jeudi 3 juillet 2008

INGRID BÉTANCOURT ENFIN LIBRE DES FARC

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour cette jeune femme de conviction et profondément déterminée à aller jusqu’au bout d’elle-même pour servir son idéal de justice et de vérité. J’ai été solidaire de tous les mouvements visant sa libération des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC). J’ai suivi de près les diverses initiatives mises en place pour sa libération et de façon particulière celles, du printemps 2007, déployées par le Président Chavez en étroite collaboration avec le Président de la Colombie. Nous connaissons les imbroglios qui ont conduit à la mise à l’écart du Président Chavez et de la sénatrice colombienne, madame Cordoba. Toutefois, suite aux pressions exercées par les familles des prisonniers des FARC, de façon particulière de la famille d’Ingrid Bétancourt et du Président Sarkozy, auprès du Président Chavez et de la sénatrice Cordoba, de nouvelles initiatives ont été prises, toujours en collaboration avec le Président de la Colombie. Ces dernières aboutirent à la libération de trois otages et permirent de mettre à l’épreuve une approche de nature à favoriser d’autres libérations, incluant évidemment celle d’Ingrid Bétancourt. La suite de ces initiatives a été l’intervention de l’armée colombienne en Équateur, tuant 15 personnes, composés de soldats des FARC, dont leur négociateur, et de civils.

Si mon sentiment de joie est très grand suite à la libération d’Ingrid Bétancourt et de ses 14 autres compagnons et compagnes, il n’arrive toutefois pas à couvrir entièrement un autre sentiment, celui-là d’une récupération honteuse d’une personne qui symbolise ce qu’il y a de plus beau et de plus noble dans l’humain, soit l’intégrité, la détermination, le courage, l’engagement pour la justice, la paix et la vérité. Je suis également troublé par rapport au sort réservé aux autres prisonniers toujours entre les mains des FARC. Quel sort leur réservera-t-on et quelle crédibilité aura dorénavant le Gouvernement colombien pour négocier de bonne foi avec ces dernières. N’auront-ils pas le sentiment d’avoir été de nouveau trahis? D’ailleurs, avec la libération d’Ingrid Bétancourt, le gouvernement colombien déploiera-t-il la même énergie pour libérer les autres otages dont la valeur politique n’égalera jamais celle que représentait cette dernière?

La couverture médiatique donnée à cet évènement écarte de façon systématique toute référence aux efforts déployés par le gouvernement du Venezuela et de façon particulière par le Président Chavez. POURQUOI? Lorsque tous les dessous de cette libération seront connus, peut-être découvrirons-nous que sa mise en marche aura été possible que grâce à l’intervention du Président Chavez en qui les responsables des FARC ont toujours cru en la « Parole donnée ». Peut-être, également, découvrirons-nous que les ententes visaient la libération progressive de tous les prisonniers et l’abandon des armes par les FARC. Force est de constater que les conditions pour la suite des négociations sont maintenant différentes. Une fois épuisé tout ce qui peut être récupéré par les hommes politiques en place, il faudra bien poursuivre les efforts pour libérer les otages toujours entre les mains des Forces armées révolutionnaires colombiennes sans oublier les centaines d’autres, hommes et femmes de ces Forces, détenus dans les prisons de l’État. Toute paix honorable devra passer par cette voie. À moins qu’on décide l’usage de la force d’anéantissement sans égard aux otages, n’étant pas, ces derniers, politiquement rentables.

Entre temps, comment ne pas souhaiter à Ingrid et à tous les autres qui ont été libérés, de goûter les joies de retrouvailles familiales bien méritées tout en se donnant le temps de décoder ce vécu à la lumière des idéaux qui les nourrissent. La crédibilité d’Ingrid Bétancourt est et sera immense du fait qu’elle est allée au bout d’elle-même et qu’elle a un accès privilégié aux médias et à l’affection des gens de bonne foi. Sa responsabilité n’en sera que plus grande. Sa libération des FARC est une chose, mais il ne faudrait pas qu’elle soit prise en otage, cette fois, par une autre force qui la conduirait subtilement à trahir les grandes valeurs qu’elle a portées et représentées pour les humbles de la terre et toute personne de bonne volonté.

Oscar fortin

Québec, le 3 juillet 2008

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