jeudi 17 juillet 2008

UNE VOIX CRIE DANS LE DÉSERT: ON NOUS MENT

Lorsque les médias ne servent plus de relais à la transmission de ce qui va à l’encontre de leur « politique éditoriale » c’est l’information, essentielle à toute responsabilité personnelle et collective, qui en souffre. Pour comprendre ce phénomène il suffit de regarder comment on s’y est pris pour amener l’opinion publique étasunienne à soutenir l’Administration Bush dans sa guerre en Irak. Tous les grands médias ont assuré le relais aux thèses officielles de la présence d’armes de destruction massive et de liens de Saddam Hussein avec Al Qu’aida. C’était devenu la « politique éditoriale ». Beaucoup savaient que c’étaient faux, mais leurs voix se sont perdues dans le désert. Ainsi, sur la base de mensonges, enveloppés du plus grand humanisme et de la nécessaire sécurité nationale de l’Occident chrétien, des centaines de milliers de personnes sont mortes ou ont été blessées et des dizaines de milliers de familles à jamais brisées. Les responsables de ces crimes contre l’humanité, ce sont évidemment les menteurs et leurs complices, mais aussi l’indifférence des citoyens face aux décisions politiques de leurs dirigeants.

Nous sommes de nouveau pris au piège de scénarios trompeurs qui permettent de convertir en actions humanitaires la présence de nos soldats en Afghanistan. Les journalistes qui assurent le relai de l’information sont intégrés aux forces armées sur le terrain. Ils jouent le rôle d’attaché de presse de l’armée et du gouvernement canadien. Ils sont des spécialistes pour vendre l’idée que la présence de l’armée canadienne en Afghanistan est indispensable Ce serait comme si on demandait à l’attaché de presse du Premier ministre de nous faire l’analyse critique des décisions qu’il prend, alors que sa fonction est de présenter les décisions du Premier ministre de manière à ce qu’elles soient perçues comme les meilleures. Tous comprendront que pour une telle critique mieux vaut s’adresser à un journaliste indépendant, pour autant, toutefois, que « la politique éditoriale » en autorise la publication. Il en va de même pour l’Afghanistan où nous n’avons aucun journaliste « indépendant » qui permettrait cette analyse critique. La solidarité oblige.

Tout récemment, lors du voyage conduisant la flamme olympique jusqu’à Pékin, nous avons été témoins de l’état d’âme humaniste de nos chefs d’état, scandalisés par les conditions du non respect des droits humains au Tibet et en Chine. Même, notre premier ministre, M. Harper, n’a pas encore décidé s’il allait participer aux cérémonies d’ouverture de ces jeux en protestation au non respect de ces droits. C’est dire l’attachement qu’il porte au respect des droits humains. De quoi nous édifier tous si ce n’était la présence de l’envers de la médaille qui nous montre un homme qui se moque éperdument du respect de ces mêmes droits. Le monde a pu voir dans une vidéo qui a fait le tour du monde le sort que ce même M. Harper réserve à ce jeune canadien, Omar Kadhr, détenu à Guantanamo depuis plusieurs années. D’ailleurs, une pétition auprès du Premier ministre canadien circule actuellement pour qu’Omar Kadhr soit rapatrié au Canada. Il ne semble pas que cette pétition l’émeuve beaucoup.

Nous connaissons tous ce Centre à Guantanamo, créé par l’Administration Bush dans le but d’échapper à la justice constitutionnelle des États-Unis et du droit international. Bien des horreurs s’y sont produites à l’abri des regards indiscrets. Je me permets de relever ce témoignage émouvant de ce journaliste qui y a été détenu pendant plus de six ans et demi. Son histoire se vit dans notre cour (l’Amérique), sous la responsabilité de nos dirigeants (complicité Bush-Harper), avec un silence complice de nos médias. Sami El Haj n’est pas le seul à vivre ces choses. Il y en a des centaines, peut-être même des milliers d’autres qui vivent pareilles situations dans nos prisons dispersées dans le monde, sous les regards inflexibles de nos dirigeants qui trouvent, par contre, les chinois, les iraniens, les cubains bien cruels. Un poids, deux mesures : le poids c’est le non respect des droits humains, les deux mesures ce sont, dans le cas de l’ennemi, même si ce n’est pas toujours prouvé, quelque chose d’inacceptable, de complètement inhumain, alors que dans son propre cas, c’est quelque chose de justifiée et de nécessaire. La justice, comme dit si bien M. Harper, ne doit-elle pas suivre son cours normal.

On nous ment actuellement sur l’Iran. On prépare les esprits à applaudir l’invasion de ce pays et à accepter que le Canada soit de la partie. Pensez-vous réellement que nos navires de guerre s’en vont dans la mer méditerranéenne pour chercher des terroristes cachés dans des sous-marins ou encore pour y assurer la circulation des navires alors qu’aucun problème de cette nature n’est actuellement signalé. Cette mise en marche de notre flotte se réalise quelques jours à peine après la visite à Washington d’Ehud Barak, ministre israélien de la guerre, venu pour mettre au point les stratégies d’intervention en Iran. C’est comme si on venait de donner le feu vert pour le départ. On maintient ainsi l’opinion publique dans une bulle. On lui ment par ce qu’on dit et on lui ment par ce qu’on tait. L’action des dirigeants n’en sera que plus facile.

VIVE LA DÉMOCRATIE DU PEUPLE, L’ANARCHIE DES GOUVERNANTS ET LA SERVILITÉ DES MÉDIAS.

Oscar Fortin
Québec, le 17 juillet 2008

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