mercredi 22 juillet 2009

NE PAS UTILISER EN VAIN LE NOM DE DIEU


Nous connaissons tous la formule utilisée par les Présidents étasuniens à la fin de chacun de leurs discours: « GOD BLESS AMERICA ». Ce fut le cas des Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan, Clinton, Bush et Obama, qui, pour la plupart, ont été, au cours des 50 dernières années, à l’origine d’initiatives peu compatibles avec le nom de Dieu, révélé en Jésus de Nazareth et auquel ils se disent profondément croyants.

Un survol rapide de quelques unes de leurs initiatives met en évidence les contradictions profondes qui existent entre la foi qu’ils professent et les actions qu’ils déploient dans le monde et tout particulièrement sur cette partie du Continent latino-américain ou vivent plus de 500 millions de latinos, d’indiens mayas, incas et métis. Depuis les cinquante dernières années, qu’a-t-elle fait en Amérique latine cette « AMÉRIQUE » qui se réclame de la bénédiction de Dieu?

1. Elle a continué, évidemment, à se servir en richesses naturelles et en produits alimentaires à bas prix: cuivre, nickel, pétrole, étain, fruits et légumes de toute sorte…
2. Elle a lancé l’invasion de la Baie des Cochons, à Cuba, dans le but de reprendre le contrôle du pays qu’une révolution avait enlevé au dictateur Batista, un fidèle allié.
3. Elle a instauré un blocus économique criminel contre le peuple cubain, blocus qui défie le droit international et les droits de l’homme et qui dure depuis 50 ans;
4. Elle a mené des opérations de nettoyage ethnique en Amérique centrale faisant des centaines de milliers de morts parmi les populations indigènes;
5. Elle a donné le feu vert au coup d’État militaire d’Augusto Pinochet qui a transformé la démocratie du Chili en une dictature militaire qui a duré plus de 15 ans et dont les emprisonnements, les tortures, les assassinats se comptent par dizaine de milliers;
6. Elle a autorisé le PLAN CONDOR, dont l’objectif était d’éliminer physiquement tous les opposants militants aux régimes politiques et économiques en place. « Elle » les baptisait tous de communistes comme si cette appellation l’autorisait à les tuer;
7. Elle a soutenu la Junte militaire en Argentine fortement compromise avec le Chili dans la réalisation du Plan Condor et la persécution des opposants au régime de domination. Des milliers de morts et de disparus ont soulevé la colère de millions de personnes à travers le monde.
8. Elle a soutenu et encouragé les mercenaires « Contras » pour mener une guerre salle contre le Gouvernement sandiniste qui avait mis fin à la dictature de Somoza, fidèle allié de Washington;
9. Elle a fait et continue de faire des pieds et des mains pour renverser par la force le gouvernement démocratiquement élu du Venezuela, actuellement sous la gouverne du Président Hugo Chavez;
10. Elle en fait tout autant pour renverser les gouvernements démocratiques d’Évo Morales en Bolivie et de Rafael Correa en Équateur;
11. Elle manœuvre actuellement dans l’actuel Coup d’état au Honduras pour mettre un terme aux réformes amorcées par l’actuel Président, Manuel Zelaya, qui vient d’être expulsé, manu militari, de son pays.
Cette énumération s’en tient que très succinctement à l’Amérique latine et demeure très partielles. Elle ne fait pas mention de ce qui s’est passé au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, à Guantanamo et partout ailleurs. Elle ne parle pas des actions subversives de la CIA et des diverses agences mises à la disposition des oligarchies nationales de chacun des pays. Cependant, il importe de relever que « cette Amérique qui se réclame de la bénédiction de Dieu » est la même qui contrôle les moyens de communication et qui cuisine l’information de manière à servir ses propres intérêts et à diaboliser ses adversaires et leurs initiatives. Le mensonge, la manipulation, la tricherie, n’ont plus de secrets pour « elle ». Elle est passée maître dans l’art de créer la nouvelle qui convient le mieux à la poursuite de ses objectifs.

