mercredi 24 juin 2015

L’ENDETTEMENT DE LA GRÈCE AU PROFIT DES INDUSTRIES MILITAIRES


En juin 2011, j'avais écrit un article sur l'endettement de la Grèce. Je relevais comment les pressions internationales s'exerçaient sur les dirigeants de l'époque pour que la Grèce achète pour des centaines de millions de dollars des armements dont elle n'avait, de toute évidence, pas besoin. J'ai pensé réactualiser cet article au moment où les nouveaux dirigeants de la Grèce posent de sérieuses questions sur  la validité de cet endettement.




Qui eût pu penser qu’une des principales causes de l’endettement de la Grèce soit directement liée aux achats d’armes en provenance des industries militaires Étasuniennes, Allemandes et Françaises? Dans un article, traduit de l’anglais à l’espagnol, l’auteur pose la question suivante : « quel est le pays de la Communauté européenne, actuellement en faillite, qui est le 4ième importateur d’armes au monde?
Il y a dans cette affirmation de quoi surprendre bien du monde, d’autant plus que la Grèce n’est pas particulièrement impliquée dans les guerres qui sévissent dans le monde et sa sécurité n’est pas davantage menacée par ses voisins. Alors pourquoi ces achats d’armes à un moment où la crise économique menace ses politiques sociales en santé et en éducation et que l’emploi est en crise ? Déjà, nous savons que les budgets consentis à ces secteurs sont loin de ceux consentis par l’ensemble des pays de l’Union Européenne.   La Grèce, avec un PIB per capitica, semblable à celui de l’Espagne, n’est pas un pays pauvre, mais sa richesse est distribuée inégalement, ne consacrant que 4% de son budget annuel à l’éducation.
De 2005 à 2008, la Grèce a doublé la valeur de ses emprunts pour payer des armes dont elle n’avait pas besoin. Selon une recherche conjointe de juges grecs et allemands, les vendeurs d’armes ont utilisés la corruption pour s’assurer la collaboration d’importants hommes politiques, de fonctionnaires et de chefs militaires. L’argent emprunté pour acheter ces armes vient des mêmes pays d’où proviennent les armes, soit les États-Unis, la France et l’Allemagne. De 2005 à 2008, les prêts consentis à la Grèce  pour l’ensemble de ses obligations ont atteints la somme astronomique de 160 000 millions de dollars. Pour un pays de 11 millions d’habitants c’est peu dire.
Avec cet argent la Grèce a amplement de quoi payer la facture de 3000 millions de dollars en hélicoptères de combat français, 2000 millions de dollars en avions de combat étasuniens, plus ou moins le même montant pour les avions Mirage français et presque le triple en sous-marins allemands.  
Ce ne sera qu’à partir de 2009 que la Grèce commencera à avoir des difficultés de paiement pour couvrir ses achats d’armes et ce sera à ce moment que l’Union Européenne se montrera préoccupée. D’ailleurs, c’est  dans ce contexte qu’il faut comprendre le débat récent entre l’Allemagne et la Banque Centrale Européenne portant sur la meilleure manière d’aider la Grèce à honorer ses paiements sur la dette qui l’accable. Dans ces discussions on parle beaucoup plus de coupures dans les programmes sociaux que de ceux sur les armements. Pour 2011, le débat se poursuit et tout semble indiquer qu’une coupure de 6 500 millions euros sera votée dans le budget de crise, amputant d’autant le budget des divers programmes sociaux. La question des dépenses militaires ne semble pas faire partie du débat si ce n’est l’obligation de la Grèce d’honorer le paiement de sa dette en armement.
Comment, dans pareil contexte, ne pas voir un parallèle avec ce qui s’était passé en Argentine à la fin des années 1990 et 2000 ! Y a-t-il derrière un tel procédé une stratégie de l’endettement visant à prendre le contrôle de pays et même de peuples entiers? Cette stratégie, bien assaisonnée par la corruption des principales têtes dirigeantes, ne permet-elle pas, tout à la fois, la prise de contrôle d’un État et les ressources nécessaires destinées à leurs propres industries. ?
De quoi nous faire réfléchir et faire réfléchir le peuple canadien dont le gouvernement ne cesse d’augmenter ses dépenses militaires alors qu’il n’est menacé par aucun pays. Ne doit-il pas réviser, dès maintenant, sa politique d’armements et de dépenses militaires et se concentrer sur les politiques de développement économique et social? Il n’appartient pas aux canadiens de financer les industries militaires étasuniennes pas plus que les guerres menées dans le cadre d’intérêts qui nous sont étrangers. Le peuple canadien n’a pas d’ambition impériale et il faut souhaiter que ses dirigeants en sont conscients.
Oscar Fortin
Québec, le 24 juin 2015

