militaire.

Toutes nos activités atomiques sont bien manifestes, pacifiques et à l'exposition de la vue des inspecteurs de l'Agence.

Finalement, il traite de la question de l’organisation des Nations Unies et tout particulièrement du Conseil de sécurité. Le droit de veto dont dispose les membres permanents de ce Conseil fait en sorte que toute l’Organisation des Nations Unies est paralysée à partir du moment où un des faussaires du droit international est un des membres de ce conseil. Le droit de veto lui permettra de paralyser toute mesure pouvant le mettre en cause.

Un certain nombre de membres permanents du Conseil de sécurité qui dans les conflits internationaux constituent une partie du conflit, menacent facilement les autres par le biais du conseil de sécurité et annoncent même au préalable la condamnation de l'autre partie de la part dudit conseil.

Prétendre soutenir les droits de l'Homme et la démocratie pour certaines puissances est valable tant que l'on peut utiliser comme un outil pour exercer de pressions et humilier d'autres nations mais lorsque la question se retourne vers ceux qui prétendent ces choses là, des termes comme la démocratie, le droit du choix des nations, le respect du droit et la conception du peuple, le droit international et la justice n'auront aucune valeur et importance.

L'équité et la démocratie exigent que le rôle de l'Assemblée générale des Nations unies, cette pierre de touche de l'instance, soit respecté, et que, sur la base d'une définition appropriée de son mécanisme, cette Assemblée décide des réformes au sein de l'Onu, notamment dans son Conseil de sécurité, pour l'émanciper d'une telle situation. Sinon, d'envisager au moins pour chacun du Mouvement des Non-alignés, de l'Organisation de la Conférence islamique et du continent africain, un siège permanent, doté du droit de veto, au Conseil de sécurité afin d'éviter par cet équilibre que le droit des nations soit bafoué.

Les citoyens asiatiques, africains, européens, américains sont tous égaux ; plus de six milliards d'âme de la population mondiale sont tous égaux et respectables. Equité et le respect de la dignité humaine sont les deux piliers de la paix durable et de la sécurité dans le monde. Ce que prône d'ailleurs notre sunna : la paix durable dans le monde ne sera possible que sur la base de l'équité, la spiritualité, la morale, l'affection, et le respect de la dignité humaine
.

Suite à cette intervention fort remarquée aux Nations Unies, il s’est présenté devant la Presse mondiale pour répondre aux diverses questions et préciser la nature des recherches menées par l’Iran dans le domaine de l’énergie nucléaire. (http://www.alterinfo.net/La-conference-de-presse-d-Ahmadinejad-a-New-York_a3559.html )

Il a également rencontré les Évêques catholiques de New York avec lesquels il a échangé sur les questions qui les préoccupent. (http://www.alterinfo.net/Le-president-iranien-rencontre-les-autorites-de-l-Eglise-catholique-de-New-York_a3528.html ).

Le Satan de l’axe du mal s’est finalement révélé plus humaniste que diabolique, plus croyant que matérialiste.

"Sans la justice, la paix ne pourra voir le jour dans le monde, a indiqué Ahmadinejad aux évêques en allusion aux trois piliers de toute religion monothéiste à savoir l'appel à l'unicité de Dieu, à la justice et à la sauvegarde de la dignité humaine. »

CONCLUSION

Si l’Iran n’est pas exempt de problèmes et de contradictions, il manifeste de l’ouverture au dialogue et à la diversité dans le respect et l’équité. Ses réflexions sur la réorganisation des Nations Unies ont de quoi alimenter la réflexion de nos éditorialistes et analystes politiques.

Oscar Fortin
23 septembre 2006
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mardi 19 septembre 2006

BENOÎT XVI DANS LA TOURMENTE

Les réactions de l’Islam aux propos tenus par BENOÎT XVI ne relèvent pas uniquement de quelque sensibilité religieuse des disciples de MAHOMET ou, comme certains le pensent, d’une manipulation politique interne pour mieux justifier la violence contre l’OCCIDENT CHRÉTIEN. Il faut en chercher tout particulièrement l’explication dans le contexte politico religieux des guerres menés par l’OCCIDENT CHRÉTIEN contre les pays et les groupes appartenant à l’AXE DU MAL.