Que sont-ils donc les intérêts de cette « Amérique bénie des dieux»? Ils peuvent se résumer, en Amérique latine, de la façon suivante :

1. Avoir dans chaque pays des gouvernements (démocratiques ou dictatoriaux, peu importe) qui lui soient subordonnée;

2. Que ses entreprises et multinationales puissent se servir sans contrainte dans le bassin de leurs richesses naturelles;

3. Que les opposants, menaçant cet ordre, soient détenus ou éliminés.

Tout le reste ne sera que parures. Les problèmes sociaux trouveront leur solution par les œuvres de charité. De quoi donner bonne conscience et faire oublier les crimes commis. Également, de quoi occuper les églises et les organismes à but non lucratif. Les dons, desquels ces derniers seront dépendants, permettront aux donataires d’en garder le contrôle. Pas question de revoir l’ensemble du système qui génère pauvreté, maladies, analphabétisme, la non-participation politique. La seule démocratie valable est celle qui trouve grâce à ses yeux et lui assure une mainmise sur tout.

Qui peut penser que le Dieu, révélé en Jésus de Nazareth, puisse bénir de telles initiatives? L’ambition des richesses, le mensonge et l’hypocrisie sont à l’opposé de ce qu’est Dieu. N’est-ce pas scandaleux de se payer ainsi la tête de « Dieu », sans que ceux qui se font une vocation de le faire connaître n’y trouvent rien à redire? Plus grave encore, ils sont souvent de fidèles collaborateurs qui permettent de couvrir les effets pervers d’un tel système.

La seule référence biblique qui me vient à l’esprit est celle qui relate la tentation de Jésus qui reçoit l’invitation du PRINCE DE CE MONDE à se joindre à lui. Il suffisait qu’il se soumette à ce dernier pour que tous les royaumes lui soient remis. La réponse de Jésus a été sans aucun compromis : « mon seul maître est le Seigneur mon Dieu et à lui seul je rendrai des comptes. » Il y a également, dans le même sens, ce passage de l’évangéliste Mathieu qui fait dire à Jésus : « On ne peut servir deux maître, Dieu et l’Argent. » N’est-ce pas abuser du nom de Dieu que de lui demander de bénir « cette Amérique-là ».

Il appartient aux chefs d’État ainsi qu’à ceux des diverses églises de suivre l’exemple de Jésus qui a dit non au MAMMON du désert tout comme ceux et celles d’aujourd’hui qui disent non aux offres alléchantes qui leur sont faites pour trahir et trompés leurs peuples. Il ne suffit plus de se montrer attaché à la pratique de la messe du dimanche pour témoigner de sa foi. Encore faut-il que la justice et la vérité soient au cœur de ses engagements. La vraie prière qui devrait conclure ces discours serait :

« QUE DIEU BÉNISSE LA BONNE FOI DES HUMBLES ET CONFONDE LES HYPOCRITES ET LES MENTEURS. »

vendredi 17 juillet 2009

LES SILENCES DE BENOÎT XVI; CARITAS IN VERITATE

Lire Benoît XVI n’est pas toujours chose facile. L’intellectuel qu’il est sait manier les mots, les concepts qui s’y rattachent et les logiques qui les mettent en interrelation les uns aux autres. Il a l’art de la sémantique et des sous-entendus qui viennent renforcer les objectifs de son discours. Il sait mettre l’accent sur certains points et en diluer d’autres dans un ensemble de considérations qui en relativisent l’importance. Plus que tout, il y a de ces silences sur des réalités qui viendraient normalement illustrer merveilleusement bien son propos sur l’Amour dans la Vérité, mais il s’en garde bien.

1. JEAN XXIII ET PACEM IN TERRIS
Dès l’introduction, le lecteur est frappé par l’absence de références explicites au Pape Jean XXIII et à son encyclique PACEM IN TERRIS. Ses principales références seront prises chez Paul VI et Jean-Paul II. Un relevé des 159 notes de bas de pages, données en référence, indique que trois se réfèrent à PACEM IN TERRIS. Dans les trois cas, Benoît XVI, ne mentionne pas PACEM IN TERRIS. Il se contente d’un renvoi, indiqué par un chiffre, sans que le lecteur sache qu’il s’agit d’une référence à PACEM IN TERRIS. Dans un seul cas (p.67), il mentionne Jean XXIII, de vénéré mémoire. Ces trois références sont en relation avec la nécessité de réformer les Nations Unies et d’en arriver à la constitution d’une instance internationale avec des responsabilités et des pouvoirs pour assurer le BIEN COMMUN à l’échelle de la planète.