mercredi 17 juin 2015

LE PRÉSIDENT POUTINE AU VATICAN



LE PAPE FRANÇOIS RÉSISTE AUX PRESSIONS DE WASHINGTON





Comment ne pas parler de cette visite historique du président Vladimir Poutine au Vatican? Ce n’est pas la première fois que le président Poutine rencontre le pape François, mais c’est la première fois dans un contexte aussi explosif.

Washington et ses alliés accusent ce Président d’être le grand responsable des guerres, particulièrement en Ukraine et au Moyen-Orient. Si nous tenons pour acquis le message que nous livre la presse officielle dont Washington est le maitre d‘œuvre, nous comprendrons que c’est l’Occident qui fait tout pour qu’il n’y ait pas de guerres alors que Poutine ne cesse de menacer d’invasion les pays pacifiques de l’Europe. À les entendre, Poutine est une menace terrible, véritable épée de Damoclès,    suspendue au-dessus de tous ces pays qui ne veulent que la paix. Comment, en pareille circonstance, ne pas déployer tous les moyens et les forces nécessaires pour faire entendre raison à ce Président menaçant et envahisseur? D’où suit, évidemment, l’armement le plus complet de tous ces peuples par l’envoi d’armes les plus sophistiquées et d’instructeurs militaires pour assurer leur formation à la guerre.

On parle de transport en Europe d’armements lourds et de préparatifs pour une guerre en Europe. Du 26 septembre au 6 novembre, l’OTAN et Washington réaliseront le plus important exercice militaire depuis la fin de la guerre froide.

« Il se déroulera en Italie, Espagne et Portugal du 28 septembre au 6 novembre, avec des unités terrestres, aériennes et navales et avec des forces spéciales de 33 pays (28 OTAN plus 5 alliés) : plus de 35mille militaires, 200 avions, 50 navires de guerre. Y participeront aussi les industries militaires de 15 pays pour évaluer de quelles autres armes a besoin l’OTAN. »

Cette mise en scène avec tout ce qu’elle comporte de conditionnement et manipulation de l’opinion publique risque de perdre beaucoup de crédibilité avec cette visite du président Poutine au pape François. Ce dernier sera en contact direct avec le principal accusé de l’Occident et entendra la version non censurée de ce dernier. Il y a risque à ce que le pape François décode la manœuvre et découvre le caractère guerrier et manipulateur de cet Occident.

Cette situation explique toutes les initiatives, prises par les représentants de cet Occident auprès du Vatican, pour que le pape ne reçoive pas Poutine. Ces initiatives, de toute évidence, n’ont pas donné les résultats escomptés. D’autres initiatives furent prises pour encadrer de plus près cette rencontre. Les conseils et consignes ne manquèrent pas pour que le pape ne se laisse pas tromper. Rien n’y fit. Le pape a reçu le président Poutine et la rencontre s’est réalisée à huit-clos avec la seule présence des deux traducteurs, choisis par chacun des interlocuteurs.

Il importe de rappeler que le pape François ne s’était pas compromis avec Washington et l’Occident sur la question de l’Ukraine et que cela les inquiétait déjà beaucoup. Habituellement, cette collaboration du Vatican avec ses partenaires occidentaux allait de soi, mais voilà que ce pape François veut en savoir plus et que sa porte est ouverte à ceux qui peuvent lui donner de première main l’information la plus ample sur ce qui se passe dans le monde. En cela, cette rencontre du pape François avec le président Poutine est vraiment historique. Le pape s’affirme comme indépendant et souverain par rapport à Washington.

