jeudi 24 décembre 2009

UN CROYANT HORS DES NORMES VATICANES

Est-il possible d’être croyant sans être servile aux directives du Vatican et à toute l’enveloppe cultuelle à laquelle il s’accroche? Une bonne question n’est-ce pas? En 2005, j’avais écrit un article que j’avais mis en circulation sur mon blog sous le titre «DE LA FOI QUI SAUVE À LA RELIGION QUI ASPHYXIE. En 2009, à l’occasion de ce Noël, je voudrais partager avec vous, ce que rappelle cette célébration pour le croyant que je suis.

Sans entrer dans les discussions du calendrier historique de la naissance de cet enfant pas plus que du culte avec lequel on en rappelle l’évènement, j’aimerais m’en tenir au sens théologique de l’avènement: Dieu qui devient un des nôtres. Depuis ce jour, toute personne de bonne volonté n’a plus à regarder vers le ciel pour y rencontrer le dieu de sa foi, mais à regarder vers la terre pour y découvrir celui qui s’y est investi entièrement. À peine avait-il disparu au regard de ses disciples, après sa résurrection, un ange est venu leur rappeler qu’ils devaient cesser de regarder vers le ciel, mais plutôt de se rendre en Galilée, cette Galilée, symbolique du monde où ils le retrouveraient dans son Esprit.

Il n’a pas choisi les châteaux des rois, les privilèges des empereurs, la tribune des médias, la puissance des pouvoirs institutionnels. L’HUMANITÉ à laquelle il s’est identifié n’a pas beaucoup à voir avec ce monde et les lois qui en régissent le fonctionnement. L’HUMANITÉ qu’il porte en lui ne saurait être découverte qu’à travers la découverte de l’HUMANITÉ qui se retrouve dans les plus pauvres et laissés pour compte de la planète. Il a lié son sort à celui de ces exclus tout comme celui de ces exclus au sien. C’est ce que signifie l’incarnation: un Dieu qui lie son sort à celui de l’Humanité délaissée, oubliée, exploitée, dominée de sorte que personne ne puisse se prévaloir de son nom sans s’impliquer là où il est. S’il y a une espérance pour cette HUMANITÉ c’est bien cette présence toujours active à travers ces milliers d’hommes et de femmes, peu importe leurs croyances religieuses, qui se laissent interpeller par cette humanité exclue et victime des injustices et de la cupidité de ceux qui se croient les maîtres du monde. Leur foi dans cette HUMANITÉ est ce qui témoigne le mieux de cet Esprit de celui en qui les chrétiens reconnaissent l’EMMANUEL, DIEU avec nous tous.

Une manière bien simple de vous dire que je me sens en très bonne compagnie avec vous tous et toutes. S’il y a quelque chose de sacré dans notre monde, c’est bien cette HUMANITÉ INCLUSIVE dont le destin n’est pas d’être la marionnette d’Empires et d’empereurs, mais d’être, elle-même, celle qui ordonne le monde. Ma foi me dit qu’elle aura raison de ces empires et de ces oligarchies. Parfois il m’arrive d’en douter, mais dans tous les cas, il n’y a pas d’autres voies à suivre que de permettre cette émergence d’une humanité nouvelle, l’émergence d’un HOMME NOUVEAU. Pour moi comme pour des millions de personnes, ce Jésus de Nazareth est toujours là, bien présent, qu’aucun empire ne saurait atteindre. Pour le croyant que je suis, il a vaincu la mort par sa résurrection et, du fait même, la force des armes et les menaces dont se prévalent les Empires ne sauraient avoir le dernier mot. Il est le témoin par excellence de ceux et celles qui donnent leur vie pour que des hommes et des femmes l’aient un peu plus.

L’Amérique Latine compte des milliers de ces témoins qui ont donné leur vie pour plus de justice et de vérité. N’ayez crainte, ils ne sont pas sur la liste des candidats et des candidates à la sainteté. Ce serait trop risqué de les donner en exemple aux générations montantes. L’Empire n’apprécierait pas. Nous pouvons penser à Oscar Romero, évêque du Salvador, assassiné froidement alors qu’il célébrait la messe, que dire de ces sept jésuites et deux de leurs aides de l’Université du Salvador, assassinés sans pitié, et que penser de ces milliers d’autres, victimes du Plan Condor, de la répression des régimes militaires en Argentine, au Brésil, au Chili, en Uruguay et un peu partout dans tous ces pays sous la gouverne d’oligarchies. Nous sommes bien loin du culte religieux, mais très près de l’HUMANITÉ et de CELUI à qui il a lié son destin. Lui seul saura bien départager les saints et les martyrs de tous les autres.

Oscar Fortin

Québec, le 24 décembre 2009

Quelques références du même auteur sur le thème de la foi et religion

http://humanisme.blogspot.com/2005/05/la-papaut-et-les-alliances.html

http://humanisme.blogspot.com/2007/12/lapostasie-au-qubec.html

http://humanisme.blogspot.com/2008/11/synode-des-vques-2008-o-taient-donc-nos.html

http://humanisme.blogspot.com/2009/04/eglise-hors-des-murs.html

lundi 21 décembre 2009

LE VATICAN, L'ENVIRONNEMENT ET COPENHAGUE

L’OBSERVATORE ROMANO vient de rendre publique le message de Benoît XVI pour la 43 ième journée mondiale de la paix qui sera célébrée le 1ier janvier 2010. Le thème porte entièrement sur l’environnement : SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTÈGE LA CRÉATION. Il est évident que le Vatican peut s’exprimer comme il veut et quand il veut sur des questions comme celles qui touchent à l’environnement. Sa participation aux débats, comme celle de tous les autres, ne peut qu’enrichir les échanges et permettre des analyses toujours plus consistantes. Dans ce contexte, le Sommet de Copenhague, du 7 au 18 décembre, portant spécifiquement sur l’environnement, était tout indiqué pour y inscrire ce message et en débattre avec tous les intervenants présents. Les 192 pays, membres de l’Assemblée générale des Nations Unies, y étaient représentés tout comme des centaines d’ONG. Une occasion unique pour diffuser pareil message. Dès le 8 décembre, ce document était prêt à être transmis au monde, Benoît XVI venait d’y mettre sa signature.

