mercredi 29 novembre 2006

LE CANADA ET LA TRANSITION EN ÉQUATEUR


L’élection présidentielle qui vient tout juste de se réaliser indique que le peuple équatorien a opté pour des changements profonds en portant au pouvoir l’économiste Rafael Correa. Par ce vote l’Équateur prend ses distances du modèle néolibéral pour aller vers un projet nouveau mettant l’emphase sur le social et l’intégration régionale.

Le CANADA, en tant que grand défenseur de la démocratie pour laquelle nos soldats se battent actuellement en Afghanistan, ne devrait pas tarder à féliciter le nouveau Président élu, alors qu'il l'avait fait pour le candidat Calderon du Mexique avant même que ce dernier ne soit officiellement reconnu comme vainqueur. On se souviendra que cette élection avait été fortement contestée et qu'un recomptage de tous les votes avait été demandé en vain. Dans le cas présent l'élection de Rafael Correa ne fait aucun doute.

Ce sera une occasion toute indiquée pour le Canada de se démarquer de certaines influences et d'offrir au nouveau Président tout le support dont il aura besoin pour mener à terme le projet de société pour lequel il a été élu. Ainsi, il s’affirmera comme un ardent défenseur de la démocratie et donnera au monde un signal de son indépendance par rapport aux influences extérieures. Sa crédibilité n'en sera que plus grande.
OSCAR FORTIN
28 novembre 2006

vendredi 10 novembre 2006

BILL CLINTON, LA PAIX ET LA PAUVRETÉ


Photo: Jacques Nadeau

«Les États-Unis ont dépensé 400 milliards pour la guerre en Irak et 100 millions pour la guerre en Afghanistan. [...] Si les États-Unis voulaient éradiquer la tuberculose, éliminer la pauvreté des enfants d'ici dix à quinze ans et envoyer tous les enfants du monde à l'école, il leur en coûterait probablement 30 milliards par année», a déclaré hier l'ancien président américain Bill Clinton.

C’est dans le cadre de la rencontre sur les « Promesses du millénaire - Il faut vaincre la pauvreté pour vivre dans un monde en paix », tenue à Montréal les 7 et 8 novembre dernier, que l’ex Président des Etats-Unis a fait cette déclaration que l’on retrouve à la Une du journal Le Devoir du 10 novembre 2006. (http://www.ledevoir.com/)

Devant autant de bonne volonté je voudrais suggérer à M. Clinton et aux autorités étasuniennes quelques pistes qui pourraient leur permettre de faire beaucoup plus d’économies tout en favorisant davantage la paix et la lutte à la pauvreté.

1. ENCOURAGER LES PAYS PAUVRES À GÉRER EUX-MÊMES LEURS RICHESSES

Nous assistons de plus en plus à des initiatives de pays sous-développés qui reprennent en main leurs richesses. Pour les uns ce sera l’énergie, pour d’autres des minerais, des terres agricoles riches en cultures de toute sorte, des élevages des plus diversifiés, des rivières gonflées de poissons et d’énergie, de la main d’œuvre abondante etc. Le « hic » c’est que les multinationales et les oligarchies locales de connivence avec ces dernières, habituées de se servir eux-mêmes et à leurs conditions, ne l’entendent pas ainsi. Ils résistent à ces initiatives et trouvent auprès de leurs gouvernements étasuniens et européens, les appuis qui se font les plus dissuasifs possibles. Les assassinats, les coups d’État militaires, les sabotages, les élections tronquées, les emprisonnements et les tortures, la manipulation de l’opinion publique par le contrôle des médias, rien n’est laissé de côté pour mettre un terme à ces velléités nationales. Il suffit de penser au Guatemala, à Cuba, à la République Dominicaine, au Chili, au Brésil et à l’Argentine dans les années 1960 et 1970, au Nicaragua au début des années 1980, et tout récemment au Venezuela, à la Bolivie et d’une certaine manière au Mexique. Tout a été mis en œuvre pour dire non. Ces velléités, pourtant tout à fait conformes au DROIT INTERNATIONAL, sont perçues comme des atteintes aux intérêts nationaux des pays développés et leurs interventions, de toute nature, servent à maintenir dans la dépendance et la pauvreté ces pays dont la richesse alimente les besoins de leurs industries et de leur commerce. C’est ainsi qu’au nom de l’intérêt national des « nantis », ces biens doivent leur revenir et cela à leurs conditions.

