dimanche 20 avril 2008

BENOÎT XVI AUX ÉTATS-UNIS

SPECTACLE DÉCEVANT POUR LE CROYANT QUE JE SUIS

Cette visite me laisse avec une profonde déception. Elle se ramène du début à la fin à un grand spectacle bien rodé et bien contrôlé. La parole redonnée à Ben Laden, quelques semaines avant le début de cette visite, a fourni l’outil nécessaire aux autorités pour mettre en place un système de sécurité permettant de contrôler les foules, les déplacements de Benoît XVI et de placer en toile de fond le terrorisme, particulièrement identifié à l’Islam et aux pays de l’axe du mal dont la liste a été élaborée par G.W. BUSH.

Nos médias, pour leur part, ont joué leur rôle de complaisance. La confrontation des points de vues, des analyses, n’a pas eu lieu. Les invités étaient tous des commentateurs répondant très bien aux objectifs visés par la mise en scène. Pourtant, Dieu sait qu’il y a des points de vue différents dans la manière de comprendre certaines approches, certains comportements et certains choix. La belle unanimité des commentateurs invités de RADIO CANADA m’a déçu tout autant que le spectacle lui-même. Ce n’est pas parce que les ressources manquent. Il suffit d’aller, entre autres ressources, sur le site CULTURE ET FOI pour réaliser que de nombreuses personnalités, profondément engagées dans leur foi, auraient pu être associées à cet exercice d’informer les auditeurs et auditrices. Le théologien Normand Provencher, un des plus brillants théologiens qu’a le Québec, ne se voit plus sur les plateaux de nos médias. Serait-ce que ses prestations ne répondent plus à leurs politiques éditoriales? Pareille situation ne nous donne pas beaucoup de crédibilité pour parler de la liberté de presse dans des pays comme la Chine ou Cuba.

Ce matin j’ai regardé le spectacle de la visite de Benoît XVI à « GROUND ZERO ». Pendant qu’il s’agenouillait pour prier, me sont venus à l’esprit les centaines de milliers de morts et encore plus de blessés en Irak, pays complètement étranger à ce qui s’est passé ce 11 septembre 2001. J’y ai revu ces milliers de personnes que les dictatures militaires de l’Amérique latine ont torturées, emprisonnées, tuées et dans plusieurs cas jetées à la mer souvent alors qu’elles étaient encore vivantes. J’y ai vu Mgr Romero, criblé de balles, alors qu’il célébrait la messe, ces jésuites, professeurs d’université au Salvador, et les laïcs qui étaient avec eux, assassinés froidement. Pareil regard oblige inévitablement à mettre en évidence toutes les formes de violence, toutes les formes de terrorisme, toutes les formes de haine et d’injustice. On ne peut passer sous silence toutes ces réalités pour ne parler que de celles dont la Maison Blanche veut bien que l’on parle. Ces trois mille morts, victimes de l’effondrement des tours, doivent être associés à toutes les victimes d’actes terroristes de quelques natures qu’ils soient. D’ailleurs nous ignorons toujours qui sont les véritables responsables de l’effondrement de ces tours et des morts qu’elles ont causées. Il y a des hypothèses et aucune certitude. Il faut savoir en tenir compte. Par contre nous savons qui sont derrières les gouvernements et mouvements répressifs de nombreux pays de cette Amérique latine à propos de laquelle Benoît XVI s’est fait si discret.

Je crois que le dévoilement des résultats de l’élection présidentielle qui se réalise aujourd’hui au Paraguay suscitera un meilleur intérêt. Les enjeux sont grands et la tentation pour en tronquer les résultats sera très forte. Pour certains la voix du peuple, la démocratie, est celle qui parle comme ils veulent qu’elle parle. Si ce n’est pas le cas, l’esprit démocratique dont ils se prévalent, la démocratie autoritaire comme disait Pinochet, veut qu’ils fassent taire ceux et celles qui s’opposent à leur volonté. Une histoire à suivre.

Oscar Fortin
20 avril 2008

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