dimanche 6 février 2005

LE CANADA EN IRAK ?


L'Administration Bush vient de vanter haut et fort cette grande victoire de la démocratie en Irak. Le peuple ne vient-il pas, en effet, de prendre la parole, en dépit de conditions très difficiles, pour décider de ses représentants et de ses politiques. Comment se fait-il alors que ce soit l’Administration Bush, le grand défenseur de la démocratie, qui continue de décider pour le peuple irakien? Comment peut-il demander en toute légitimité au Canada d’envoyer des troupes en Irak ? Il n'est mandaté ni par le peuple irakien, ni par le gouvernement élu pour décider de l'envoi de troupes étrangères dans un pays qui n'est pas le sien.

Ce serait bien terrible que le Canada se prête à ce type d’ingérence dans les affaires d’un autre pays. Si notre refus d’aller en guerre préventive en Irak a reposé sur notre foi en l’Organisation des Nations Unies et aux principes qui la guide, il doit, me semble-t-il, en être ainsi pour refuser l’envoi de militaires canadiens en Irak, à plus forte raison si cette demande ne vient ni des Nations Unies, ni des représentants récemment élus du pays. À ce que je sache aucun pays membre de l'OTAN n'est actuellement menacé par le peuple irakien. Le respect de cette nouvelle démocratie et du droit international ne doivent-ils pas devenir la référence première de toute initiative canadienne sur ce territoire souverain.

Pourquoi ne pas faire de cette question de la guerre et de l’intervention militaire en Irak, comme en tout autre endroit, une question référendaire qui serait inscrite sur le prochain bulletin de vote des élections à venir? Le gouvernement sera peut-être renversé prochainement conduisant ainsi à des élections inévitables. Il pourrait y avoir deux questions simples :

ÊTES-VOUS POUR QUE LES INTERVENTIONS MILITAIRES DU CANADA SE RÉALISENT TOUJOURS DANS LE CADRE DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES ET DU DROIT INTERNATIONAL ? OUI OU NON

ÊTES-VOUS D’ACCORD POUR QUE LE CANADA PARTICIPE AU PROJET AMÉRICAIN DE BOUCLIER ANTIMISSILES ? OUI OU NON

Ceux et celles qui se battent pour la Démocratie et sont contre la guerre seront sûrement en faveur de cette proposition qui donne la parole au peuple sur deux questions précises qui trancendent de par leur nature les autres questions de politique étrangère. Ceux qui pensent le contraire feront valoir leur point de vue. Un non ou un oui à ces questions n'affectera pas nécessairement notre vote pour le parti de notre choix. Cette pratique de référendum, lors d’élections, est répandue dans plusieurs pays dont les Etats-Unis. Je ne doute pas que l'Administration Bush, qui fait de la démocratie et de la liberté des objectifs fondamentaux de sa politique, se réjouisse de cette démocratie et liberté des canadiens dans leur prise de décisions sur ces deux questions. Nous aiderions ainsi nos représentants politiques à résister aux nombreuses pressions venant d'ailleurs. Ce serait une affirmation de l'autorité de la population canadienne. Ce serait de la Démocratie réelle.


Oscar Fortin

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