samedi 13 juin 2009

LA DÉMOCRATIE: LA BONNE ET LA MAUVAISE


Il y a de ces mots qui permettent aux politiciens et à de nombreux bien-pensants de mobiliser des armées pour assurer, implanter, défendre des intérêts spécifiques dans le monde. Le mot « démocratie », celle qui réfère à la liberté des peuples d’élire leurs représentants et de choisir leur destin, est un de ces mots. N’est-ce pas au nom de cette démocratie que les pays, membres de l’OTAN, envoient leurs soldats en Afghanistan? N’est-ce pas au nom de la « démocratie » que le « dictateur » Saddam Hussein a été renversé et que l’Irak a été transformé en un champ de bataille dont les morts ne se comptent plus? Pourtant…

Que font les « apôtres de la Démocratie » lorsque cette dernière risque de leur échapper ou qui leur échappe tout simplement? Ils ne restent certes pas les bras croisés, bien assis dans leurs fauteuils. Ils se mobilisent. Les électeurs et électrices sont leurs premières cibles. L’information ou la désinformation, selon les points de vue, viendra éclairer ou manipuler leurs opinions, leur perception des candidats en liste. Ils disposent, en général, d’un accès privilégié aux divers médias électroniques et peuvent compter sur des professionnels qui savent métamorphoser la vérité en mensonge et le mensonge en vérité, tel candidat ou tel autre en héros ou en diable sans que l’auditeur ou le lecteur moyen ne s’en rende compte. À cet outil qui donne, en général, de bons résultats, s’ajoutent des moyens plus techniques comme ceux permettant d’avoir un contrôle sur les mécanismes de votation et de comptabilisation des votes. L’argent sera disponible en quantité suffisante pour permettre d’aller le plus loin possible dans ce type d’opération. Par contre, si tous ces moyens n’arrivent pas à contenir dans le sens souhaité le vote des électeurs et électrices, les « apôtres de la démocratie », chercheront par tous les moyens à éliminer physiquement les opposants et faute d’y arriver ils trouveront les moyens de contester les résultats des élections, faisant appel à des fraudes électorales commises par les vainqueurs.

Nous connaissons tous le sort réservé à ces dirigeants charismatiques porteurs d’une façon nouvelle de mettre la politique et les ressources d’une nation au service de ses commettants. Le cas de Salvador Allende, Président du Chili dans les années 1970, est encore bien présent dans l’esprit de bien des gens. Celui d’Hugo Chavez, au Venezuela, demeure toujours sous haute surveillance. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on mette à jour des plans d’assassinat, de déstabilisation, de coups d’état. Même élu avec plus de 60% des votes et bénéficiant d’un appui national, dépassant les 70%, les « apôtres de la démocratie » n’y trouvent pas leur compte. Nous pourrions dire la même chose au sujet d’Évo Morales, Président élu de la Bolivie, comptant sur un appui qui dépasse les 65 % de la population bolivienne. Il faut croire que leur démocratie n’est pas bonne, celle-là même qui fait participer, pourtant, le peuple aux décisions importantes de son devenir.

Hier, le 12 juin 2009, il y a eu élection en Iran. Tous les communiqués de presse, préparés à l’avance par les soi-disant apôtre de la démocratie, parlait d’un vent de liberté et de changement dans la direction politique de l’Iran. Ils mettaient en évidence le nombre record de participation à cette élection qui allait faire histoire. Les reportages visuels mettaient en évidence leur candidat favori et ne manquaient pas l’occasion de relever le conservatisme et l’extrémisme du Président sortant. Mais, voilà, à la grande déception de ces auteurs, le Président sortant est réélu avec plus de 63% de la votation. Le peuple a parlé dans le sens d’un leader et d’une politique. Les « apôtres de la démocratie » parlent maintenant de fraudes électorales.

Serait-ce que les mots « démocratie » et « liberté » n’ont de sens que lorsqu’ils portent au pouvoir ces « apôtres aux vertus intouchables », leur permettant de faire ce que bon leur semble? Dans le cas contraire, ces mêmes mots deviennent « autoritarisme », « dictature », « oppression ». Les élus seront immanquablement des dictateurs et des oppresseurs qui manipulent et utilisent leurs peuples pour satisfaire leurs ambitions personnelles.

Je me souviens qu’au moment de la tenue du Concile Vatican II, les principaux postes d’autorité à la Curie romaine étaient occupés par des conservateurs pour qui l’obéissance aveugle à l’autorité était pratiquement un « dogme ». Or lorsque les décisions consulaires les ont ramenés à un ordre nouveau, ils n’ont pas tardé à mettre de coté leur « dogme d’obéissance aveugle » pour devenir des contestataires de l’autorité conciliaire. Aujourd’hui, ils ont repris le contrôle du Vatican et avec ce contrôle est réapparu le « dogme de l’obéissance aveugle ».

Certains trouveront vite l’excuse en disant qu’ils sont tous pareils, que les ambitions du pouvoir rejoint tout le monde et que les vices cachées les rattrapent tous. Je ne suis pas de cet avis. Il y a des leaders charismatiques tout comme il y a des prophètes qui affrontent les risques de la mort pour assurer et défendre des intérêts et des valeurs qui vont au-delà de leurs intérêts personnels. Pour les reconnaître, il faut toutefois sortir du monde de ses préjugés, de ses ambitions personnelles et aller au delà des informations manipulatrices qui nous sollicitent et dans bien des cas nous contaminent.

Oscar Fortin
Québec, le 13 juin 2009
http://humanisme.blogspot.com

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