mardi 23 octobre 2018

LA GUERRE TOTALE


VÉRITABLE SUICIDE COLLECTIF




Les armements dont disposent la Russie, la Chine, les États-Unis, entre autres, sont tels que leur usage détruira toute forme de vie sur terre. Lorsque Vladimir Poutine déclare qu’il ne sera pas le premier à utiliser ces armes, c’est qu’il sait que la réplique de ses adversaires se fera, à quelques secondes près,  du constat d’une attaque nucléaire. Par la même occasion, il déclare que la Russie n’hésitera pas un instant  à utiliser tout son arsenal nucléaire pour contrer une telle attaque de la part de quelque adversaire que ce soit. Il n’y aura ni vainqueurs ni vaincus,  tous et toutes mourront. La terre sera transformée en un enfer où toute vie sera anéantie. Pour Poutine, « «Nous, en tant que victimes de l'agression, nous irons au Paradis comme les martyrs, alors qu'eux [les agresseurs, ndlr], ils crèveront tout simplement, sans même avoir eu le temps de se repentir

Nous n’en sommes plus aux guerres qui se faisaient sur les champs de bataille avec, de part et d’autre, des centaines de milliers de soldats. Nous n’en sommes même plus à ces guerres qui comptaient sur leurs avions de chasse, leurs sous-marins, leurs porte-avions. Ces guerres conduisaient à des vainqueurs et à des vaincus, ce qui n’est plus le cas.

La guerre qui sera à l’origine de la destruction totale du monde sera celle de l’État profond de l’Empire pour qui dominer le monde est sa propre survie. Or, cet État profond de l’Empire a devant lui d’autres peuples, d’autres puissances qui ne souhaitent ni ne veulent se soumettre à ce dernier. L’alternative est que l’État profond de l’Empire se fasse harakiri pour redevenir un État avec les mêmes droits et devoirs que ceux de tous les États. Le monde d’aujourd’hui n’accepte plus un État-roi qui se situe au-dessus des lois.

On comprendra que les attentes des uns et des autres soient à la limite shakespearienne du « être ou ne pas être ». La confrontation,  entre les tenants d’un monde unipolaire, entièrement sous leur autorité, et ceux d’un monde multipolaire où peuples et nations seraient pleinement souverains et indépendants, laisse peu de place à des compromis. 

Nous en sommes là au niveau des alternatives radicales. Les guerres qui se font sur le terrain avec des armes modernes, sans usage du nucléaire, sont autant d’occasions d’évaluer l’adversaire, de l’amener à faire de faux pas, à créer de la diversion et à placer l’adversaire dans des conditions inconfortables. Plus vite que le tam-tam de la propagande occidentale en arrivera à diaboliser l’adversaire, plus vite la partie dominante de l’Empire pourra s’imposer aux belligérants. À ce jour, cette stratégie a permis de faire certains gains dans l’opinion publique, mais les principaux concernés par ces attaques ont décodé cette stratégie et ont mis au point les moyens nécessaires pour contrer ces mensonges et tricheries. 

L’exemple des soi-disant produits chimiques  qu’avait l’Irak a fait son chemin et la crédibilité des auteurs d’un tel mensonge  a chuté et l’opinion mondiale s’est immunisée contre de pareils mensonges. En Ukraine, en Libye, en Syrie l’avalanche des mensonges  a de moins en moins trouvée  preneurs, les réseaux sociaux, parvenant à démontrer les mensonges de ces fausses vérités. Malgré tous les efforts techniques et médiatiques pour contrer l’information alternative à ces montages de tout genre, la vérité des faits s’impose de plus en plus. Il faut en donner le crédit à tous ces réseaux sociaux et blogues de haute qualité qui dénoncent ces mensonges et viennent en renfort à la vérité des faits.

Les guerres en Ukraine, Syrie, Yémen n’ont pas donné les résultats escomptés de la part de l’Occident. Va-t-il franchir le pas d’une guerre en Amérique latine, ayant pour cible le Venezuela et le Nicaragua ? Les menaces d’une telle intervention se font entendre depuis plusieurs années. Les motifs sont nombreux, dont ceux reliés aux richesses de ces pays et au changement de régime de ces gouvernements socialistes. De telles interventions, dans l’état des choses, entraîneraient inévitablement l’intervention de la Russie et de la Chine qui ont des liens étroits avec chacun de ces deux pays et, qui plus est, ont des projets communs de grande importance.  Leur présence en Amérique latine ne ferait que reproduire, en partie,  celle que les États-Unis ont dans plusieurs pays d’Europe de l’Est  et en Asie.

Les bases militaires des États-Unis en Amérique latine sont nombreuses. Seulement en Colombie, pays frontalier du Venezuela, ils y en ont sept. 

La présence militaire de la Russie et de la Chine en Amérique latine est un couteau à deux tranchants. Pour les États-Unis et leurs alliés, ils auront tout l’espace voulu pour dénoncer cette présence non voulue par l’ensemble des pays de l’Amérique latine. Pour la Chine et la Russie, ce rapprochement permettra d’approfondir leurs liens avec certains pays de la région et rendra plus facile et rapide, le cas échéant,   toute intervention nécessaire aux États unis. De quoi permettre des négociations visant  le retrait des bases militaires étasuniennes en Europe et en Asie en échange du retrait de leur propre base militaire au Venezuela et au Nicaragua.

Dans le cadre d’un tel scénario d’invasion militaire au Venezuela et au Nicaragua les épiscopats catholiques des deux pays en auront été les complices directs.  Leur activisme politique, au cours des dernières années, en aura préparé la voie. En cela, ils peuvent compter sur la Conférence épiscopale latino-américaine (CELAM) et tout particulièrement sur l’épiscopat de Colombie qui se prête aux stratégies d’interventions de nature à discréditer dans l’opinion publique les gouvernements cibles. 

Si, en Ukraine, le Patriarche Philarète, chef de l’Église Orthodoxe, s’est fait grand défenseur du changement de régime et critique sévère de Poutine qu’il qualifiait alors de Satan,  quelque chose de semblable se réalise, présentement, au Venezuela et au Nicaragua. Toutefois, je ne  pense pas que cela conduise à un schisme dans l’Église catholique, comme ce fut récemment  le cas entre l’Église orthodoxe russe et l’Église orthodoxe ukrainienne. Le Vatican demeure toujours un allié discret de Washington et soutiendra à sa manière une telle intervention. Comme le dit le dicton : aucun coup d’État, aucune intervention militaire en Amérique latine ne serait possible sans l’appui de l’Église. Elle est partie intégrante du néo-libéralisme dont le grand maître n’est autre que l’Oncle Sam. Les sensibilités politiques et les interventions du pape François ne sauraient faire bouger l’État du Vatican sur ces liens préférentiels avec Washington. L’Exhortation apostolique Evangelii Gaudiumdu pape François, dénonçant le capitalisme sauvage, fut vite retournée à la filière 13, celle de l’oubli.


Oscar Fortin 


23 octobre 2018