jeudi 21 avril 2011

HAÏTI : MARTELLY ÉLU PRÉSIDENT AVEC 15,23% DE L’ÉLECTORAT



Pour le moment, l’actualité internationale porte davantage sur les conflits au Moyen Orient et en Afrique du nord que sur ce qui se passe en Haïti. Depuis que le second tour aux élections présidentielles, a donné la victoire au candidat Martelly, les informations détaillées sur l’ensemble du scrutin ne cessent d’être reportées d’une date à une autre. Le 20 avril devait être la date butoir pour la transmission des résultats définitifs de cette élection, mais une recherche, faite le 21 avril, ne donne toujours pas ces résultats.

Faute d’une information complète, certaines données sont toutefois disponibles, certaines largement diffusées, d’autres beaucoup moins. Personnellement je me suis intéressé au taux de participation des électeurs et électrices du peuple Haïtien.

La liste électorale officielle comprenait 4, 712, 693 personnes ayant droit de vote. Selon les chiffres compilés, suite au scrutin, le total est de 1, 062, 089, soit 22,5% de l’ensemble de l’électorat. Ce vote se partage ainsi entre les candidats :

Martelly, le candidat de Washington, obtient 717 986 voix, soit 15.23% de l’électorat. Manigat, la seconde candidate, obtient : 336 747 voix, soit 7,14%. Autre sans candidat : 7356, soit 1,03%

Ce dont la presse retient, de même que les alliés de Martelly, ce n’est pas le faible taux de participation de l’électorat haïtien, mais le pourcentage obtenu par le gagnant sur sa plus proche adversaire. Ainsi, on dira que Martelly a gagné cette présidentielle avec 67,6% des votes alors que sa plus proche adversaire n’a recueilli que 31,7% de ces votes. Ce qui fera dire à Michael Jean, cette ex-journaliste de Radio-Canada :

« Les résultats du Président Martelly sont enviables. Combien de politiciens, ailleurs, souhaiteraient avoir une majorité aussi clairement exprimée ? Maintenant, il faudra suivre de très près chacune de ses actions. Qui sera le prochain Premier Ministre ? Quelles seront les priorités de son mandat ? Et surtout, comment honorera-t-il cette grande confiance qui lui a été exprimée par cette élection ? »

Les amis de Radio-Canada s’y reconnaîtront. Cet enthousiasme se fonde sur les 67,6 % des votes obtenus des électeurs et électrices qui se sont rendu aux urnes, passant sous silence le pourcentage réel (15,23%) que ce vote représente par rapport à l’ensemble de l’électorat haïtien.

Pour illustrer cette distorsion des faits, prenons l’exemple d’Évo Morales qui a été élu Président de la Bolivie avec plus de 63% des votes émis aux urnes, donc moins de 4% du pourcentage obtenu par Martelly (67,6%). Si l’analyse s’arrêtait là la tromperie passerait inaperçue et les gens se réjouirait, à l’exemple de Michael Jean, d’une aussi bonne performance, bref, la démocratie à son meilleur.

Mais la vérité devient toute autre à partir du moment où on mentionne qu’en Bolivie, le taux de participation de l’électorat a été de 93% et que celui d’Haïti que de 22,5%. Pour résumer, disons que les 67,6% ne portent que sur les 22,5% de l’électorat haïtien, soit 1,062 089 électeurs et électrices et non sur les 4 712 693 d’haïtiens et d’haïtiennes inscrites sur les listes. Plus de 77% de l’électorat ne se sont pas présenté aux urnes. Si nous prenions ces derniers chiffres en considération ce ne serait plus 67,5 % qu’il faudrait dire mais 15,23% de l’électorat haïtien.

Évo Morales, pour sa part a obtenu plus de 55% de tout son électorat, le plaçant loin en avant de Martelly (55% versus 15%). La différence est majeure et dans les deux cas, la démocratie est de nature fort différente. Le Président qui est élu par plus de 55% de son électorat est plus représentatif du peuple que celui qui est élu avec 15,23% de ce dernier.

Si pareille situation se présentait dans un ou l’autre des pays émergents de l’Amérique latine, que ce soit en Bolivie, au Venezuela ou en Équateur on n’hésiterait pas à réclamer de nouvelles élections, argumentant que la démocratie ne peut se fonder sur un si faible pourcentage de participation. Radio-Canada et bien d’autres seraient là pour illustrer noir sur blanc que le peuple ne peut être représenté par un Président élu qu’avec 15% de son électorat. Démocratie oblige. M. Jean-Michel Leprince et Jean-François Lépine nous illustreraient l’importance d’annuler une telle parodie d’élection et de recommencer le tout sous haute surveillance de la communauté internationale.

À se fier à ce qu’on voit, il en ressort que dans nos démocraties dirigées, l’important ce ne sont plus les électorats, mais les bonnes alliances. Le reste n’est plus qu’une question de « cuisine ». Les recomptages dureront le temps qu’il faudra, pourvu qu’ils permettent d’accommoder, autant faire se peut, ceux qui en tirent les ficelles.

Les rumeurs veulent que M. Martelly n’ait aucune majorité tant au Sénat qu’à la chambre des représentants. On verra bien où les tractations internes conduiront. Les moyens ne manqueront pas pour faciliter les alliances nécessaires.

