mercredi 25 août 2010

RICHESSE ET PAUVRETÉ

JUSTICE ET CHARITÉ

La charité doit-elle se substituer à la justice? Une question plus que pertinente dans un contexte où la justice est souvent mise à l’ombre de la charité. Selon certains, il y a des pauvres et il y a des riches. Que les riches soient généreux et que les pauvres soient reconnaissants et dociles.

Deux évènements, l’un remontant à quelques mois et l’autre plus récent, m’ont particulièrement interpellé et, il faut le dire, fort surpris.

Le premier se rapporte à une « note » que l’on prête au cardinal Jorge Urosa Sabino, archevêque de Caracas, Venezuela, note écrite, en septembre 2009, en réaction aux réformes du système éducatif proposées par le Gouvernement de ce pays. Il s’agirait d’une note ou courriel qui serait arrivé, par erreur, à une mauvaise adresse. Plus tard, le cardinal, pressé de questions par les représentants du gouvernement, se serait dissocié de ce document, accusant ses adversaires de vouloir ternir l’image de l’Église. Sans trancher sur cette négation de sa part, il n’en demeure pas moins que la teneur de cette note peut très bien cadrer avec ses prises de positions officielles contre le gouvernement du Venezuela et son Président, Hugo Chavez, fermement engagés dans la construction d’une société qui fait du BIEN COMMUN de tout le peuple la référence fondamentale de ses politiques et de ses législations. Les classes défavorisées retrouvent des droits et des privilèges qui leur étaient jusqu’alors refusés. Que dit la note en question?

« L’éducation doit être égale, mais séparée. (Une phrase peu populaire, mais très vraie). Les fils de familles riches, appelés à aller aux universités et à occuper des charges très élevées dans l’administration publique, doivent être éduqués en fonctions de ces responsabilités. Les enfants, qui, par leur origine socioéconomique sont désavantagés, doivent être éduqués dans le respect de l’autorité, dans le dévouement, dans la modestie. De plus, l’Église ne veut pas se consacrer à éduquer les plus privilégiés, laissant les moins fortunés aux mains d’un État athée et communiste, ce serait contre productif. L’État doit garantir l’éducation, mais ce n’est pas sa fonction de la diriger et de la contrôler. »

Le second se réfère aux propos d’une connaissance très proche qui œuvre dans le secteur de la coopération internationale et avec qui je partage des réflexions sur la foi et le message évangélique. Il est lui-même le fondateur d’un organisme qui œuvre dans certains pays du Tiers-monde pour venir en aide aux plus défavorisés.

« Il y a le Peuple de Dieu et dans ce peuple il y a des riches et des pauvres. Il revient aux riches d’aider les pauvres en étant charitables à leur endroit. »

COMMENTAIRE

Dans les deux cas, la pauvreté et la richesse sont considérées comme des faits qui relèvent davantage de la nature des choses que de l’action humaine elle-même.

S’il est vrai que bien des gens se retrouvent dans des situations de pauvreté en raison de faits naturels comme des sécheresses, des tremblements de terre, des épidémies de toute nature, des maladies, de l’insouciance, du manque de talent etc. il est aussi vrai que bien d’autres le sont parce qu’ils sont enfermés dans un système sur lequel ils n’ont aucune prise et qui les confinent à jamais dans une situation de dépendance et de pauvreté. Ce fut et c’est toujours le cas dans de nombreux pays du Tiers-monde.

Il en va de même pour la richesse qui est dans certains cas plus facilement accessible à certaines personnes en raison soit de la chance, soit de certains talents inventifs et créateurs, soit d’héritages ou de gains de loterie etc. Elle peut également être la résultante d’actions qui soient clairement criminelles comme le vol, la contrebande, le blanchiment d’argent, ou encore d’actions qui, sous le couvert de la légalité, en arrivent à contrôler les biens et les forces de travail de nombreux pays, entre autres par la corruption de chefs d’État, de juges et d’organismes internationaux. Ce sont ces derniers, ceux-là mêmes qui créent, corrompent et contrôlent les oligarchies civiles et religieuses de ces pays, qui doivent être interpellés par le droit international tout comme par le message évangélique de la justice et de la vérité.