Pourtant, il n’en fut rien. Ce ne sera qu’une fois terminés les travaux du Sommet et le retour de chacun dans son milieu, que le document sera porté à la connaissance du public. N'est-ce pas un pu curieux?  Pourquoi ne pas en avoir fait la diffusion et la promotion lors du Sommet? Y aurait-il eu des pressions, exercées par certains pays, pour en  retarder la diffusion? Il est vrai que beaucoup des idées exprimées dans ce messge rejoignent celles exprimées par les représentants des pays émergents et des ONG qui ont été écartés, à toute fin pratique, de l'élaboration du document final. Qui pouvaient avoir intérêt à ce que ce document ne sorte pas tout de suite? À chacun d'y aller avec ses soupçons.

Je me permets de relever certaines affirmations et certains constats qui auraient été de nature à alimenter ces débats.

«… le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l'homme avec l'environnement naturel (…) dont l'exploitation comporte une commune responsabilité à l'égard de l'humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. » (par.2)


"…par une exploitation inconsidérée de la nature, (l'homme) risque de la détruire et d'être, à son tour, la victime de cette dégradation" (…) non seulement l'environnement matériel devient une menace permanente: pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu, mais c'est le cadre humain que l'homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable: problème social d'envergure qui regarde la famille humaine tout entière.» (par.3)


« L'être humain s'est laissé dominer par l'égoïsme, (…), il s'est comporté comme un exploiteur, voulant exercer sur elle une domination absolue. Toutefois, la véritable signification du commandement premier de Dieu, bien mis en évidence dans le Livre de la Genèse, ne consistait pas en une simple attribution d'autorité, mais plutôt en un appel à la responsabilité. » (par.6)


« Malheureusement, on doit constater qu'une multitude de personnes, dans divers pays et régions de la planète, connaissent des difficultés toujours plus grandes à cause de la négligence ou du refus de beaucoup de veiller de façon responsable sur l'environnement. Le Concile œcuménique Vatican II a rappelé que "Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples" (14). L'héritage de la création appartient donc à l'humanité tout entière. » (par.7)


« Quand on utilise des ressources naturelles, il faut se préoccuper de leur sauvegarde, en en prévoyant aussi les coûts - en termes environnementaux et sociaux -, qui sont à évaluer comme un aspect essentiel des coûts mêmes de l'activité économique. Il revient à la communauté internationale et aux gouvernements de chaque pays de donner de justes indications pour s'opposer de manière efficace aux modes d'exploitation de l'environnement qui lui sont nuisibles. » (par.7)


« Il est en effet important de reconnaître, parmi les causes de la crise écologique actuelle, la responsabilité historique des pays industrialisés. Les pays moins développés, et en particulier les pays émergents, ne sont pas toutefois exonérés de leur propre responsabilité par rapport à la création, parce que tous ont le devoir d'adopter graduellement des mesures et des politiques environnementales efficaces. Ceci pourrait se réaliser plus facilement s'il y avait des calculs moins intéressés dans l'assistance, dans la transmission des connaissances et l'utilisation de technologies plus respectueuses de l'environnement. » (par.8)


«La crise écologique offre donc une opportunité historique pour élaborer une réponse collective destinée à convertir le modèle de développement global selon une orientation plus respectueuse de la création et en faveur du développement humain intégral, s'inspirant des valeurs propres de la charité dans la vérité. Je souhaite donc l'adoption d'un modèle de développement basé sur le caractère central de l'être humain, sur la promotion et le partage du bien commun, sur la responsabilité, sur la conscience d'un changement nécessaire des styles de vie et sur la prudence, vertu qui indique les actes à accomplir aujourd'hui en prévision de ce qui peut arriver demain». (par.9)


« Il s'agit d'une dynamique incontournable, car "le développement intégral de l'homme ne peut aller sans le développement solidaire de l'humanité" (24). Nombreux sont aujourd'hui les possibilités scientifiques et les chemins d'innovation potentiels, grâce auxquels il serait possible de fournir des solutions satisfaisantes et harmonieuses à la relation de l'homme avec l'environnement. » (par.10)


« Il faut des politiques nationales ambitieuses, accompagnées par un engagement international qui apportera d'importants avantages surtout à moyen et long terme. Il est nécessaire, enfin, de sortir de la logique de la seule consommation pour promouvoir des formes de production agricole et industrielle respectueuses de l'ordre de la création et satisfaisantes pour les besoins essentiels de tous. La question écologique ne doit pas être affrontée seulement en raison des perspectives effrayantes que la dégradation environnementale dessine à l'horizon; c'est la recherche d'une authentique solidarité à l'échelle mondiale, inspirée par les valeurs de la charité, de la justice et du bien commun, qui doit surtout la motiver. » (par.10)


« Il apparaît toujours plus clairement que le thème de la dégradation environnementale met en cause les comportements de chacun de nous, les styles de vie et les modèles de consommation et de production actuellement dominants, souvent indéfendables du point de vue social, environnemental et même économique. » (par.11)


« S'occuper de l'environnement demande donc une vision large et globale du monde; un effort commun et responsable pour passer d'une logique centrée sur l'intérêt nationaliste égoïste à une vision qui embrasse toujours les besoins de tous les peuples. » (par.11)


« La dégradation de la nature est, en effet, étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine, c'est pourquoi "quand l'écologie humaine" est respectée dans la société, l'écologie proprement dite en tire aussi avantage" (27).(par.12)

« Toute personne a donc le devoir de protéger l'environnement naturel pour construire un monde pacifique. C'est là un défi urgent à relever par un engagement commun renouvelé. C'est aussi une opportunité providentielle pour offrir aux nouvelles générations la perspective d'un avenir meilleur pour tous. Que les responsables des nations et tous ceux qui, à tous les niveaux, prennent à cœur les destinées de l'humanité en soient conscients: la sauvegarde de la création et la réalisation de la paix sont des réalités étroitement liées entre elles! » (par.14)

Depuis le 8 décembre ce document était disponible pour sa diffusion. Pourquoi avoir attendu au lendemain de la clôture du Sommet, pour le rendre publique? Qui pouvait donc avoir intérêt à ce qu’il ne sorte pas plus tôt? Chacun peut tirer ses propres conclusions.

