dimanche 10 septembre 2006

LORSQUE LE VATICAN SORT SON ARTILLERIE LOURDE


Dans la version papier du journal Le Soleil, en date du 9 septembre 2006, p.16, on peut y lire en gros titre LE PAPE CONDAMNE LE CANADA. Dans la version Internet du même journal le titre est quelque peu différent : LE PAPE DÉNONCE LE CANADA.
http://www.cyberpresse.ca/article/20060909/CPACTUALITES/609090571/0

Pareille prise de position ne peut que mettre en évidence l’importance du sujet traité. J’ai d’abord pensé à l’engagement du Canada en Afghanistan où des milliers de personnes, talibans et autres, meurent sous les balles d’une force étrangère à laquelle participe le Canada. Cette participation a été prolongée au printemps dernier par un vote majoritaire du Parlement canadien. De plus, un budget de 14 milliards de dollars a été réservé pour la modernisation de l’armée et des armements. De quoi faire vivre les industries militaires au détriment de tout ce qui doit être fait pour sauver des vies, contrer des famines, réduire les maladies, enrayer les épidémies. Autant de besoins fondamentaux auxquels le Saint Siège a toujours été sensible.

J’ai pensé également à ce changement dans la politique étrangère du Canada qui passe d’une mission historique de médiateur pacifique, que l’ex Premier Ministre L.B. Pearson avait portée à son apogée dans les années 1960, à une mission militaire offensive au service de politiques belligérantes et d’intérêts régionaux non avoués. Je me suis souvenu de l’intervention de Jean-Paul II qui avait dénoncé l’intervention étasunienne en Irak. À ce moment, l’artillerie lourde du Vatican n’avait toutefois pas été mise à contribution comme c’est actuellement le cas. On n’avait pas fait appel à la mobilisation de tous les catholiques pour contrer les initiatives guerrières. D’ailleurs, cette condamnation n’avait pas empêché le Pape de recevoir, quelque temps plus tard, des mains de G.W. Bush lui-même, la médaille de la liberté. (http://humanisme.over-blog.com/article-139111.html ) Cette fois-ci, les choses semblent plus sérieuses.

QU’EN EST-IL VRAIMENT DE LA GUERRE ?

Au moment où le Parlement canadien débattait de la question du maintien de la participation du Canada dans la guerre offensive en Afghanistan, j’avais écrit une lettre aux Conférences épiscopales du Canada et du Québec pour les inviter à prendre position sur cette question. http://humanisme.over-blog.com/article-2077469.html Cette lettre est restée sans réponse et les prises de position que je surveillais ne se manifestèrent pas. Ce fut, à ma grande surprise, le silence complet. Il fallait croire que ce n’était pas une question suffisamment sérieuse pour faire l’objet d’une mobilisation de tous les catholiques canadiens. M. Harper, Premier Ministre du Canada, a donc pu compter sur leur silence.

LE MARIAGE DES PERSONNES DE MÊME SEXE

Aujourd’hui, l’Épiscopat canadien peut compter sur un retour d’ascenseur de la part de M. Harper. Ce dernier soumettra de nouveau au vote des Parlementaires la question du mariage pour les personnes de même sexe. Cette fois-ci l’Épiscopat canadien souhaite une victoire. Les stratégies ont été revues et la contribution de l’autorité morale de Benoît XVI peut faire la différence. La présente intervention du Pape porte, en effet, non pas sur la guerre mais sur le mariage des personnes de même sexe. Une initiative qu’il s’était bien gardé de prendre à l’endroit de l’Espagne, lors du voyage effectué récemment. C’est sans doute, qu’on croit, en haut lieu, que l’argument d’autorité aura raison de l’argument de conscience.


QUE CONCLURE ?

D’abord que se passe-t-il au Canada pour que tout chacun viennent nous dire quoi faire? Quand ce ne sont pas les dirigeants de Washington ce sont ceux du Vatican ou d’Israël. C’est comme si nous n’avions aucune autorité morale propre, aucune souveraineté qui nous définirait. La semaine dernière, c’était le sous-secrétaire d’État adjoint des Etats-Unis qui nous disait d’agir avec eux pour renverser le régime cubain. Peu de temps auparavant ce fut l’ambassadeur d’Israël qui s’offusqua de la position de certains canadiens sur l’invasion par Israël du Liban. Maintenant, c’est Benoît XVI qui vient nous dire comment disposer des droits de la personne. Il y a de quoi se poser des questions

En second lieu, je continue de penser qu’il appartient aux canadiens de disposer de la question du mariage des personnes de même sexe et non à des groupes de pression. Déjà cette question a été débattue et les parlementaires en ont disposé. Je pense qu’ils le feront de nouveau et dans le même sens. On verra bien jusqu’où iront les jeux de coulisse.

Pour ma part, tout en me définissant comme croyant, de cette FOI qui est DON DE DIEU, et catholique de cette CATHOLICITÉ QUI RENVOIE À L’UNIVERSALITÉ DES PERSONNES, je ne me sens aucunement lié par l’opinion de Benoît XVI ou de celle du Cardinal Ouellet. La conscience va au-delà des autorités, si importantes puissent-elles être. Elle consacre l’autonomie et la responsabilité des personnes. Elle répond ultimement aux impératifs qui s’imposent de l’intérieur. Dans un article relatif au mariage des personnes de même sexe, je posais trois questions au Cardinal Ouellet, questions auxquelles il n’a jamais répondu. http://humanisme.over-blog.com/article-139169.html Le temps est peut-être venu pour lui d’y répondre.


Oscar Fortin, théologien et politologue

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