Oscar Fortin
Québec, le 21 avril 2011

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mercredi 20 avril 2011

LA DÉMOCRATIE PRISE EN OTAGE


S’il fallait trouver le mot le plus souvent mentionné dans notre « OCCIDENT CHRÉTIEN » ce serait sans nul doute le mot « DÉMOCRATIE ». En son nom, tous les pays qui en font partie se présentent au reste du monde comme modèles de liberté et de gouvernance. De la même manière, ils justifient les guerres, que ce soit celles en Irak, en Afghanistan ou encore, comme c’est présentement le cas, en Libye où, plus subtilement, ils y ajoutent la préoccupation d’aide humanitaire. En somme, un véritable humanisme soucieux de la volonté des peuples et du respect de leur liberté d’assumer leur propre destin.

De quoi, rallier la grande majorité des citoyens, non seulement de l’Occident chrétien, mais encore ceux du monde entier. Personne ne peut être contre la liberté, la justice, le respect des droits fondamentaux des peuples dont celui de décider de leur destin.

Mais qu’en est-il exactement dans la réalité? Que se passe-t-il .dans l’antichambre de nos élus, une fois les élections terminées? Qui sont ceux qui prennent le relai du peuple pour faire entendre leurs volontés?

Ce n’est un secret pour personne que les représentants des grandes puissances viennent y prendre les premières places. Il y a de ces intérêts qui doivent s’imposer à tous les autres et sur lesquels les peuples ont peu d’influence. Nous n’avons qu’à penser à ces guerres où le Canada est devenu un combattant et une source importante de financement. Jamais le peuple canadien n’a été consulté pour savoir si c’était là sa volonté. À ce que nous sachions aucune force étrangère ne nous menace et encore moins nous attaque. Pourtant nos soldats y sont, plusieurs y meurent.

L’antichambre ne comprend pas seulement les représentants des grandes puissances, mais aussi ceux des grandes entreprises nationales et internationales, intéressées aux milliards de dollars que les gouvernements ont à dépenser et aux centaines de millions de dollars qu’ils pourront économiser au titre de l’impôt. Ils sont intéressés à sortir gagnants sur les deux plans. Les ressources ne leur manquent pas pour faciliter la tâche à ceux ou celles qui sont en postes d’autorité. Cette mission sera d’autant plus facile qu’ils auront déjà manifesté leur bonne volonté en finançant par diverses voies les caisses électorales.

Ces deux principaux intermédiaires entre le peuple que l’on dit souverain et ses élus ne peuvent qu’affecter sa souveraineté et l’exercice de la démocratie dont il est investi. Cette situation devient source de bien des mensonges et d’une constante manipulation de l’opinion publique. Il ne faut pas que le peuple sache tous les dessous de ces tractations. Ainsi, elle favorise la politique du secret et l’utilisation toujours plus fréquente d’expressions comme « la sécurité nationale », « les intérêts supérieurs de la nation », « la défense et la promotion de la démocratie dans le monde », « la lutte contre le terrorisme » etc. Les médias, ceux sous contrôle d’entreprises privées et ceux répondant à l’État, serviront de courroie de transmission de ces discours dont l’objectif est de garder le bon peuple dans l’illusion qu’il contrôle son destin grâce à ses représentants attentifs à ses besoins et à ses valeurs.

Quelques exemples qui mettent en évidence la faible consistance de la démocratie dont s’enveloppe le Canada et ceux qui le représentent.

Depuis quelques jours, M. Harper, en pleine campagne électorale, se fait le chef de file de ceux et celles qui ne veulent pas que le peuple Québécois se prononce sur son destin comme peuple et comme nation. Pourtant, quoi de plus démocratique que la tenue d’un référendum permettant au peuple de s’exprimer librement? N’est-il pas, M. Harper, celui qui s’est fait un ardent promoteur de l’indépendance de la Serbie en y envoyant des coopérants et des militaires pour y préparer la voie à son indépendance, laquelle s’est effectivement réalisée de façon unilatérale en 2008? Ce petit pays, d’à peine 2.5 millions d’habitants, bénéficie de toutes les attentions diplomatiques du Gouvernement canadien. Alors pourquoi ne pas vouloir pour le Québec, nation de plus de 7 millions d’habitants, ce qu’il a défendu pour la Serbie?

Ce n’est un secret pour personne que le retour du Président Aristide ne faisait pas l’affaire du Canada, allié indéfectible de Washington. D’ailleurs, un document secret obtenu grâce à la loi d’accès à l’information, fait état d’une crainte d’un retour possible d’Aristide exigé par ses supporteurs, suite au tremblement de terre de 2010. On aura également remarqué que le parti politique, Fanmi Lavalas, auquel il s’identifie et qui est le plus populaire auprès de la population a été exclu des dernières élections présidentielles. Nous savons le rôle actif qu’a joué le Canada pour discréditer le candidat gouvernemental et faciliter l’accès du candidat de Washington au second tour des présidentielles. Est-ce là l’attitude et la pensée de véritables défenseurs de la démocratie?

Au Moyen Orient, tant à Bahreïn qu’au Yémen, les peuples réclament la démission des dictateurs en place. Toutefois, dans ces deux cas, les interventions internationales ne viennent pas appuyer les peuples mais les dictateurs qui les répriment. L’Arabie Saoudite, avec plus de mille soldats, est entré à Bahreïn pour y réprimer le peuple et conforter le gouvernement. Dans ces deux cas le Canada se fait bien discret, lui qui n’a pas hésité à sortir ses F-18 pour voler au secours des mercenaires libyens dont le mandat est de renverser par la force des armes le gouvernement de Kadhafi et d’en finir avec ce dernier. Un exemple, s’il en fallait un, du deux poids, deux mesures.