Je ne vois pas que Chavez et Morales, pas plus que l'ensemble des pays de l'ALBA aient pu s’opposer à une pensée qui rejoint, pour l’essentiel, la leur. Ils en aurait même été, sur plusieurs points, des promoteurs.


Oscar Fortin

Québec, le 21 décembre 2009

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jeudi 17 décembre 2009

LA CONSCIENCE DES CONSCIENCES : L'HUMANITÉ AU COEUR DES PEUPLES


Il y a de ces périodes où les évènements se bousculent plus intensément et plus rapidement qu’à certaines autres époques. Nous vivons tous, comme individus, comme sociétés et comme peuples, dans des « bulles » qui constituent, à un moment ou l’autre, ce qu’est le monde pour nous. Un vieux proverbe yiddish dit : « Pour le ver qui vit dans un radis, le monde entier est un radis. » C’est vrai pour nous qui vivons dans une culture, dans un système politique, dans une croyance religieuse, dans un système économique et qui pensons qu’en dehors de ces formes d’appartenance, c’est le néant. Ces « bulles » sont nos repères jusqu’à ce que nous en sortions.

L’histoire nous enseigne qu’il y a de ces « bulles » qui éclatent sous la pression de consciences qui n’arrivent plus à s’accommoder d’un monde qui étouffe et déshumanise. Les plus âgés se souviendront des années 1950 et 1960, marquées par l’éclatement de bulles dans plusieurs secteurs. Il y a eu l’éclatement de la bulle sociale avec la montée des mouvements sociaux, celle des travailleurs et des syndicats, celle des luttes révolutionnaires en Amérique latine, en Afrique et en Asie. On se souviendra de mai 1968, en France, mais aussi de toutes les autres manifestations importantes dans les pays du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Il y a eu, également, l’éclatement de la bulle morale et religieuse que les mouvements hippies des années 1960 et la tenue du Concile Vatican II illustrent merveilleusement bien. Plus près de nous, n’assistons-nous pas à l’éclatement de la bulle de systèmes économiques et politiques qui nous retiennent dans un monde de moins en moins crédible, de plus en plus exclusif, discriminatoire et fermé aux exigences d’une conscience humanitaire ouverte à tous les peuples de la terre ?

Si « la bulle des cavernes », il y a de cela des millénaires, n’a pu retenir l’arrivée de l’ « HOMO SAPIENS », l’HOMME PENSANT, et qu’il en fut de même des autres « bulles » qui se sont formées tout au long de son histoire, comment n’en serait-il pas de même pour celles qui nous enferment aujourd’hui dans un monde qui nous garde à l’étroit ? Le père Teilhard de Chardin, ce grand paléontologue du siècle dernier, bien connu pour sa vision sur l’évolution de l’Univers et de l’Homme, disait « qu’un courant héréditaire et collectif de réflexion s'établit et se propage : l'avènement de l'Humanité à travers les Hommes". Selon cette pensée, l’évolution de l’HOMO SAPIENS suit son cours. Son développement dans l’Histoire se mesure à la qualité de l’HUMANISME dont il est l’incarnation.

Un regard rapide sur le monde qui nous entoure nous laisse plutôt avec la déprime. Les oligarchies et les empires continuent à faire la loi et à imposer leurs volontés aux deux tiers de l’Humanité. Ils ont la force des armes, celle de la corruption et de la manipulation. Un peu plus nous les prendrions pour des dieux alors que le monde auquel ils nous convient est fondé sur le mensonge, l’hypocrisie, l’exploitation et la cupidité. Une situation pratiquement irréversible, tellement les moyens sont disproportionnés entre les uns et les autres. Pourtant, il y a quelque part une CONSCIENCE qui n’a pas abdiqué et qui porte la force de ce « courant héréditaire et collectif » à laquelle ces forces stagnantes de l’évolution ne sauraient résister. Ne vivons-nous pas à une époque où la « conscience des personnes et celle des peuples » se trouvent à la croisée des chemins où elles doivent faire siens, soit les impératifs d’une Humanité inclusive ou soit la cupidité d’une Humanité qui en exclue les deux tiers? N’est-ce pas là le défi que les personnes et les peuples devront relever en ce XXIème siècle?

En Amérique Latine, des personnes et des peuples répondent à ce défi en redonnant la parole à leur conscience et en répondant oui à une HUMANITÉ toujours plus inclusive. Les oligarchies, les hiérarchies et l’Empire s’y résistent. Tous les arguments et tous les moyens sont bons. Par contre, l’histoire de l’évolution nous enseigne qu’autant les forces de la matière n’ont pu retenir, il y a des milliers d’années, l’émergence de l’HOMO SAPIENS, autant les forces oligarchiques et ses alliés ne sauront retenir l’émergence de l’HOMME NOUVEAU, CONSCIENCE DES CONSCIENCES. Le combat de David contre Goliath se poursuit, mais la force physique ne peut en aucun temps rivaliser avec la force morale des consciences.

Je regrette que nos médias se fassent si peu l’écho de l’émergence de cette HUMANITÉ INCLUSIVE et de ceux et celles qui s’en font les prophètes et les instigateurs. Je me considère un privilégié, assis aux premières loges, lorsque je lis les réflexions de Fidel Castro, que j’écoute les propos d’Évo Morales, cet homme hors du commun, que je ressens dans le plus profond de mon être l’inspiration que portent les discours d’Hugo Chavez. Je suis émerveillé lorsque je vois arrivé, à la Présidence de l’Uruguay, un homme dont la trajectoire a été un long chemin de croix, 15 années en prison, torturé, humilié, mais resté toujours serein et sans rancune. Avant tout, aimant de son peuple, de la justice, de la vérité, et de beaucoup d’humanité. Une véritable préfiguration de cette HUMANITÉ à laquelle nous aspirons tous et toutes et à laquelle nous somme conviés. Ce n’est certainement pas en écoutant Michelletti du Honduras, Uribe de la Colombie, Alan Garcia du Pérou, Hilary Clinton des États-Unis ou Harper du Canada que je vais trouver ce fil d’Ariane conducteur de l’évolution de l’homme vers une HUMANITÉ INCLUSIVE.