Pourquoi ce silence sur une encyclique qui a rejoint tellement de monde et de mouvements sociaux, en dépit du fait que bien des pays et, on pourrait presque dire le Vatican lui-même, l’aient mises sur les tablettes ? Cette encyclique qui parle des droits et des devoirs a su mettre en évidence l’importance des États pour assurer et gérer les exigences du BIEN COMMUN. Dans un langage simple et accessible à la grande majorité, Jean XXIII a su indiquer, entre autres, que les libertés individuelles ne pouvaient pas être absolues et qu’elles devaient se soumettre aux exigences de ce Bien commun. De nombreux passages de cette encyclique gardent toute leur actualité et trouvent dans certaines régions du monde et dans certains pays des mises en application de ses principes et objectifs.

2. LE SOCIALISME DU XXIème siècle


Nous savons tous que l’Amérique latine est une des régions du monde où l’Église catholique compte le plus grand nombre de fidèles. Elle est, comme dit Saint Paul, le Corps du Christ aux multiples dons avec à sa Tête, le Christ. Au N. 21 de son encyclique, Benoît XVI rappelle les grandes attentes de Paul VI dans son encyclique POPULORUM PROGRESSIO et constate qu’elles n’ont pas été réalisées.

« Paul VI avait une vision structurée du développement. Par le terme « développement », il voulait désigner avant tout l’objectif de faire sortir les peuples de la faim, de la misère, des maladies endémiques et de l’analphabétisme. Du point de vue économique, cela signifiait leur participation active, dans des conditions de parité, à la vie économique internationale; du point de vue social, leur évolution vers des sociétés instruites et solidaires; du point de vue politique, la consolidation de régimes démocratiques capables d’assurer la paix et la liberté. Après tant d’années, alors que nous observons avec préoccupation le développement des crises qui se succèdent en ces temps, ainsi que leurs conséquences, nous nous demandons dans quelle mesure les attentes de Paul VI ont été satisfaites par le modèle de développement qui a été adopté au cours de ces dernières décennies. »

Benoît XVI ne semble s’attarder qu’à un modèle de développement, passant sous silence les autres. L’actualité des divers modèles de développement qui se développent en Amérique latine est complètement mise de coté. Il y a Cuba qui a atteint des sommets dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la solidarité internationale et de la participation politique de tout un peuple grâce auquel il a su résister à ce jour à un blocus économique et politique criminel de la part de son voisin du nord. Il y a la Bolivie qui a fait des pas de géant pour devenir un pays libre d’analphabétisme et en voie d’assurer de plus en plus d’accessibilité aux soins de santé, à l’éducation et à la participation à la vie politique et économique des autochtones au passé millénaire . Il y a le Venezuela qui a développé le concept du Socialisme du XXIème siècle et qui reprend pratiquement à son compte les grands énoncés de l’encyclique PACEM IN TERRIS de Jean XXIII. Il y a l’Équateur, le Paraguay, le Nicaragua et le Honduras dont le Président vient d’être mis à la porte « manu militari » par les forces oligarchiques, qui développent également des modèles s’inspirant du socialisme du XXIème siècle. POURQUOI CE SILENCE? Serait-ce parce que la cupule ecclésiale de ces régions se solidarise avec ces oligarchies, habituées de faire la loi et de s’assurer que les institutions de l’État répondent à leurs attentes et intérêts? Pourtant ce sont des modèles qui se rapprochent des grands principes évangéliques, qui donnent à la démocratie son vrai sens et au Bien commun la place qu’il doit occuper dans les priorités de l’État. Curieusement, la majorité de ces gouvernements sont dirigés par des croyants catholiques qui prennent à cœur la justice sociale, le respect des peuples et la solidarité internationale.

3. LA FORCE DE L’EMPIRE

Ce n’est plus un secret pour personne que les puissances économiques et politiques de notre Occident chrétien se mobilisent et n’ont pas l’intention de rendre les armes pour répondre aux impératifs du Bien commun des peuples et du monde. Ils ont intérêt à garder l’entière accessibilité aux richesses naturelles des peuples ainsi qu’à leur exploitation. Ils ne sont pas disposés à perdre leur pouvoir sur les institutions politiques et économiques des divers pays qui leur sont assujettis. Si la démocratie participative met en échec les démocraties traditionnelles, placées entièrement sous leur contrôle, ils n’hésiteront pas à utiliser les armes, la corruption, la cupule des églises, la désinformation systématique et le terrorisme, pour reprendre le contrôle de la situation et y régner en maître. Ils sont les premiers à vouloir garder leur emprise sur les Nations Unies par l’intermédiaire du Conseil de sécurité qui leur assure un droit de véto sur l’ensemble des 192 membres de l’Assemblée générale. POURQUOI ALORS NE PAS EN PARLER? Des milliers de vie humaine sont en cause. Il suffit de regarder ce qu’ils font actuellement au Honduras et ce qu’ils trament dans les autres pays de la région. Pourtant la grande majorité confesse leur foi en Dieu dont ils ne cessent d’invoquer sa bénédiction.