Un dernier exemple, question de ne pas trop faire long, se réfère à la politique canadienne à l’endroit du Venezuela. S’il y a un pays qui a fait la démonstration, depuis plus de 10 ans, d’une très grande démocratie tant au sens électoral qu’au sens du pouvoir du peuple pour le peuple, c’est bien le Venezuela sous la gouverne d’Hugo Chavez. Or le Canada, totalement aligné sur la politique agressive des États-Unis, se permet des déclarations mettant en doute cette démocratie et va jusqu’à s’impliquer dans la planification d’actes visant la déstabilisation du gouvernement et, si nécessaire, l’élimination physique de son Président.

Que conclure de tout ceci? Il ne fait pas de doute que le peuple canadien est mis à l’écart des grandes décisions qui déterminent ses engagements internationaux. D’ailleurs, ce thème est pratiquement mis à l’écart des débats politiques. Il en va de même pour les budgets militaires et les services de renseignement. De plus, sur les grandes orientations concernant la fiscalité, le développement économique et industriel, il a peu à dire.

Quant à l’exercice très démocratique d’un référendum sur l’indépendance du Québec, le Gouvernement canadien, M. Harper, en tête s’y refuse. De quoi se questionner sur l’esprit démocratique qui l’anime. Est-ce ce type de démocratie que vont défendre nos soldats en Afghanistan et ailleurs dans le monde? Plusieurs y ont déjà laissé leur vie et plusieurs autres sont morts sous les balles de leurs fusils et les bombes larguées de leurs avions. De quoi secouer la conscience des canadiens et canadiennes.

Oscar Fortin

Québec, le 20 avril 2011

mardi 19 avril 2011

NE PLEUREZ PAS SUR MOI

PLEUREZ PLUTÔT SUR VOUS ET VOS ENFANTS


Cette phrase, prononcée, il y a plus de 2000 ans, par un condamné à mort, alors qu’il portait la croix sur laquelle il allait être exécuté, a de quoi interpeller croyants et non croyants. C’est que cette condamnation répondait à la volonté des pouvoirs religieux et politiques de se débarrasser de ce personnage dont la solidarité et les discours rejoignaient les humbles et les déshérités de la terre. Qui plus est, il ne se gênait pas pour démasquer l’hypocrisie et la cupidité de ceux qui vivaient de ces pouvoirs. Sa condamnation à mort signifiait le refus de ces derniers de reconnaître d’une part les crimes dont ils étaient les auteurs et d’autre part les ambitions dont ils se gavaient secrètement sous des dehors de fidélité à la loi de Moise et à celle de l’Empereur.

Caïphe, le grand-prêtre, Hérode, le roi des juifs, et Pilate, le gouverneur romain, sont ceux qui ont organisé et planifié l’arrestation et la condamnation de ce personnage jugé trop dérangeant et encombrant. Originaire de Nazareth, il avait parcouru la Judée et la Galilée, se faisant proche des malades, des pécheurs, des gens humbles, proclamant un message d’espérance sur l’avènement d’un monde de justice, de solidarité, de compassion, de vérité. Autant il mettait en évidence la sincérité et l’honnêteté qui habitaient le cœur des gens humbles, autant il se faisait critique à l’endroit de ceux qui se donnaient en modèles tout en s’enveloppant d’un légalisme sans vie, détaché du quotidien humain.

Il savait que Caïphe et les Grands Prêtres avaient monté la tête des gens présents au procès pour qu’ils réclament la libération de Barabbas, un voleur de grand chemin, et exigent plutôt sa condamnation. L’usage de la manipulation et du chantage était utilisé en ces temps là comme il l'est encore de nos jours. Sur le chemin qui le conduisait au Golgotha, où il devait être crucifié, il croisa des femmes qui pleuraient à le voir porter si douloureusement sa croix. Il s’arrêta et il leur dit « Ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et vos enfants. »

Il savait que les véritables motifs pour lesquels il était condamné à mort seraient utilisés pendant des siècles, pour arrêter, torturer et condamner à mort des millions de personnes. S’il faut pleurer c’est plutôt sur cette cupidité et hypocrisie, qui empoisonnent la conscience des personnes et des peuples et qui sont sources d’autant de souffrances et de malheurs. S’Il faut pleurer c’est tout autant sur ceux qui s’en font les auteurs que sur ceux qui, envoutés par la manipulation de ces derniers, en deviennent des promoteurs. Quant à ceux et celles qui, comme lui, sacrifieront tout pour briser ce cercle infernal des injustices et des mensonges, il leur aura déjà dit : ‘Heureux les persécutés pour la justice, le royaume des cieux est à eux. »

Par ces paroles, ce condamné à mort, du nom de Jésus de Nazareth, nous renvoie à nous-mêmes, à ce que nous sommes et à ce que nous faisons. Rien ne sert de pleurer sur la misère et les souffrances des autres si par nos comportements et engagements nous en sommes responsables.

Que faisons-nous de ces guerres qui tuent, torturent, emprisonnent par milliers hommes, femmes et enfants et que nos gouvernements alimentent en soldats, en armes et que vous, moi finançons sans poser de questions ? Quels critiques avons-nous par rapport à tout ce qui nous est dit et raconté dans nos parlements et médias? Combien de fois avons-nous réalisé qu’on nous mentait carrément sur des motifs de guerre sans que nous y réagissions vraiment? Les guerres en Irak, en Afghanistan et maintenant au Moyen Orient et en Afrique du Nord, sont justifiées par des tissus de mensonges, de demi-vérités qui cachent mal les ambitions de conquête et de domination des grandes puissances auxquelles nous appartenons. Ces questions ne font guère l’enjeu des élections qui amusent le bon peuple avec des promesses d’un peu de sel, de poivre et de sucre dans l’assiette de chacun et chacune.

