samedi 25 février 2006

LE GOUVERNEMENT DE L'ÉGLISE


Comment ne pas revenir sur la symbolique fondamentale des trois tentations de Jésus au désert à un moment où le Gouvernement de l’Église catholique (comprendre le Vatican et la grande majorité de la Hiérarchie ecclésiastique) fait si bon ménage avec les puissances politiques et économiques qui dominent le monde d’aujourd’hui? Les trois tentations de Jésus au désert ne rappellent-elles pas que le Messager du Père ne peut d’aucune manière se laisser dominer par l’appât de l’AVOIR, par l’ambition du POUVOIR et encore moins par la vanité du PARAÎTRE. Sur ces trois fronts, le gouvernement de l’Église se doit de faire un sérieux examen de conscience. Il doit se questionner sur ses alliances privilégiées avec les puissances occidentales et plus que tout avec l’esprit qui les domine. Ce dernier se manifeste de mille et une façons et fait souvent en sorte que le message livré n’atteint plus les PERSONNES DE BONNE VOLONTÉ.

Ces alliances prennent différentes formes. Il y a bien évidemment les nominations aux postes stratégiques de la gouvernance de l’Église. Déjà Jean-Paul II avait fait le plein avec les nominations de « personnes sures » (entendre conservatrices au sens religieux et politique) aux postes de cardinaux, d’évêques et de responsables des principaux ministères administratifs. Benoît XVI, avec la liste des 15 nouveaux cardinaux, ne déroge pas à cette orientation saluée par tous les milieux conservateurs et appréciée par les principaux dirigeants de l’Occident chrétien. Si le Président des Etats-Unis doit soumettre au Sénat « élu » ses candidats pour occuper un poste de juge à la Cour suprême et si le Premier ministre du Canada accepte de soumettre au Parlement « élu » son choix de candidat pour ce même poste, le Pape se contente, pour sa part, de consultations internes auprès de ceux-là mêmes qui ont été nommés pour leurs allégeances. Tout se fait en cercle fermé et nous savons l’importance de ces nominations pour le maintien de certaines orientations. Pas surprenant que le portrait du gouvernement de l’Église reflète si peu celui de l’Église. En effet, qui pourrait, à partir de l’origine des cardinaux dans le monde, croire que l’Amérique Latine est le Continent comptant le plus de catholiques, que les plus pauvres sont les privilégiés du Royaume et que des centaines de milliers de personnes, portées par le message Évangélique, se font artisans d’une humanité nouvelle fondée sur la Justice, la Solidarité, la Vérité et la Liberté, cette liberté qui rejoint tous les humains de la terre ? Force est de constater que l’Église de ces derniers est sous le contrôle de gens qui proviennent pour la grande majorité des pays développés d’Europe et de l’Amérique du nord, qui appartiennent à des milieux favorisés et qui sont bien enracinés dans l’environnement politique et économique des idéologies dominantes. Ce n’est sûrement pas là le meilleur reflet de la catholicité de l’Église. ( http://humanisme.over-blog.com/article-328768.html )


À ces nominations il faut ajouter les discours faits d’affirmations et de condamnations sur certains points et de nombreux silences sur certains autres. Dans son intervention à l’occasion de la journée mondiale de la Paix, Benoît XVI a parlé de terrorisme sans dire un mot du terrorisme d’État et des mille et une formes qu’il peut prendre. Il a parlé de conflits toujours présents en Afrique et au Moyen Orient mais pas un mot de la guerre en Irak et de l’interventionnisme étasunien en Amérique Latine. Il a parlé de la nécessité pour les Nations Unies d’agir avec courage pour la Paix, mais pas un mot sur l’obstruction de Washington qui agit bien souvent à sa guise sans en tenir compte.
( http://humanisme.over-blog.com/article-1517399.htm ).

Tout récemment dans son Encyclique sur l’Amour, il rappelle, en pensant sans doute aux tenants de la théologie de la libération, que l’Église n’a pas à se substituer à l’État ni aux gouvernements qui les dirigent. Par contre, au même moment, le Vice Président de la Conférence Épiscopale du Venezuela, s’inspirant des interventions de Jean-Paul II en Pologne et en Amérique Latine, affirmait qu’il était de la responsabilité de l’Église d’intervenir à temps et à contre temps pour défendre les valeurs de liberté… Il va de soi que cette dernière intervention n’était pas visée par les propos du Pape et que la liberté dont il est question ici est celle mise de l’avant par Washington. (http://humanisme.over-blog.com/article-1703910.html )

Nous savons tous que le gouvernement actuel de l’Église seconde fortement Washington dans son désir de se défaire de l’actuel Président du Venezuela et, plus que tout, des orientations sociales qu’il met de l’avant. Un évêque d’Espagne, se réjouissant des dernières nominations de Benoît XVI au chapeau cardinalice et tout particulièrement du nouveau cardinal vénézuélien, alla jusqu’à parler de la « persécution de l’Église au Venezuela ». C’est là faire preuve d’une grande ignorance de la foi qui inspire l’actuel Président, Hugo Chavez, ainsi que des millions d’autres qui le suivent sur le chemin de la révolution bolivarienne. Le cardinal Lara, pour sa part, incite les partis d’opposition à promouvoir la désobéissance civile, sans encourir de mise en garde du Vatican et encore moins de condamnation. Tout au plus un rappel qu’il a le droit de s’exprimer comme citoyen, même si le point de vue exprimé n’est pas celui du Vatican.
(http://www.granma.cu/frances/2005/octubre/mier26/44nuncio.html (http://www.granma.cu/frances/2005/octubre/mier26/44nuncio.htm)
Une attitude de grande compréhension dont de nombreux militants de la théologie de Libération auraient aimé faire l’objet de la part de ces mêmes autorités. Le Père Ernesto Cardenal, prêtre, poète et écrivain, a fait un compte rendu d’un séjour effectué au Venezuela en 2004. Le lecteur peut s’y référer en lisant les textes qui suivent.
(http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2040) http://humanisme.over-blog.com/article-1092941.htm .

Le Carême, moment qui rappelle les quarante jours de Jésus au désert ainsi que les trois tentations mettant à l’épreuve son indépendance et sa liberté devant les trois grandes puissances qui dominent le monde (l’AVOIR, le POUVOIR, le PARAÎTRE), est, sans conteste, tout indiqué pour faire le point. Il ne fait pas de doute que la CATHOLICITÉ de l’Église (entendre son universalité dans son message et dans sa présence au monde) interpelle fortement ceux qui en ont la direction et la gouvernance. Les invectives de Jésus contre les pharisiens que nous relate l’évangéliste Mathieu au chapitre 23 de son Évangile, devraient être lues et méditées comme s’adressant à nous-mêmes. Pâque trouvera ainsi, pour nous, les croyants et les fonctionnaires de l’Église, toute sa signification en nous transformant en personnes libres devant les puissances de ce monde. Nous redeviendrons des personnes sur qui le Père peut compter pour que s’accomplisse sa Volonté. http://humanisme.over-blog.com/article-217284.html

Oscar Fortin

25 février 2006

http://humanisme.over-blog.com/article-138865.html

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