Rarement aura-t-on fait référence avec autant d’insistance à la communauté internationale pour analyser et confirmer les résultats du premier tour de scrutin pour les présidentielles. C’est maintenant fait, le rapport sera remis officiellement au Président et au Conseil électoral, mais déjà des fuites permettent de confirmer que le candidat proche du parti au pouvoir, Jude Célestin, passe au troisième rang et que l’OEA recommande que les participants au second tour soient Mirlande Manigat y Michel Martelly, le chanteur. Ce dernier serait passé au second rang avec une majorité de 3000 voix sur son plus proche rival, Jude Célestin..
Dans le présent cas, la communauté internationale représentée par l’OEA se ramène aux États-Unis, au Canada et à la France, les trois pays identifiés par l’OEA pour participer à cette révision du comptage des votes. Dans un article antérieur, j’ai eu l’occasion de commenter cette façon de faire.
À l’occasion du premier anniversaire de ce terrible tremblement de terre les forces les plus sécurisantes de la dite communauté internationale, se donnent rendez-vous. Il y la représentante du Congrès des États-Unis, la républicaine d’origine cubaine, Ileana Ros-Lehtinen, bien connue pour ses prises de position anti-Chavez et ses nombreux appuis aux actions terroristes contre Cuba. Le Vatican sera également au rendez-vous avec son représentant spécial le cardinal Robert Sarah qui apportera un don de 1 200 000 $ de la part du Pape.
La Presse internationale sera évidemment là pour mettre en relief le travail extraordinaire de la communauté internationale qui est parvenu à résoudre le problème du recomptage des votes au premier tour du scrutin présidentiel. L’occasion sera toute désignée pour appeler à l’unité des forces humanitaires afin d’affronter le grand défi de la reconstruction. Les bourses pourront se délier et les argents promis, il y un an, pourront arriver sous forme de divers services d’ingénierie, de services de santé, de matériaux de toute espèce. La solidarité internationale enfin à l’œuvre au service d’un peuple mal aimé par la nature et le destin. Premier pays des Antilles et de l’Amérique latine à avoir conquis son indépendance en 1804, il aura appris avec les années que le destin, aidé par certaines forces humaines, ne lui aura pas permis d’en jouir longtemps.
Tout cela est bien beau, mais rien de moins certain que tout entrera dans l’ordre de cette communauté internationale encore mal définie. Ce matin, dans Prensa latina, Fidel Castro fait appel à cette autre communauté internationale qui forme l’Assemblée générale des Nations Unies et à celle formée par les pays de l’Amérique latine, pour qu’on évite l’horreur de nouveaux bains de sang à ce peuple déjà amplement éprouvé. Il craint que le candidat, proche du gouvernement et qu’a écarté l’OEA pour le second tour se résiste à une telle opération de prise de contrôle du scrutin et que ses partisans se révoltent eux aussi devant une telle ingérence des États-Unis, du Canada et de la France qui ont placé leurs pions sous le couvert de l’OEA qu'ils contrôlent en la personne de son secrétaire général, José Miguel Insulza.
Il semble qu’il est temps que la dite communauté internationale élargisse ses bases de manière à rejoindre la véritable communauté internationale, seule en mesure de donner de la crédibilité aux actions entreprises. La paix recherchée par la manipulation et la tromperie ne saurait apporter la stabilité si nécessaire au peuple Haïtien. Une autre fois ce sera le peuple qui paiera la note.
Oscar Fortin
Québec, le 11 janvier 2011-01-11
Un an après on peut mesurer les possibilités de reconstruction d’Haïti. En un an, seulement 5% des débris ont été ramassés, et à se rythme là, ça va prendre 20 ans pour tout ramasser et ensuite commencer la reconstruction. Si cela continue ainsi, les gens d’ici et d’ailleurs vont se désintéresser d’Haïti et le pays tombera une fois de plus dans l’oubli le plus total. Il y aura d’autres catastrophes ailleurs qui monopoliseront les médias et notre attention, comme par exemple au Pakistan, au Brésil ou en Australie.
RépondreEffacerDepuis un an, il n’a pas de gouvernement en Haïti, car plusieurs députés et membres de la classe politique ont été tués, les ministères, les hôpitaux, les écoles détruits, etc., il ne reste que le président René Préval sortant. L’aéroport, les douanes, les ports sont aux mains de mafieux qui contrôlent tout. Le pays est paralysé. Que faire? Je vous donne un exemple. Gilles Bernier, vice-président aux relations publiques de Canam de la Beauce et son équipe ont rencontré deux fois, au mois de mars et avril derniers, le président René Préval, pour lui offrir un édifice multifonctionnel clé en mains. « Dites-nous où vous voulez qu’on le construise à Port-au-Prince, nous mettons tout le matériel nécessaire sur le bateau et dans les trois semaines qui viennent nous commençons les travaux. Depuis un an, personne n’y a donné suite. Le ministre Pierre Arcand du gouvernement du Québec est au courant, et ce don (expertise, matériel, personnel fournis gratuitement) demeure malheureusement sans réponse. Que faire de plus? Que les Nations-Unies mettent ce pays en tutelle, je ne sais plus quoi penser!