Il est inconcevable que les porteurs du message évangélique et ceux qui ont pour mission de témoigner de Jésus de Nazareth ignorent ces faits et fassent la sourde oreille aux cris des peuples qui veulent reconquérir leur dignité et leur liberté. Ici, il n’est ni question de Marx, ni d’Hegel, ni de Lénine, mais de l’impératif évangélique et humaniste de la justice, proclamée par les prophètes de tous les temps et de toutes les religions, ces dernières particulièrement préoccupées du destin de l’humanité.

« Ainsi parle l'Éternel : Pratiquez la justice et l'équité ; délivrez l'opprimé des mains de l'oppresseur ; ne maltraitez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve ; n'usez pas de violence, et ne répandez point de sang innocent dans ce lieu. (Jér.22 :3)

Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés Mt. 5.6

À ces deux brèves références il faut ajouter cette toute première prophétie du Nouveau Testament que Marie, alors enceinte de Jésus, a proclamée lors de sa visite à sa cousine Élisabeth :

« Il est intervenu de toute la force de son bras; il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse; il a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles; les affamés, il les a comblés de biens et les riches, il les a renvoyés les mains vides. » (Lc. 1, 51-55).

Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que l’organisation des sociétés est prise en charge par des puissances ambitieuses, peu soucieuses des droits des grandes majorités. Cette situation, si évidente pour certains, est loin de l’être pour plusieurs autres qui sont, je n’en doute aucunement, des personnes de très bonne foi.

La machine à la désinformation n’a jamais agi avec autant d’astuces et de contrôles de toute nature que présentement. Il n’est pas permis à tout le monde de parcourir tous les pays et de fréquenter tous les milieux pour savoir exactement ce qui s’y passe. Nos médias se chargent de nous en informer. Étant donné qu’ils sont, pour la grande majorité, la propriété de ceux-là mêmes qui s’imposent dans bien des pays, il n’est pas surprenant que l’information qui nous en est transmise noircissent ceux et celles qui menacent leur pouvoir. Le commun des mortels reçoit ces informations comme pure vérité et son jugement va dans le sens de cette information.

Il y a donc un second impératif évangélique, « la Vérité », qui nous commande de décoder le vrai du faux. C’est ce que fait en partie l’information alternative et, il faut le dire, certains médias encore suffisamment indépendants de ces puissances de moins en moins occultes. Ces derniers permettent d’aller plus à fond dans l’information, nous rapprochant ainsi de la vérité de ce qui existe vraiment. Dans ce contexte, pour que la parole de l’Église retrouve toute sa crédibilité, il faut qu’elle redevienne l’alliée des pauvres et des exploitées, qu’elle se démarque des oligarchies et des puissances qui les dominent, qu’elle ait cette liberté qui permette de dénoncer les injustices, les mensonges, les hypocrisies qui les couvrent. Elle n’arrivera jamais à le faire si elle mange à la même table de ces puissances.

« Justice et vérité, les œuvres de ses mains, fidélité, toutes ses lois, établies pour toujours et à jamais, accomplies avec droiture et vérité. » Ps. 111, 7-8

Le mot « justice » est un des mots qui revient le plus souvent dans l’Ancien (392) et le Nouveau (117) testament. Le mot « vérité » occupe également une bonne place avec respectivement 132 et 175 mentions.

Que les apôtres de la charité ne se préoccupent pas, même avec la justice, il y aura toujours des pauvres et des blessés sur les routes de la vie qui interpelleront la générosité des mieux nantis. La justice ne saurait répondre par elle-même à tous les maux de la terre. La charité, ce supplément d’amour que nous portons, sera toujours nécessaire pour humaniser notre monde.