4. LES MOYENS DE COMMUNICATION

Un des thèmes principaux de l’encyclique de Benoît XVI est la VÉRITÉ. Bien que celle-ci n’ait fait l’objet d’aucune définition formelle, permettant de la reconnaître dans les milieux de vie et dans notre environnement international, elle n’en reste pas moins une référence qui doit nous rattacher à la réalité et à sa compréhension. Nous reconnaissons tous l’importance des moyens de communication et le rôle qu’ils jouent dans la diffusion de cette vérité, indispensable à toute participation politique responsable. Ce n’est qu’à la toute fin de son encyclique (N.73) que Benoît XVI y fait référence.

« Pour le bien et pour le mal, ils sont insérés à ce point dans la vie du monde, qu’il semble vraiment absurde, comme certains le font, de prétendre qu’ils seraient neutres, et de revendiquer leur autonomie à l’égard de la morale relative aux personnes. De telles perspectives, qui soulignent à l’excès la nature strictement technique des media, favorisent en réalité leur subordination au calcul économique, dans le but de dominer les marchés et, ce qui n’est pas le moins, au désir d’imposer des paramètres culturels de fonctionnement à des fins idéologiques et politiques. »

En raison de l’importance des media et des techniques de communication, ce sujet aurait mérité un développement plus substantiel et une analyse plus circonstancielle de l’usage qui en est fait par ceux qui en ont le contrôle. Ils ont la capacité de transformer en saint un diable et de faire d’un diable un saint. Sous leur emprise, le mal peut devenir bien et le bien devenir mal. Il s’agit donc d’une question fondamentale qui va au-delà des simples intérêts économiques. Il suffit de penser à leur usage dans le secteur politique et social. Nous vivons dans un monde enveloppé de mensonges et nous nous taisons. L’information produite par les empires est complètement différente de celle obtenue sur le terrain. Il y en va de la Vérité au quotidien et aussi de la Vérité dans ce qu’elle a de plus sacrée : la liberté responsable. « La vérité vous rendra libre ». POURQUOI ALORS NE PAS EN AVOIR FAIT UN THÈME ACCOMPAGNANT CONSTAMMENT LE THÈME DE LA VÉRITÉ? Nous avons vu la capacité de créer la nouvelle lors des dernières élections en Iran et maintenant avec ce qui se passe au Honduras et dans les autres parties de l’Amérique latine. POURQUOI ÊTRE DEMEURÉ SI DISCRET SUR CET OUTIL QUI DOIT PORTER LA VÉRITÉ À TOUTE PERSONNE DE BONNE VOLONTÉ?

5. LA VOIX DES PROPHÈTES

Benoît XVI comme pasteur universel de l’Église n’est certes pas à lui seul l’Église. Saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens parlent des Apôtres et des Prophètes comme étant les fondations de l’Église.

« Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d'angle Jésus-Christ lui-même. 21 C'est lui qui assure la solidité de toute la construction et la fait s'élever pour former un temple saint consacré au Seigneur. »

Benoît XVI ne sent pas le besoin de faire appel à ces voix chrétiennes qui se font entendre sur l’Église, le monde, la justice, la vérité et surtout sur le bon combat à mener à la suite de Jésus pour que le Royaume et l’homme nouveau deviennent réalité pour tous les hommes dans la plénitude de leur être. Il y a des prophètes qui témoignent comme ce fut le cas de Mgr Romero, de Don Elder Camara, de ces jésuites assassinées en Amérique centrale et de tous les autres, laïcs ou religieux, qui risquent quotidiennement leur vie pour la justice et la vérité. Il eût été intéressant que le Pasteur de l’Église universelle donne la parole à certains de ces prophètes dont la caractéristique principale est de n’avoir les mains liées avec aucun pouvoir. Benoît XVI a plutôt choisi d’être à la fois apôtre et prophète.