Que font les Églises qui se réclament de ce Jésus? Là encore, il y a de quoi pleurer sur nous-mêmes. On ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre les synagogues et les grands prêtres du temps de ce Jésus et les Églises et les hiérarchies ecclésiales d’aujourd’hui. En dépit du fait que la foi de ces dernières porte sur ce Jésus de Nazareth, qu’elles connaissent son message de justice, de vérité et de service auprès de gens humbles et de bonne volonté, elles n’en continuent pas moins à se faire tout autant solidaires des puissances oligarchiques que discrètes sur les questions pouvant en ternir l’action. L’Église hiérarchique de l’Amérique latine, entre autres, en est l’illustration par excellence. Comment y reconnaître ce Jésus en la regardant dans ses institutions et ses personnages? Il y a évidemment des exceptions qui nous rappellent les véritables appartenances de l’Église. Mgr Oscar Romero, Don Elder Camara et certains autres de la hiérarchie ecclésiale ont témoigné de leur vie ces valeurs évangéliques.

L’authenticité et la radicalité du message évangélique commandent la transformation des attitudes et comportements de toute personne de bonne volonté dans le sens d’une justice étendue à tous les humains de la terre, d’une transparence de vie qui rend hommage à la vérité, d’une solidarité faite de compassion, de bonté, de miséricorde. Rien à voir avec la haine alimentée par tous les «… ismes » y inclut le catholicisme, l’islamisme, le protestantisme, l’athéisme, le capitalisme, le communisme, le sionisme etc.

Pour les chrétiens du monde, la semaine que nous vivons est célébrée comme la semaine sainte. Elle fait revivre les principaux moments de l’arrestation, du jugement et de la mise à mort de ce Jésus de Nazareth qui, selon le témoignage de ses disciples, est ressuscité le dimanche de Pâque aux petites heures du matin. Une occasion pour les croyants d’aller à l’essentiel de ce message et d’entendre de nouveau ces paroles du condamné à mort, portant sa croix, leur dire :

« NE PLEUREZ PAS SUR MOI, MAIS PLEUREZ PLUTÔT SUR VOUS ET VOS ENFANTS. »

C'est le temps d'un examen de conscience en profondeur sur les véritables enjeux du monde dans lequel nous vivons et sur nos engagements, autant comme croyants que non croyants, pour lui donner un visage d'humanité, respirant la justice, la vérité et la vie.

Oscar Fortin

Québec, le 19 avril 2011

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vendredi 15 avril 2011

CUBA: UN COMBAT À FINIR ENTRE DAVID ET GOLIATH


En avril 1961 c’était l’invasion de Cuba par des forces anticastristes dont l’objectif était de reprendre le contrôle de l’Ile que les révolutionnaires, sous la direction de Fidel Castro, avaient conquise, le 1ier janvier 1959. Ces derniers avaient chassé du pouvoir le dictateur sanguinaire, Fulgencio Batista, alors allié inconditionnel des États-Unis et de la mafia qui y régnait en maître absolu. Cette révolution n’était pas seulement liée au fait de chasser du pouvoir des dirigeants corrompus, mais de faire naître une nouvelle société sur des principes humanistes et d’éthique sociale. En somme, faire naître une société dans laquelle la liberté trouve tout son sens dans le respect et l’implantation de la justice et de la vérité au sein même de la société. Un projet ambitieux qui revêtira, au cours des ans, l’espérance, pour l’ensemble de l’Amérique latine, de l’avènement d’un homme nouveau, d’une société nouvelle.

À l’occasion de ce rappel de l’invasion manquée de la Baie des Cochons, de nombreuses émissions d’affaires publiques et internationales nous parleront, ces jours-ci, de Cuba, de son économie, de ses échecs, de la fin d’une révolution qui n’aura été que désillusion, désenchantement pour un peuple qui avait pourtant mis tous ses espoirs dans cette aventure révolutionnaire. Plus que tout, on nous parlera du régime communiste qui, à l’exemple de celui de l’ex-Union Soviétique, démontre son inefficacité à résoudre les problèmes économiques et à créer la prospérité. À cela s’ajouteront évidemment la question des prisonniers politiques, de celle des dissidents qui réclament le changement de régime et plus de liberté. Ce discours et ces accents seront le propre des médias de communication qui répondent avant tout aux préoccupations et intérêts des États-Unis et de ses alliés.

Ils ne nous parleront pas des objectifs cachés du gouvernement des États-Unis, élaborés dans un plan spécial que le président de l époque, Dwight Eisenhower, avait décidé d’appliquer à Cuba, plus d’un an avant le 16 avril 1961, Nous retrouvons l’essentiel de ce plan dans le mémorandum secret de l’adjoint du sous-secrétaire d’État d’alors, Lester Mallory.

« La majorité des cubains appuient Castro (…) Il n’existe pas une opposition politique effective. (…) L’unique moyen possible pour lui faire perdre l’appui interne est de provoquer la désillusion et le mécontentement en provoquant l’insatisfaction économique (...) et la pénurie. (…) Il faut mettre rapidement en pratique tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique (…) refusant à Cuba argent et biens de toute nature de manière à réduire les salaires et l’emploi, provoquant ainsi la faim, le découragement et la chute du gouvernement. »

Ce plan est ce qui donne naissance au « blocus économique contre Cuba » qui dure depuis plus de 50 ans. Si les éditorialistes et analystes de nos grands médias nous parlent amplement de l’échec de l’économie cubaine, très peu, mettent en évidence les effets dévastateurs de ce blocus sur l’économie cubaine. Ils se font bien discrets sur cet acharnement de la plus grande puissance du monde à faire échouer par tous les moyens, légaux et illégaux, l’émergence d’une société nouvelle, indépendante dans la gestion de son destin, soucieuse du respect des besoins les plus fondamentaux de ses citoyens tels la subsistance, le travail, la santé, l’éducation, le logement.