UN PREMIER PAS CONSISTERAIT DONC À LAISSER LES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS SE RÉAPPROPRIER LEURS RICHESSES ET EN DISPOSER SELON LEURS INTÉRÊTS ET LEURS BESOINS. QUE LES MULTINATIONALES ET LES OLIGARCHIES LOCALES S’AJUSTENT À CES NOUVELLES RÈGLES DU MARCHÉ ET QUE LEURS GOUVERNEMENTS PARRAINS LES Y ENCOURAGENT EN CONVERTISSANT LEURS ARMEMENTS EN SUPPORT TECHNIQUE, EN NOUVELLES MANIÈRES DE FAIRE ET DE NÉGOCIER SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE.

2. FAIRE DE LA DÉMOCRATIE UN VÉRITABLE POUVOIR DU PEUPLE

Lorsque des élections, comme celles qui viennent de prendre fin aux Etats-Unis, ont coûté jusqu’à un milliard de dollars US pour un seul parti politique, il faut se poser certaines questions. Cet argent est-il voulu pour informer ou manipuler, pour éveiller ou endormir, pour éclairer ou tromper ? Ne pourrait-on pas dire que dans bien des cas la DÉMOCRATIE EST INVERSEMENT PROPORTIONNELLE AUX SOMMES D’ARGENT INVESTIES POUR LA PROMOUVOIR. En langage simple, plus il y a de la l’argent, moins il y a de la démocratie. Cette dernière n’est-elle pas l’exercice responsable d’une volonté sociale, économique et politique du peuple ? Or, en dépit de ces centaines de millions investis, plus de 50% du peuple ne se donnent même pas la peine d’aller voter. Avec un peu moins de tout cet argent mis dans la publicité et la manipulation, il y aurait des investissements mieux ciblés qui encourageraient une plus grande participation de la population. La DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE qui fait tellement peur aux apôtres de la DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE n’est-elle pas celle qui est le plus près du POUVOIR DU PEUPLE PAR LE PEUPLE que le petit Larousse définit pourtant par le mot DÉMOCRATIE ?

AU LIEU DE COMBATTRE LES DÉMOCRATIES PARTICIPATIVES QUI S’ORGANISENT EN AMÉRIQUE LATINE ET SANS DOUTE DANS D’AUTRES PARTIES DU MONDE, IL FAUDRAIT PLUTÔT S’EN INSPIRER POUR CONVERTIR NOS DÉMOCRATIES DE LOBBYS ET DE CLANS EN DE VÉRITABLES DÉMOCRATIES OÙ LE PEUPLE A SON MOT À DIRE PAR SES MULTIPLES ORGANISATIONS ET REGROUPEMENTS.


CONCLUSION

Il est possible, si les puissances des pays développés prennent le tournant auquel l’histoire les convie, que les 30 MILLIARD $US invoqués par M. Clinton ne soient plus nécessaires pour répondre aux besoins en santé, en éducation et en développement des populations des pays sous-développés. Si nous les respectons et les encourageons à se prendre en main avec leurs richesses, si nous acceptons DE PAYER LE JUSTE PRIX POUR LEURS BIENS, ils trouveront bien le moyen d’avoir suffisamment de ressources pour y pourvoir eux-mêmes. C’est ce que fait actuellement Cuba en dépit du blocus, le Venezuela malgré les tentatives de déstabilisation et la Bolivie avec sa réorganisation sociale, politique et économique. Les armes seront alors de moins nécessaires pour coopérer avec ces peuples. LA CHARITÉ EXPRIMÉE PAR NOS PAYS NANTIS AURA TROUVÉ UN NOUVEAU NOM EN CELUI DE LA JUSTICE EXIGÉE PAR LES PAYS PAUVRES.

Oscar Fortin, politologue et théologien
10/11/06

http://humanisme.over-blog.com/

http://humanisme.blogspot.com/

articles à consulter :

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=36638
http://www.alterinfo.net/index.php?action=article&numero=4366&preaction=nl&id=&idnl=15939&

mercredi 8 novembre 2006

LA TRANSITION À CUBA APRÈS FIDEL

LE JOURNAL ALTERNATIVES, FINANCÉ PAR L'ACDI, SOUS LA PLUME DE JACQUES LÉTOURNEAU, INVITE LE CANADA À SE PRÉPARER POUR LA TRANSITION À RÉALISER À CUBA APRÈS LE DÉPART DE FIDEL CASTRO. CETTE INTERVENTION NE POUVAIT PASSER SANS QU'IL Y AIT QUELQUE PART DES VOIX POUR DÉNONCER CETTE INCITATION À DÉROGER AU DROIT INTERNATIONAL AINSI QU'À CELUI DES PEUPLES À DISPOSER EUX-MÊMES DE LEUR DESTIN. LA PRÉSENTE LETTRE SE VEUT, ENTRE AUTRES, UN RAPPEL DE CES OBLIGATIONS.

