vendredi 25 janvier 2013

LE VATICAN ET L'ARGENT





« Lc 12 33 Vendez vos biens et donnez l'argent aux pauvres. Munissez-vous de bourses qui ne s'usent pas, amassez-vous des richesses dans les cieux, où elles ne disparaîtront jamais : les voleurs ne peuvent pas les y atteindre ni les vers les détruire»

Voilà bien le message donné par celui sans lequel n’existerait aucune église chrétienne. Toutes se réclament de ce Jésus de Nazareth, auteur, selon l’évangéliste Luc, de cette consigne relative à la richesse. Un rappel incontestable que le royaume qu’il inaugure ne saurait reposer sur les richesses temporelles, mais sur celles qui naissent de l’intériorité et ouvrent sur des richesses de solidarité, de fraternité, d’amour, transcendant ainsi les dimensions matérielles.

Parler du Vatican, c’est parler d’un État et du Pape qui en est le chef. C’est parler également des cardinaux qui y résident et des nonciatures apostoliques qui en assurent la représentation dans les pays du monde. Il est le centre mondial de la foi catholique qui définit la doctrine et la morale. Plus que tout, son chef, le Pape, se présente comme le représentant direct de ce Jésus de Nazareth sur terre. Son autorité est identifiée, non pas à celle de Pierre dont il est le successeur, mais à celle de Jésus. D’ailleurs, la représentation artistique de ce Jésus ressuscité est placée juste à l’arrière du Pape lorsqu’il donne sa bénédiction aux pèlerins. Il ne s’agit pas d’une peinture de l’apôtre Pierre, mais de celui qui en est le maître.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le Vatican est associé à l’argent, non pas pour en écarter le monde, comme le suggèrent les Évangiles, mais pour en être un artisan important. Nous connaissons tous les scandales qui ont entouré et entourent toujours la banque du Vatican.

Le dernier en liste est celui de l’achat de biens immobiliers, sous le couvert de prête-noms, avec l’argent obtenu de Mussolini en échange de la reconnaissance papale du régime fasciste.

« Le Vatican a acheté des biens immobiliers au Royaume-Uni, en France et en Suisse grâce à l'argent du régime de Mussolini, écrit mardi le journal britannique Guardian
Ainsi, selon le quotidien, le Saint-Siège possède, via un réseau de sociétés fictives, des immeubles de bureaux sur la place Saint-James à Londres, acquis en 2006 pour un montant total de 15 millions de livres, soit 23,8 millions de dollars. Ces sites sont gérés par la société suisse Profima SA détenue par le Vatican, soupçonnée dans les années 1940 d'avoir été impliquée "dans des opérations contraires aux intérêts des Alliés"
D'après les informations obtenues par le Guardian, les biens en question ont été achetés par le Vatican avec l'argent reçu de Mussolini en échange de la reconnaissance papale du régime fasciste italien en 1929. Selon le journal, les investissements des fonds versés par les fascistes ont rapporté près de 800 millions de dollars au Saint-Siège à ce jour. » 
LÀ OÙ EST LE SCANDALE

S’il ne s’agissait pas d’une institution qui a comme charte fondamentale les Évangiles et comme fondement la personne du Nazaréen, l’évènement, en lui-même, n’aurait pas de quoi scandaliser. Le monde des investisseurs et celui des spéculateurs le font quotidiennement sans que nous en fassions un scandale.

Dans le cas présent, l’opération est soutenue par ceux-là mêmes qui ont pour mission de mettre en garde le monde contre l’emprise des richesses matérielles et de rappeler l’importance de la foi au Père  qui saura, en son temps, répondre aux besoins quotidiens de chacun.

« Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement Aussi bien, cherchez son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. » Luc 12, 22-23-31)

Il est difficile de concevoir comment ceux qui habitent et dirigent le Vatican peuvent se regarder dans le miroir de l’Évangile et y reconnaître les authentiques disciples et messagers de Jésus de Nazareth.  Comment peuvent-ils avoir quelque crédibilité que ce soit lorsquils sadressent aux pauvres et aux humbles de la terre ? Comment peuvent-ils prêcher le détachement des biens matériels et la vanité des apparats lorsquils en sont revêtus ?

Un vieil évêque catalan (84 ans), Pere Casaldàliga, passa sa vie au Brésil avec les pauvres, partageant leur mode de vie, leur quotidien et leurs luttes pour la justice et le bien-vivre. Considéré comme l’évêque de la théologie de libération, il fut appelé à Rome à quelques reprises pour y être scruté par les responsables de la doctrine de la foi, dont Joseph Ratzinger, alors préfet de cette doctrine. Il raconte qu’à un moment donné il invita ces savants personnages qui le questionnaient à réciter avec lui un Notre Père pour la conversion de l’Église. Selon ses propos, Ratzinger lui aurait répondu par un sourire ajoutant sous forme interrogative « pour la conversion de l’Église ? »  



Toujours est-il que sa plus récente déclaration est que la réforme de l’Église doit commencer par la suppression du Vatican comme État et que le pape devrait cesser den être le chef.

Étant moi-même croyant en ce Jésus de Nazareth, ma foi ne saurait se reconnaître dans ces personnages en qui tout sonne faux. Quelque part, il y manque le ferment de cet Évangile et la foi qui va avec. Si ces objectifs sont vrais pour tout croyant, ils le sont encore davantage pour ceux qui s’en font les promoteurs.

Oscar Fortin
Québec, le 25 janvier 2013
http://humanisme.blogspot.com

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