Conscient des pressions exercées sur lui et auxquelles il a su résister, le pape François a accueilli comme prévu le président Poutine au Vatican. Après les photos et les salutations d’usage, les deux hommes se sont retirés dans une pièce à part pour aborder les grands et graves problèmes qui interpellent notre monde.

La réalité est que les deux hommes sont sortis avec le sourire, après plus de 50 minutes de dialogue. Il ne fait aucun doute que le président Poutine, a exprimé son point de vue et remis les pendules à l’heure quant au conflit en Ukraine. Il aura rappelé que l’actuel gouvernement est le résultat d’un coup d’État préparé de longue main par Washington et l’OTAN. Il aura également précisé que l’actuel conflit met en cause le gouvernement de Kiev avec une partie de la population ukrainienne qui est de souche et de culture russes. Ces derniers n’ont pas accepté ce changement inconstitutionnel du gouvernement. Depuis, ils sont la cible d’attaques qui ont fait à ce jour plus de 6000 morts et de mesures législatives qui les privent de leurs droits les plus fondamentaux. La langue russe ne fait plus partie du décor législatif et les pensions destinées aux personnes âgées et en nécessité de subsistance ont été éliminées. Une occasion, tout indiquée, pour rappeler au pape François, ses propos lors de sa visite récente en Bosnie-Serbie. Une approche avec laquelle il ne peut qu’être entièrement d’accord.

« La coexistence de trois communautés, les serbes orthodoxes, les musulmans bosniaques et les croates catholiques, «témoigne au monde entier que la collaboration entre diverses ethnies et religions en vue du bien commun est possible», a-t-il dit dans son premier discours de la journée. »

Déjà, le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Vatican avait évoqué cet aspect dans un document préparatoire à cette visite.

« Il est nécessaire d’assurer une égalité fondamentale entre tous les citoyens et entre toutes les classes sociales, culturelles et politiques qui font partie de ce pays, de telle manière que tous se sentent des citoyens avec une identité spécifique, indépendamment du nombre. (Traduction de l’auteur)

Les accords de Minsk insistent pour que le gouvernement de Kiev aborde cette question avec les populations du Donbass, de manière à en arriver à une nouvelle constitution qui saura leur reconnaître tous leurs droits dans une Ukraine remodelée. Il faut noter que sur ce point, gouvernement de Kiev, non seulement, il n’a rien fait, mais il a durci les mesures législatives à l’endroit de ces populations.

Le président Poutine aura certainement mis l’accent sur le fait que le conflit en Ukraine n’est pas un conflit entre la Russie et l’Ukraine, mais entre le gouvernement de Kiev, sous tutelle de Washington, et les populations de source russe du Donbass.

Il ne fait pas de doute que le pape François a eu une oreille attentive aux divers propos du président Poutine et que  ce dernier en a fait tout autant.

Je vois comme un symbole prophétique la remise au Président Poutine du médaillon de l’Ange de la paix qui vainc toutes les guerres. Chacun peut, évidemment, avoir sa petite idée sur le sujet, mais dans mon cas, je vois dans ce président, pas tout à fait comme les autres, une figure qui transcende ce monde du mensonge, de la tromperie et d’ambition de conquêtes et de domination dans lequel nous vivons. Je pense que le pape François a vu en Poutine un homme sincère, qui veut vraiment la paix et qui agit pour faciliter l’émergence d’un monde multipolaire et multicentrique.



Un moment historique qui marque l’affranchissement du pape François de l’autorité dominante de Washington et de ses politiques dans le monde. Dans cette rencontre, il se révèle davantage comme le pasteur d’une Église, patrimoine d’humanité que comme un chef d’État au service de politiques douteuses.