« L'Issue du Monde, les portes de l'Avenir, l'entrée dans le super-humain, elles ne s'ouvrent en avant ni à quelques privilégiés, ni à un seul peuple élu entre tous les peuples ! Elles ne céderont qu'à une poussée de tous ensemble, dans une direction où tous ensembles peuvent se rejoindre et s'achever dans une rénovation spirituelle de la Terre. » ( Teilhard de Chardin,  Le Phénomène Humain, p. 245)

Oscar Fortin

Québec, le 17 décembre 2009

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mardi 15 décembre 2009

L'ALBA: L'AUBE D'UN MONDE NOUVEAU


Je trouve regrettable que nos médias privent les Québécois d’évènements transcendants qui se passent au sud du Rio Grande. Toutefois, grâce à internet et à http://www.telesurtv.net/, nous pouvons assister à la naissance d’un monde nouveau dont on nous tait les débats et les réalisations. Ce dernier nous sort complètement des caractéristiques individualistes, guerrières, dominatrices et trompeuses du monde dans lequel nous vivons. Encore tout à l’aube de sa vie, il porte déjà haut et fort la fierté de l’indépendance des peuples, la solidarité dans les projets de développement en éducation, en santé, en économie, en culture, la détermination dans les défis à relever et le courage dans les combats à livrer.

Réunie à Cuba depuis le 12 décembre, l’ALLIANCE BOLIVARIENNE POUR LE DÉVELOPPEMENT DES PEUPLES (ALBA) a voulu marquer, de façon spéciale, son cinquième anniversaire de sa création. Elle est devenue ce que n’aurait jamais pu rendre possible le Traité de libre échange Nord Américain (ALENA), ce traité que l’Administration Bush voulait étendre à l’ensemble des pays de l’Amérique Latine. À l’époque (2005), ces derniers n’en ont pas voulu alors que certains d’entre eux s’étaient déjà mis à l’œuvre, en 2004, avec la création de l’ALBA. Les pays qui l’intègrent actuellement sont la Bolivie, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, l’Équateur, le Honduras, Dominique, San Vicente et les Grenadines, Antigua et Barbuda. Elle est devenue la bête noire des oligarchies et de l’empire.

Dans la Déclaration finale, les pays membres ont ratifié, entre autres, que l’Amérique Latine et les Caraïbes doivent être une région libre de bases militaires étrangères.

« Il est inacceptable d’utiliser la lutte contre le trafique des drogues et le terrorisme international comme prétexte pour augmenter la présence nord-américaine dans la région. Le vrai objectif de cette présence est plutôt le contrôle des ressources économiques, la domination des marchés et la lutte contre les changements sociaux en cours de la part de gouvernements et de forces progressistes. » En ce sens, poursuit la Déclaration « l’établissement de bases militaires additionnelles en Colombie, constitue un danger réel pour la région et une menace très grave pour la paix et la stabilité de l’Amérique Latine et des Caraïbes. »

L’ALBA a également rejeté les prétentions de la Secrétaire d’État des EE.UU, Hilary Clinton, qui mettait en garde les pays, tels la Bolivie et le Venezuela, dans leurs initiatives de relations avec l’Iran. Les pays membres condamnent les prétentions du Gouvernement des États-Unis de s’immiscer dans les décisions souveraines de politiques extérieurs des pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes ainsi que de ceux de la région qui ont établis des liens avec l’Iran.

Elle a évidemment condamné avec force et détermination le coup d’État militaire au Honduras ainsi que la mascarade d’une élection dont le seul objectif est de le légitimer.

Au-delà des prises de position politique, l’ALBA s’est surtout dédié à la mise en place de projets en communication, en recherche, en coopération médicale, en éducation, en économie et en culture, projets qui vont totaliser, pour la seule année 2010, plus de 3 milliards $, alors que les premiers fonds des premières années ne dépassaient guère les 100 millions $. Une monnaie spéciale, sucre, servira, à partir de 2010, aux échanges commerciaux entre les pays membres. C’est dire, qu'après seulement cinq ans, tout le développement réalisé et la détermination de ceux qui en sont membres.

De quoi nous sentir bien loin de nos « marionnettes politiques » qui amusent le peuple avec leurs mensonges pour mieux répondre aux attentes de ceux qui les font danser. Heureusement qu’un réveil est toujours possible et qu’il peut se manifester plus vite que nous le pensons. Plusieurs pays de l’Amérique Latine en témoignent. Pour ceux et celles qui souhaitent lire un peu plus sur le sujet, je vous laisse avec quelques références. J’aurais voulu vous laisser, en version française, la lettre adressée par Fidel Castro à Hugo Chavez que ce dernier a lu à la clôture de cette rencontre. Faute de mieux, je vous laisse avec quelques extraits que l’Express reproduit et commente. Il n’y a pas de doute que la version complète sera bientôt accessible sur le site : http://www.legrandsoir.info/

http://www.granma.cu/frances/2009/diciembre/lun14/51raulalba-f.html

http://www.lexpress.fr/actualites/1/sommet-de-l-alba-obama-et-l-empire-cibles-de-fidel-castro-et-de-ses-allies_836066.html

http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=1&id=2393&option=com_content&Itemid=2

http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=6&id=2427&option=com_content&Itemid=11


Oscar Fortin

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Québec, le 15 décembre 2009

jeudi 10 décembre 2009

PRIX NOBEL DE LA GUERRE: SI TU VEUX LA PAIX PRÉPARE LA GUERRE


OBAMA, président des États-Unis, vient d’expliquer, dans son discours de réception du Prix Nobel de la Paix, jusqu’à quel point les guerres sont parfois nécessaires pour que la paix arrive à tous les peuples du monde. Il a pris à son compte ce que les Empereurs romains avaient comme consigne : « SI VIS PACEM PARA BELLUM ».

Le problème c’est que la paix dont il est question est rarement définie et que ceux qui s’en font les promoteurs la ramène très souvent à leur propre paix, peu importe le prix qu’il faille faire payer aux autres humains de la planète terre. Les Empereurs romains avaient un langage plus clair et moins ambigu : la paix reposait sur l’asservissement des autres peuples à leur autorité. Toute rébellion était immédiatement réprimée par une guerre qui ramenait la paix, leur paix.

