mercredi 30 mai 2012

HOULA : LA GRANDE MISE EN SCÈNE


HOULA : LA GRANDE MISE EN SCÈNE






Un véritable scénario de « mission impossible » : comment prendre le contrôle d’un pays par la force, alors que la communauté internationale, les Nations Unies en l’occurrence, ne donne pas le feu vert pour couvrir l’intervention des belligérants? Dans le cas de la Libye, le « cuisinage » de l’opinion publique et la manipulation des membres du Conseil de sécurité avaient été rapides et particulièrement efficaces par rapport à ce qui se passe en Syrie.

Dans le cas de cette dernière, l’opinion publique demeure plus sceptique à l’endroit de ces apôtres « humanitaires » qui ont laissé la Libye sous des décombres et avec des dizaines de milliers de morts. Certains parlent même de plus de 120 000 morts. Ces « humanitaires»  sont repartis après avoir mis la main sur les milliards de dollars du peuple syrien et s’être assuré du contrôle des richesses pétrolières. Par rapport à ces comportements peu humanitaires, la Russie et la Chine s’opposent maintenant à ce qu’une opération semblable se réalise en Syrie.

Que faire alors pour se débarrasser du président Bachar Al-Assad et prendre le contrôle de la Syrie? Il y a tout de même un certain décorum à respecter de la part du prix Nobel de la paix 2009 : entamer une guerre sans l’accord du Conseil de sécurité des Nations Unies serait mal vu par l’opinion publique internationale. Par contre, faire appel à des mercenaires qui n’ont pas de permissions spéciales à demander au Conseil de sécurité devient une alternative intéressante.

Il suffit de les armer, de les payer, de leur apporter un soutien technique et logistique. Pendant qu’eux feront la vie dure à Bachar Al-Assad et au peuple syrien, « les humanitaires » s’assureront que les médias répercutent leur violence et leurs crimes comme résultats des interventions de l’armée syrienne. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), mis en place à Londres par leur propre service d’intelligence, recevra les photos des victimes ensanglantées alors que des spécialistes rédigeront des textes démontrant la cruauté du régime de Bachar Al-Assad. Les grandes agences occidentales et leurs satellites régionaux n’auront plus qu’à diffuser le scandale d’autant de crimes horribles commis par le gouvernement syrien.

Cette première étape de la guérilla n’a pas donné les résultats escomptés. Le référendum sur la nouvelle constitution a pu se réaliser tel que convenu et la participation a dépassé les 58 % de l’électorat syrien et elle fut acceptée avec plus de 50 % de ce même électorat. Il en fut de même pour les élections législatives du début de mois de mai. En dépit des actions terroristes, ces élections ont pu se réaliser dans le cadre de la nouvelle constitution et permettre à 9 partis politiques de faire leur entrée à l’Assemblée législative. S’ajoute le fait que la présence de groupes terroristes et de mercenaires à la solde de pays étrangers est de plus en plus évoqué par les observateurs de la mission de paix et par certains pays, dont la Russie et la Chine, opposées à une intervention militaire de pays étrangers. Même le Secrétaire général des Nations Unies qu’on ne peut accuser d’être en faveur du régime syrien a dû reconnaître qu’il y avait des groupes terroristes dans le pays et que la violence  provenait de diverses sources.  Le gouvernement n’en avait pas seul le monopole.

Le temps était donc venu, pour les pays belligérants, de frapper un grand coup. Selon diverses sources, des affrontements ont été provoqués, entrainant la mort de soldats et de terroristes, mais aussi de nombreux civils, dont des enfants. Selon ces mêmes sources, des commandos auraient regroupé plusieurs de ces morts dans un même endroit et auraient utilisé des produits balistiques susceptibles d’incriminer le gouvernement syrien d’être l’auteur unique de ce massacre.

Il faut croire que ce scénario avait été préparé de longue date puisqu’à peine connu ce massacre, les principaux opposants au régime syrien se mobilisèrent : réunion d’urgence du Conseil de sécurité, expulsion des ambassadeurs syriens, campagne orchestrée des médias disposant déjà de photos et de vidéos, prêts à être mis en ligne et publiés. Les communiqués de presse parlaient déjà du gouvernement syrien comme du seul responsable du massacre alors qu’aucune enquête n’avait encore été menée.