UNE ALLIANCE DISCRÈTE MAIS RÉELLE

BENOÎT XVI, pas plus d’ailleurs que JEAN-PAUL II ne l’avait fait avant lui, ne s’est dissocié ouvertement et sans équivoque de cette vision simpliste et arbitraire, consacrée par l’ADMINISTRATION de G.W. BUSH, faisant de ses guerres de conquêtes des guerres du BIEN contre le MAL. Il se trouve que dans cette vision, les pays de l’AXE DU MAL sont, pour un grand nombre, des PAYS MUSULMANS : l’IRAK, l’IRAN, la PALESTINE, l’AFGHANISTAN.

UNE CONDAMNATION QUI N’EST JAMAIS VENUE

Dès les débuts de cette mise en scène, il eût été, me semble-t-il, DE LA RESPONSABILITÉ DES AUTORITÉS CHRÉTIENNES de dénoncer, avec force, non seulement cette approche, mais encore, et avec plus de vigueur, ceux qui font appel à la foi chrétienne pour justifier ce « nettoyage » du monde des forces du MAL. Il suffisait de rappeler, non pas à mots couverts, mais clairement et sans équivoque, cette PARABOLE DE L’IVRAIE que JÉSUS lui-même nous a livrée. Aux travailleurs qui lui demandèrent s’il fallait libérer les champs de l’IVRAIE il eût cette réplique :

« NON, DIT-IL, DE PEUR QU’EN RAMASSANT L’IVRAIE VOUS NE DÉRACINIEZ LE BLÉ AVEC ELLE. LAISSEZ L’UN ET L’AUTRE CROÎTRE ENSEMBLE JUSQU’À LA MOISSON, ET AU TEMPS DE LA MOISSON JE DIRAI AUX MOISSONNEURS : « RAMASSEZ D’ABORD L’IVRAIE ET LIEZ-LÀ EN BOTTE POUR LA BRÛLER; QUANT AU BLÉ RECUEILLEZ-LE DANS MON GRENIER. » (Év. De Mathieu, ch. 13, vv 9-30)

DES VOIX SE FONT TOUT DE MÊME ENTENDRE

On ne peut passer sous silence cette prise de position courageuse des quatre pasteurs des Églises de Jérusalem qui, quelques jours avant cette « leçon de Benoît XVI », ont dénoncé, dans un document officiel, LE SIONISME CHRÉTIEN comme doctrine religieuse et politique allant tout à fait à l’encontre de l’enseignement des Évangiles. Une prise de position à laquelle les élites religieuses conservatrices étaient peu habituées de la part de leurs pasteurs. Certains vont jusqu’à suggérer que Benoît XVI, à l’invitation de certains milieux directement interpellés par cette déclaration, aurait voulu y faire contre poids en ramenant le débat de la violence, de la foi et de la raison du coté des fils et filles de Mahomet. Allons donc savoir….
http://www.alterinfo.net/index.php?action=article&id_article=446249

LES PAROLES CITÉES PAR BENOÎT XVI

C’est donc dans ce contexte socio politico-religieux que BENOÎT XVI se présente avec ce récit qui remonte à la fin du 14ième siècle :

«J'ai lu récemment le dialogue, publié par le professeur Theodore Khoury, entre l'empereur byzantin Manuel II Paléologue et un savant persan, peut-être dans le camp d'hiver d'Ankara en 1391, sur le christianisme, l'islam et leur vérité respective… l'empereur, d'une manière étonnamment brusque qui nous étonne, s'adresse à son interlocuteur tout simplement, avec une question sur le rapport entre religion et violence, et je cite: "Montre-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme sa directive de répandre la foi qu'il prêche au moyen de l'épée."

Contrairement aux quatre pasteurs des Églises de Jérusalem qui font l’autocritique de certains courants chrétiens porteurs de violence dont celui du sionisme chrétien et de certains milieux très conservateurs tant en Israël qu’aux États-Unis, BENOÎT XVI se tourne plutôt vers Mahomet pour faire sa leçon sur la Foi, la Raison et la Violence. Autant dans le premier cas les projecteurs sont braqués sur les déviations de ceux qui se font les apôtres du Bien, autant dans le second cas ils sont ramenés sur ceux déjà qualifiés par l’opinion occidentale d’AXE DU MAL.