Bonsoir Marius, merci pour ton commentaire. Vu d'ici,il est évident qu'il y a un problème et que ce problème, selon les informations transmises par nos médias, vient de l'inertie du gouvernement et de René Préval. Je pense que les choses sont plus complexes et que les responsabilités peuvent être partagées tout autrement si nous y regardons de plus près. Combien de fois avons-nous eu l'occasion d'entendre dans nos médias l'actuel Président nous dire comment il voyait la situation? Combien de fois avons-nous donné la parole au Premier ministre pour entendre comment la communauté internationale pouvait apporter son aide? Les ONG sont arrivés et ont investi sans se demander ce que les gouvernements municipaux et nationaux pouvaient avoir comme priorité et surtout comme manière d'investir. La coopération avec les autorités a été beaucoup apprécié de la part des pays de l'ALBA et d'UNASUR. Selon les informations de Prensa latina, le Président Préval s'est beaucoup investi dans la lutte contre l'épidémie du choléra. Personnellement,je pense que l'actuel gouvernement a été complètement boycotté par certains acteurs importants de la communauté internationale et que les fonds prévus pour Haïti ont été consciemment reteunus de manière à ce que l'actuel gouvernement ne puisse en tirer avantage politique. Dans certains autres pays on investi souvent des dizaines de millions de dollars pour le succès escompté ne soit pas au rendez-vous. Il suffit d penser à ce pays voisin qu'est Cuba que l'on talonne depuis plus de 50 ans pour que cette révolution soit un véritable échec. C'est évidemment une perception personnelle qui s'alimente toutefois de certains comportements difficilement compréhensibles en dehors de cette approche.
RépondreEffacerJe suis d’accord avec vous M. Fortin. La situation d’Haïti est fort complexe. Avec tout l’aide reçue de l’extérieur, des pays aussi pauvres sinon plus pauvres qu’Haïti s’en sortent aussi bien sinon mieux. D’après ma petite expérience, il y a quatre grands défis :
RépondreEffacer1) Je questionne la direction de la CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti) co-présidée par l’ex-président américain Bill Clinton. Quelle est son expertise dans le domaine d’une planification sur le terrain? Comment se fait-il qu’il ait été nommé là? Les États-Unis comme la France ont été des colonisateurs et je crois qu’aucun représentant de ces pays devrait siéger sur cette commission et éventuellement sur d’autres comités de planification? Pourquoi ne pas avoir nommé un Japonais qui a le sens aigu de la planification et de l’organisation du travail? De plus, cette commission n’a réalisé que 4 rencontres en 2010 et s’est contentée de faire de beaux projets sur papier comme on peut le constater dans le lien suivant : http://www.cirh.ht/sites/ihrc/fr/ News%20and%20 Events/News/Pages/ ApprovedProjects.aspx
2) L’autre obstacle, c’est la présence des ONG qui travaillent en parallèle sous différents intérêts privés. La majorité de ces ONG devrait être mise dehors. Je ne parle pas ici le la Croix Rouge, d’Oxfam, du Ceci, de Développement et paix, et quelques s’unes d’autres reconnues mondialement. D’ailleurs voici ce déclarait il n’y a pas si longtemps un représentant d’Oxfam : Oxfam pointe du doigt l'échec de la Commission provisoire de reconstruction d'Haïti (CIRH) créée en avril et dirigée par l'ancien président américain Bill Clinton. Paralysée, la commission ne s'est réunie que trois fois en un an, selon Camille Chalmers, économiste haïtien, qui témoigne auprès du Nouvelliste.com (voir vidéo). Il dénonce le manque de transparence dans l'attribution des fonds de la commission et la non-consultation des ONG de base reconnues mondialement.
3) Troisièmement, ce ne sont pas les sommes d’argent débloquées par la Communauté internationale qu’Haïti a besoin, c’est du matériel, des planificateurs, des techniciens de haut niveau, des ingénieurs, des architectes, capables de travailler avec des experts locaux.
4) Il est urgent qu’un président soit élu et qu’une structure gouvernementale soient mise en place. Soutenu par la police et l’armée haïtienne, le président devrait avoir des pouvoirs spéciaux pour pouvoir gouverner par décrets dans une période bien définie dans le temps afin de couper court aux spéculateurs, aux mafieux, aux oligarchies locales, aux entreprises étrangères trop gourmandes, etc. Le gouvernement, aidé de son armée, doit prendre le contrôle des aéroports, des ports et des douanes. Comment voulez-vous reconstruire le pays dans des délais raisonnables, quand il faut soudoyer un à un les petits douaniers souverains qui contrôlent les marchandises, le transport et le commerce? C’est aux besoins de base de la population haïtienne qu’il faut s’attaquer, comme les soins de santé (hôpitaux, cliniques, médicaments) d’hygiène (accès à l’eau potable, égouts, récupérations des ordures) de logements convenables antisismiques, d’emplois décents, d’éducation, (des écoles, du matériel scolaire, un corps professoral). Et que dire des infrastructures et des routes… la liste est longue.
Merci, M. Morin, pour votre dernier commentaire qui apporte des éléments importants que la communauté internationale, le gouvernement Haïtien et les divers ONG devront prendre en considération. Ce sera toutefois difficile du fait qu'en sous-main, il y a une lutte de pouvoir politique et économique qui se joue entre certaines puissances étrangères et des puissances internes. Je dirais oui pour l'armée si c'est pour défendre les intérêts du peuple haïtien, mais je dirais non si c'est pour protéger les intérêts des prédateurs.
RépondreEffacerUne histoire bien triste à suivre.