vendredi 3 juin 2016

BON 85è ANNIVERSAIRE À RAOUL CASTRO: HOMME D'HONNEUR

LE RÉVOLUTIONNAIRE ET LE CHEF D’ÉTAT


 
 Sur la première photo, nous voyons ce jeune Raoul, d’à peine 22 ans, en compagnie de son frère, Fidel et du Che. Leur objectif est de renverser le dictateur Batista, ce dernier ayant rompu, en 1952, avec le régime démocratique, par un coup d’État militaire, contre le président légitime d’alors, Carlos Prio Socarras.

Ce coup d’État survient trois mois avant l’échéance pour de nouvelles élections, prévues pour juin 1952. Ce qu’on passe en général sous silence c’est que Fidel avait été choisi pour être le candidat officiel du Parti populaire cubain (PPC) à ces élections.

« Malgré une forte réputation d'étudiant activiste, il réussit à se faire désigner par le PPC comme candidat aux élections de juin 1952, élections avortées par le coup d'État de Fulgencio Batista le 10 mars 1952. »

La voie démocratique n’étant plus là pour permettre à ces jeunes révolutionnaires de conquérir le pouvoir pour y changer ce régime corrompu et criminel, ils empruntent alors  la voie révolutionnaire. Le combat des barbus, comme on les appelle, se manifesta pour la première fois le 26 juillet 1953 dans une attaque contre la Caserne de la Moncada à Santiago de Cuba. Plusieurs mourront et plusieurs autres seront fait prisonniers, dont Raoul, et Fidel, condamnés à plusieurs années de détention dans la prison de los Pinos. C’est dans ce contexte que Fidel, assumant sa propre défense,  déclara qu’un jour l’Histoire l’absoudra. Ils seront amnistiés en 1956.

Sur la seconde photo, c’est ce même Raoul, maintenant âgé de 84 ans, qui rendit possible cette rencontre historique entre le président Santos de Colombie et le chef des FARC-EP, forces militaires révolutionnaires de Colombie. Il s’agit d’une guerre entre colombiens et colombiennes qui dure depuis plus de 50 ans et ayant fait des milliers de morts, de blessés et de prisonniers. Les conditions ayant changé, un processus de paix a été enclenché avec la participation, entre autres de Cuba, avec Raoul, et du Venezuela, avec Chavez. C’est, d’ailleurs à Cuba que ces négociations de paix se déroulent depuis plus d’une année, avec comme seul objectif la fin du conflit armé et les garanties nécessaires pour une participation sécuritaire des membres de ces forces à la démocratie colombienne.

Parler de la Révolution cubaine, c’est parler surtout et avant tout de Fidel Castro qui en aura été le grand stratège charismatique et de Che Guevara, devenu avec Fidel, une véritable légende d’une Amérique décidée à rompre ses chaînes de l’esclavage et de la dépendance pour y retrouver son indépendance et sa souveraineté.  Tout au long de ces années de conquêtes et de turbulences révolutionnaires, Fidel et le Che occupaient les espaces médiatiques et alimentaient la ferveur révolutionnaire. Pendant tout ce temps, Raoul, à l’abri de toute publicité, luttait dans les montagnes de la Sierra Maestra. Ses exploits et son sens de l’organisation en firent, dès la conquête, en 1959, le chef des armées. C’est à lui qu’il faut reconnaître le mérite d’avoir formé et organisé une armée capable de répondre non seulement aux attaques constantes et menaçantes, venant des anticastristes soutenus par Washington, contre  la sécurité de l’État, mais aussi d’apporter son soutien aux luttes révolutionnaires en Afrique (Angola, Congo, Afrique du Sud), soumis aux mêmes défis révolutionnaires. Ce ne sera qu’à partir de sa nomination à la présidence de Cuba, en 2008, à la suite du retrait de Fidel, pour cause de maladie, que nous découvrirons   en cet homme : l’homme d’honneur et de paix.


C’est à Cuba que s’est réalisée la rencontre historique entre le pape François et le patriarche Cyrille. On se souviendra de ces paroles du Pape François qui avait remercié Cuba d’avoir rendu possible cette rencontre et signalé que Cuba était devenu une terre de grande réconciliation. Des paroles qui contrastent d’avec celles qui font de Cuba la prison d’un peuple. Il faut également  attribuer à ce chef d’État cette ouverture à des négociations avec les États-Unis, ceux-là mêmes qui maintiennent depuis plus de 55 ans un blocus économique criminel contre le Peuple cubain. Il l’a fait, non pas en se soumettant à  un interlocuteur tout puissant, mais avec la dignité et l’indépendance d’un chef d’État qui ne se laisse pas intimider et berner. On se souviendra de cette rencontre avec Obama où ce dernier chercha à l’amadouer avec la tape sur l’épaule comme s’ils étaient de grands amis. Raoul ne l’entendait pas de même et n’hésita pas un instant à lui retenir le bras tout en lui disant que cela ne fonctionnait pas avec lui. Son geste n’est pas celui de quelqu’un qui fait la promotion d’Obama, mais plutôt de quelqu’un qui ne se prête pas à ce jeu d’hypocrisie auquel se prête une certaine diplomatie.

À 85 ans, cet homme aux multiples combats dirige avec dignité et sérénité  un pays qui fut la cible, depuis les tout débuts, d’un Empire décidé à ne pas permettre qu’un petit pays comme Cuba l’oblige à se retirer de ses terres et à le respecter dans ses choix. Les campagnes de dénigrement et de diabolisation, les tentatives d’invasion et les actions criminelles de saccage dans les domaines de l’agriculture et du tourisme, les 638 tentatives d’assassinat de Fidel  et quoi d’autre encore n’ont pas réussi à détenir la marche de ce peuple. L’éducation, la santé, la solidarité internationale en font un peuple de référence.

Tous nos pays y gagneraient à avoir des chefs d’État qui ne sont pas à la recherche de fortunes usurpées à leur peuple ou de soumission et complaisance avec les puissances de ce monde, mais à la recherche de ce qui donne à un peuple, conscience, éducation, santé et dignité. Fidel qui avoisine les 90 ans vit une retraite, des plus sobres, en partageant avec les nombreux chefs d’État étrangers qui souhaitent le rencontrer. Raoul, avec ses 85 ans accomplis, prépare la relève de manière à ce que le chemin parcouru ne sombre pas dans l’oubli et ne se transforme pas en une foire soumise aux plus offrants.

Bon 85e anniversaire à cet homme d’honneur, Raoul Castro


Oscar Fortin
Le 3 juin 2016


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