En prenant cette approche, BENOÎT XVI, se place dans la logique de l’Administration Bush et renforce cette conviction, déjà amplement répandue, que le Vatican demeure un ALLIÉ inconditionnel de cette dernière. Au lieu d’être la PAROLE d’une ÉGLISE INDÉPENDANTE DES POUVOIRS DOMINANTS, elle s’en fait l’ÉCHO. Ce fut le cas de Jean-Paul II dans ses alliances avec l’Administration Reagan pour lutter contre le communisme en Europe et contre la théologie de libération et les gouvernements socialisants en Amérique latine. D’ailleurs, peu de temps avant sa mort, il acceptait des mains de G.W. Bush la Médaille de la Liberté en dépit du fait de la guerre en Irak et des centres de tortures à Guantanamo et en divers endroits en Irak et dans le monde. C’est également le cas avec Benoît XVI qui sait ménager à temps et à contre temps ses alliés. Dans son discours, lors de la Journée mondiale de la Paix, il s’est bien gardé de dénoncer et encore moins de condamner la guerre en Irak et la poursuite des combats en Afghanistan. Sur la première, pas un mot, et sur la seconde, il a vanté le courage et le mérite des soldats. Par ailleurs, il s’est attardé sur le terrorisme, celui que l’on identifie au monde islamique. Rien sur le terrorisme d’État ou d’organismes soutenus par les États pour déstabiliser des gouvernements ou des régimes, comme c’est le cas dans certains pays de l’Amérique Latine et ailleurs dans le monde.

UNE CATHOLICITÉ EN SOUFFRANCE

Comment, dans pareilles circonstances, être une référence crédible pour tous les peuples, toutes les cultures et toutes les races de la terre ? Comment avoir une PAROLE qui soit porteuse d’espérance pour ceux-là mêmes qui tombent sous les balles d’envahisseurs et de conquérants ? Comment être un PHARE qui ne porte aucun ombrage à la Vérité, à la Justice, à l’accueil, à la solidarité humaine dans ce qu’elle a de plus revitalisant ?

N’attendons pas six cent ans pour faire notre MEA CULPA des fautes d’aujourd’hui. Demandons pardon, dès aujourd’hui, pour n’avoir pas toujours eu la force que Jésus a eu au désert pour répondre à SATAN, cet EMPÉREUR DU MONDE, qui lui offrait tous ces pouvoirs avec la gloire de ces royaumes s’il acceptait de l’adorer. Sa réponse a été sans hésitation : « TU ADORERAS LE SEIGNEUR TON DIEU, ET C’EST À LUI SEUL QUE TU RENDRAS UN CULTE. » (Évangile, Luc, ch.4, vv. 6-8)

Oscar Fortin
Québec, 18 septembre 2006
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jeudi 14 septembre 2006

DES PASTEURS LIBÉRÉS PORTEURS D'UNE PAROLE LIBÉRATRICE

Il y a bien longtemps que je n’avais été témoin d’une parole libérée et libératrice de la part d’autorités religieuses chrétiennes. C’est pourtant ce qui vient de se passer avec les autorités religieuses des Églises locales de Jérusalem «Communiqué du Patriarche et des Evêques des Eglises locales de Jérusalem. »

http://www.alterinfo.net/index.php?action=article&id_article=446249

Pour ceux qui n’ont pas accès à Internet, je transmets l’intégralité du texte


Mgrs Michel Sabbah, Swerios Malki Mourad, Riah Abu El-Assal et Munib Younan, 22 août 2006 Traduit par Marcel Charbonnier et révisé par Fausto Giudice i[

