mardi 11 septembre 2012

COLOMBIE ET SYRIE


Ce lien entre la Colombie et la Syrie vient du fait que ces deux pays font face à des groupes armés qui souhaitent un changement de régime,

Dans le cas de la Colombie, nous savons que deux groupes armés, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de libération de la Colombie (ELC), luttent depuis des décennies pour transformer la Colombie en un pays plus démocratique, plus juste, plus solidaire. Des milliers de personnes de part et d’autre y ont laissé leur vie. Les gouvernements de la Colombie ont une longue histoire de violence et de manquements aux les droits de la personne. Les nombreux crimes commis sous le commandement des paramilitaires hantent toujours des centaines de milliers de Colombiens.

Il y a une semaine, un accord général  a été signé entre les FARC et le Gouvernement colombien pour qu’un processus de paix soit mis en place et qu’il conduise à cette paix tant recherchée par les peuples. Ces rencontres s’amorceront en Suède, le 8 octobre prochain, et seront accompagnées par la présence d’un représentant du Venezuela et du Chili pour soutenir ces efforts de paix. Cuba sera également le siège de ces rencontres permettant aux représentants des FARC et du Gouvernement coloombien de mener à terme cette mission.

Dans le cas de la Syrie, il y a le gouvernement et des groupes armés d’une certaine opposition qui pilonnent les principales villes du pays pour y semer la terreur et créer le chaos dans le but de provoquer l’effondrement du Gouvernement et du régime. Cette opposition est fortement soutenue  en argent et en armements par certains pays qui se gardent de bien de le dire ouvertement.

Les Nations unies et La ligue arabe avaient créé en décembre 2011 un groupe d’observateurs qui devaient rendre compte à la communauté internationale du constat de leurs observations. Après deux mois de cette présence, le Rapport faisait état, entre autres, de groupes armés dont plusieurs membres venaient de l’extérieur, soutenus et armés par d’autres pays. Ce même rapport signalait également que l’information recueillie sur le terrain n’était pas toujours celle diffusée dans les médias occidentaux. Il ressortait de ce Rapport que la violence s’expliquait en grande partie par la présence de ces groupes armés clandestins que le Gouvernement se faisait un devoir de contrer par tous les moyens. Ce fut la fin de cette mission des observateurs qui venaient de confirmer l’implication des pays amis du peuple syrien.

C’est alors que le Conseil de sécurité et la Ligue arabe nommèrent un représentant des Nations Unies, en la personne de Kofi Annan, lequel sera secondé dans sa mission de paix par 300 observateurs. Son Plan en six points devait faire consensus entre les diverses parties impliquées dans le conflit. 

Le Gouvernement syrien donna son aval à cette approche tant et aussi longtemps qu’elle respecterait la souveraineté du pays. Il se disait prêt à amorcer ces discussions sans aucune condition préalable. Il n’en fut pas de même pour l’opposition armée qui refusa ce Plan, en dépit du fait que les pays qui la soutenaient, les Etats-Unis et la France, entre autres, avaient donné « officiellement » leur accord à ce Plan. Le problème est que ces derniers continuaient à soutenir par la porte arrière les rebelles armés. De plus, les États-Unis et la France posèrent comme condition préalable à toute négociation de paix, le départ de l’actuel président, Bachar Al Assad.

 Kofi Annan fit le constat de l’échec de sa mission et donna sa démission.

La dernière initiative des Nations Unies est le choix d’un remplaçant à Kofi Annan. Pour la Russie, la Chine et les pays qui les soutiennent, la mission de ce dernier devra se réaliser dans le cadre du Plan Annan et de l’accord de Genève.

Nous en sommes rendus à ce point. La Russie veut que le Conseil de Sécurité confirme les accords de Genève alors que les États-Unis insistent pour que cette résolution puisse être acceptée qu’elle soit assortie d’une disposition laissant la porte ouverte à une intervention militaire. Ce à quoi s’opposeront de nouveau la Chine et la Russie.

Une toute dernière initiative de la Russie est un appel urgent pour réaliser une conférence internationale à laquelle participeraient tous les intéressés.

« "Nous proposons de convoquer une conférence à Moscou, ou à Genève, si on souhaite s'y réunir, ou à Paris, si tout le monde est prêt à venir ici. Nous n'avons aucune objection, nous n'en tenons à aucune ville. L'essentiel est de lancer ce processus au plus vite", a indiqué M.Bogdanov qui avait appelé le week-end dernier les représentants de l'opposition syrienne et les dirigeants français à organiser une conférence avec la participation du Groupe d'action, des autorités et de l'opposition syriennes, ainsi que de pays étrangers, y compris de l'Arabie saoudite et de l'Iran. »

Le président Al Assad s’est dit prêt à quitter le pouvoir si son peuple le décidait lors des prochaines élections présidentielles, prévues pour 2014.

En somme, ce qui différencie le cas de la Colombie de celui de la Syrie, c’est que, dans le premier cas, il n’y a pas d’ingérence de l’extérieur et que ce sont les Colombiens eux-mêmes qui vont discuter et décider de leur avenir. Les autres pays qui sont présents servent de support et d’assises pour ces rencontres.

Le Président Santos de la Colombie avait clairement signifié à tous les présidents, membres de la Conférence des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), de ne pas interférer dans le conflit colombien, qu’il s’agissait d’une question interne au pays.

Dans le cas de la Syrie, l’intervention étrangère est présente dans les groupes armés, dans leur financement et dans le type de règlement acceptable pour eux.

La Russie, la Chine et les pays du Mouvement des non-alignés, sont plutôt d’avis que le conflit syrien doit être réglé par les Syriens eux-mêmes. Sous cet aspect, ils ont le droit international de leur côté ainsi que le gros bon sens.

Le jour où l’opposition armée ne recevra plus d’armes et ni d’argent de la part des pays qui se disent les amis du peuple syrien, elle se résignera vite à s’asseoir à la table de négociation pour décider avec les autres oppositions non armées et le gouvernement de l’avenir de leur pays. Cela, M. Harper, premier ministre du Canada, ne semble pas le comprendre.

Oscar Fortin
Québec, le 9 septembre 2012



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