À y regarder de plus près, le panorama du monde projette une situation dans laquelle le sens de la guerre et de la paix n’a guère changé de la part de ceux qui le dominent. BUSH parlait carrément de la grande confrontation entre le BIEN et le MAL, les forces du BIEN étant évidemment celles les États-Unis d’Amérique et de leurs alliés, alors que les forces du MAL, étant tous les autres qui ne partagent pas leur vision des choses.

OBAMA, dans ses discours de campagne électorale et dans ceux de ses premiers mois de présidence, laissait entendre qu’il fallait sortir de ce schéma plutôt simpliste et repenser les relations des peuples et des nations sur la base du respect, de l’entendement et d’objectifs fondés sur la justice, la dignité et la recherche d’une paix durable pour tous. Cette approche qui lui avait gagné le respect et l’estime, non seulement de ses compatriotes, mais aussi du monde entier, s’évapore complètement lorsque vient le temps de prendre des décisions. Ici, dans nos médias, on parle beaucoup du Moyen Orient, de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Iraq, de l’Iran mais très peu de l’Amérique latine, pourtant si près de nous.

L’Amérique latine avait de grands espoirs dans celui dont les discours reconnaissaient le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui croyait dans les vertus d’un dialogue respectueux et sincère, savait reconnaître la transcendance de certaines valeurs comme celle de l’égalité entre les personnes, de la justice entre les nations et les peuples, de la vérité dans les communications. De quoi ouvrir la voie à un dialogue fructueux entre les peuples du sud et celui du nord. Une occasion unique, également, de mettre fin à plus de 50 ans d’injustice à l’endroit de Cuba, toujours soumis à un blocus économique et politique, qui va à l’encontre du droit international et condamné par la très grande majorité (185 sur 192) des pays de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Cet OBAMA, attendu par le Continent latino-américain, ne s’est jamais présenté au rendez-vous de l’Histoire dans le cadre des décisions assumées par son Administration. La CIA et le PENTAGONE ont poursuivi leurs actions d’infiltration et de guerres. La quatrième flotte, véritable armée flottante, fait sentir sa présence dans tous les recoins du Continent. L’oligarchie du Honduras a pu procéder à un coup d’État militaire sous le regard bienveillant de Washington et la complicité à peine voilée de la CIA et de la base militaire que les États-Unis ont dans le pays. Au même moment où se produisait ce coup d’État militaire, OBAMA finalisait, avec le Président de la Colombie, une entente sur la présence de sept bases militaires USA dans ce pays frontalier avec le VENEZUELA et l’ÉQUATEUR. Cette incursion militaire au cœur des Amériques n’est pas sans inquiéter fortement les pays de la région. Une longue histoire d’interventionnisme de cette Puissance a laissé des souvenirs de souffrances, de morts, de tortures, d’emprisonnements de régimes militaires sans morale ni scrupule. Le Plan Condor n’est pas encore si loin dans la mémoire de ces peuples, Plan qui visait l’élimination physique de tous les opposants.

Quant à Cuba, rien de fondamental n’a changé. Le Blocus est toujours aussi criminel, les cinq cubains condamnés injustement par la Cour de justice de Miami sont toujours en prison, les programmes de désinformation et d’infiltration sont toujours aussi intenses. Les mains tendus par les autorités cubaines pour discuter de tous les différents n’ont jamais été accueillies.

Le budget, destiné aux activités de la CIA, pour l’année qui vient, est de 72 milliards $. Ce n’est pas une erreur, il s’agit bien de « milliards $). Ce n’est certainement pas pour mettre en évidence la transparence dans les communications, le respect dans les échanges, la bonne foi des interlocuteurs, le désir de résoudre pacifiquement les différents dans le respect des droits de chacun.

S’il faut avoir un PRIX NOBEL POUR LA GUERRE qu’on en fasse un, en précisant toutefois la PAIX au service de laquelle elle sera justifiée.

Oscar Fortin

Québec, le 10 décembre 2009

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dimanche 6 décembre 2009

ÉLECTION EN BOLIVIE: UNE GRANDE VICTOIRE POUR LA DÉMOCRATIE

La Bolivie est un pays de l’Amérique du Sud d’un peu plus de 9 millions de personnes aux ethnies multiples. Elle est composée à 55% d'Amérindiens (30% Quechua et 25% Aymara), à 30% de métis, et à 15% d'Européens blancs. Sans accès à la mer, depuis la guerre du Pacifique (1879-1884), elle est une enclave entourée par le Brésil, le Paraguay, l'Argentine, le Chili et le Pérou. Les principales caractéristiques de sa géographie sont l'Altiplano, un haut plateau se situant au milieu des Andes, et le lac Titicaca qui est la plus vaste étendue d'eau d'Amérique du Sud et le plus haut lac commercialement navigable du monde. Une majorité de la population y vit. À l’est, en direction de la frontière brésilienne, on y retrouve le climat tropical et de vastes étendues de terre et de forêt.

La Bolivie, bien qu’étant le pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud, n’en est pas le moins riche en ressources naturelles : étain, gaz naturel, pétrole, zinc, tungstène, antimoine, argent, fer, plomb, or, bois de construction, barrage hydro-électrique. Elle a été, plus souvent que moins, sous la gouverne de gouvernements, surtout oligarchiques et dictatoriaux. Les mouvements sociaux qui s’élevaient contre l’hégémonie de ces gouvernements ont été constamment réprimés par les forces militaires, entrainées à servir prioritairement les oligarchies et leurs intérêts. En dépit de ces répressions sanglantes, ils n’ont toutefois pas été entièrement anéantis. Christian Rudel de l’Université Laval, présente, en 2006, l’entrée en scène d’Évo Morales comme nouveau Président de la Bolivie:

« C'est sur fond de mécontentement social qu'Evo Morales, ancien syndicaliste paysan, défenseur des cultivateurs de coca, puis organisateur du Mouvement vers le Socialisme (MAS), a bâti sa conquête du pouvoir. Il a élaboré un programme social et antilibéral, porté par les associations et syndicats du mouvement social : nationalisation des secteurs-clés de l'économie (hydrocarbures, transports, télécommunications), arrêt du paiement de la dette extérieure, défense de la coca, plante emblématique de la culture indienne, fin de l'intervention états-unienne et convocation d'une Assemblée constituante pour redéfinir la nature de l'État et l'adapter à la réalité pluriethnique de la nation. »

Qui est-il donc cet homme, d’à peine cinquante ans, devenu, pour ces millions d’amérindiens, le porteur des promesses de libération, prophétisées par leurs ancêtres depuis des milliers d’années?