« Bénis soient les faiseurs de paix, car ils seront nommés les enfants de Dieu. » [Matthieu 5:9]]i Le sionisme chrétien est un mouvement contemporain, théologique et politique, qui reprend à son compte les positions idéologiques les plus extrémistes du sionisme, en totale contradiction avec une juste paix en Palestine et en Israël. Le programme sioniste chrétien campe une vue du monde dans laquelle l'Evangile est identifié à l'idéologie de l'empire, au colonialisme et au militarisme. Dans sa forme extrême, il accorde une importance primordiale à des événements de nature apocalyptique conduisant à la fin de l'histoire, ce qui est à l'opposé [de l'attitude authentiquement chrétienne consistant] à vivre, aujourd'hui, l'amour du Christ et Sa justice. Nous rejetons catégoriquement les doctrines sionistes chrétiennes, ces enseignements fallacieux qui corrompent le message biblique, fait d'amour, de justice et de réconciliation. Nous rejetons par conséquent l'alliance actuelle entre les dirigeants du sionisme chrétien et de organisations impliquées par certains de leurs membres dans les gouvernements d'Israël et des USA, qui imposent actuellement leurs frontières préemptives unilatérales et leur domination sur la Palestine. Cela entraîne inévitablement des cycles sans fin de violence, qui minent la sécurité de tous les peuples non seulement du Moyen-Orient, mais de l'ensemble du monde.


Nous rejetons ces enseignements du sionisme chrétien, qui facilitent et encouragent ces politiques, dès lors qu'ils prônent l'exclusivisme racial et la guerre perpétuelle, bien loin de reprendre l'Evangile de l'amour universel, de la rédemption et de la réconciliation, que Jésus Christ nous a enseigné. Plutôt que condamner le monde à la malédiction de l'Armageddon,nous exhortons tous les hommes à se libérer des idéologies du militarisme, et de l'occupation. Ces gens feraient bien mieux d'ouvrer à la guérison des nations ! Nous appelons les Chrétiens rassemblés dans les Églises de tous les continents à prier pour les Palestiniens et les Israéliens, qui souffrent les uns autant que les autres de l'occupation et du militarisme, dont ils sont les victimes. Les actes discriminatoires sont en train de transformer la Palestine en ghettos déshérités, cernés de colonies israéliennes ségrégationnistes. La création de ces colonies illégales ainsi que l'édification du Mur de Séparation empiétant sur des territoires palestiniens confisqués sapent la viabilité d'un État palestinien, ainsi que la paix et la sécurité dans l'ensemble de notre région. Nous appelons toutes les Églises qui restent silencieuses, à briser leur silence, et à en appeler à la réconciliation, dans la justice, en Terre sainte.

C'est pourquoi nous nous engageons à défendre les principes suivants, seule alternative positive : Nous affirmons que tous les hommes sont créés à l'image de Dieu. C'est pourquoi ils sont appelés à honorer la dignité de tous les êtres humains et à respecter leurs droits intangibles. Mgr Riah Abu El-Assal

Nous affirmons que les Israéliens et les Palestiniens sont capables de vivre ensemble en paix, dans la justice et la sécurité. Nous affirmons que les Palestiniens, musulmans et chrétiens, forment un seul peuple : le peuple palestinien. Nous rejetons toutes les tentatives visant à subvertir et briser leur unité. Nous appelons tous les hommes de bonne volonté à rejeter la vision sectaire du monde qui est celle du sionisme chrétien, ainsi que celle prônée par toute autre idéol
ogie privilégiant un peuple au détriment de tous les autres.

Mgr Swerios Malki Mourad

Nous nous engageons à mener une résistance non-violente, moyen le plus efficace pour lutter contre l'occupation illégale afin d'y mettre fin, en vue de la réalisation d'une paix juste et durable. Nous mettons en garde, avec un sentiment d'urgence, contre le sionisme chrétien et les mouvements qui font alliance avec lui, qui justifient la colonisation, l'apartheid et l'édification d'un empire. Dieu exige que justice soit faite. Aucune paix, aucune sécurité ni aucune réconciliation ne seront possibles sans le rétablissement de la justice. Les exigences de justice ne disparaîtront jamais. La lutte en vue de la justice doit être poursuivie sans relâche et activement. Mais sans violence. i[ « Ce que le Seigneur vous demande, c'est d'agir de manière juste, d'aimer la miséricorde et d'accompagner votre Dieu humblement » [Michée 6:8]]i


