jeudi 3 février 2005

L'ÉGALITÉ DES CHANCES ?


On peut se demander parfois si les mots ont encore un sens. Dans son discours du trône, le gouvernement de M. Martin parle de l’égalité des chances pour tous. De quoi faire rire.

Comment parler de l’égalité des chances lorsque les moyens de communication sont devenues la propriété de quelques personnes? Si je veux partager mes réflexions et commentaires avec la population et que ceux-ci ne sont pas à la convenance de ces derniers, je n’aurai d’autres choix que de prendre le bâton du pèlerin et de faire du porte à porte. Par contre celui qui possède les moyens de communication n’aura qu’à se présenter devant la camera ou prendre la plume d’une page éditoriale pour rejoindre le citoyen dans son salon ou à sa table en train de prendre son café. Comment l’égalité des chances peut-elle être possible dans pareilles circonstances?

Comment parler d’égalité des chances lorsque certaines personnes ou entreprises, disposant de beaucoup de ressources, peuvent se payer, souvent aux frais des contribuables par les déductions d’impôt, le luxe de bureaux d’avocats spécialisés et de spécialistes en lobbies? Pour s’opposer à un projet de loi ou encore en favoriser un nouveau, ils auront les ressources pour rejoindre rapidement les décideurs et les amener à agir dans le sens de leurs intérêts. Quant à moi, monsieur tout le monde, j’aurai beau me promener dans les rues avec mes pancartes, écrire à mon député ou encore envoyer une lettre aux lecteurs qu’on publiera ou non, je n’y changerai pas grand-chose. J’aurai servi à confirmer l’image de la liberté et de la libre expression, mais non celle de l’égalité des chances dans l’exercice du pouvoir.

Quelle égalité des chances peut-il exister entre le citoyen ordinaire et M. Paul Desmarais ou encore entre Bryan Mulroney et Jos tout le monde? Qui d’après vous a obtenu que les gouvernements décident de réduire de 50% les montants en gain de capital aux fins de l’impôt? Je ne crois pas que ce sujet ait fait l’objet de discussions lors de campagnes électorales ou ait été revendiqué par des manifestations dans les rues ou par des campagnes de revendications sociales. Quelques rencontres de haut niveau avec les personnes bien placées auront suffi. Tu fais 100 000$ en gains de capital et seulement 50 000$ seront considérés pour fin d’impôt. L’autre 50 000$ sera un revenu net. Bien sur, économie oblige…

Par contre s’il y a des revendications qui se font pour l’augmentation du salaire minimum, les garderies à 5$, le logement social, l’élimination de la discrimination dans les conditions de travail, l’application des mêmes règles de marché pour tous, alors là il faut s’armer de patience et déployer toutes les énergies inimaginables. Dans la plupart des cas les résultats demeureront bien métigés et en deçà des attentes. N’en va-t-il pas de même avec le projet de bouclier antimissile. Un téléphone de M. Bush et la promesse de contrats un peu comme on le fait avec des mercenaires passe facilement au dessus de la grande majorité des canadiens.

Dans pareilles circonstances, parler d’égalité des chances ou encore de démocratie dans le sens du peuple au pouvoir, c’est plutôt rire du monde et pas à peu près.

Oscar Fortin

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