EVO MORALEZ AYMA fut le premier Bolivien d’origine amérindienne à être élu, en 2005, Président de la Bolivie, pays où les hauts plateaux voisinent le ciel et où les vallées arrivent jusqu’au dessous du niveau de la mer. Si en 2008, le monde salua avec enthousiasme et admiration l’élection du premier noir élu au poste de Président des États-Unis, celle du premier amérindien à occuper, en 2005, la Présidence de la Bolivie passa pratiquement inaperçue. Pourtant, cette élection innovait sur plusieurs fronts. Évidemment, il y avait l’origine amérindienne de l’élu, mais aussi le parcours humain, marqué par une enfance humble sur les hauts plateaux d’Orinoca, les luttes syndicales avec les mineurs, puis les combats politiques contre la corruption et pour le respect des droits des amérindiens et amérindiennes, sans discrimination pour personne.

Je me permets la citation d’un article de Fidel Castro, qui a rencontré à quelques reprises ce personnage qui ne cesse de le fasciner et dont il nous trace son portrait et son itinéraire. Pour lui, Évo Morales eût été un candidat tout désigné pour le prix Nobel de la paix 2009.

« Evo Morales, paysan indigène très pauvre, faisait paître dans les Andes, en compagnie de son père, le troupeau de lamas de sa communauté indigène. Il n’avait même pas six ans. Tous deux les conduisaient quinze jours durant jusqu’au marché où ils les vendaient pour acheter les aliments de la communauté. Quand j’ai interrogé Evo sur cette expérience singulière, il m’a raconté qu’il «descendait dans un hôtel 1 000 étoiles», une belle formule pour désigner le ciel si dégagé de la Cordillère qu’on y installe parfois des télescopes.


Durant ces dures années de son enfance, la seule autre issue pour les paysans de la communauté aymara où il est né était d’aller couper la canne à sucre dans la province argentine de Jujuy, où une partie de la communauté se réfugiait parfois lors de la campagne sucrière.


(…) Il apprit à lire et à écrire en espagnol dans une petite école publique où il se rendait à pied, à cinq kilomètres de la chaumière où il vivait avec ses frères et ses parents.


Pendant son enfance hasardeuse, Evo était constamment à la recherche de maîtres. Il a appris de son peuple trois principes moraux: ne pas mentir, ne pas voler, ne pas être faible.


Quand il eut treize ans, son père l’autorisa à vivre à San Pedro d’Oruro pour y faire des études secondaires. L’un de ses biographes nous dit qu’il était meilleur en géographie, en histoire et en philosophie qu’en physique et en maths. Le plus important, toutefois, c’est que pour payer ses études, il se levait à deux heures du matin pour aller travailler comme boulanger, manœuvre ou dans d’autres métiers qui demandent un effort physique. Il allait en classe l’après-midi. Ses compagnons l’admiraient et l’aidaient. Dès l’école primaire, il avait appris à jouer divers instruments à vent, et il fut trompettiste d’une prestigieuse fanfare d’Oruro.


Encore adolescent, il avait organisé l’équipe de football de sa communauté, dont il était le capitaine.


L’accès à l’université n’était pas à la portée d’un indigène aymara pauvre.


Une fois ses études secondaires terminées, il fit son service militaire et retourna dans sa communauté, sur les hauteurs de la cordillère. La pauvreté et les catastrophes naturelles obligèrent sa famille à émigrer vers la région subtropicale d’El Chapare, où elle obtint un petit lopin de terre. Evo avait vingt-trois ans quand son père mourut en 1983. Il travailla durement la terre, mais c’était aussi un militant né qui organisa tous les travailleurs, créa des syndicats et combla par là des vides dans des secteurs où l’État ne faisait rien.


Je me bornerai à dire qu’Evo a été capable de vaincre les terribles campagnes de calomnies orchestrées par l’impérialisme, ses coups d’État et ses ingérences dans les affaires intérieures du pays, de défendre la souveraineté de la Bolivie et le droit de son peuple millénaire au respect de ses coutumes. »


Un des moments forts de son dernier mandat fut celui de la modification de la Constitution à laquelle s’opposa avec force et violence l’Oligarchie. À l’époque, j’avais écrit un article sur « La marche d’un peuple » allant rejoindre son Président qui faisait une grève de la faim, arme utilisée pour briser l’acharnement d’un Sénat majoritairement servile à l’oligarchie et qui refusait d’entériner cette nouvelle Constitution. C’est ce même peuple qui, en ce 6 décembre 2009, vient de reporter au pouvoir celui qui répond si bien à ses attentes. Les résultats des sondages recueillis à la porte des urnes, le donne gagnant avec plus de 62 % d’appui populaire, très loin devant ses adversaires.

VIVE LA DÉMOCRATIE ET LONGUE VIE À EVO MORALES, SON PRÉSIDENT

Oscar Fortin

6 décembre 2009

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samedi 5 décembre 2009

DÉMOCRATIE ET OLIGARCHIE

La DÉMOCRATIE est définie comme un régime politique dont l’autorité vient du peuple et qui répond avant tout à sa souveraineté et à ses intérêts. On l’identifie au gouvernement où le peuple exerce sa souveraineté. C’est l’autorité prédominante du peuple qui s’exerce sur ses Institutions politiques. Pour sa part, l’OLIGARCHIE est définie comme un régime politique dont l’autorité est entre les mains de peu de personnes et qui l’exercent d’abord et avant tout en fonction de leurs intérêts.

