mercredi 11 janvier 2017

OBAMA: L’HOMME QUI IGNORE SES CONTRADICTIONS





Hier, c’était le dernier discours officiel d’Obama en tant que président des États-Unis. Un discours d’adieu qu’il a tenu à prononcer dans la ville où il avait célébré sa première victoire à la présidence.  Il ne fait aucun doute que cette intervention constituait un véritable défi pour sauvegarder, à tout le moins,  le lien entre le rêve qu’il avait représenté, en 2008, et la réalité, en 2017, qui contraste énormément d’avec ce rêve. Pour plusieurs, il représente une grande désillusion et pour d’autres, il demeure le Président qu’ils ont toujours rêvé.

Ce discours, comme plusieurs pouvaient l’imaginer, vient confirmer le fait que les contradictions entre l’humanitaire et le guerrier qu’il est sont complètement ignorées. Les paroles de l’humanitaire ont leur compartiment et leur logique tout comme celles du guerrier ont les leurs.

Cette approche des deux logiques m’a rappelé ces paroles, prononcées par Obama au sommet du G-20, en 2014, insistant sur le fait  de respecter avec fermeté  les principes fondamentaux qui doivent régir les  relations internationales, entre autres, celui « qu’on ne peut envahir d’autres pays ou financer des mandataires et les soutenir d’une manière qui désintègre un pays ayant des élections démocratiques. »

Il dit cela en utilisant la logique du compartiment humanitaire et en ignorant complètement la logique du compartiment guerrier qui a déjà à son crédit les interventions en Libye, en Ukraine, en Syrie, au Venezuela, au Honduras, au Paraguay et dans bien d’autres pays, victimes de ces interventions.

Dans son discours d’adieu, à Chicago, il a affirmé de la manière la plus naturelle que les É.-U. ne doivent pas «devenir un pays qui intimide les autres». N’est-ce pas là une intention merveilleuse pour les peuples et les nations saturés des guerres qui les rejoignent ou les menacent de les rejoindre. Malheureusement, les faits parlent dans un sens tout contraire.

Dans le cas présent, il ignore que Les États-Unis ont largué l’équivalent de trois bombes par heure dans le monde en 2016 et qu’ils ont, à eux seuls, au cours des 60 dernières années, provoqué plus de 201 conflits armés.

La seule manière de comprendre ces contradictions qui n’effleurent d’aucune manière son esprit serait l’existence dans son esprit de ces deux compartiments hermétiquement isolés l’un de l’autre. Il peut, ainsi parler avec conviction et sincérité de guerres et d’invasions d’autres nations comme ce fut le cas en Libye puis en Syrie. Il lui suffit de dire que c’est pour défendre la démocratie et l’ordre du monde. Il peut également parler de lutte contre le terrorisme tout en les soutenant financièrement et en en faisant des collaborateurs pour atteindre des objectifs de prise de contrôle de gouvernements, comme c’est le cas, entre autres,  en Syrie. Il peut faire des menaces, imposer des sanctions, créer un climat de peur et d’insécurité sans que cela lui pose problème.  Le Venezuela qui vit en démocratie a fait l’objet d’un décret d’Obama qui le déclare une menace pour la sécurité et les intérêts des États-Unis. En termes techniques, il s’agit  d’une véritable déclaration de guerre l’autorisant à intervenir militairement au moment qu’il le jugera opportun. Il ne lui vient pas à l’esprit que ce décret représente une véritable menace  suscitant insécurité et peur chez la population vénézuélienne.

Au même moment, dans un autre contexte, il peut parler de justice, de respect des droits des personnes et des peuples ainsi que de la nécessaire union des nations et des États pour faire un monde meilleur. Il peut parler des pauvres, des déshérités qui souffrent des discriminations et qui sont trop souvent rejetés sans que leurs droits soient pris en considération et respectés. Il peut, comme ce fut le cas dans son discours d’adieu, parler de  la pauvreté, tout en augmentant les allocations à donner aux ex-présidents dont il fera partie dans quelques jours.

Je pense que ses deux mandats à la présidence des États-Unis ont été gagnés grâce à la logique de l’humanitaire  et que sa gouverne au bureau ovale de la Maison-Blanche a été inspirée et guidée par la logique de domination et de conquête. Dans le premier cas, il parle de démocratie, de non-intervention dans les affaires internes d’autres peuples, du respect du droit international tel qu’énoncé dans la charte des Nations Unies. Dans le second cas, les États-Unis ne peuvent d’aucune manière prendre du recul sur leur droit « divin » d’être les leaders du monde. Toute puissance visant à les destituer de ce rôle représente une menace à leurs intérêts et à leur sécurité nationale. Ce leadership mondial que les États-Unis s’attribuent ne peut être remis en question, même pas par les Nations Unies.

À en croire la déclaration toute récente de celui qui sera le prochain Secrétaire d’État dans le cabinet de Trump, cet objectif  du maintien du leadership mondial des États-Unis pour diriger le monde sera maintenu.  Selon lui, sans les États-Unis pour assurer ce leadership le monde irait droit vers le chaos. Une tradition qui semble vouloir se maintenir et qui comporte de nombreux avantages dont, entre autres, celui d’intervenir là où ils veulent et y faire ce que bon leur semble.

Il est possible que Vladimir Poutine et une bonne partie des peuples du monde ne l’entendent pas de la même manière.  La médaille de l’Ange da la paix que le pape François lui a remise lors de leur rencontre au Vatican  peut donner au monde un sens à la paix qui ne soit pas le même dont se nourrissent actuellement les maîtres du monde.

L’Année 2017 s’annonce avec de nombreux imprévus . De nombreuses élections, prévues pour 2017, peuvent modifier le panorama politique qui prédomine présentement.


Oscar Fortin
Québec, le 11 janvier 2017



Québec, le 11 janvier 2017



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