jeudi 24 juillet 2008

CUBA EN CE 26 JUILLET 1953

Lorsque l’Angleterre entra en guerre contre Hitler et le nazisme, en 1939 et 1940, elle pouvait compter sur la participation de nombreux pays, dont la Russie et les États-Unis, et sur des armées disposant d’armes sophistiquées et en abondance. Des centaines de milliers de soldats furent envoyés au front. Certains y allèrent avec l’enthousiasme de la jeunesse, d’autres portés par un idéal de liberté à sauvegarder, d’autres enfin par contrainte, la conscription les y ayant obligés. Des dizaines de milliers moururent, certains sans jamais savoir vraiment pourquoi ils étaient là à combattre.

Le 26 juillet 1953, un petit groupe de jeunes cubains, mené par Fidel Castro, attaqua la Caserne de Moncada dans le but de renverser le dictateur Fulgentio Batista et, avec lui, tout un système de dépendance et d’exploitation du peuple. Ce dernier, une année plus tôt, le 10 mars 1952, grâce à un coup d’état, s’était emparé de tous les leviers du pouvoir. L’arbitraire et la corruption régnèrent alors sous le regard bienveillant du grand frère du nord, pendant que le peuple vivait dans la pauvreté, l’analphabétisme, la sous-alimentation et l’exploitation économique, sociale et culturelle. À ce moment, il n’y avait pas de ces campagnes, financées à coup de millions de dollars, pour dénoncer le non respect des droits humains, les mises à mort arbitraires et encore moins l’absence de démocratie, surtout lorsque les auteurs de ces crimes étaient des alliés soumis. Tout allait comme dans le meilleur des mondes. La mafia, les pouvoirs politiques et économiques marchaient main dans la main. Le peuple faisait reluire les souliers de ces seigneurs, coupait la canne à sucre, roulait les cigares et se nourrissait des miettes qui tombait de la table.

Mais, voilà qu’un petit groupe, encore dans la vingtaine, se révolte contre un tel régime qui se moque des conditions de vie de ces millions de cubains et cubaines, les exploitant au profit d’une société de consommation, de luxure et de servitude. « Dans les années 1950, les Américains contrôlaient 90% des mines de nickel et des exploitations agricoles, 80% des services publics, 50% des chemins de fer et, avec le Royaume-Uni, toute l'industrie pétrolière. » C’était l’ère de la grande liberté des maîtres à qui tout était permis et de celle de la paix qui rendait possible la main mise sur les richesses du pays et la soumission du peuple.

Ces jeunes, encore dans la vingtaine, ne peuvent tout simplement pas demeurer insensibles face à cette machine infernale qui déshumanise et piétine la condition humaine de ces millions de compatriotes cubains et cubaines. Ils ont présent à l’esprit l’humanisme qui a inspiré Marti, ce héro de l’indépendance et dont 1953 marque le centième anniversaire de sa naissance. Mort au combat lors de la guerre d’indépendance, il n’en a pas moins laissé une pensée vivante qui s’est tracé un chemin jusqu’à ces jeunes disposés à donner leur vie pour un tel idéal. Il eut ces pensées qui tombèrent comme des semences dans l’esprit de ces jeunes :

«La grandeur des chefs n'est pas dans leur per­sonne, mais dans la mesure où ils servent la gran­deur de leur peuple

«Celui qui ne se sent pas offensé par l'offense faite à d'autres hommes, celui qui ne ressent pas sur sa joue la brûlure du soufflet appliqué sur une autre joue, quelle qu'en soit la couleur, n'est pas digne du nom d'homme.» José Marti

Les idées d’avant-garde de ce héro de l’indépendance se résument dans « l’égalité des Peuples, des hommes, des races et des sexes. Analysant la politique extérieure des États-Unis, il met en garde l'Amérique Latine sur tout compromis politique et économique avec ce pays et dénonce son impérialisme naissant. » Une vision prophétique qui allait se confirmer dans les années à suivre et de façon particulière tout au long du vingtième siècle.

C’est donc portés par ces idéaux d’indépendance, de solidarité, de respect et de justice, que ces jeunes révolutionnaires, ayant à leur tête Fidel Castro, s’attaquèrent, ce 26 juillet 1953, à la Caserne Moncada, à Santiago de Cuba. L’attaque fut un cuisant échec, la majorité des prisonniers furent exécutés sommairement par les troupes batistiennes et les rebelles survivants, arrêtés la nuit suivante, furent jugés et condamnés. Castro, assumant lui-même sa défense dans une plaidoirie, devenue célèbre, « La historia me abolvera », conclut celle-ci avec ces mots: "Je terminerai ma plaidoirie d'une manière peu commune à certains magistrats en ne demandant pas la clémence de ce tribunal. Comment pourrais-je le faire alors que mes compagnons subissent en ce moment une ignominieuse captivité sur l'Ile des Pins ? Je vous demande simplement la permission d'aller les rejoindre, puisqu'il est normal que des hommes de valeur soient emprisonnés ou assassinés dans une République dirigée par un voleur et un criminel. Condamnez-moi, cela n'a aucune importance. L'histoire me réhabilitera."

Nous sommes loin de l’homme que nos politiciens et médias nous décrivent depuis plus de 55 ans comme un tortionnaire et un criminel. En dépit des centaines de tentatives d’assassinat (plus de 600), des millions de dollars investis pour dénaturaliser les acquis de la révolution cubaine, d’un blocus économique criminel qui dure depuis 50 ans et que condamne année après année la communauté internationale, Fidel est toujours là présent par ses réflexions et son exemple, fidèle à ses principes.

Aujourd’hui, l’Amérique latine s’en inspire et les peuples portent de plus en plus au pouvoir ceux et celles qui peuvent les conduire à leur pleine indépendance et à une société toujours plus solidaire. C’est le cas en Bolivie, en Équateur, au Venezuela, au Nicaragua, au Brésil, en Argentine pour ne nommer que les plus importants.

La lutte de ces jeunes, amorcée en ce 26 juillet 1953, est devenue une lutte de tous les peuples en quête d’indépendance et de justice. Leur souvenir doit inspirer nos engagements en faveur des chaînons les plus faibles de nos sociétés. Plusieurs y ont laissé leur vie. Que ce ne soit pas en vain.


Oscar Fortin

N.B. En 2006 j’ai écrit une réflexion sur cet anniversaire du 26 juillet 2006 qui a été publié sur différents sites dont celui d’alter info. Je vous en donne la référence :

http://www.alterinfo.net/CUBA-EN-CE-26-JUILLET-1953_a2602.html

http://humanisme.over-blog.com/article-3383396.html

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