Oscar Fortin

25 août 2010


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lundi 16 août 2010

AIDE-TOI ET LE CIEL T'AIDERA !

LA PAPAUTÉ NE S’OBTIENDRA PAS UNIQUEMENT PAR DES PRIÈRES

Voilà ce que monsieur le Cardinal Marc Ouellet a compris depuis longtemps. Il ne suffit plus d’attendre que le Père, sous la forme d’une colombe, déclare du haut du ciel « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le » ou encore que l’Esprit Saint, sous la forme d’une flamme, semblable à celle de la Pentecôte, identifie ses principaux responsables dans l’Église et dans le monde. Il faut plutôt déployer tous les moyens humains possibles, comme le font tous les candidats et toutes les candidates à une promotion ou à un poste d’autorité. Évidemment, tout cela, particulièrement dans le cas de l’Église, dans le but d’aider l’Esprit Saint à faire les bons choix.

C’est exactement dans ce sens qu’il faut comprendre le déploiement de cette célébration grandiose à la Basilique de Ste-Anne de Beaupré à l’occasion de son départ pour Rome à titre de Préfet pour la Congrégation des Évêques et de représentant pontifical à la Conférence des évêques de l’Amérique latine. Déjà, nous savons, et il sait, que cette célébration sera diffusée à travers le monde. Une occasion unique pour laisser aux futurs électeurs, présents lors du prochain conclave visant à remplacer un jour Benoît XVI, d’abord l’image d’un grand rassembleur et par la même occasion un document, « TOUS ENSEMBLE », ne laissant aucun doute sur son orthodoxie religieuse. Dans ce document il y reprend les thèmes qui ont fait l’objet de ses grands combats : le mariage des personnes du même sexe, l’avortement, la famille, l’euthanasie, la vie religieuse et sans doute quelques autres thèmes. Il ne sera toutefois pas question des guerres qui tuent par milliers des personnes humaines, ni des milliards de dollars qui y sont investis au détriment des mesures sociales comme celles de la santé et de l’éducation. La désinformation avec laquelle les puissants s’emparent du cerveau des citoyens et citoyennes pour mieux les manipuler, ne retiendra pas son attention. La vie des fœtus et celle des personnes âgées, est une chose mais celle des victimes des guerres et des systèmes d’exploitation et de domination en est une autre.

En un mot, s’il faut avoir la foi, il ne faut surtout pas cesser de croire en soi. À ce niveau, il n’y a aucun reproche à lui faire. Il sait utiliser sa tribune pour affirmer ses convictions et ses croyances, laissant entendre, de par sa fonction, que Dieu pense exactement comme lui. C’est, évidemment, le grand avantage d’un poste d’autorité dans l’institution ecclésiale. Il le sait très bien.

Cette grande célébration est le premier acte de sa campagne pour le poste de « PAPE ». Monsieur le Cardinal sait que ça ne tombera pas du ciel comme ce fut le cas pour Jésus le jour de son baptême ou pour les apôtres le jour de la Pentecôte. Il n’y aura pas toujours une colombe dans le ciel ou une flamme dans la chapelle Sixtine pour identifier l’heureux élu.

Il faut donc se mettre à la tâche et bien cibler les principaux acteurs. Le temps venu, ce seront les votes des collègues cardinaux qui décideront de son sort. Il faut donc avoir des propos qui rassurent et qui permettent de dormir tranquille dans la barque de Pierre. Tous les moyens sont donc bons pour que le candidat à élire soit le plus fiable pour mener à terme la lutte contre l’avortement, le mariage des personnes de même sexe, l’euthanasie. Il est tout aussi important que ce candidat sache soutenir discrètement les guerres, menées par les puissances de l’Occident, de toute évidence, contre le « terrorisme », tout en appuyant, par des interventions ponctuelles le renversement de régimes mettant en péril leurs intérêts. Monsieur le Cardinal est bien au fait de ces attentes des futurs électeurs et de ceux qui les appuient.