"En elle (doctrine), s’exprime la mission prophétique des Souverains Pontifes: guider d’une manière apostolique l’Église du Christ et discerner les nouvelles exigences de l’évangélisation." (N. 12)

"Éduquée par son Seigneur, l’Église scrute les signes des temps et les interprète et elle offre au monde « ce qu’elle possède en propre: une vision globale de l’homme et de l’humanité ». (N.18)

Heureusement que le prophète poursuit sa route et témoigne de la Parole de Dieu en discernant également les signes des temps. Il a l’avantage d’avoir l’écoute du peuple qui se reconnaît et reconnaît son sauveur dans ses propos.

6. LETTRE DE L’APÔTRE JACQUES

Dans le Nouveau Testament, nous avons le Sermon de Jésus sur la montagne qui nous parle des Béatitudes de justice, de paix, de sincérité, de solidarité, ainsi que la narration du Jugement dernier qui nous donne des indications pertinentes sur le comportement que nous devons avoir les uns envers les autres. Il y a aussi la Lettre de l’apôtre Jacques qui s’est avancé passablement sur la question de la foi et des œuvres. Pour Benoît XVI le développement sans la foi en Dieu ne peut conduire à la fraternité.

« La raison, à elle seule, est capable de comprendre l’égalité entre les hommes et d’établir une communauté de vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité. » (N.19)

Benoît XVI n’a pas jugé pertinent de mettre en relief cette affirmation en relation avec ce que nous dit l’apôtre Jacques à ce sujet.

« Mes frère, que sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres? La foi peut-elle le sauver? Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l'un d'entre vous leur dise: Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il? Il en est ainsi de la foi: si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même, Mais quelqu'un dira: Toi, tu as la foi; et moi, j'ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres. Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent. Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile? » (Jc. 2, 14-20)

Oscar Fortin

Québec, le 17 juillet 2009

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lundi 13 juillet 2009

L'AMOUR DANS LA VÉRITÉ OU LA VÉRITÉ DANS L'AMOUR



UNE PREMIÈRE RÉACTION À L'ENCYCLIQUE DE BENOÎT XVI:
CARITAS IN VERITATE

Lire Benoît XVI n’est jamais facile. Non pas en raison de son style, lequel a la qualité de l’intellectuel qu’il est, mais de la manière qu’il a de jouer avec les concepts et les logiques qui les relient les uns aux autres. Le titre donné à son encyclique CARITAS IN VERITATE donne déjà lieu à un débat entre théologiens et exégètes. On se demande si c’est la charité qui doit être reconnue à travers les lentilles de la vérité ou si c’est la vérité qui doit être comprise à travers le vécu de l’amour.

Pour la grande majorité des lecteurs et lectrices, il n’y a pas de différence, que ce soit Caritas in Veritate ou Veritate in Caritas, l'Amour dans la Vérité ou la Vérité dans l'Amour, c'est la même chose. Pourtant, derrière l’usage anodin d’un ordre plutôt que de l’autre, il y a toute une vision de la réalité. Pour m’y convaincre, j’ai réécrit certains passages en inversant l’ordre choisi par Benoît XVI et en y apportant les adaptations correspondantes. Je m’en tiendrai à quelques exemples pris dans l’Introduction.

Point 3 : « Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide susceptible d’être arbitrairement remplie. C’est le risque mortifère qu’affronte l’amour dans une culture sans vérité. Il est la proie des émotions et de l’opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé, jusqu’à signifier son contraire. » (B.XVI)

« Dépourvu de l’amour, la vérité bascule dans la complaisance de l’intellectualisme qui confond ses concepts avec la réalité, sa foi avec des idéologies, sa vie avec sa logique. C’est le risque mortifère qu’affronte la vérité dans une culture sans amour. Elle est la proie de la logique de ses prémices souvent puisées dans des appartenances idéologiques sécurisantes. » (of)

« La vérité libère l’amour des étroitesses de l’émotivité qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d’un fidéisme qui le prive d’un souffle humain et universel
. » (B.XVI)

« L’amour libère la vérité de l’étroitesse conceptuelle qui la prive de contenus relationnels et humains authentiques, et d’idéologies d’autosuffisance qui la privent d’un souffle humain et universel. » (of)

Point 4 « Parce que l’amour est riche de vérité, l’homme peut le comprendre dans la richesse, partagée et communiquée, de ses valeurs. La vérité est, en effet, lógos qui crée un diá-logos et donc une communication et une communion. » (B.XVI)

« L’amour est communication et communion. Il est le foyer à l’intérieur duquel se découvrent et s’illuminent les diverses facettes de la vérité qui ouvrent toujours plus à des horizons porteurs de vie, de simplicité et d’humilité. » (of)