Ce rapprochement entre DÉMOCRATIE et OLIGARCHIE présente un certain intérêt au moment même où la grande majorité de nos gouvernements se définissent comme DÉMOCRATIQUES alors qu’un certain nombre de ceux-ci sont dénoncés pour n’être qu’un simulacre de démocratie qui ne sert qu’à couvrir de véritables gouvernements OLIGARCHIQUES. Le départage des uns et des autres fonde sur le fait des intérêts prioritaires qu'ils desservent.

Dans les régimes politiques, dits DÉMOCRATIQUES, les intérêts du peuple qui en fonde l’autorité se retrouvent dans ce que nous appelons le BIEN COMMUN qui s’impose prioritairement aux autres intérêts de natures individuelles ou corporatives. Le « panier de provision » de ce BIEN COMMUN, peut évidemment varier d’un pays à l’autre, mais certains éléments plus fondamentaux s’imposent davantage à tous les peuples. C’est le cas de la santé, de l’éducation, du travail, de la participation politique, de l’alimentation et du logement, pour ne relever que les plus essentiels aux intérêts fondamentaux de tous les peuples. Ces objectifs devront faire appel au sens de la solidarité, à celui de la justice, au respect des droits fondamentaux des personnes tout autant qu’à leurs devoirs par rapport au BIEN COMMUN DE TOUS ET DE TOUTES.

Dans les régimes politiques, dits OLIGARCHIQUES, les intérêts des personnes qui en fondent l’autorité se retrouvent dans ce que nous pourrions appeler les INTÉRÊTS CORPORATIFS. Les gouvernements sur lesquels ils auront pleine autorité seront orientés en fonction de ces intérêts qui s’imposeront prioritairement à ceux du BIEN COMMUN.

L’observation nous permet de croire que l’avènement de la DÉMOCRATIE dans nos sociétés n’a pas vraiment eu raison des OLIGARCHIES. Ces dernières ont su s’impliquer d’une manière telle qu’elles ont finalement gardé leur autorité sur les institutions politiques. L’organisation des partis politiques, leur financement, le contrôle des médias leur permettent de s’asservir les principaux acteurs politiques et, par eux, d’avoir une main mise sur les principaux leviers de l’État. Si la question était posée de savoir si les « intérêts des élites économiques et financières du pays » sont prioritaires à ceux du peuple, quant aux choix des politiques économiques, financières, culturelles et sociales, il n’est pas évident que la réponse aille dans le sens des intérêts prioritaires du BIEN COMMUN.

Cette situation ressort avec beaucoup plus d’acuité et en des termes beaucoup plus clairs dans les pays de l’Amérique latine. L’exemple du Honduras illustre à merveille la DÉMOCRATIE qui fut un temps sous le contrôle de l’OLIGARCHIE. Ce contrôle, lui a soudainement échappé avec le Président Manuel Zelaya qui s’est converti, pour ainsi dire, aux intérêts du peuple. Cette OLIGARCHIE n’a pas perdu de temps pour le sortir du pouvoir par les armes et pour rebâtir une DÉMOCRATIE qui lui soit asservie. Ce fût la mascarade des élections du 29 novembre dernier. Dans ce dernier cas nous sommes en droit de nous demander quelle différence il y a entre OLIGARCHIE ET DÉMOCRATIE.

Cette analyse, fondée sur la définition de la DÉMOCRATIE et de L’OLIGARCHIE et sur celle des intérêts auxquels chacune répond, apporte un éclairage particulier sur le départage des pays qui sont régis par un véritable régime démocratique et ceux qui demeurent sous l’autorité de régimes oligarchiques. Je pose la question à ceux que le sujet intéresse : quels sont les pays en Amérique latine qui répondent prioritairement aux intérêts du Bien commun de leur peuple et quels sont ceux qui répondent plutôt aux intérêts prioritaires de leurs élites économiques et financières? Les réponses comporteront, sans doute, bien des surprises qui ne recouperont pas toujours l’opinion que nos médias véhiculent dans nos milieux sur ces pays.

Oscar Fortin

Québec, le 5 décembre 2009

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jeudi 3 décembre 2009

ÉLECTION 2009 AU CHILI: VICTOR JARA FERA-T-IL LA DIFFÉRENCE?

Le 13 décembre prochain, les Chiliens éliront leur futur Président, 18 sénateurs (1/2 de la totalité) et l'ensemble des 120 députés. Quatre candidats se font actuellement la lutte à la Présidence. Pour la droite, style Pinochet, le milliardaire Sebastian Pinera que les sondages donnent gagnant au premier tour, toutefois, sans atteindre le pourcentage requis de 50%, plus un, pour éviter un second tour. Pour la Concertation, genre gauche molle et démocratie chrétienne, Éduardo Frei, ex Président du Chili dans les années 1990. Comme Indépendant, Marco Enriquez-Ominami, ex-socialiste, sympathisant de Chavez. Enfin, pour le front de gauche, Juntos podremos, surtout allié au Parti communiste, Jorge Arrate, ex-ministre d’Allende. Alors que vient faire Victor Jara dans toute cette histoire d’élections? N’est-il pas mort depuis plus de 36 ans?

Eh bien, voilà mon secret. Marco Enriquez-Ominami, philosophe, cinéaste et politicien progressiste est le fils de ce jeune médecin de Concepción, Miguel Enriquez, qui avait pris la tête du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), dans les années 1970, et qui fut assassiné par les militaires, peu de temps après le coup d’État de 1973. Ce Marco Enriquez-Ominami ne cesse de monter dans les sondages au point de talonner le principal adversaire du multimilliardaire, Sebastian Pinera. S’il parvenait à se classer deuxième aux élections du 13 décembre prochain, il serait en bonne position pour gagner au second tour, le 17 janvier prochain. Pour ce second tour il aurait un avantage supérieur à celui de Frei pour déloger Pinera.

C’est ici qu’intervient Victor Jara. Pendant près d’une semaine, les Chiliens et les Chiliennes se rendront en grand nombre se recueillir sur les restes de ce martyr, victime des auteurs intellectuels et matériels de ce coup d’État militaire, réalisé en 1973. Il sera exposé en chapelle ardente à Santiago. Du nord au sud du Chili, se feront entendre sa voix et ses chansons, toutes porteuses d’espérance pour un monde plus humain. À quelques jours seulement des élections, cet hommage et ce rappel du grand rêve du peuple chilien, porté par Allende, peut modifier substantiellement la « donne » de ce scrutin. La Concertation, sous la Présidence de Lago et de Bachelet, a été, pour un grand nombre de ceux et celles qui ont milité dans l’Unité populaire, une grande déception. Il faut dire qu’ils ont paradé pour la gauche et gouverner, plus souvent que moins, pour la droite.