Le prochain conclave n’aura pas à choisir entre une gauche ou une droite, entre un parti et un autre. Les cardinaux qui y seront auront été choisis sur la base d’un même ADN. Ils sont tous pareils ou presque. Les candidats devront faire preuve d’originalité. Monsieur le Cardinal pourra compter sur son charme et sa capacité de se montrer comme un véritable leader sur les sujets qui répondent aux tendances conservatrices et intégristes de l’Église. Tous savent que l’Esprit Saint ne peut tout faire par lui-même. Il faut donc lui donner un coup de main. De toute manière, l’élu sera toujours l’élu de l’Esprit Saint, même si ce dernier n’aura pas eu souvent l’opportunité de se faire entendre.

Cette mise en scène, à première vue caricaturale, ne l’est pourtant pas. Les tensions que traverse l’Église d’aujourd’hui inquiètent ceux qui, pour le moment, contrôlent l’Institution et les situations qui se présentent. C’est le cas pour l’Opus Dei, pour les traditionnalistes, les intégristes, mais aussi pour les gouvernements qui imposent actuellement leur pouvoir sur l’ensemble du monde en comptant sur le soutien du Vatican et des élites qui le soutiennent.

Dans cette optique, la candidature de monsieur le cardinal saura trouver des appuis dans ces milieux. Toutefois, il ne faudrait surtout pas qu’un original fasse son apparition. Il n'y a pas à s'inquiéter, sa position comme Préfet à la Congrégation des évêques lui donnera toute la latitude pour que ça ne se produise pas. Que l’Esprit Saint en prenne bonne note.

Mais, dans tout ça où, donc, est Jésus de Nazareth? Où est cette Bonne nouvelle de délivrance et de libération, confiée à ses apôtres pour qu’ils aillent l’annoncer jusqu’aux confins de la terre? Cette Bonne nouvelle serait-elle devenue ce petit catéchisme mis entre les mains des enfants ou encore cette doctrine dogmatique et moralisante qui dit ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ce qu’il faut penser ou ne pas penser? Où est-il donc passé ce bon pasteur à qui Jésus a donné des consignes de conduites et de comportements, pourtant suffisamment claires?

Il n’est pas surprenant que pareille situation, devenue si étrangère à Jésus de Nazareth, au témoignage que nous en donnent les Évangiles et les apôtres, fasse de l’Église une Institution sans âme et un contre témoignage de la mission qui lui a été confiée par ce Jésus de Nazareth.

Comment ne pas penser à ces propos qu’a eus Jésus à l’endroit des pharisiens et des docteurs de la loi, propos que nous rapporte l’évangéliste Mathieu au chapitre 23 de son Évangile? Comme on le dirait dans certains milieux, il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.

« En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes. C'est ainsi qu'ils font bien larges leurs phylactères et bien longues leurs franges. Ils aiment à occuper le premier divan dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, à recevoir les salutations sur les places publiques et à s'entendre appeler "Rabbi" par les gens (…) Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le Royaume des Cieux ! Vous n'entrez certes pas vous-mêmes, et vous ne laissez même pas entrer ceux qui le voudraient ! Malheur à vous [qui avez] négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi»

Le monde a besoin de redécouvrir le Père comme les enfants de l’Arche redécouvrent ce père en Jean Vanier, comme les chiffonniers du Caire l’ont découvert dans sœur Emmanuelle et les Salvadoriens en Mgr Romero. Ici, à Québec il suffit de penser à notre infirmier des pauvres ou encore à ces femmes qui s’occupent avec amour des handicapés qu’elles ont pris à leur charge. Les exemples sont pourtant multiples à travers le monde d’un Père, moins préoccupé des plateaux de télévision, des courses à des postes d’autorité, mais plus soucieux de ceux et celles qui attendent, la main tendue, la présence amoureuse, inconditionnelle et sans jugement d’un Père qui les aime tout simplement.