« Dans le contexte socioculturel actuel, où la tendance à relativiser le vrai est courante, vivre la charité dans la vérité conduit à comprendre que l’adhésion aux valeurs du Christianisme est un élément non seulement utile, mais indispensable pour l’édification d’une société bonne et d’un véritable développement humain intégral. » (B.XVI)

« Dans le contexte socioreligieux actuel, où la tendance à réduire le vrai, le bien, l’amour, la vie à des concepts vides de tout contenu existentiel conduit à comprendre que l’expérience des valeurs profondément humaines est un élément non seulement utile, mais indispensable à l’édification d’une société bonne et d’un véritable développement intégral. » (of)

« Un Christianisme de charité sans vérité peut facilement être confondu avec un réservoir de bons sentiments, utiles pour la coexistence sociale, mais n’ayant qu’une incidence marginale. » (B.XVI)

« La vérité sans la charité peut facilement être confondue avec un réservoir de beaux idéaux, idéologies pour certains et foi pour d’autres, mais n’ayant qu’une incidence marginale et souvent trompeuse. » (of)

Ces quelques exemples illustrent, j’espère bien, de manière éloquente que l’usage de mêmes mots dans des ordres différents conduisent souvent à des logiques qui donnent à la pensée des orientations radicalement différentes. L’intellectuel qu’est Benoît XVI a choisi la voie des concepts que recouvre le mot Vérité, pour traduire la logique de sa conception sociale du développement de l’homme et des sociétés. Le Concile Vatican II, dans Gaudium et Spes, et Jean XXIII, dans son Encyclique PACEM IN TERRIS, ont plutôt choisi la voie d’un vécu qui grandit dans l’amour. L’Amour ne s’oppose évidemment pas à la Vérité, pas plus que la Vérité à l’Amour. En Jésus, l’un et l’autre trouvent leur plénitude. Lorsque Jésus dit qu’il est la VOIE, la VÉRITÉ et la VIE il les unit toutes en lui. D’ailleurs Benoît XVI le reconnaît et l’affirme dès le tout début de son Encyclique :

« L’amour donne une substance authentique à la relation personnelle avec Dieu et avec le prochain. Il est le principe non seulement des micro-relations: rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations: rapports sociaux, économiques, politiques. » P.2

Ce n’est que par la suite qu’il inverse discrètement l’ordre donné aux concepts de l’Amour et de la Vérité. Pour lui la Vérité est le phare par lequel toutes les réalités doivent s’éclairer et se comprendre. Pour d’autres c’est l’Amour qui est le phare par lequel toutes les réalités doivent s’éclairer et se comprendre.

Oscar Fortin
Québec, le 13 juillet, 2009

mardi 7 juillet 2009

HONDURAS: LES PRÉOCCUPATIONS D'HILLARY CLINTON



Le 29 juin 2009, la Secrétaire d’État des États-Unis, Mme Hillary Clinton, a eu, entre autres commentaires, celui-ci :


« Quand je parle d’appuyer le travail de l’OEA, il s’agit de travailler avec les parties au Honduras de manière que toutes les parties impliquées donnent un pas en arrière et regarde comment leurs institutions démocratiques devraient fonctionner.


De plus, la plus grande préoccupation pour son pays est la décision des auteurs du coup d’État de sortir le président Manuel Zelaya du Honduras après l’avoir enlevé et conduit à une base aérienne de Tegucigalpa, d’où, par la suite il a été transporté au Costa Rica.


Il y a certaines préoccupations quant aux ordres données par des officiers qui n’auraient pas dû être suivis et c’est ce fait d’avoir expulsé le Président qui est notre préoccupation principale en ce moment. (…) L’expulsion d’un Président est cause de grande préoccupation… »


Cette déclaration prend un relief tout particulier à la lumière des déclarations du général Romeo Vaquez Velasquez, rendues publiques par le Président Zelaya, ce 6 juillet 2009. Il aurait avoué à ce dernier que le puissant groupe qui a ordonné le Coup d’État, avait donné des instructions très précises pour l’«assassiner ».