Mgr Munib Younan
Telle est notre position. Nous prenons le parti de la justice. Nous ne saurions en prendre aucune autre. Seule, la justice garantira une paix conduisant à la réconciliation et à une vie dans la sécurité et la prospérité pour tous les hommes vivant dans notre Terre [sainte]. En prenant le parti de la justice, nous nous ouvrons à l'oeuvre de paix - et c'est précisément d'oeuvrer pour la paix qui fait de nous [de dignes] enfants de Dieu. « C'est dans le Christ que Dieu s'est réconcilié avec Sa création, sans retenir contre les humains leurs péchés. Et Il nous a imparti le message de la réconciliation ». [2ème Epître aux Corinthiens 5:19]


Sa Béatitude le Patriarche Michel Sabbah Patriarcat Latin, Jérusalem
Mgr Swerios Malki Mourad, Patriarcat syrien orthodoxe, Jérusalem
Mgr Riah Abu El-Assal, Église épiscopale (anglicane) de Jérusalem et du Moyen-Orient
Mgr Munib Younan, Église luthérienne évangélique de Jordanie et de Terre sainte


VOILÀ UN COMMUNIQUÉ QUI NE MANQUE PAS DE COURAGE ET QUI S'ENRACINE DANS L'ESPRIT DE JÉSUS DE NAZARETH ET DE SON ÉVANGILE. IL EST PORTEUR D'UNE ESPÉRANCE QUI DÉFIE LES TEMPS PRÉSENTS ET QUI DONNE CONSISTANCE ET CRÉDIBILITÉ À CEUX QUI ONT POUR MISSION DE LA PROCLAMER. JE N'AI AUCUNE RÉSISTANCE À Y RECONNAÎTRE MA FOI ET À Y TROUVER INSPIRATION.


Oscar Fortin
Québec, le 14 septembre 2006

dimanche 10 septembre 2006

LORSQUE LE VATICAN SORT SON ARTILLERIE LOURDE


Dans la version papier du journal Le Soleil, en date du 9 septembre 2006, p.16, on peut y lire en gros titre LE PAPE CONDAMNE LE CANADA. Dans la version Internet du même journal le titre est quelque peu différent : LE PAPE DÉNONCE LE CANADA.
http://www.cyberpresse.ca/article/20060909/CPACTUALITES/609090571/0

Pareille prise de position ne peut que mettre en évidence l’importance du sujet traité. J’ai d’abord pensé à l’engagement du Canada en Afghanistan où des milliers de personnes, talibans et autres, meurent sous les balles d’une force étrangère à laquelle participe le Canada. Cette participation a été prolongée au printemps dernier par un vote majoritaire du Parlement canadien. De plus, un budget de 14 milliards de dollars a été réservé pour la modernisation de l’armée et des armements. De quoi faire vivre les industries militaires au détriment de tout ce qui doit être fait pour sauver des vies, contrer des famines, réduire les maladies, enrayer les épidémies. Autant de besoins fondamentaux auxquels le Saint Siège a toujours été sensible.

J’ai pensé également à ce changement dans la politique étrangère du Canada qui passe d’une mission historique de médiateur pacifique, que l’ex Premier Ministre L.B. Pearson avait portée à son apogée dans les années 1960, à une mission militaire offensive au service de politiques belligérantes et d’intérêts régionaux non avoués. Je me suis souvenu de l’intervention de Jean-Paul II qui avait dénoncé l’intervention étasunienne en Irak. À ce moment, l’artillerie lourde du Vatican n’avait toutefois pas été mise à contribution comme c’est actuellement le cas. On n’avait pas fait appel à la mobilisation de tous les catholiques pour contrer les initiatives guerrières. D’ailleurs, cette condamnation n’avait pas empêché le Pape de recevoir, quelque temps plus tard, des mains de G.W. Bush lui-même, la médaille de la liberté. (http://humanisme.over-blog.com/article-139111.html ) Cette fois-ci, les choses semblent plus sérieuses.

QU’EN EST-IL VRAIMENT DE LA GUERRE ?

Au moment où le Parlement canadien débattait de la question du maintien de la participation du Canada dans la guerre offensive en Afghanistan, j’avais écrit une lettre aux Conférences épiscopales du Canada et du Québec pour les inviter à prendre position sur cette question. http://humanisme.over-blog.com/article-2077469.html Cette lettre est restée sans réponse et les prises de position que je surveillais ne se manifestèrent pas. Ce fut, à ma grande surprise, le silence complet. Il fallait croire que ce n’était pas une question suffisamment sérieuse pour faire l’objet d’une mobilisation de tous les catholiques canadiens. M. Harper, Premier Ministre du Canada, a donc pu compter sur leur silence.