Québec, le 1ier novembre 2006


Monsieur Jacques Létourneau
Rédacteur d’Alternatives


Monsieur
,

Dans votre dernier numéro d’Alternatives vous vous préoccupez de la transition à assurer à Cuba après la mort de Fidel. Vous souhaitez que le Canada devienne un acteur important dans la poursuite de cet objectif, vous faisant ainsi l’écho du Secrétaire d’État adjoint de notre voisin du sud qui invitait le Canada à participer à ce projet, dans une longue entrevue accordée à Michel C. Auger du journal Le Soleil.

En tant que contribuable participant au financement de votre Journal, je me permets certains commentaires que vous n’hésiterez sûrement pas à publier, assurant ainsi une liberté d’expression qui fait tellement défaut dans certains autres milieux. Le droit du public à l’information n’en sera que mieux servi. C’est d’ailleurs dans ce même esprit que je vous transmets copie de la lettre envoyée à Michel C. Auger suite à son entrevue avec le Secrétaire d’État adjoint des Etats-Unis, laquelle n’a fait l’objet d’aucun accusé de réception et que Le Soleil n’a pas cru bon de publier. Faisant partie du sujet qui nous occupe, je ne doute pas que vous y trouverez un espace à part pour que vos lecteurs et lectrices s’alimentent d’un point de vue pas toujours porté à leur connaissance.

LE CANADA ET L’INTERVENTIONISME

Depuis quand le Canada dispose-t-il du droit d’intervenir dans les Affaires internes d’un autre État en dehors des dispositions prévues au droit international ? Dans le cas de Cuba pas plus d’ailleurs que dans celui du Chili ou de la Colombie, le Canada n’a de mandat des Nations Unies pour intervenir. Par contre, il a plein pouvoir pour appuyer les voies démocratiques choisies par les peuples et seconder leur gouvernement à donner forme à leurs projets de société. En ce sens, le Canada a beaucoup à faire pour convaincre son ami étasunien à mettre fin au blocus économique auquel il soumet le peuple cubain depuis plus de 45 ans. C’est là une mesure tout à fait anti-démocratique qui va directement à l’encontre du droit international et condamner à maintes reprises par l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Canada a plutôt le devoir d’appuyer et de seconder les efforts déployés par le Gouvernement en place pour poursuivre le développement des services de santé, ceux de l’éducation, de l’habitation et des diverses formes de participation de la population à ces grands projets. La transition à laquelle doit participer le Canada est celle qui fait passer de la pauvreté au mieux être, de la dépendance à l’indépendance, de l’ignorance au savoir, du mépris au respect.

C’est un peu le même effort qu’il doit déployer pour seconder le Gouvernement démocratique d’Évo Morales en Bolivie à réaliser la transition d’une société dépendante politiquement et économiquement à une société indépendante. Il doit dénoncer sur la scène internationale les actes terroristes qui visent à déstabiliser ce gouvernement tout comme celui du Venezuela qui est à faire la transition entre une société prise en otage par des forces nationales et transnationales à une société libérée et en possession de son destin et de ses richesses. D’ailleurs, dans le cas de ce dernier pays, le Canada peut jouer un rôle important en s’assurant que le processus démocratique actuellement en cours ne soit pas perturbé par des actions terroristes fomentées de l’extérieur. L’attachement que manifeste M. Harper pour la Démocratie devrait se manifester sans équivoque lors des élections menées actuellement au Venezuela.

Je ne parle pas du Mexique où la Démocratie vient de subir un revers important. Le rôle que le Canada y aura joué en reconnaissant les résultats avant leur annonce officielle n’est pas de nature à faire de lui le meilleur défenseur de la démocratie.

Pour conclure, M. Létourneau, je dirai simplement que le Canada a déjà beaucoup à faire avec sa démocratie et celle de ses alliés pour ne pas s’immiscer dans les affaires internes des autres. Qu’il se préoccupe de faire respecter le droit international en invitant son ami du sud à mettre un terme à son blocus contre Cuba et à respecter, sans interférence, les élus que les autres peuples se donnent en toute légitimité. Pour le moment Fidel récupère d’une grave intervention chirurgicale et tout indique que son rendez-vous avec la mort n’est pas encore pour cette fois-ci. Le peuple cubain l’accompagne dans cette épreuve et souhaite son retour. Pour le moment la vie suit son cours. N’est-ce pas là la démocratie ? Le pouvoir du peuple par le peuple? Que dirait le Canada si Cuba venait aider les Québécois à faire la transition vers leur indépendance ? Il crierait à l’interventionnisme. Et que diraient les québécois? Qu’ils sont en mesure de régler cette question eux-mêmes.

Dans l’espoir que cette correspondance trouvera son espace dans votre journal, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.



Oscar Fortin, politologue et théologien

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lettre à Michel C. Auger du Journal le Soleil

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CC. ministre des Relations extérieures du Canada
Consulat général de Cuba
Amis de Cuba