Oscar Fortin
Le 17 juin, 2015

mardi 16 juin 2015

LA VISITA DEL PRESIDENTE PUTIN AL PAPA FRANCISCO


    Un momento histórico
    ¿Cómo no hablar de esta visita histórica del presidente de Rusia, Vladimir Putin, con el papa Francisco.? No es la primera vez que Putin encuentra al papa Francisco, pero es la primera vez en un contexto tan explosivo. Washington y sus aliados acusan a este hombre, Vladimir Putin, de ser el gran responsable de lo que sucede de guerras en Ucrania y en el Medio Oriente. Si escuchamos la prensa meanstream, el Occidente, encabezado por Washington, es él que hace todo para que no haya guerras, mientras que Putin les alimenta amenazando de invadir a los países pacíficos de Europa. Al oírlos, Putin es una amenaza, como una espalda de Damocles, sobre todos esos pueblos que no quieren otras cosas que la paz. Siempre, dentro del mismo discurso no les queda otra cosa que la de apoyar a esos pueblos amenazados al entregarlos armas de todo tipo y a mandarlos a instructores militares para ensenarlos como defenderse.

    Es en aquel contexto, que las presiones se hicieron insistentes sobre el papa Francisco de parte de este Occidente, tratando, en un primer tiempo, que el papa no reciba al presidente Putin. Al no lograrlo, le hicieron llegar, en un secundo tiempo, por sus representantes en el Vaticano recomendaciones para que no se deje engañar por Putin y para que insista para que coopere sinceramente por la paz en Ucrania y que participe con el Occidente en los procesos de paz en Medio Oriente como en otras partes del mundo. En otras palabras, pedir a Putin que se comporte como un discípulo de las políticas de Washington. Importa recordar aquí que el papa Francisco se había resistido, hasta ahora, a tomar posiciones oficiales al respecto de las políticas de Washington y de sus aliados en las guerras de Ucrania y del M.O..

    Esta incertidumbre sobre las posiciones del papa preocupaba a los políticos de Washington así que a sus aliados, obrando en el seno del Vaticano. Es así que unos observadores notaron que la recepción del papa a Putin dejaba ver preocupaciones. Por supuesto que el papa estaba bien consciente que no le gustaba a los aliados del Vaticano que reciba así al presidente Putin. No es un secreto por nadie que la alta dirección del Vaticano anda mas cerca de Washington y de sus políticas que de Moscú y de sus politicas. El Padre Lombardi, director de las comunicaciones en el Vaticano, no participo en los intercambios de 50 minutos que tuvieron el papa Francisco y Putin. Tampoco, hubo una conferencia de prensa para dar el contenido de lo conversado. A pesar de esta ausencia, el padre Lombardi puso en la boca del papa Francisco el hecho que le pidió al presidente Putin para que tome un compromiso sincero para alcanzar la paz en Ucrania. Un titulo que deja ver a Putin como el principal obstáculo a la paz en Ucrania, Una manera, tambien, de reconfortar Washington y sus aliados. Para saber mas al respecto ver aquí.

    La realidad es que los dos hombres salieron del encuentro con la sonrisa y se despidieron agradeciéndose mutuamente de este encuentro y expresando el deseo de volver a verse. El diablo anunciado apareció mas como un hombre responsable y de abertura para que se solucionen los problemas del mundo. Por supuesto que la historia de lo sucedido en Ucrania que le hizo Putin al Papa no fue la misma de la que le hicieron los representantes de Washington y aliados. No hay duda que le hablo del golpe de estado en Ucrania así que del conflicto interno que envuelve los nuevos dirigentes de Ucrania y las poblaciones del Donbass que son de raíces y culturas rusas. En este contexto, hablaron seguramente del recién viaje del Papa a Bosnia-Serbia donde hizo un llamado a encontrar una forma de Estado que respeta las culturas, los idiomas et las formas de vida de cada comunidad.


    «Se necesita realizar una sustancial igualdad entre todos los ciudadanos y entre todas las clases sociales, culturales y políticas que conforman este País, de tal modo que todos se sientan ciudadanos con una identidad específica, independientemente del número. (...)En este sentido se puede convertir en un ejemplo para tantas situaciones que hoy existen en el mundo donde no se logra conjugar y aceptar la diversidad, que se hace un motivo de conflicto y de contraste y de contraposición, en vez de riqueza recíproca».


