samedi 7 mars 2015

POUR QUE LA PAIX EN UKRAINE SOIT POSSIBLE




« Lorsque le mensonge devient roi, la vérité s’éclipse, mais quand elle revient le mensonge s’évapore»



Depuis que les États-Unis ont décidé de prendre le contrôle de l’Ukraine, la paix recherchée par Washington ne peut être que celle fondée sur la soumission complète du peuple ukrainien à ses volontés. Il ne saurait être question qu’il fasse un pas en arrière pour assurer une paix qui respecte les droits fondamentaux d’indépendance du peuple ukrainien ainsi que sa diversité ethnique.

Toutes les tentatives pour arriver à une paix durable devront passer inévitablement par ce pas en arrière des Etats-Unis, consistant à abandonner leur prétention de dominer l’Ukraine et de s’en servir comme leur dépendance. En Syrie, toutes les négociations pour la paix ont échoué pour la simple raison que Washington n’a reculé en rien sur sa prétention de dominer la Syrie en exigeant le départ du président Al Assad et en prenant le contrôle d’un nouveau gouvernement répondant à ses attentes.

En Ukraine, il y a eu Minsk 1 et Minsk 2, où des accords de paix ont été conclus entre les principaux belligérants internes du pays. Toutefois, l’absence du principal belligérant externe que sont les États-Unis, rend ces accords caducs. Ce dernier alimente ses alliés dans le pays en armement et ne se fait aucun scrupule à envoyer ses marines pour renforcer leur force de combat. Rien dans tout cela pour favoriser la paix. Ce ne sont ni le Président actuel d’Ukraine, ni le Président de France, ni même la Chancelière d’Allemagne qui fera reculer Washington dans ses prétentions d’occuper en totalité l’Ukraine.

Une médiation du Vatican

Voilà que maintenant, on annonce une médiation du Vatican, en la personne de Pietro Parolin, secrétaire général de la Curie romaine. Ancien nonce apostolique au Venezuela, de 2008 à 2013, il aura été aguerri à jouer diplomatiquement la carte des ambitions des États-Unis sur le Venezuela. Il a été et est toujours l’homme de Washington au cœur même de l’administration du Vatican.

En 2014, en préparation de la seconde rencontre de négociations sur la Syrie à Genève, le Vatican avait convenu avec le secrétaire d’État, John Kerry, d’une stratégie commune. En mars 2014 aboutissait le projet d’un Pacte secret entre le Vatican et  Washington. Il fut signé par le président Obama et le pape François, un peu comme l’avaient fait, en juin 1982, le président Reagan et le pape Jean-Paul II. Si nous en savons plus sur le Pacte secret de 1982, nous n’en savons que très peu sur celui de mars 2014.

En 1982, il s’agissait, pour l’essentiel, d’être solidaires dans la lutte contre le communisme et tout ce qui pouvait s’en rapprocher. Une alliance fondamentale qui ne pouvait que servir les forces des pays de l’Est qui voulaient s’affranchir de l’URSS d’alors, comme c’était le cas en Pologne avec Lech Walesa et le syndicat Solidarnosc. Beaucoup de combines entre les principaux acteurs furent critiquées et condamnées par l’Histoire. Cette solidarité s’est élargie à l’Amérique latine où tous les mouvements sociaux aux allures anti-impérialistes et anticapitalistes furent poursuivis et anéantis. L’histoire du plan Condor et de la guerre au Nicaragua de las Contras,  cadrent avec cette grande alliance contre le communisme.

Qu’en est-il de ce second Pacte signé en mars 2014 ?  Il s’agit, à n’en pas douter, d’une approche différente de celui de 1982. On y rattache l’intervention du pape François pour la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et Washington. Cette intervention a également permis la libération de deux prisonniers à la solde des services secrets des Etats-Unis en échange des trois Cubains antiterroristes, détenus depuis 16 ans dans les prisons étasuniennes. Il faut évidemment se réjouir de ce premier pas, mais sans toutefois en espérer trop. Les objectifs d’Obama de changer le régime politique cubain est toujours là et ceux de l’Église d’éliminer le communisme l’est tout autant.

De fait, pendant que cette ouverture se fait à l’endroit de Cuba et qu’Obama reconnaît que le blocus n’a pas permis d’atteindre les objectifs recherchés, le même Obama établit des sanctions contre le Venezuela et continue d’y alimenter la préparation d’un coup d’État. Tout se passe, dans ce cas, sans que le Vatican et l’Épiscopat vénézuélien élèvent la voix pour condamner ces actions interventionnistes. Au contraire, les prises de position tout comme les silences vont plutôt dans le sens des politiques de Washington. L’Épiscopat vénézuélien ne manque pas une occasion pour affubler le gouvernement de tous les mots. Serait-ce un élément de solidarité prévu dans le pacte secret de mars 2014 ?

On se souviendra qu’en 2014, le Vatican avait été appelé par l’opposition vénézuélienne pour agir comme médiateur pour résoudre les conflits internes au Venezuela. Pour l’opposition, l’objectif était d’amener le gouvernement à partager avec elle une partie du pouvoir exécutif. Il y a eu des rencontres, mais le Gouvernement n’a pas cédé à ce partage du pouvoir que le peuple lui a consenti lors des élections présidentielles de 2013. Il a toutefois ouvert la porte à une coopération renforcée avec tous ceux et celles qui acceptent de respecter la Constitution et d’agir dans le cadre des lois. Cette prise de position fut reçue par les autorités religieuses comme un manque de collaboration. À ce moment, le secrétaire d’État du Vatican n’a pas jugé bon d’aller au Venezuela pour y poursuivre une médiation.

Tout ceci pour dire que la situation en Ukraine se saurait évoluer vers une paix durable que si le peuple ukrainien retrouve sa pleine indépendance et qu’il décide par lui-même de sa gouvernance. Pour cela, il faut que les États-Unis, l’OTAN, les pays de la Communauté européenne, la Russie, permettent au peuple ukrainien de résoudre ses propres problèmes sans interférences extérieures motivées par des prétentions de contrôle ou de domination.

Dans ce contexte, le Vatican aura-t-il la crédibilité et le courage d’exiger la non intervention des Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie dans les affaires internes de l’Ukraine ? Pietro Parolin pourra-t-il imposer un agenda qui aille à l’encontre des intérêts des États-Unis?  Chacun peut avoir son idée à ce sujet. Personnellement, j’en doute. D’ailleurs, qui pourrait y parvenir ?

Nous nous dirigeons tout droit vers un conflit majeur entre la Russie et les forces de l’OTAN, sous commandement des États-Unis. Les sanctions et provocations contre la Russie se multiplient. Le mensonge est devenu roi. Pour le moment, la Russie patiente, mais pour encore combien de temps? Le déplacement des navires de guerre dans la Méditerranée et les exercices à répétitions des armées des deux camps sont-ils des signes avant-coureurs de cette guerre.

Il faut savoir que l’Empire, pour survivre, doit s’asservir toutes les forces de nature à lui faire ombrage. C’est évidemment le cas de la Russie et de tous les pays qui se font les promoteurs d’un monde multipolaire, respectueux de la souveraineté des peuples, et de leur indépendance. Dans ce monde, il n’y a plus de place pour un Empire, dominant tous les peuples de la terre.

Oscar Fortin
Québec, le 7 mars 2015





             













2 commentaires:

Archer Gabrielle a dit...

Le mensonge parcourt le monde accoutrée de la toge et des attributs de la vérité...

Oscar Fortin a dit...

Merci pour votre commentaire et la conclusion que vous tirez de cet article.