jeudi 26 novembre 2009

VICTOR JARA : MARTYR DES OLIGARCHIES ET DE L'EMPIRE

Les années ne sauraient effacer tous ces crimes commis par ces soi-disant Croisés au service des grandes valeurs de l’Occident chrétien. Au Chili, dans les années 1970, ce furent les « mentors » et les alliés de Pinochet. En Argentine, ce furent ceux et celles qui ont soutenus la Junte militaire, dirigé par Jorge Rafael Videla. Dans l’ensemble de l’Amérique latine, ce furent tous ceux et celles qui ont rendu possible l’élaboration et la réalisation de l’opération Condor qui a fait, à elle seule, des milliers de morts, de torturés et de disparus. Ces évènements n’ont pu se réaliser qu’avec la complicité de certains hauts gradés des Églises, de celle des médias et des gouvernements alliés à celui de Washington. Au nom de la lutte contre le communisme on a voulu saper à la base tous les mouvements visant le mieux être des populations, une démocratie plus participative et un plus grand respect des personnes et des collectivités. Une culture populaire, portée par des chanteurs, des acteurs, des artistes de toute provenance, donnait une âme à cette montée des peuples latinos vers une plus grande indépendance et une plus grande justice.

VICTOR JARA, chanteur-compositeur chilien, a été une des premières victimes de la dictature de Pinochet, en 1973. On se souviendra de ces témoins qui racontèrent comment les militaires lui coupèrent les doigts et l’obligèrent à chanter devant plus de 6000 de ses compatriotes, détenus, tout comme lui, dans le stade de Santiago. L’écrivain Miguel Cabezas, alors présent dans la foule des détenus, raconte ce qu’il a vu et vécu.

« On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l’officier, une hache apparut. D’un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d’un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s’écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6000 détenus. L’officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : « Chante maintenant pour ta putain de mère », et il continua à le rouer de coups. Tout d’un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l’on entendit sa voix qui nous interpellait : « On va faire plaisir au commandant.» Levant ses mains dégoulinantes de sang, d’une voix angoissée, il commença à chanter l’hymne de l’Unité populaire, que tout le monde reprit en chœur. C’en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant. D’autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort.»

Cette figure, qui a survécu dans la mémoire de millions de personnes à travers ses chansons et son témoignage de véritable martyr, refait surface, 36 ans plus tard, à la UNE de certains médias plus libérés que d’autres. Le corps du chanteur, retrouvé il y a quelques mois, avait été envoyé en Autrice pour une recherche médico-légale sur l’identification du corps et les causes de son décès. L’étude en question vient de confirmer qu’il s’agissait bien du corps du chanteur et indique qu’il est mort suite à de multiples projectiles reçus au crâne, à l’estomac, au ventre, aux pieds et aux bras. Plus de 44 impactes de ces projectiles ont été relevés. C’est dire la haine et le niveau de conscience inhumaine de ceux qui en ont été les auteurs.

Maintenant que l’anticommunisme ne peut plus servir de couverture pour réprimer, on utilise tout autre subterfuge pour garder mainmise ou la reprendre sur les institutions politiques, judiciaires, économiques et religieuses. Nous en voyons des illustrations avec ce qui se passe actuellement au Honduras, en Bolivie, au Paraguay, au Venezuela. Des actions subversives cherchent à déstabiliser les gouvernements démocratiques pour mieux les renverser et reprendre ainsi le contrôle des pouvoirs perdus. Les médias, dont ils ont le contrôle, se chargent de noircir le plus possible ces ennemis dont la seule faute est de vouloir assurer à leur peuple, l’indépendance, le contrôle des institutions politiques, judiciaires et économiques et surtout en faire les premiers bénéficiaires des réformes au niveau de l’éducation, des soins de santé, de l’habitation, de l’alimentation et d’une plus grande participation dans leur devenir politique.

Nous savons maintenant, mieux qu’avant, que les oligarchies d’aujourd’hui sont les mêmes que celles d’hier et qu’elles sont toujours capables des pires atrocités et tromperies pour obtenir gain de cause. Il n’y a aucun humanisme ni aucune civilisation  à attendre de ces gens, sauf celle de dominer. Si l’histoire de Victor Jara vous a émus et que vous croyez aux élections du 29 novembre prochain au Honduras, il y a de bonnes chances que vous auriez été de ceux ou celles qui auraient soutenus les assassins de Victor Jara. Souvent nos silences font de nous des assassins et des tortionnaires. Notre seule excuse est souvent la désinformation avec laquelle ont retient nos cris de colère. Au nom de Victor Jara et de tous les martyrs de ces oligarchies, je rappelle son histoire pour qu'on ne l'oublie pas.


Oscar Fortin

Québec, le 26 novembre 2009

http://humanisme.blogspot.com

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