On s’est peu préoccupé si le général Robert Mood, chef des observateurs de la mission de paix sur le terrain, avait quelque chose à dire. Par la suite, ce dernier a fait état de la tragédie et il en a attribué la responsabilité aux deux parties en conflit. Ces nuances sur les responsabilités partagées ne semblent pas avoir eu de l’importance pour nos gouvernements et nos médias. Kofi Annan qui s’est rendu à Damas pour rencontrer les autorités gouvernementales a fait appel à toutes les parties armées pour qu’elles mettent leurs armes de côté et qu’elles s’assoient autour d’une même table pour régler pacifiquement le conflit.

La Russie et la Chine confirment leur soutien au plan de Kofi Annan et s’opposent à toute intervention militaire visant le renversement du gouvernement et le changement de régime. Cette dernière prérogative appartient au peuple et à lui seul.

Si l’opinion publique n’a pas toujours le temps de se retourner pour analyser ce qui lui est dit et pour prendre en considération la crédibilité de ceux qui le disent, d’autres s’en chargent, de sorte que la grande tromperie, celle du gros méchant qui ne mérite que la potence et celle de ce pauvre peuple qui n’attend que la main humanitaire pour le libérer ne passent plus. Voici à titre d’exemple l’entrevue accordée par le sociologue, Alain Soral, à une radio française portant spécifiquement sur cette dernière mise en scène.


Thierry Meyssan, journaliste français et auteur du site Voltaire :


Il y a eu trop de mensonges par le passé, trop de crimes commis et de guerres sanglantes, fondés sur la tricherie et la manipulation, pour que cette fois, ces mêmes menteurs et manipulateurs, puissent nous en passer une autre. Ce sont eux qui ont fait plus de 100 000 morts en Libye sans verser une seule larme et là, devant 100 morts dont nous ne connaissons toujours pas les coupables, ils sont prêts à partir en guerre pour en faire des dizaines de milliers d’autres. Non, merci, je n’embarque pas.

Quelques références :






Oscar Fortin
Québec, le 29 mai 2012
http://humanisme.blogspot.com

4 commentaires:

Marius MORIN a dit...

La majorité des victimes du massacre de Houla en Syrie ont été exécutées par des miliciens pro-régime "chabiha", selon les premiers résultats d'une enquête de l'ONU, selon Rupert Colville, un porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. Ces massacreurs sont des égorgeurs d’Al Qaïda et des renégats syriens armés et payés par les pays de l’OTAN. Le massacre de Houla rappelle celui de la Yougoslavie, de l’Afghanistan, d’Irak et de Libye. Enfin le mensonge des médias occidentaux, bien ficelé depuis des années, est démasqué.

Marius MORIN a dit...

Je viens de mettre la main sur un texte intéressant : « À l’époque contemporaine, le takfirisme a ressurgi en Algérie où le GIA l’a utilisé pour plonger le pays dans la guerre civile. Aujourd’hui, il est soutenu par une faction de la famille royale saoudienne alliée aux États-Unis et à Israël pour renverser le régime laïque syrien ». (http://www.alterinfo.net/notes/Les-takfiristes-menacent-les-autres-musulmans_b4317995.html). Voilà la fameuse triade complice : États-Unis, Israël et l’Arabie Saoudite. Qui l’aurait cru?

Oscar Fortin a dit...

Bonjour Marius, m'excuse pour le retard. J'ai lu ton commentaire et je suis allé au lien suggéré. Je ne puis que partager ce que tu y exprimes. Plus les jours passent plus les informations viennent confirmer l'évaluation que nous faisons.

Encore une fois merci pour ton intérêt.

Oscar Fortin a dit...

Voici qu'en août, il est devenu évident que les mercenaires étaient les responsables de cette tuerie.

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Syrie-la-guerre-de-la-desinformation-de-l-Occident-repond-a-des-interets-geostrategiques-13502.html

Plus un mot de l'Occident pour poursuivre les véritables coupables devant la Cour international de justice. Une autre fois l'hypocrisie mise à nue.