lundi 15 novembre 2010

NOUS SOMMES ÉGLISE


Cette petite phrase de trois mots prend tout son sens non pas tant en référence aux diverses églises chrétiennes telles que nous les connaissons comme institutions, mais plutôt en référence à ce Corps aux multiples membres articulés par le Christ lui-même qui en est la Tête et par son Esprit qui y distribue ses dons comme bon il l’entend. Nous sommes Église dans cette communauté qui porte l’espérance d’une humanité nouvelle et qui témoigne de l’avènement de l’homme nouveau porteur de vérité, de justice, de compassion et de solidarité.

Il y a dans les Écritures des repères qui ne peuvent être contournés et qui nous rappellent des vérités fondamentales. C’est, entre autres, le cas de ce que dit Paul aux Athéniens alors qu’il y annonçait l’avènement de Jésus de Nazareth, mort et ressuscité, leur rappelant que nous sommes tous et toutes de la race de Dieu. Ainsi, c’est l’humanité toute entière qui est sacrée et qui est appelée à retrouver son sens originel.

" Que si nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l'or, de l'argent ou de la pierre, travaillés par l'art et le génie de l'homme. Or voici que, fermant les yeux sur les temps de l'ignorance, Dieu fait maintenant savoir aux hommes d'avoir tous et partout à se repentir, parce qu'il a fixé un jour pour juger l'univers avec justice, par un homme qu'il y a destiné, offrant à tous une garantie en le ressuscitant des morts. " (Act. 17, 29-31)

Cette conversion et ce repentir porte essentiellement sur les grandes valeurs qui donnent toute sa dignité à l’être humain : la vérité versus le mensonge et l’hypocrisie, la justice versus la cupidité et l’exploitation, la solidarité versus l’égoïsme et la domination, la compassion versus la rigidité et la suffisance. Être associé à ce grand projet d’une humanité nouvelle c’est entrer dans un monde de grande liberté. Encore là il y a plusieurs textes dans les Écritures qui nous parlent de cette liberté retrouvée. Je ne citerai que celui que nous livre l’apôtre Paul, alors qu’il s’adressait aux Corinthiens.

« Du moment que vous êtes morts avec le Christ aux éléments du monde, pourquoi vous plier à des ordonnances comme si vous viviez encore dans ce monde ? " Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ", tout cela pour des choses vouées à périr par leur usage même ! Voilà bien les prescriptions et doctrines des hommes ! Ces sortes de règles peuvent faire figure de sagesse par leur affectation de religiosité et d'humilité qui ne ménage pas le corps ; en fait elles n'ont aucune valeur pour l'insolence de la chair. » (Col. 2, 20-23)

Nous sommes Église d’abord et avant tout parce que portés (es) par l’Esprit qui assure notre liberté, notre vitalité et notre engagement selon les dons qu’il nous distribue en fonction du bien de tous et de toutes. À plusieurs reprises Paul parle de ce Corps aux membres multiples dont le Christ est la Tête et l’Esprit le témoin par excellence.

« A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; à un autre la foi, dans le même Esprit ; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit ; à tel autre la puissance d'opérer des miracles ; à tel autre la prophétie ; à tel autre le discernement des esprits ; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. » (1 Cor. 12, 7-11)

Il est difficile de comprendre une présentation de l’Église dont les Têtes dirigeantes, le Christ et l’Esprit, nous sont intérieurs par rapport à une Église-Institution qui se substitue carrément au Christ et à son Esprit pour prendre le plein contrôle des dons de l’Esprit et de la gestion de l’Église. Je vois mal comment les voix discordantes de prophètes ou de sages puissent se faire entendre dans une telle organisation. De quoi nous interroger sur l'état actuel de cette église-institution. Les images apocalyptiques ne manquent pas pour illustrer cette situation.

DES QUESTIONS S’IMPOSENT

L’église institutionnelle à laquelle nous nous identifions, n’a-t-elle pas « désacralisé » l’humanité, pourtant créée par Dieu à l’Image de Dieu, et « sacralisé » une église plutôt créée par l’homme à l’image de l’ « homme »? Les débats sur le sacré et le profane, le religieux et la laïcité, le naturel et le surnaturel ne sont-ils pas viciés dès le départ dans leurs fondements mêmes? Ne sommes-nous pas tous et toutes de la race de Dieu?

L’engagement chrétien auquel nous convie l’église-institution rejoint-t-il vraiment celui auquel nous convie l’humanité à la recherche des grandes valeurs auxquelles se rattache son avenir ou n’est-il qu’un appel à sa propre survivance, comme institution, dans son organisation, ses rites et sa doctrine?

Comment réconcilier un monde qui se dit sacré alors qu’il est plutôt profane avec un monde que l’on dit profane alors qu’il est plutôt sacré?

Je ne doute pas que l’Esprit de Jésus saura trouver les voies qui nous permettront de rejoindre cette humanité en gestation d’un « HOMME » NOUVEAU. Nous ferons alors œuvre d’Église en faisant oeuvre d'humanité.

Oscar Fortin

Québec, le 15 novembre 2010

http://humanisme.blogspot.com

1 commentaire:

Marius MORIN a dit...

Tout chrétien peut dire : « Je suis l’Église ». Et notre force, c’est l’espérance. En chacun de nous, dans l’Église, dans le monde, l’Esprit de Jésus est toujours à l’œuvre et il souffle là où il veut. Et je reprends les belles paroles d’espérance de l’auteur : « Nous sommes Église dans cette communauté qui porte l’espérance d’une humanité nouvelle et qui témoigne de l’avènement de l’homme nouveau porteur de vérité, de justice, de compassion et de solidarité. »