« Zelaya informa que le général Romero Vasquez Velasquez, l’officier militaire qui initia le Coup d’État en ordonnant son enlèvement et son transfert au Costa Rica, lui aurait avoué que le groupe qui a pris le pouvoir au Honduras voulait l’assassiner mais que le militaire décida, au dernier moment, de l’envoyer à l’étranger pour empêcher que cela se produise. »


Dans la déclaration de Mme Clinton, il ya deux points qui attirent l’attention. Le premier c’est qu’elle donne une importance plutôt relative au renversement du Président. À ce niveau, bien que renversé, l’important eût été que toutes les parties impliquées fassent des compromis pour permettre aux institutions démocratiques de fonctionner. Le second c’est cette grande préoccupation qui vient du fait que le Président ait été conduit hors du pays. « Il y a des ordres donnés aux officiers qui n’auraient pas dû être suivis. »


Pourquoi, le fait de sortir le Président du pays est plus préoccupant pour la Secrétaire d’État que le fait de l’avoir soustrait par la force de son poste de Président? Comment peut-elle dire que des ordres donnés par des officiers n’auraient pas dû être suivis, se référant explicitement à ceux ordonnant de le sortir du pays? Mais qu’en est-il des ordres donnés pour réaliser le Coup d’État ?


Il est certain qu’à l’extérieur du pays, M. Zelaya pouvait démentir la fausse lettre de démission, être pris en charge par d’autres chefs d’état et permettre des mobilisations régionales et internationales échappant au contrôle des principaux intervenants dans le Coup d’état. Il pouvait prendre la parole et rectifier l’information transmise par les putschistes. Évidemment, de quoi susciter une grande préoccupation.


Aujourd’hui, 7 juillet 2009, le Président Zelaya, rencontre la Secrétaire d’État, Mme Hillary Clinton. Elle aura droit à l’explication du pourquoi de la désobéissance de certains officiers qui ont pris la décision de sortir le Président du pays. Je ne doute pas qu’elle les félicitera d’avoir ainsi sauvé la vie de leur Président légitime.

Oscar Fortin
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Québec, le 7 juillet 2009

dimanche 5 juillet 2009

L'GLISE HONDURIENNE CONTRE LE RETOUR DU PRÉSIDENT ZELAYA

En prenant connaissance de la déclaration du cardinal Maradiaga à l’effet que le retour du Président Zelaya donnerait lieu à un bain de sang et qu’il valait mieux ne pas y aller, j’ai aussitôt pensé à ce passage de l’Évangile dans lequel Pierre s’oppose à ce que Jésus aille à Jérusalem.

« A dater de ce jour, Jésus commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en disant : " Dieu t'en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t'arrivera point ! " Mais lui, se retournant, dit à Pierre : " Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! " Mt.16, 21-23

Ce n’est plus un secret pour personne le fait que la cupule de l’institution ecclésiale est devenue une alliée inconditionnelle de la cupule des oligarchies et de ceux qui la servent. Le cardinal Maradiaga et à travers lui la Conférence épiscopale du Honduras en sont l’illustration la plus parfaite. Autant ils se font silencieux sur l’usage de la force par les militaires pour déloger celui que le peuple a élu Président du Honduras, autant ils se font actifs pour se porter à la défense de la cupule oligarchique qui s’est emparé du pouvoir prétextant une soi disant légitimité. Un véritable travail de pharisiens et d’hypocrites qu’a si fortement dénoncé Celui-là même dont ils se réclament dans la foi.

" Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela. Guides aveugles, qui arrêtez au filtre le moustique et engloutissez le chameau. " Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui purifiez l'extérieur de la coupe et de l'écuelle, quand l'intérieur en est rempli par rapine et intempérance. " Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui ressemblez à des sépulcres blanchis : au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d'ossements de morts et de toute pourriture ; vous de même, au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l'apparence de justes, mais au-dedans vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité. » Mt.23, 15-36

Le Président constitutionnel du Honduras a décidé ce matin, 5 juillet 2009, de prendre le chemin du retour dans son pays. Vers les 9h00 du matin, il s’envolera de Washington pour se rendre dans le pays à la tête duquel le peuple hondurien l’a élu. Il part sans arme, accompagné de la Présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez, du Président de l’Équateur, Rafael Correa, ainsi que d’autres représentants de la communauté internationale. S’il y a un bain de sang, ce ne sera pas de la part de ce Président qui se présente, en toute légitimité nationale et internationale, avec un rameau d’olivier pour y retrouver son peuple et le conduire à la paix en le soustrayant à l’emprise des escrocs qui l’ont expulsé du pouvoir, il y a 8 jours, « manu militari ».