Ils ne relèvent pas les centaines sinon les milliers d’interventions de sabotage de toute nature visant la destruction de récoltes, l’effondrement de l’industrie touristique, la production de certains biens essentiels au développement de l’économie du pays. Ces informations, il faut aller les chercher chez ceux-là mêmes qui en ont été les principales victimes.

Fidel, témoin privilégié de toutes ces années et victime de plus de 630 tentatives d’assassinat, est heureusement toujours là pour apporter un point de vue qu’aucun observateur et analyste sérieux ne sauraient prendre à la légère. D’ailleurs, à l’occasion de ce 50ième anniversaire, il nous livre sa compréhension de ce qui s’est passé dans ces premières années de la révolution. Il y a bien des choses qui nous sont révélées et dont nos médias se gardent bien de parler. C’est, entre autres, le cas de ces trois avions qui avaient bombardé en trois points différents de l’Ile des objectifs militaires dont la destruction d'avions. Ils avaient été reçus à l’aéroport de Miami comme des héros cubains qui venaient de s’enfuir avec trois avions de l’armée cubaine. Tous les journaux et médias du Continent avaient repris cette version des faits sans en approfondir la véracité. Or, selon la version de Fidel, confirmée par la suite par les archives, ces trois personnes dont on n’a jamais vue les visages, étaient effectivement des cubains réfugiés à Miami. Les trois avions étaient des avions USA camouflés en avions cubains. Ils étaient sur une base au Guatemala et de là ils sont partis pour mener l’opération de sabotage, téléguidée de Washington . C’est bien différent de la version officielle qu’on nous avait alors servie.

Plus les années passent, plus c’est pareil. La même recette partout : des centaines de millions $ pour empêcher des pays de s’en sortir et d’autres centaines de millions $ pour aider des pays à rester dans leur sous-développement. Il suffit de regarder ce qu’on a fait d’Haïti où le néo-libéralisme règne en maître et où les pays ont investi, depuis plus de 50 ans, des dizaines et des centaines de millions $ pour son développement. Il est encore en tête de liste des pays les plus pauvres du Continent.

Quant à Cuba, il y a une sorte de miracle qui en a assuré la survie. C’est déjà un miracle qu’il soit encore là, mais le miracle le plus signifiant est d’avoir atteint des gains humanitaires de grande importance comme la santé, l’éducation, une espérance de vie supérieure à l’ensemble des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. Tout cela en dépit des ouragans et des tornades qui le frappent si durement chaque année et des millions $ dépensés par son grand adversaire que sont les États-Unis, non pas pour l’aider mais pour lui rendre la vie la plus difficile possible.

Imaginons deux coureurs de longue distance. Sur les épaules de l’un on place un poids de 100 kilos et sur celles de l’autre on n’y met rien. Sur le parcours du premier on multiplie les obstacles alors que sur celui du second on les élimine. En toute honnêteté est-ce possible d’apprécier la performance des deux coureurs sans prendre en considérations les difficultés supplémentaires ajoutées au premier ? Nos analyses sur Cuba se font comme si on lui avait laissé la voie libre pour faire son chemin.

Un des grands problèmes auquel nous sommes tous et toutes confrontés c’est celui de la qualité de l’information qui nous est servie. Nos journalistes, dans leur ensemble, répondent avant tout aux impératifs de leurs employeurs et des politiques éditoriales de leurs entreprises. La question de savoir si ce qu’ils racontent ou ce qu’ils disent est fondé et peut être justifié ne fait plus partie de l’essentiel de leurs informations. S’ils sont critiques et particulièrement sceptiques ce sera à l’endroit de toute information en provenance de la partie adverse. Alors, ils sauront faire naître le doute comme le font les avocats devant un juré pour faire innocenter son client et discréditer les adversaires.

Heureusement que nous disposons maintenant, grâce aux nouvelles technologies de l’informatique et surtout au professionnalisme d’intellectuels consciencieux, d’une information alternative. Cette dernière permet de faire appel aux différents acteurs impliqués dans des conflits et d’éclairer, sans contrainte, les faits portant tout autant sur les personnes que sur les régimes qui font l’objet de discussion dans la presse écrite et visuelle.

Cuba, plus que tout autre, mérite que l’information alternative, lui rende les honneurs de son long et périlleux combat au service d’une société plus juste et plus humaine. Ce combat entre David et Goliath n’est pas encore terminé. Il se poursuit de plus belle, mais cette fois Cuba n’est plus seul. Il a des alliés latino américains qui lui sont fidèles dans le cadre de l’Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA). De plus, l’information alternative permet de briser le cercle vicieux de la désinformation dont il est victime et de révéler au monde les véritables enjeux des uns et des autres. La force de la vérité finira par percer l'opacité du mensonge.