LE MARIAGE DES PERSONNES DE MÊME SEXE

Aujourd’hui, l’Épiscopat canadien peut compter sur un retour d’ascenseur de la part de M. Harper. Ce dernier soumettra de nouveau au vote des Parlementaires la question du mariage pour les personnes de même sexe. Cette fois-ci l’Épiscopat canadien souhaite une victoire. Les stratégies ont été revues et la contribution de l’autorité morale de Benoît XVI peut faire la différence. La présente intervention du Pape porte, en effet, non pas sur la guerre mais sur le mariage des personnes de même sexe. Une initiative qu’il s’était bien gardé de prendre à l’endroit de l’Espagne, lors du voyage effectué récemment. C’est sans doute, qu’on croit, en haut lieu, que l’argument d’autorité aura raison de l’argument de conscience.


QUE CONCLURE ?

D’abord que se passe-t-il au Canada pour que tout chacun viennent nous dire quoi faire? Quand ce ne sont pas les dirigeants de Washington ce sont ceux du Vatican ou d’Israël. C’est comme si nous n’avions aucune autorité morale propre, aucune souveraineté qui nous définirait. La semaine dernière, c’était le sous-secrétaire d’État adjoint des Etats-Unis qui nous disait d’agir avec eux pour renverser le régime cubain. Peu de temps auparavant ce fut l’ambassadeur d’Israël qui s’offusqua de la position de certains canadiens sur l’invasion par Israël du Liban. Maintenant, c’est Benoît XVI qui vient nous dire comment disposer des droits de la personne. Il y a de quoi se poser des questions

En second lieu, je continue de penser qu’il appartient aux canadiens de disposer de la question du mariage des personnes de même sexe et non à des groupes de pression. Déjà cette question a été débattue et les parlementaires en ont disposé. Je pense qu’ils le feront de nouveau et dans le même sens. On verra bien jusqu’où iront les jeux de coulisse.

Pour ma part, tout en me définissant comme croyant, de cette FOI qui est DON DE DIEU, et catholique de cette CATHOLICITÉ QUI RENVOIE À L’UNIVERSALITÉ DES PERSONNES, je ne me sens aucunement lié par l’opinion de Benoît XVI ou de celle du Cardinal Ouellet. La conscience va au-delà des autorités, si importantes puissent-elles être. Elle consacre l’autonomie et la responsabilité des personnes. Elle répond ultimement aux impératifs qui s’imposent de l’intérieur. Dans un article relatif au mariage des personnes de même sexe, je posais trois questions au Cardinal Ouellet, questions auxquelles il n’a jamais répondu. http://humanisme.over-blog.com/article-139169.html Le temps est peut-être venu pour lui d’y répondre.


Oscar Fortin, théologien et politologue

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mercredi 6 septembre 2006

LA MAISON BLANCHE, LE CANADA ET CUBA


LA COMPLICITÉ ENTRE LE GOUVERNEMENT HARPER ET LA MAISON BLANCHE PERMET À CETTE DERNIÈRE DE VENIR NOUS DIRE, À NOUS CANADIENS, CE QUE NOUS DEVONS PENSER ET FAIRE POUR LES AIDER À FAIRE LA TRANSITION À CUBA, i.e À DÉSTABILISER LE GOUVERNEMENT ET À REPRENDRE LE CONTRRÔLE HÉGÉMONIQUE DE L'ILE. DANS UN ARTICLE PUBLIÉ DANS LE JOURNAL -LE SOLEIL- LE JOURNALISTE MICHEL C. AUGER RAPPORTE LES PROPOS DU SECRÉTAIRE ADJOINT. LE TEXTE QUI SUIT EST UNE RÉPONSE À CETTE INTERVENTION.
http://www.cyberpresse.ca/article/20060904/CPSOLEIL/60905022/5019/CPSOLEIL