Il faut croire qu’un réveil du Peuple de Dieu se prépare et qu’il mettra bientôt en pleine lumière la grande tricherie de ces personnages, plus préoccupés de leur image et des ambitions qui les font vivre que de ce service humble et intense auprès des plus défavorisés de nos sociétés.

« Que le plus grand se fasse le plus petit, que le maître se fasse l’esclave, que les plus vieux cèdent la place aux plus jeunes. »

Je ne sais pas si le Jésus de Nazareth que je connais se ballade souvent dans les couloirs et les antichambres du Vatican. J’en douterais. Pourtant, à les écouter, ils ont tous la prétention de parler en son nom.

C’est tout de même curieux, n’est-ce pas?


Oscar Fortin

Québec, le 15 août 2010

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vendredi 13 août 2010

FIDEL: BON 84ième ANNIVERSAIRE

Au grand dam de tes adversaires tu es toujours là, plus que jamais présent dans les grands débats qui interpellent l’humanité entière. Tes interventions, que nos médias se gardent bien de reproduire dans leur substance, parlent des graves problèmes liés à l’environnement, des risques, plus que jamais réels, d’une guerre nucléaire aux conséquences les plus désastreuses, mais aussi et surtout elles nous parlent de la nécessaire solidarité entre les peuples et les nations.

Si les mots justice et vérité ont un goût amer dans la bouche de ceux et celles qui voudraient te voir mort depuis longtemps, ils ont pour toi le goût d’un miel salutaire. Après avoir compris que la pauvreté et la misère des peuples n’étaient pas toujours la résultante de lois naturelles, mais aussi et surtout d’interventions humaines, inspirées par l’appât du gain et l’ambition de domination, tu t’es engagé, avec quelques compagnons et compagnes, il y a de cela plus de 60 ans, dans une lutte visant à briser ces chaînes de la dépendance et de l’exploitation de ton propre peuple. Ce fut le début de la Révolution cubaine, révolution devenue celle de tout un peuple et de plus en plus celle de tout un Continent.

Si Batista, ce dictateur sanguinaire à la solde des intérêts des États-Unis et de ses multinationales a été renversé par les armes, la véritable bataille était loin d’être terminée. Le 1ier janvier 1959, avec la prise du pouvoir, commençait une autre bataille, celle des idées et de la résistance. L’invasion de la Baie des cochons a donné un premier signal aux adversaires de la Révolution à l’effet qu’il y avait tout un peuple derrière toi et que mieux valait y réfléchir deux fois avant de vouloir briser cette jeune révolution. Ce fut par la suite l’imposition d’un blocus économique dont l’objectif était de faire échouer les réformes et de soulever le peuple contre ses propres dirigeants. Ce blocus qui va à l’encontre du droit international et qui est condamné, année après année, par la communauté internationale, est toujours appliqué avec la même rage. Il y a eu, en 1962, la crise des missiles qui a fait passer l’humanité à un cheveu d’un conflit nucléaire et que dire de ces centaines de millions de dollars investis pour noircir ton image et celle de tes compagnons et compagnes d'armes  inspirés par des idéaux de justice et de solidarité humaine.

Aujourd’hui, toujours fidèle à toi-même et à tes idéaux des premiers jours, tu es là, bien présent comme un véritable chêne planté au milieu d’un monde en éclatement. Tu es là avec ta sérénité, ta sagesse, ta simplicité. Après avoir surmonté la grave maladie qui t’avait terrassé, en 2006, tu apparaîs dans toute la force de l’homme qui n’a pas lâché prise et qui poursuit ce combat pour une humanité plus juste, plus vraie et plus solidaire. Tu démasques les hypocrisies, tu dénonces les injustices, tu interpelles les gouvernants et les dirigeants du monde sur les graves problèmes qui le menacent, tu encourages,soutiens et conseilles ceux et celles qui poursuivent ce même combat au service d’une humanité toujours plus responsable en étant plus instruite, toujours plus engagée en étant plus en santé, toujours plus solidaire en étant plus consciente.