Oscar Fortin Québec, le 15 avril 2011

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Des articles à lire sur le même sujet:

http://www.legrandsoir.info/L-invasion-de-la-Baie-des-Cochons-a-Cuba.html

http://www.michelcollon.info/Fidel-Castro-un-geant-du-vingtieme.html?lang=fr


mercredi 13 avril 2011

DEUX GRANDS MOMENTS DE L’HISTOIRE RÉCENTE EN AMÉRIQUE LATINE


DEUX PEUPLES ET DEUX PRÉSIDENTS METTENT AU PAS DE LA DÉMOCRATIE LES OLIGARCHIES



TOUS LES DEUX SONT D’ORIGNES MODESTES ET LE DEMEURENT DANS LEUR FAÇON DE VIVRE. ILS ONT OUVERT ET ÉTENDU LA DÉMOCRATIE À TOUS CEUX ET CELLES QUI EN ÉTAIENT EXCLUS. ILS FONT DU PEUPLE LA SOURCE ET LE FONDEMENT DE LEURS ACTIONS. LES OLIGARCHIES, LA PUISSANCE IMPÉRIALE ET SES SATELLITES LES DÉTESTENT. ILS SONT LES DEUX BÊTES NOIRES À NE PAS SUIVRE. LEURS TÊTES SONT MISES À PRIX. MAIS LEUR PEUPLE VEILLE SUR EUX.

Il y a de ces évènements qui viennent chercher ce que l’humain a de meilleur. Déjà nous les reconnaissons dans les actes héroïques de personnes qui risquent tout pour en sauver d’autres dont la vie est en danger. Plus rarement nous les reconnaissons dans l’héroïcité et le courage de peuples qui avancent, sans arme, sur le chemin de la liberté et de la vérité, munis seulement d’une détermination à toute épreuve, Dans l’histoire récente de l’Amérique latine deux de ces évènements sont venus me chercher dans ce que je pouvais ressentir de plus noble et de plus grand. Je ne doute pas que ce fut le cas de milliers d’autres qui, comme moi, ont pu vivre ces moments de grande émotion.

LA BOLIVIE SOUS LA GOUVERNE D’ÉVO MORALES

Le premier se réfère à cette longue et douloureuse marche du Peuple bolivien qui s’est progressivement gonflée de milliers de personnes sortant de leurs villages, de leurs mines, de leurs coins de terre, accrochés sur les flancs élevés de la cordillère des Andes, pour rejoindre leur Président en grève de la faim et exiger, avec lui, l’adoption par le Sénat de la nouvelle constitution du pays. À cette époque le gouvernement d’Évo Marales n’avait pas la majorité au Sénat et ce dernier, dominé par les intérêts oligarchiques, refusait d’endosser cette nouvelle constitution, élaborée pourtant par les diverses instances de ce peuple. Pour en savoir plus sur cette marche je vous réfère à un article que j’avais alors publié.



LE VENEZUELA SOUS LA GOUVERNE D’HUGO CHAVEZ

Le second évèenement, dont c’est le 9ième anniversaire, remonte à avril 2002. Cette fois, c’est le Peuple vénézuélien qui apprend par les chaînes privées de télévision que les militaires ont arrêté leur Président, l’accusant d’avoir fomenté la violence et d’avoir fait tuer des dizaines d’innocentes victimes lors des récentes manifestations. Ils apprennent qu’Hugo Chavez aurait donné sa démission et qu’un gouvernement provisoire est en formation et que l’actuel dirigeant du Patronal en sera le Président de transition.

Le peuple des pauvres, celui des bidonvilles, celui des montagnes et des campagnes n’y comprend rien. Chavez est leur bouée de sauvetage, leur espérance pour sortir de la misère dans laquelle les régimes antérieurs les ont enfoncés. Chavez est celui qui leur a donné une nouvelle constitution et les outils leur permettant de participer plus activement à la gouvernance de leur pays, de leur région, de leur bidonville. Chavez est celui qui a amené infirmières et médecins dans les coins les plus pauvres et les plus isolés du pays pour soigner leurs enfants, leurs vieillards, leurs malades et apporter un soutien aux femmes enceintes et aux nouveaux nés. Dans leur tête et dans leur cœur, Chavez n’est pas un assassin, mais plutôt un envoyé du ciel pour sortir ce pays de la corruption, redonner foi et confiance en une humanité plus juste, plus respectueuse des droits de chacun et chacune, plus solidaire des plus faibles et laissés pour compte de la société.

Non ce n’est pas possible se disent-ils les uns aux autres. Il faut aller au secours de notre Président. C’est ainsi que le peuple se met en marche et que les fractions de l’armée, demeurée fidèle à Chavez, se concertent pour arrêter cette mise en scène. Déjà, un jeune militaire qui gardait Chavez dans une pièce isolée, trouve le moyen de lui glisser à l’oreille qu’il est avec lui et que s’il peut faire quoi que ce soit, il le fera. Chavez parvient à écrire sur un bout de papier, à l’insu des autres gardes, « je n’ai pas renoncé à la Présidence ». Après avoir froissé le bout de papier il le jeta à la poubelle. Le militaire en question le récupéra et trouva le moyen pour que le peuple le sache. Voilà, Chavez n’était pas du genre à démissionner. Il était vraiment le Président dans lequel il croyait et sur lequel il pouvait compter.

Ce fut alors l’intervention des soldats, fidèles à Chavez, qui reprennent le contrôle du Palais présidentiel et mettent aux arrêts plusieurs de ces personnages qui s’étaient soudainement cru les élus de dieu pour sauver ce peuple d’un Président sanguinaire et aux ambitions dictatoriales. D’ailleurs le cardinal et quelques évêques étaient là pour bénir ce vaste complot tissé de mensonges, de demies vérités et de promesses de liberté et de démocratie à combler de joie les oligarchies et à arracher les larmes à ceux qui en seraient de nouveau les victimes.