    Algo de parecido esta reclamado en los acuerdos de Minsk 1-2, y hasta el momento, el gobierno de Kiev no hizo aun nada. Al contrario, trata mas a eliminar las diferencias que al integrarlas.

    Les invito a leer este articulo sobre las medidas represivas, después este sobre los que mandan en el gobierno. Hay muchos otros artículos que no publica la prensa meanstream y que uno, interesado al tema, se hace un deber de leer.

    Al terminar esta breve presentación, yo veo como un símbolo profético la entrega al presidente Putin del medallón del Ángel de la paz que vence todas las guerras. Por supuesto, cada uno puede sacar sus propias interpretaciones, pero en mi caso, yo veo en este presidente una figura que transciende el mundo de las mentiras, del engaño y de las conquistas que nos envuelve. Pienso que el Papa, vio en Putin, un hombre sincero, que quiere la paz y que ambiciona un mundo multipolar y multicentrico.

    Un momento histórico en que el Papa resistió a las influencias de Washington y de sus cercanos consejeros. En este encuentro, el papa Francisco, se reveló mas como un pastor de Iglesia que como un jefe del Estado Vaticano.

    Oscar Fortin
    El 16 de junio 2015

    lundi 8 juin 2015

    DE LA DIPLOMATIE PRÉVENTIVE AUX GUERRES PRÉVENTIVES?



    Poutine résiste au tordage de bras
    Les sanctions et les menaces ne l’ébranlent pas
    QUOI FAIRE POUR SE L’ASSERVIR?


    Depuis le cas de l’intervention militaire préventive contre l’IRAK, supposément détenteur d’armes de destruction massive, les attaques de l’OTAN et de WASHINGTON se font de plus en plus sur la base de guerres préventives. Pour en savoir plus sur ce passage de la diplomatie préventive à la guerre préventive, je vous renvoie à ce bref article qui en fait un bon résumé, en voici un extrait :

    « En ce début de XXIe siècle, le discours ne concerne plus l’utilité de la diplomatie préventive, il prône sa négation. Bien que face à des conflits potentiels le terme de prévention soit encore évoqué, il ne s’agit plus d’une prévention politique développée par la voie diplomatique : il s’agit d’une prévention par la force. Les armes veulent prendre la place de la diplomatie. Pour empêcher l’ennemi de déclencher une guerre, il faut lui faire la guerre. La diplomatie préventive a tendance à être remplacée par la guerre préventive. »

    Cette approche ne fait que remettre en relief la suprématie des intérêts des forces dominantes sur ceux des pays qui leur sont opposés. La diplomatie préventive de ces puissances consiste à convaincre leurs opposants par de multiples procédés d’influence, allant de la corruption des dirigeants au tordage de bras dont Obama nous a récemment parlé. Si ces moyens ne donnent pas les résultats escomptés auprès de ces gouvernements récalcitrants aux menaces, ils sont alors considérés comme étant de mauvaise foi et provocateurs de guerre. C’est ainsi que la diplomatie préventive sert, dans un premier temps, à démontrer la mauvaise foi de ces dirigeants, dictateurs et irresponsables, et, dans un second temps, à ouvrir la voie à une guerre préventive contre ces délinquants dangereux. Il va de soi que le tout sera présenté sous les dehors d’une intervention humanitaire au service des libertés fondamentales, des droits humains et de la sécurité dans le monde.

    Ce mode d’emploi a donné, à ce jour, d’assez bons résultats auprès des populations de l’Occident chrétien qui y voit une sorte de main divine qui assure leur sécurité et la sauvegarde des grandes valeurs humaines de liberté, de bien-être, de sécurité et de paix. Ces résultats seront d’autant plus élevés que ces adversaires insoumis, prétentieux et dominants seront diabolisés, noircis au point d’en souhaiter leur disparition de la surface de la Terre. Les médias meanstream, préparés à cette fin, sauront étayer l’horreur que suscitent ces personnages et les graves dangers qu’ils représentent tant pour leur population que pour la sécurité nationale des principaux pays de l’Occident. Le cas tout récent du Venezuela en est un exemple éclatant. Par un décret spécial, le président Obama en a fait une menace sérieuse pour la sécurité nationale des États-Unis. Ce fut le cas pour Saddam Hussein en Irak, pour Mohamed Kadhafi en Lybie comme c’est actuellement le cas pour Al Assad de Syrie et, maintenant,  nous en arrivons à Poutine, le plus coriace de tous.