Bon anniversaire Fidel


Oscar Fortin
Québec, 13 août 2010
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jeudi 5 août 2010

LORSQUE LE SERMENT DEVIENT UN BÂILLON POUR LES PRÊTRES ET LES ÉVÊQUES

Il est normal que toute organisation ait une référence fondamentale à laquelle adhèrent ceux et celles qui s’y joignent. C’est vrai pour les Partis politiques, les Organisations nationales et internationales. Chaque pays a sa Constitution, l’Organisation des Nations Unies sa charte des droits des personnes, des peuples et des nations. Il en va ainsi pour l’Église catholique. Cette dernière trouve sa référence principale tout particulièrement (1) dans la personne de Jésus, ressuscité et vivant, (2) dans l’Esprit Saint qui distribue ses dons « comme bon il l’entend », (3) dans les Évangiles et les Lettres des apôtres. C’est cet héritage, reçu dans la foi et actualisé tout au long des 20 siècles de son histoire qu’il revient aux croyants d’aujourd’hui de vivre et de transmettre pour les temps que sont les nôtres.

le problème qui se pose actuellement à l’Église universelle n’est pas d’abord un problème de foi, mais un problème de pouvoir au sein de sa propre organisation. C’est qu’avec les siècles Pierre, Jacques, Jean et tous les autres, à la fois porteurs de la Bonne Nouvelle aux pauvres, aux persécutés pour la justice, aux laissés pour compte, aux gens de bonne foi, et pasteurs à l’écoute de l’Esprit Saint s’exprimant à travers les communautés, sont devenus progressivement des personnages d’un pouvoir organisé et structuré sur le modèle des royaumes. L’apôtre est devenu un chef de gouvernement puis d’État. Ses collaborateurs sont devenus des cardinaux, des évêques et des prêtres. Le pasteur, quant à lui, est devenu un maître de discipline, ayant en main son Petit catéchisme et le Droit canon.

Aujourd’hui, il serait bien difficile pour Paul de Tarse d’interpeller Pierre et de le confronter, comme il l’avait fait, il y a deux mille ans, sur les positions de ce dernier en rapport à certaines coutumes juives, devenues insoutenables dans le contexte d’une évangélisation ouverte à toutes les nations. S’il n’a jamais été facile pour les prophètes de prendre la parole, le plus souvent adressée aux autorités religieuses et civiles, leur rappelant le retour à l’essentiel du message révélé, ce l’est encore moins aujourd’hui pour ceux et celles qui font ce rappel. Ils seront vite ramenés à l’ordre par le pouvoir en place, censurés ou mis au silence. Sinon, ce sera la condamnation et l’expulsion.

QUE S’EST-IL DONC PASSÉ POUR EN ARRIVER LÀ?

L’accès aux Évangiles, devenus, de nos jours, disponibles dans toutes les langues, permet à des millions de personnes de revenir au cœur du message évangélique et du témoignage de Jésus de Nazareth. Ces derniers deviennent de plus en plus la source première de leur foi et l’inspiration de leur vie. Cet accès direct aux fondements de la foi chrétienne fait passer au second plan tout autant la figure de tous les personnages de cette organisation qu’est devenue l’Église institutionnelle que la nomenclature des doctrines développées au cours des siècles. Ces millions de gens peuvent lire les Lettres de Paul dans lesquelles il nous parle de l’Église, Corps du Christ, de son Esprit qui distribue ses dons comme bon il l’entend, de ses fondations que constituent les apôtres et les prophètes. Dans les Évangiles, ils entendent Jésus dire que « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux », « que ceux qui commandent se fassent des serviteurs, que les plus grands cèdent la place aux plus jeunes », « qu’il n’est pas venu pour juger ou condamner, mais pour sauver », « que celui qui est sans péché tire la première pierre », etc. C’est comme si s’actualisaient pour le monde d’aujourd’hui l’esprit de Jésus, celui des apôtres et des premières communautés chrétiennes. Chacun, selon les dons reçus, prend conscience de ses responsabilités et de sa mission dans son milieu pour témoigner de cet esprit nouveau et œuvrer ainsi à un monde nouveau. Cette situation nouvelle donne lieu, pour les autorités vaticanes, au relativisme, au subjectivisme, à l’anarchie dans la foi. Toutefois, à y regarder de plus près, c’est surtout la perte d’une autorité absolue sur la communauté des croyants qui les dérange le plus.