Pendant que la foule criait aux portes de Miraflores ‘On veut Chavez, On veut Chavez, On veut Chavez vivant », les chefs de l’armée, fidèle à ce dernier, donnent l’ordre à un commando spécial, d’aller le chercher et de le ramener sain et sauf à son poste de Président du Venezuela. Il avait été conduit en réclusion sur une île au large de Caracas.

La suite nous la connaissons. Menacé de mort, il s’était recommandé, comme croyant, à la petite croix qu’il portait au cou, convaincu qu’on allait le tuer. Ce ne fut pas le cas. Le peuple le réclamait à Miraflores et il n’était pas question qu’il se retire tant que son Président ne serait pas de retour au Palais présidentiel, là où il l’avait démocratiquement placé lors des élections de 1998.

Deux peuples, deux Présidents et un même combat : la liberté et la solidarité étendues à tous et à toutes, la justice et la vérité fondées sur le respect des droits les plus fondamentaux des personnes et des peuples.

Oscar Fortin

Québec, le 13 avril 2011

En hommage au peuple vénézuélien pour ce 9ième anniversaire

http://www.monde-diplomatique.fr/2002/05/LEMOINE/16486


http://www.telesurtv.net/secciones/canal/senalenvivo.php

mercredi 6 avril 2011

MORTS DE RIRE



Lorsqu’on dit qu’une photo vaut mille mots, il suffit de regarder celle-ci pour s’en convaincre. Nous avons là les principales figures publiques qui dirigent la plus grande puissance du monde et qui ont leur mot à dire dans tous les conflits importants qui se déroulent actuellement sur la planète terre. Avec la planche à imprimer les dollars USA, ils font de l’économie mondiale ce qu’ils veulent. Ils contrôlent les grandes institutions multilatérales tant régionales qu’internationales.


Avec leur armée, les diverses agences de renseignement, d’infiltration, de manipulation et de corruption, ils sont capables de faire et défaire, à volonté, gouvernements, mouvements et organisations. Les crises financières deviennent des diversions permettant de reprendre le contrôle des marchés financiers, ceux de la production et du commerce, tout en trouvant le moyen de faire payer une partie de la note par les peuples du monde.

Les médias qu’elle a bien en main, lui permettent de nourrir l’esprit et les cœurs de ces bons peuples, victimes de guerres, de troubles sociaux, d’endettement, de famine et de pauvreté, qu’ils sont là pour les aider, leur donner cette liberté tant recherchée qui ne saurait exister vraiment qu’à travers cette démocratie représentative dont ils se font les fidèles gardiens.

Chaque année, et cela depuis des décennies, le Président en fonction, dans son discours à l’UNION, rend compte de sa bonne gestion et surtout rappelle l’importance d’assurer les intérêts des États-Unis d’Amérique et les grandes valeurs sur lesquelles repose la Nation. En aucun moment ces intérêts et ces valeurs ne seront présentés comme pouvant empiéter sur les droits et les valeurs des autres peuples ou encore sur ceux des Organisations multilatérales. La liberté, l’indépendance, la souveraineté qu’ils mettent à l’avant plan des valeurs qui les guident ne seront reconnues chez les autres peuples que dans la mesure de leur subordination à ces dernières. Leurs intérêts et leurs valeurs doivent être ou devenir ceux des autres peuples.

Il semble que la stratégie fonctionne puisqu’ils sont morts de rire.

Mais nous, vous et tous les autres qui prenons pour paroles d’évangile tout ce qui se dit et se fait dans ce cénacle sacré des grands et puissants de ce monde, ne devenons-nous pas complices des crimes commis, des guerres aux milliers de morts d’innocentes victimes? Une question que journalistes, intellectuels, politiciens et toute personne de bonne volonté doivent se poser.

Oscar Fortin

Québec, le 6 avril, 2011

samedi 2 avril 2011

"LE RÈGNE DE DIEU"

EN QUOI EST-CE VRAIMENT UNE BONNE NOUVELLE?


Ce matin, 1ier avril, en ouvrant le livre du Nouveau Testament, je tombe sur ce passage qui raconte que « Jésus faisait route à travers villes et villages proclamant et annonçant la bonne nouvelle du Règne de Dieu. » (Lc. 8, 1) J’ai aussitôt supposé que cette « bonne nouvelle » trouvait écho chez ces gens humbles, victimes de situations, humaines, sociales, politiques, économiques et même religieuses qui ne laissaient guère place au goût et à la joie de vivre. Il faut croire que le « règne » sous lequel se déroulait leur existence n’avait rien pour les réjouir.

S’il n’est pas toujours facile de reconstituer la situation sociopolitique, économique et culturelle de ces gens des villes et villages auxquels s’adressait Jésus, cela devient plus facile lorsqu’il s’agit des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Les moyens de communication dont nous disposons permettent de voir d’un seul coup d’œil la fresque d’une humanité de 7 milliards d’habitants, dispersés sur cinq continents et dont les deux tiers vivent toujours dans la misère et la pauvreté. On y voit également le regroupement de grandes puissances, munies d’armes pouvant détruire des centaines de fois l’humanité entière. On y constate que ces derniers, détenant de grandes fortunes et de grands pouvoirs, contrôlent de nombreux gouvernements qu'ils mettant au service de leurs intérêts individuels et corporatifs. On y voit également des guerres justifiées par des mensonges et des ambitions de conquête. Dans bien des cas, l’information est devenue manipulation, les guerres apparaissent comme des croisades, les victimes deviennent des terroristes sans âme alors que les assassins sont honorés comme de véritables sauveurs.

