dimanche 30 janvier 2005

CONDOLEEZZA RICE ET LA LIBERTÉ

La nouvelle secrétaire d’État aux affaires extérieures, Mme Condoleezza Rice, n’a pas manqué de mettre en évidence la démocratie et la liberté comme un des objectifs recherchés par l’Administration Bush dans ses relations internationales.

"Il reste des avant-postes de la tyrannie", a-t-elle dit, en citant Cuba, la Birmanie, le Corée du Nord, l'Iran, la Biélorussie et le Zimbabwe. "Nous ne serons pas en repos tant que chaque personne qui vit dans une société de la peur n'aura pas recouvré la liberté. »

Elle s’en prend à Cuba, petit pays des Caraïbes, qui, en dépit d’un blocus économique qui va directement à l’encontre du régime de droit et de la liberté qu’elle prêche, émerge malgré tout du sous-développement. Ce pays se compare haut la main quant à la qualité de vie accordée à l’ensemble de ses citoyens avec ses voisins que sont Haïti, la République Dominicaine et tous les pays de l’Amérique centrale, pourtant tous sous protection du grand frère étasunien. Son système d’éducation, en plus d’ouvrir à des formations supérieures, a fait disparaître l’analphabétisme. Déjà nous connaissons un peu mieux la réputation internationale de son système de santé et la contribution qu’il apporte avec plus de 15 000 médecins déployés dans diverses régions du monde pour répondre à des besoins urgents. Ceux et celles qui ont eu la chance de voir le documentaire d’ Oliver Stone « El commandante » que l’administration Bush a voulu interdire de diffusion, comme si la liberté devait être protégée de certaines vérités, auront compris que le tyran et l’assassin a moins de morts sur la conscience que ses voisins et que l’humanisme dont il se fait l’apôtre est plus ouvert que celui que l’on lui prête.

Bien plus, Mme Rice qui se porte à la défense de la démocratie et de la liberté trouve que le démocrate Chavez, pourtant grand vainqueur d’un référendum démocratique le confirmant dans ses fonctions, prend des libertés qui ne lui plaisent pas. Comment alors concilier une vision de la démocratie qui est avant tout l’expression de la volonté d’un peuple avec celle de vouloir la contrôler de l’extérieur ? De quelle liberté et liberté de qui parle-t-on ? Mme Rice n’aime pas que le peuple vénézuélien ait des relations avec Cuba, comme si ce dernier n’était pas libre de le faire. Elle s’est bien gardée, cependant, de reprocher à la Chine d’avoir de telles relations avec Cuba.

Nous sommes témoins d’une hypocrisie qui s’empare des mots pour nous rejoindre dans nos valeurs profondes et en faire des paravents pour mieux couvrir des actions dont les seuls objectifs sont les intérêts nationaux et corporatifs des étasuniens. Il n’y a de liberté que celle qui leur permet de dominer. Mme Rice devrait savoir que la liberté sans peur dont elle parle est celle qui vainc toute domination, incluant celle qu’elle voudraient se réserver.


Oscar Fortin
740, Ave Désy, Québec (Qué), G1S 2X5 TÉL. 418-527-2168

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