Ceux qui régnaient en maîtres depuis près de 1700 ans réalisent que leur prestige diminue, que leur autorité n’a plus l’emprise qu’elle avait et que, dans plusieurs cas, ils sont devenus pour plusieurs un contre-témoignage au message évangélique et à ce qu’est véritablement la foi. Pour eux, l’urgence n’est plus tellement de sauver la foi, qui est sans doute plus vivante que jamais, mais plutôt de sauver leur pouvoir et leur emprise sur ceux et celles qui se proclament croyants et croyantes de l’Église catholique.

Ce sera sans doute à cette fin, qu’en 1989, les autorités vaticanes ont ajouté un serment que tous les prêtres et évêques doivent prononcer au moment d’assumer leurs fonctions. Bien que de texture doctrinale et non évangélique, la première partie ne pose, en soi, aucun problème. Il s’agit pour l’essentiel du Credo de Nice. Là où le bât blesse, c’est dans la seconde partie où les personnages du pouvoir ecclésial s’arrogent l’exclusivité de définir l’authenticité du message évangélique et doctrinal, même en relation à des questions qui ne sont pas encore clairement clarifiées sur le plan exégétique ou encore sur des questions de morale à propos desquelles la science n’a pas encore dit son dernier mot. En somme, le bâillon sur des questions qui restent ouvertes aux débats des spécialistes. Voyez par vous-mêmes.

«Je ,...., avec une foi ferme, crois et professe tout collectivement et individuellement, ce qui est contenu dans le Symbole de la Foi, à savoir:

(Première partie qui ne pose aucun problème)

Je crois en un Dieu unique et tout-puissant Père, Créateur du ciel et la terre, de tout ce qui est visible et invisible, et le Seigneur Jésus-Christ seul, l'unique Fils de Dieu, qui est né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, la vie de la vie, vrai Dieu né du vrai Dieu, né non pas créé, consubstantiel au Père par qui tout a été fait. Qui à cause de nous des êtres humains et de notre salut, il descendit du ciel et s'est fait chair par l'Esprit Saint de la Vierge Marie et s'est fait homme, il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, est mort et enterré. Il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, et il monta au ciel, est assis à la droite du Père et il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n'aura pas de fin. Je crois aussi en l'Esprit Saint le Seigneur et qui donne la vie, qui procède du Père et du Fils, qui avec le Père et le Fils est adoré et glorifié, qui a parlé aux prophètes. Et je crois en l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés et attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir Amen.

(Seconde partie très problématique et à toute fin pratique inacceptable)

Avec une foi inébranlable je crois aussi à tout ce qui est contenu et transmis dans la Parole écrite de Dieu et tout ce qui est proposé par l'Église pour être cru comme divinement révélé, que ce soit par un jugement solennel ou par un magistère ordinaire et universel.

J’embrasse tout aussi fermement et retiens pour vrai tout ce qui concerne la doctrine de la foi et la morale définitivement proposé par la même autorité.

Tout particulièrement, avec un respect religieux de la volonté et de l’intellect, j’adhère aux doctrines énoncées par le Pontife Romain ou par le Collège des Évêques, lorsqu’ils exercent le magistère authentique, même s’ils n’entendent pas les proclamer par un acte définitif.