Dans pareil contexte, que faudrait-il à ce message du « Règne de Dieu » pour qu’il soit, pour le monde d’aujourd’hui, une « bonne nouvelle « ?

Avant tout, disons que parler du « règne de Dieu » dans un monde de plus en plus laïc sonne plutôt mal. C’est que le mot « Dieu » demeure une énigme pour la très grande majorité du monde et réfère à de nombreux personnages de la mythologie héritée de millénaires d’histoire. Pour les chrétiens les choses sont plus simples. Jésus, un des nôtres, fait de chair et d’os, a dit « qui me voit, voit le Père ». C’est donc en se concentrant sur lui, sur sa personne historique, son vécu, son message, que nous découvrirons le Dieu dont il parle. L’Évangéliste aurait pu parler tout aussi bien du « règne de Jésus de Nazareth » plutôt que du « règne de Dieu », le sens eut été le même. À l’époque cette terminologie ne faisait pas problème alors qu’aujourd’hui il en va autrement.

Un jour, Jésus s’est défini lui-même comme étant la « voie », la « vérité » et la « vie ».

Sans entrer dans les détails nous pouvons dire qu’il s’est fait proche des pauvres, sensible aux malades, indulgent à l’endroit des pécheurs, critique envers les docteurs de la loi qui s’accrochent aux détails de cette dernière tout en oubliant l’essentiel que sont « la justice, la miséricorde et la bonne foi ». ». À plusieurs reprises, il dénoncera l’hypocrisie des pharisiens qui se donnent des airs de grandeur et celle des grands prêtres qui "mettent sur les épaules des autres des fardeaux qu’ils ne peuvent eux-mêmes porter". Autant il est plein de compassion et d’indulgence pour les pauvres, les malades, les pécheurs, autant il est impitoyable et sans merci avec les grands et puissants qui dictent leur volonté en fonction d’eux-mêmes et de leurs ambitions.

Ce même Jésus s’est également présenté à l’opposé de tout ce qui est mensonge. Il a indiqué à ceux et celles qui voulaient le suivre d'être disposés à tout laisser y compris leur propre vie. Il a vanté le courage des persécutés pour la justice et déclaré bienheureux les artisans de paix. Ce sermon sur la montagne, appelé également, sermon des béatitudes, donne la voie à suivre, celle-là même dont il se dit être. (Mt. 5, 1-48)

La question est maintenant de savoir si ce Jésus de Nazareth est, par son approche et son témoignage de vie, une bonne nouvelle pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Le règne qu’il annonce et qu’il inaugure est-il de nature à répondre aux aspirations les plus profondes du monde d’aujourd’hui?

Il n’y a pas de doute que les deux tiers de l’humanité qui n’ont toujours pas accès à la table du respect des droits humains les plus fondamentaux trouveront en cet homme et en son message une « Bonne nouvelle ». Il faut également croire qu’une grande partie de l’autre tiers y trouvera aussi son compte, consciente de plus en plus du vide des sociétés de consommations qui asservissent plus qu’elles ne font véritablement vivre. Par contre, les grands et les puissants, ceux qui sont aux commandes de ce monde de domination et de consommation, ne trouveront pas cette histoire bien drôle, d’autant moins que les disciples, croyants et non croyants, hommes et femmes, se multiplient pour mettre à nue leur avidité, leurs tricheries, leurs manipulations et leur soif, sans limite, de conquête et de domination.

Si les églises « cultuelles » se vident, par contre, les opposants à un monde fondé sur le mensonge, la cupidité, les injustices et la violence se multiplient et font entendre un cri de ralliement et d’espérance. Ce cri, est un cri de solidarité et de libération. C’est le cri « des douleurs de l’enfantement » d’un homme nouveau d’une humanité nouvelle. Il est ce cri de la « bonne nouvelle » prêchée par Jésus de Nazareth au monde d’aujourd’hui. Selon la foi des chrétiens, ce dernier est Ressuscité et toujours bien vivant, édifiant ce nouveau règne à travers ces millions d’hommes et de femmes qui luttent et meurent pour la justice, la vérité, la compassion et la solidarité.

Déjà, Marie, la mère de Jésus, avait prophétisé ce renversement de situation et l’avènement d’un nouveau monde fondé non pas sur l’ambition, mais sur l’amour, non sur la domination, mais sur le service, non sur le mensonge, mais sur la vérité, non sur la cruauté, mais sur la douceur.

« Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. » (Lc. 1,51-53)

Jean Baptiste, le prophète précurseur de ce Jésus de Nazareth, annonçait, sous forme d’images, l’avènement de celui qui allait devenir une Bonne nouvelle pour toutes les nations et pour toute personne de bonne volonté :

« …tout ravin sera comblé, et toute montagne ou colline sera abaissée ; les passages tortueux deviendront droits et les chemins raboteux seront nivelés. » (Lc. 3,5)

De nombreux incroyants œuvrent, au prix de leur vie, à l’avènement de cette humanité nouvelle. À plus forte raison, ceux et celles qui croient en Jésus de Nazareth, vainqueur de la mort par sa résurrection, devraient-ils être en tête de file pour témoigner de cette bonne nouvelle et dénoncer, comme l’a fait Mgr Romero et beaucoup d’autres, les assassins hypocrites et ces oligarchies cupides et sans conscience.

Oscar Fortin

Québec, le 1ier avril 2011

http://humanisme.blogspot.com/


Pour ceux et celles que cela intéresse, je laisse un lien pour visionner des extraits du films "Jésus de Nazareth".

http://www.youtube.com/watch?v=QSt3xLmc9LQ