    L’histoire récente de ces interventions de l’Occident nous révèle les dessous des politiques et actions de Washington et de l’OTAN. Mensonges, manipulation de l’information, corruption, mercenaires, autant de moyens mis à contribution pour que ces interventions qui sont de véritables interventions de conquêtes et de domination soient perçues comme d’authentiques interventions humanitaires au service des droits humains les plus fondamentaux. Les mots en perdent même leur sens : les bombardements de population civile deviennent des bombardements humanitaires, les gouvernements mis en place par les conquérants deviennent des démocraties, les mercenaires deviennent les opposants au régime et les terroristes « modérés » deviennent des combattants courageux.

    Derrière toutes ces mises en scène, il y a l’Empire et à la tête de ce dernier, il y a les potentats de la finance, des armements, de la gouvernance mondiale, représentés par des hommes et des femmes politiques qui gèrent les États en respectant à la lettre leurs consignes et intérêts. Ces derniers donnent aux potentats un visage humain, à l’Empire qu’ils représentent l’image de la démocratie et à l’asservissement des peuples, l’image de la liberté.




    Aujourd’hui, le défi à relever monte de cran. La gouvernance mondiale se retrouve confrontée à une gouvernance multipolaire et multicentrique. Cette dernière ne laisse guère de place à une gouvernance mondiale, imposée par ces puissants dont le rêve est de dominer le monde. Ce choix est au cœur de la guerre préventive qui est en pleine préparation. Dans ce contexte, l’adversaire à abattre est celui qui se trouve en toute première ligne de cette gouvernance multipolaire, Vladimir Poutine, secondé et soutenu par les pays du BRICS et de nombreux autres pays, tant de l’Amérique latine, d’Afrique que d’Asie.

    Une confrontation qui va au-delà des personnages en cause. Deux visions de la gouvernance du monde, celle du G-7 qui représente environ 660 millions de populations et le G-5 qui représente plus de 3 milliards de populations, soit plus de 5 fois celles du G-7. On prévoit que dans deux ou trois ans le PIB des pays du G-5 dépassera celui du G-7.

     "« "En 2014, le produit intérieur brut cumulé des pays du groupe BRICS a atteint 30%. Ce chiffre est pour le moment moins élevé que celui totalisé par le G7, mais la différence constitue 7% à 8%. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB global du BRICS s'élève à 32.500 milliards de dollars et celui du G7 à 34.700 milliards de dollars », a déclaré M. Pouchkov aux journalistes lors du premier forum interparlementaire des pays du groupe BRICS à Moscou ».


    C’est dire que les enjeux sont fondamentaux et touchent directement l’avenir de la gouvernance mondiale telle que conçue par l’Empire et ses alliés.

    La stratégie est donc mise en place pour que ce Poutine devienne aux yeux de l’Occident une véritable menace pour sa sécurité. La guerre en Ukraine, créée de toutes pièces par l’Occident, donne le prétexte pour entrainer et y incriminer le président de Russie. On en a fait l’auteur intellectuel de l’écrasement de l’avion malaisien MH17, abattu en juillet dernier au-dessus du Donbass, dans le sud-est de l’Ukraine. On en fait également le responsable de la guerre interne entre le nouveau gouvernement fantoche de Kiev et les populations prorusses du Donbass qui ont voté en faveur de leur indépendance, tout en souhaitant, comme le demandent les accords de Minsk, que soit élaboré une nouvelle constitution, reconnaissant leur spécificité nationale et leurs droits à l’auto détermination.

    Les accords de Minsk qui furent signés par les parties en litige n’ont été que des moments de relâche pour permettre au gouvernement de Kiev de se réarmer avec l’aide de l’Occident pour mieux attaquer l’adversaire. Pendant ce temps, Washington envoie ses soldats faire de la formation et des armes pour frapper plus fort.