Ce type de serment, particulièrement dans sa seconde partie, bâillonne, pour ainsi dire les prêtres et les évêques qui, à divers titres, participent aux débats sur des sujets litigieux, que ce soit en relation à des questions doctrinales, internes à l’Église, ou à des questions de morale étroitement liées au développement des sciences et des connaissances.

Nous savons que l’Esprit Saint distribue ses dons comme bon il lui semble, mais avec ce serment, imposé aux prêtres et aux évêques, Il est placé en situation plutôt inconfortable. Comment, en effet accorder le don de prophétie à des prêtres et évêques pour dénoncer et rappeler à ces mêmes autorités la priorité des exigences évangéliques sur celles des doctrines et mettre en relief certaines incohérences qui s'y manifestent? Comment peuvent-ils, ces mêmes prêtres et évêques donner suite aux dons de la science, du savoir et des connaissances, qui mettent en lumière des manières nouvelles de comprendre différemment certaines interprétations de la doctrine et même des Écritures, alors que la guillotine plane sur leur tête? Comment prendre librement la Parole, sans avoir peur d’être mis à la porte? Il est certain que l’Esprit ne se laisse pas conditionner par ces mesures.

C’est cruel à dire, mais nous avons une Église, dirigée, dans ses institutions, par des autorités dont on est en droit de se demander, parfois, si elles ont vraiment la foi en Jésus de Nazareth, en sa résurrection et en son Esprit. Elles agissent souvent comme si elles étaient celles qui édifient l’Église alors que nous savons que c’est le Christ ressuscité, Tête de cette Église, qui en assure l’édification. Elles s’enveloppent d’un protocole qui ferait rougir Jésus de honte. Leur confiance dans la présence et la protection du Ressuscité est à la hauteur des précautions qu’elles prennent pour assurer la protection de leurs hauts responsables et garantir, par des réserves monétaires substantielles, leurs lendemains. Nous sommes loin de la confiance que Jésus avait en son Père. Il s’en remettait à ce dernier pour assurer sa sécurité et sa subsistance. En somme, elles agissent souvent comme si le Ressuscité n’existait pas ou n’était tout simplement pas là. Pourtant, s’il y a une réalité fondamentale dans la foi chrétienne c’est bien cette résurrection de Jésus et sa présence à la tête de son Église."Je serai avec vous jusqu'à la fin des temps."

Heureusement des voix se font entendre aux quatre coins de la planète pour dénoncer les abus de pouvoir et rappeler l’essentiel du message évangélique. Il faut croire que le Ressuscité et son Esprit sont toujours là, bien actifs, agissant à travers des millions de personnes au service d’une Humanité nouvelle à bâtir.

«A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun; à un autre la foi, dans le même Esprit ; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit; à tel autre la puissance d'opérer des miracles ; à tel autre la prophétie ; à tel autre le discernement des esprits ; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. » (1Cor.12, 7-11) Vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers Celui qui est la Tête, le Christ, » Éphésien 4, 11-15)

Je connais de nombreux prêtres qui se sentent prisonniers, non pas du message évangélique ni de leur mission, mais de ce bâillon qu’on leur a imposé pour devenir des marionnettes d’une autorité et d’une institution qui s’accrochent à des pouvoirs qui de toute manière lui échapperont comme du sable dans la main. Plusieurs, en dépit de ce bâillon, prennent la parole et agissent, avec d’autres, au service des grandes valeurs du Royaume que sont la justice, la vérité, la solidarité, la compassion et la miséricorde. Ils sont un témoignage vivant de cette Église, CORPS DU CHRIST, toujours bien vivante et présente dans le monde d’aujourd’hui.

Serait-ce que se réalise en ces jours que sont les nôtres cette prophétie du prophète Jérémie :

« Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. » Jérémie. 31,33

Oscar Fortin

Québec, le 4 août 2010

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