Je parie que Victor Jara, en compagnie de Miguel Enriquez, son père biologique, poursuivent, l’un et l’autre, leur lutte dans le cœur et l’esprit de ce peuple. Leur retour dans cette mémoire d’un peuple, quelque peu chloroformé par la consommation et l’endettement à outrance, va susciter un réveil bénéfique pour tous. Je ne doute pas que ce qu’ils représentent favorisera Marco Enriquez-Ominami qui n’a pas encore dit son dernier mot. Qui sait si le miracle ne se produira pas. Nous nous en reparlerons. Le réveil de la mémoire, parfois, peut avoir des effets insoupçonnés. Nous l’avons vu avec le « Moulin à paroles ». Entre temps, ce sera élection en Bolivie, dimanche le 6 décembre. L’actuel Président, Evo Morales, est donné gagnant avec une forte avance sur ses adversaires. Un autre personnage à découvrir.


Oscar Fortin

Québec, le 3 décembre 2009

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mardi 1 décembre 2009

ÉLECTION EN URUGUAY: 29 NOVEMBRE 2009

Jose « pepe » Mujica a été élu avec plus de 51% des suffrages à la Présidence de l’Uruguay pour les cinq prochaines années. L'homme, âgé de 74 ans, était l'un des dirigeants de la guérilla urbaine, les Tupamaros, qui opérait dans le pays dans les années 60 et 70. Ses antécédents peu conventionnels ont attiré un certain nombre d'électeurs. Son engagement à poursuivre les chantiers économiques entrepris par son prédécesseur en a également séduit plus d'un.

Qui est donc ce personnage aux allures paysannes?

Né à Montevideo, Uruguay, le 20 mai 1932, il incorpore, au début des années 1960, le Mouvement de Libération Nationale (MLN), TUPAMARUS. En tant que membre de cette organisation, il participe à des activités de guérilla, tout en poursuivant son travail sur sa petite ferme. Un jour, apprenant que la police le recherche, il prend le chemin de la clandestinité pour y poursuivre ses activités au sein du MLN. Lors d’un affrontement armé, il est atteint de six projectiles, mais aucun ne sera mortel. À quatre reprises, il sera fait prisonnier et à deux occasions il parviendra à s’enfuir. Au total, il passera près de 15 ans de sa vie en prison dans des conditions où le respect du droit des personnes, surtout révolutionnaires, ne volait pas très haut dans la conscience des dictateurs. La torture et les humiliations, il connaît ça.

Lorsqu’en 1985, la démocratie est de retour et que les prisonniers politiques, dont José Mujica, sont libérés, les militants du MLN décident de renoncer aux armes et de passer à l’arène du combat politiques et de celui des idées. Avec d’autres forces politiques de gauche, ils forment le Mouvement de Participation Populaire (MPP). En 1994, José Mujica est élu député. En 1999, il est élu sénateur. En 2005, il incorpore le Gouvernement du nouveau Président élu, Tabaré Vasquez, comme ministre de l’agriculture et des pêches. En 2009, il se présente à la Présidence et y est élu, le 29 novembre 2009. Une grande victoire pour le Peuple et la confirmation d’une espérance toujours vivante.

RÉFLEXION

Si les régimes répressifs et dictatoriaux ont donné naissance, dans les années 1960, à des mouvements de résistance et de libération nationale, leurs auteurs, souvent confondus avec des criminels délinquants, n’en étaient pas moins les porteurs d’un idéal ne souffrant aucun compromis avec les usurpateurs d’un pouvoir revenant entièrement au peuple.

Le retour de l’espace démocratique a ouvert la porte à une reprise de ce pouvoir par les débats politiques. Il est intéressant de noter jusqu’à quel point les peuples en arrivent vite à reconnaître leurs véritables alliés et représentants. Au Nicaragua, Daniel Ortega, ancien chef de la guérilla, est maintenant Président élu de son peuple. Au Salvador, Mauricio Funès, journaliste et membre du Front Farabundo Marti de Libération Nationale (FMLN), a été élu Président du Salvador en mars dernier. Et maintenant, en Uruguay, Jose Mujica des TUPAMAROS des années 1960.

Il en va de même pour les militants syndicaux qui parviennent à se hisser jusqu’à la Présidence de leur pays. C’est le cas du Président du Brésil, Ignacio Lula et de celui de la Bolivie, Evo Morales. S'ajoutent à ces derniers, au Paraguay, Fernando Lugo, ex-obispo, au Venezuela, Hugo Chavez, militaire fait prisonnier en 1992 pour redonner le pouvoir au peuple, en Équateur, Rafael Correa, jeune économiste qui a épousé la cause du peuple.

La démocratie qui a ouvert ces espaces pour le débat des idées et la conquête des pouvoirs de l’État à travers du processus électoral, commence à inquiéter certains milieux qui s’en faisaient, autrefois, les grands apôtres, surtout en ces temps où leur pouvoir n’était pas menacé. Aujourd’hui, ils se sentent menacés et sans vouloir perdre complètement la face, ils essaient d’en modifier subtilement les règles. Le cas du Honduras illustre ces nouvelles méthodes qui visent à écarter les « indésirables » pour les remplacer par des alliés inconditionnels. On le voit également avec ce qui se passe aux frontières avec le Venezuela et l’arrivée massive des sept bases militaires dans la région. On ne veut surtout pas accorder une amnistie aux Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) en échange de l’abandon des armes et de leur incorporation à la vie démocratique. Ils pourraient éventuellement prendre le pouvoir. Les peuples, s'ils sont bien informés, savent reconnaître ceux qui leur sont fidèles.

Heureusement que nous pouvons compter sur Radio Canada pour nous maintenir informés sur tout ce qui se passe dans cette région du monde. N’allez surtout pas voir ailleurs, vous pourriez être frustrés.


Oscar Fortin

Québec, le 1ier  décembre 2009

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