mardi 19 septembre 2006

BENOÎT XVI DANS LA TOURMENTE

Les réactions de l’Islam aux propos tenus par BENOÎT XVI ne relèvent pas uniquement de quelque sensibilité religieuse des disciples de MAHOMET ou, comme certains le pensent, d’une manipulation politique interne pour mieux justifier la violence contre l’OCCIDENT CHRÉTIEN. Il faut en chercher tout particulièrement l’explication dans le contexte politico religieux des guerres menés par l’OCCIDENT CHRÉTIEN contre les pays et les groupes appartenant à l’AXE DU MAL.

UNE ALLIANCE DISCRÈTE MAIS RÉELLE

BENOÎT XVI, pas plus d’ailleurs que JEAN-PAUL II ne l’avait fait avant lui, ne s’est dissocié ouvertement et sans équivoque de cette vision simpliste et arbitraire, consacrée par l’ADMINISTRATION de G.W. BUSH, faisant de ses guerres de conquêtes des guerres du BIEN contre le MAL. Il se trouve que dans cette vision, les pays de l’AXE DU MAL sont, pour un grand nombre, des PAYS MUSULMANS : l’IRAK, l’IRAN, la PALESTINE, l’AFGHANISTAN.

UNE CONDAMNATION QUI N’EST JAMAIS VENUE

Dès les débuts de cette mise en scène, il eût été, me semble-t-il, DE LA RESPONSABILITÉ DES AUTORITÉS CHRÉTIENNES de dénoncer, avec force, non seulement cette approche, mais encore, et avec plus de vigueur, ceux qui font appel à la foi chrétienne pour justifier ce « nettoyage » du monde des forces du MAL. Il suffisait de rappeler, non pas à mots couverts, mais clairement et sans équivoque, cette PARABOLE DE L’IVRAIE que JÉSUS lui-même nous a livrée. Aux travailleurs qui lui demandèrent s’il fallait libérer les champs de l’IVRAIE il eût cette réplique :

« NON, DIT-IL, DE PEUR QU’EN RAMASSANT L’IVRAIE VOUS NE DÉRACINIEZ LE BLÉ AVEC ELLE. LAISSEZ L’UN ET L’AUTRE CROÎTRE ENSEMBLE JUSQU’À LA MOISSON, ET AU TEMPS DE LA MOISSON JE DIRAI AUX MOISSONNEURS : « RAMASSEZ D’ABORD L’IVRAIE ET LIEZ-LÀ EN BOTTE POUR LA BRÛLER; QUANT AU BLÉ RECUEILLEZ-LE DANS MON GRENIER. » (Év. De Mathieu, ch. 13, vv 9-30)

DES VOIX SE FONT TOUT DE MÊME ENTENDRE

On ne peut passer sous silence cette prise de position courageuse des quatre pasteurs des Églises de Jérusalem qui, quelques jours avant cette « leçon de Benoît XVI », ont dénoncé, dans un document officiel, LE SIONISME CHRÉTIEN comme doctrine religieuse et politique allant tout à fait à l’encontre de l’enseignement des Évangiles. Une prise de position à laquelle les élites religieuses conservatrices étaient peu habituées de la part de leurs pasteurs. Certains vont jusqu’à suggérer que Benoît XVI, à l’invitation de certains milieux directement interpellés par cette déclaration, aurait voulu y faire contre poids en ramenant le débat de la violence, de la foi et de la raison du coté des fils et filles de Mahomet. Allons donc savoir….
http://www.alterinfo.net/index.php?action=article&id_article=446249

LES PAROLES CITÉES PAR BENOÎT XVI

C’est donc dans ce contexte socio politico-religieux que BENOÎT XVI se présente avec ce récit qui remonte à la fin du 14ième siècle :

«J'ai lu récemment le dialogue, publié par le professeur Theodore Khoury, entre l'empereur byzantin Manuel II Paléologue et un savant persan, peut-être dans le camp d'hiver d'Ankara en 1391, sur le christianisme, l'islam et leur vérité respective… l'empereur, d'une manière étonnamment brusque qui nous étonne, s'adresse à son interlocuteur tout simplement, avec une question sur le rapport entre religion et violence, et je cite: "Montre-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme sa directive de répandre la foi qu'il prêche au moyen de l'épée."

Contrairement aux quatre pasteurs des Églises de Jérusalem qui font l’autocritique de certains courants chrétiens porteurs de violence dont celui du sionisme chrétien et de certains milieux très conservateurs tant en Israël qu’aux États-Unis, BENOÎT XVI se tourne plutôt vers Mahomet pour faire sa leçon sur la Foi, la Raison et la Violence. Autant dans le premier cas les projecteurs sont braqués sur les déviations de ceux qui se font les apôtres du Bien, autant dans le second cas ils sont ramenés sur ceux déjà qualifiés par l’opinion occidentale d’AXE DU MAL.

En prenant cette approche, BENOÎT XVI, se place dans la logique de l’Administration Bush et renforce cette conviction, déjà amplement répandue, que le Vatican demeure un ALLIÉ inconditionnel de cette dernière. Au lieu d’être la PAROLE d’une ÉGLISE INDÉPENDANTE DES POUVOIRS DOMINANTS, elle s’en fait l’ÉCHO. Ce fut le cas de Jean-Paul II dans ses alliances avec l’Administration Reagan pour lutter contre le communisme en Europe et contre la théologie de libération et les gouvernements socialisants en Amérique latine. D’ailleurs, peu de temps avant sa mort, il acceptait des mains de G.W. Bush la Médaille de la Liberté en dépit du fait de la guerre en Irak et des centres de tortures à Guantanamo et en divers endroits en Irak et dans le monde. C’est également le cas avec Benoît XVI qui sait ménager à temps et à contre temps ses alliés. Dans son discours, lors de la Journée mondiale de la Paix, il s’est bien gardé de dénoncer et encore moins de condamner la guerre en Irak et la poursuite des combats en Afghanistan. Sur la première, pas un mot, et sur la seconde, il a vanté le courage et le mérite des soldats. Par ailleurs, il s’est attardé sur le terrorisme, celui que l’on identifie au monde islamique. Rien sur le terrorisme d’État ou d’organismes soutenus par les États pour déstabiliser des gouvernements ou des régimes, comme c’est le cas dans certains pays de l’Amérique Latine et ailleurs dans le monde.

UNE CATHOLICITÉ EN SOUFFRANCE

Comment, dans pareilles circonstances, être une référence crédible pour tous les peuples, toutes les cultures et toutes les races de la terre ? Comment avoir une PAROLE qui soit porteuse d’espérance pour ceux-là mêmes qui tombent sous les balles d’envahisseurs et de conquérants ? Comment être un PHARE qui ne porte aucun ombrage à la Vérité, à la Justice, à l’accueil, à la solidarité humaine dans ce qu’elle a de plus revitalisant ?

N’attendons pas six cent ans pour faire notre MEA CULPA des fautes d’aujourd’hui. Demandons pardon, dès aujourd’hui, pour n’avoir pas toujours eu la force que Jésus a eu au désert pour répondre à SATAN, cet EMPÉREUR DU MONDE, qui lui offrait tous ces pouvoirs avec la gloire de ces royaumes s’il acceptait de l’adorer. Sa réponse a été sans hésitation : « TU ADORERAS LE SEIGNEUR TON DIEU, ET C’EST À LUI SEUL QUE TU RENDRAS UN CULTE. » (Évangile, Luc, ch.4, vv. 6-8)

Oscar Fortin
Québec, 18 septembre 2006
http://humanisme.over-blog.com

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