M. Michel C. Aurger
LE SOLEIL


Dans l’Édition du 5 septembre qui m’a été livrée tout à fait gratuitement, comme par grâce, vous vous intéressez particulièrement à Cuba vu à travers la lorgnette de Washington. Les propos que vous rapportez du Secrétaire d’État adjoint pour l’hémisphère ouest des Etats-Unis sont, à ne pas douter, un fidèle reflet des échanges que vous avez eus. Je ne doute pas que votre intérêt pour Cuba et pour l’information vous conduira bientôt à un exercice semblable avec un haut gradé du ministère des Relations extérieures de Cuba. Ses propos, diffusés dans vos pages avec autant de générosité que vous l’avez fait pour ceux du Secrétaire adjoint, seront de nature à alimenter la réflexion et le jugement de vos lecteurs et lectrices.

Quant aux propos du Secrétaire d'État adjoint je vous fais part de quelques observations.

Ma première est que la mise en marche de la stratégie d’intervention et de déstabilisation de Cuba, annoncée récemment par l’Administration Bush, est bel et bien lancée. Les 80 millions $ US ont commencé à circuler dont un pourcentage important en faveur des medias qui doivent créer une information favorable aux objectifs visés. Qui sait si je ne leur dois pas le numéro gratuit de votre journal que j’ai trouvé à ma porte ce matin, avec en première page l’article que vous signez ?

Ma seconde observation porte sur cette liberté que se donnent nos voisins du sud pour intervenir directement dans la politique canadienne. Le Québec en ferait moins, que le Gouvernement canadien le rappellerait vite à l’ordre.

Ma troisième observation se réfère à l’usage démesuré de « la communauté internationale », comme s’il en était le porte-parole. Le Secrétaire adjoint semble ignorer que « la communauté internationale », celle qui siège aux Nations Unies, compte plus de 192 pays membres lesquels constituent la « communauté internationale ». Il y a moins d’un an, 182 de ceux-ci, dont le Canada, ont condamné le blocus illégal des Etats-Unis contre Cuba. C’est ce qui s’appelle vraiment la « communauté internationale ». Ce même Secrétaire n’est pas plus bavard sur la mobilisation des pays dits non alignés, plus de 118 actuellement, qui se rencontreront les 14 et 15 septembre prochain à la Havane et dont la solidarité avec Cuba ne fait pas de doute. J’ose espérer que Le Soleil sera présent pour couvrir cet évènement et que nous aurons l’occasion d’en suivre les principaux débats. Il faut enfin comprendre qu’il n’était pas dans son propos de relever les appuis toujours plus nombreux et diversifiés, dont 8 récipiendaires du Prix Nobel, demandant aux Etats-Unis de respecter la Souveraineté de Cuba. Nous pourrions également ajouter, nous canadiens, de respecter la Souveraineté du Canada.

Ma dernière observation porte sur l’usage qu’il fait du mot « démocratie ». Ce mot, dans la bouche des faucons de la Maison Blanche, prend une odeur nauséabonde. Au Venezuela où la démocratie existe plus que jamais, ces « apôtres » de la démocratie s’adonnent au transport, par valises diplomatiques, de charges d’explosifs et d’équipement de sabotage tout en répandant à profusion des dollars ($) pour faire déraper le processus démocratique existant. Au Mexique, nous assistons à un coup d’État électoral où celui qui a été déclaré vainqueur s’est refusé au recomptage complet de ces mêmes votes en vue de dissiper toute incertitude devant les nombreuses irrégularités relevées. La Maison Blanche suivi par le Canada s’étaient empressés de féliciter le candidat en question avant même qu’il ait été reconnu comme vainqueur par les autorités officielles. Quant à la Bolivie, nous assistons à beaucoup d’interventions pour faire échec aux réformes amorcées par Evo Morales. On dirait que lorsque la démocratie échappe au contrôle hégémonique des faucons de la Maison Blanche, elle n’est plus la démocratie..

En attendant votre prochaine intervention avec les propos du représentant de Cuba, j’ose espérer que le Canada affirmera sa souveraineté en se distanciant de ces visées impériales et qu’il donnera tout son appui au droit international et au respect de la souveraineté de Cuba. Je compte évidemment sur votre sens de la liberté d’expression pour que cette lettre trouve un petit espace dans votre journal.

Oscar Fortin

Québec, le 6 septembre 2006

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