    Dans les autres pays de l’ex-URSS, le message est que Poutine peut intervenir à tout moment, mettant ainsi en danger la sécurité des populations et des pays concernés, d’où l’augmentation des armes de toute nature aux frontières de la Russie. Tout est présenté comme si Poutine était devenue une menace pour l’Europe et le monde.

    Lors du tout récent G7, Donald Tusk, du Conseil européen, déclarait à la presse :

    «Chacun de nous préférerait que la Russie soit présente à la table du G7. Mais notre groupe n’est pas qu’un regroupement d’intérêts économiques et politiques, c’est d’abord une communauté de valeurs et c’est pourquoi la Russie n’est pas parmi nous ici aujourd’hui, a expliqué Donald Tusk en ajoutant que la Russie ne serait pas réintégrée au sein de ce cercle des puissances mondiales, “tant qu’elle se comporte de façon agressive vis-à-vis de l’Ukraine et d’autres pays”

    Il est intéressant de relever ici l’expression “se comporte de façon agressive” comme si tout devenait possible avec cet homme imprévisible, suggérant ainsi des attaques-surprises.

    Obama et Merkel en font tout autant en faisant peser sur Poutine toute la responsabilité du conflit en Ukraine.


    "Nos partenaires européens ont réaffirmé qu'ils maintiendraient les sanctions sectorielles contre la Russie jusqu'à ce que les accords de Minsk soient pleinement mis en œuvre. Cela signifie que les sanctions en vigueur seront étendues au-delà de juillet 2015, a déclaré Barack Obama.


    À ce sujet, voici la réaction de Poutine dont je me permets de relever plusieurs extraits. C’est même la lecture de cet article qui m’a conduit à écrire celui-ci. Je vous invite à le lire dans son intégralité.

    “Je crois que seul un fou, et seulement dans un rêve, peut imaginer que la Russie attaque soudainement l’OTAN. Il me semble que certains pays tirent simplement profit des craintes des gens par rapport à la Russie. Ils veulent juste jouer le rôle de pays aux avant-postes qui devraient recevoir certains équipements militaires supplémentaires, des aides économiques, financières autres.”

    Vladimir Poutine a invité les journalistes à comparer le déploiement militaire global des forces russes et celui des Etats-Unis/OTAN, de même que leur niveau respectif de dépenses militaires. Il les a aussi encouragés à observer les mesures prises concernant le Traité antimissile ABM (Anti-Balistic Missile) depuis que l’Union soviétique s’est effondrée.

    Il est révélateur de noter que ce sont les États-Unis qui ont choisi de se retirer du Traité ABM limitant les arsenaux de missiles antimissiles balistiques, qui d’après Vladimir Poutine était “la pierre angulaire de tout le système de sécurité internationale”. Et à propos de cette décision américaine, le chef de l’État russe a fait la réflexion suivante : “Quelqu’un s’attendait-il à ce que la Russie désarme unilatéralement?”

    “Tout ce que nous faisons n’est qu’une réponse aux menaces qui émergent contre nous. D’ailleurs, ce que nous faisons est limité quant à l’échelle et à la portée, mais cela reste quand même suffisant pour assurer la sécurité de la Russie”,

    Il s’agit, pour l’essentiel, d’une réponse à cette campagne de dénigrement voulant le faire passer pour un président guerrier, nourri de l’ambition de dominer le monde en se soumettant l’Occident.

    Je termine sur ces propos de l’ex-président des États-Unis, Jimmy Carter, tenus en 2002, lors de la remise du Prix Nobel de la paix.


    “Nous devons nous rappeler aujourd'hui qu'il y a au moins huit puissances nucléaires sur Terre et que trois d'entre elles menacent leurs voisins dans des régions où les tensions internationales sont grandes. Dans le cas des pays puissants, adhérer au principe de guerre préventive pourrait bien créer un précédent qui peut avoir des conséquences catastrophiques.”



    Oscar Fortin
    Le 8 juin 2015