« Au peuple hondurien je dis : n’allez pas utiliser la violence. Nous allons restaurer la paix, l’harmonie entre les honduriens. La mission est pacifique, elle consiste à restaurer l’ordre, la paix et le respect mutuel entre les honduriens. »

Curieusement, au sein de l’OEA, ceux qui font pression pour le non retour du Président sont les alliés traditionnels des États-Unis que plusieurs soupçonnent d’être derrière, non seulement de ce coup d’État mais d’un plan d’ensemble visant le renversement des régimes qui se font les promoteurs de la démocratie participative et du socialisme du XXIème siècle. Ce n’est plus un combat pour la démocratie et la liberté, mais un combat pour le pouvoir entre les oligarchies qui dominent et contrôlent les démocraties représentatives et les peuples qui veulent reprendre le contrôle de leur pouvoir sur les institutions démocratiques.

Oscar Fortin

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Québec, le 5 juillet 2009

jeudi 2 juillet 2009

OBAMA: INFORMÉ OU IGNORÉ

Les évènements des dernières semaines permettent de soulever la question de l’information dont dispose le Président Obama. Est-il informé des opérations clandestines menées par la CIA et le PENTAGONE, en Amérique latine et dans d’autres régions du monde? Dans le cas de la crise en Iran, il a nié toute participation du gouvernement des États-Unis. Dans le cas du coup d’État au Honduras, il en fit tout autant.


Pourtant, tous les analystes sérieux savent que le Gouvernement des États-Unis est présent d’une façon ou d’une autre là où ses intérêts sont en jeu. En Iran, des centaines de millions de dollars (400 M $ selon certaines sources) ont été investis pour déstabiliser l’actuel gouvernement. Au Honduras, le coup d’État ne pouvait être possible sans le consentement des États-Unis. Serait-ce que les politiques de Bush se poursuivent grâce à ses adeptes au sein de la CIA, du PENTAGONE et des divers organismes de couverture qui se présentent tous sous le chapeau de la liberté, de la démocratie et de l’aide humanitaire?

S’il fallait qu’il en soit ainsi, et tout prête à croire que c’est le cas, l’élection d’OBAMA n’aurait été qu’une diversion pour le peuple américain et le monde. Ses discours serviraient, à son insu, à entretenir l’illusion d’un grand rêve. Pendant qu’il s’adresse aux peuples latino-américains dans le cadre de l’Organisation des États Américains (OEA), et aux arabes et musulmans au Caire, pour vanter le dialogue, le respect et la diversité, les vrais détenteurs du pouvoir continuent de planifier des actions clandestines en Iran, en Bolivie, au Venezuela, en Équateur, au Nicaragua et au Honduras. Ils ont leurs candidats en poste dans les principaux organismes régionaux tout comme dans les grandes agences de presse pour jouer leur rôle respectif : les premiers pour les couvrir et faire diversion et les seconds pour manipuler et déformer l’information. Dans le cas de l’actuel coup d’État au Honduras, CNN n’a pas dévié d’un iota sa politique de désinformation et de diversion sur les faits. Les grandes agences de Presse, telles AFP et REUTERS, avec plus de subtilité introduisent de nouveaux éléments qui viendront en temps voulu ouvrir la voie à des compromis qui auront pour effet d’annuler complètement les initiatives amorcées de changements. L’objectif sera alors atteint.

Il est important que M. OBAMA, dise au monde : QUI dirige vraiment aux États-Unis? Qui sont ceux et celles qui prennent les décisions importantes allant directement à l’encontre de ses prises de position sur le respect des peuples, leur liberté de se donner les gouvernements qu’ils veulent et d’avoir avec ces derniers des relations basées sur le respect mutuel? Il est important qu’il fasse sa petite enquête parce que le monde pourra penser qu’il est tout aussi « menteur » que l’a été son prédécesseur. Ce serait dommage.

Personnellement, je ne pense pas que M. Obama soit un menteur. Je pense plutôt qu’on le garde en retrait de beaucoup d’informations véhiculées par les services secrets, la CIA et le PENTAGONE. Il est temps qu’il réunisse tout ce beau monde et qu’il les oblige à se mettre à table pour dire ce qu’ils magouillent dans le monde. Ce qui vient de se passer au Honduras ne lui laisse pas beaucoup le choix. Son gouvernement est impliqué dans la préparation de cette opération depuis un certain temps. Ça devient gênant pour un Président de sa stature de dire que les États-Unis n’y sont pour rien. Aujourd’hui, l’information circule plus vite que l’on peut penser et les secrets sont vite mis à nus. De grâce, M. Obama, dites-nous la vérité.

Oscar Fortin

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2 juillet 2009