dimanche 6 février 2011

LORSQUE LA DÉMOCRATIE DEVIENT TROMPERIE


Dans nos sociétés occidentales la démocrate fait partie de l’acte de foi portant sur les valeurs fondamentales des droits de la personne et des peuples. En son nom, nos armées se déploient dans diverses régions du monde pour apporter aux personnes et aux peuples la démocratie, ce bien devenu indispensable à toute société qui se respecte. Les citoyens et citoyennes que nous sommes, appuyons ces initiatives, toute humanitaires, au service du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à se gérer comme ils l’entendent dans le cadre du droit international. Les familles pleurent leurs soldats qui y meurent et nos représentants politiques mettent en évidence la grandeur de leur dévouement et du don de leur vie au service d’une cause aussi noble.

Les évènements des dernières semaines révèlent qu’il n’y a pas qu’une démocratie, qu’il y en a d’autres pas toujours aussi nobles. Ils nous révèlent également que nos gouvernements y ont trouvé plaisir à traiter avec ces types de démocratie qui n’ont de parenté avec celle décrite plus haut que le nom. Bien plus, ces évènements nous confrontent à une réalité encore plus douloureuse, celle d’apprendre qu’elles n’existent que grâce à nos propres gouvernements.

Nous découvrons que le régime démocratique d’Égypte, n’est qu’une dictature sanguinaire oppressive, digne d’être classée au même rang que ces dictatures militaires, en Amérique latine, qui ont fait, pendant de nombreuses années, la loi et des milliers de morts. Nous apprenons que Moubarak, l’actuel président, répond aux ordres de ceux qui lui donnent des milliards de dollars, dépensés en armements et en pourboires somptueux. Pendant 30 ans, nos gouvernements n’ont trouvé rien à redire sur ce bon gouvernement démocratique. Il en est de même pour la Tunisie où, pendant des années, le Président laissait son peuple dans la misère et veillait à garnir ses coffrets de sécurité dans les banques suisses. Il a fallu que les peuples sortent dans la rue et mettent à nue la grande tricherie pour que nos gouvernements réalisent tout d’un coup qu’ils n’étaient pas des démocraties mais des dictatures. Comment n’ont-ils pas vu plus tôt qu’il en était ainsi? Ne disposent-ils pas des meilleurs services d’intelligence et de renseignements au monde? La réalité est beaucoup plus simple : ils en étaient des complices.

Ce qui se passe au Moyen Orient met au banc des accusés non seulement ces dictateurs déguisés en démocrates, mais aussi, et avec encore plus de responsabilité, nos dirigeants de l’Occident qui se réclament des grandes valeurs de l’humanisme chrétien. Ce sont eux qui ont rendu possible ces dictatures, ce sont eux qui les ont couverts du manteau de la démocratie, ce sont eux qui ont menti à leurs peuples en ne leur disant pas la vérité.

Après autant de révélation, les peuples de l’Occident ne peuvent plus faire confiance à leurs dirigeants, croire à ce qu’ils racontent. Dans ces circonstances, que penser de cette guerre en Afghanistan pour laquelle nos soldats risquent leur vie et celle de milliers d’autres? Est-ce encore une autre grande tricherie où démocratie va rythmer avec dictature, asservissement du peuple, exploitation des richesses? Que penser de cette mascarade d’interventions en Haïti visant à modifier l’ordre dans les résultats obtenus lors de la première ronde de votation? Est-ce pour permettre au peuple de se prendre en main lui-même ou pour s’assurer qu’il ne s’écarte pas de leur influence déterminante dans la gestion de l’aide internationale et dans les orientations politiques à venir?

Nous pourrions repasser l’ensemble des interventions de nos gouvernements en relation à la démocratie, comprise comme pouvoir du peuple pour le peuple. Il y a gros à parier que nous sortirions de cet exercice fort déçus. D’abord, d’avoir été bernés par des gens en qui nous avons mis notre confiance, mais aussi par tout cet environnement médiatique qui sait si bien les servir.

Il faudra bien qu’un jour, le peuple que nous formons, se prenne en main et fasse le ménage avec ces faiseurs de mensonges et de tricheries.

Oscar Fortin

Québec, le 5 février 2011

http://humanisme.blogspot.com

3 commentaires:

  1. Excellent article. D’ailleurs, à ce propos, il serait intéressant que vous puissiez retracer une entrevue que le poète chansonnier Guy Béart donnait récemment sur une chaîne de télévision française. Son intervention allait dans le même sens que vos propos. Cependant, en faisant un historique de ses nombreuses chansons traitant de sujets « politiques », il nous faisait, à juste titre, remarquer jusqu’à quel point, déjà à la fin des années cinquante et au cours des années soixante, que non seulement dénonçait-il nos gouvernements bien pensants, mais aussi le « bon peuple » qui les élisaient. Sans mot couvert, il dénonçait furieusement les bonnes personnes que nous laissons croire que nous sommes.

    Bonne semaine,

    André Tremblay

    P. S. :

    Sur un tout autre sujet, je n’arrive plus à mettre la main sur votre adresse électronique : j’en ai deux vous concernant, mais il semble que ce ne soit pas les bonnes. Conséquemment, si vous avec le temps ou, si le cœur vous en dit ou les deux, pourriez-vous me laisser un mot pour que je puisse noter cette adresse que je n’arrive plus à retracer ? En fait, j’ai éliminé tous mes comptes internet, à l’exception de deux, de telle sorte que mon carnet d’adresses électroniques s’est subitement trouvé tout à fait dégarni…n’y ayant pas pensé avant d’effectuer ces fermetures de comtes, lesquels étaient devenus tout aussi inutiles qu’encombrants.
    A. T.

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  2. Merci M. Tremblay pour votre commentaire qui ne manque pas de pertinence. Votre référence au chansonnier Guy Béart et à l'historique de ses chansons nous révélent, une autre fois, votre grande culture sur ces chansonniers qui nous racontent, un peu comme des prophètes, ce qui se passe dans notre bas monde.

    p.s. En suivant vos informations sur mon adresse de courriel, celle sur hotmail vous conduira certainement à bon port.

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  3. Je vais donc faire une nouvelle tentative et essayer de saisir cet os...

    André Tremblay

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