Murs tapissés de
cartes prépayés pour acheter les votes
De toute
évidence, les dernières élections présidentielles au Mexique posent problème à
de nombreux mexicains, au collectif
Yosoy-132 et tout particulièrement au principal parti de l’opposition, dirigé
par Andrés Manuel Lopez Obrador, également identifié par ses initiales AMLO. Si
le représentant du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) n’a pas attendu
le décompte final pour s’autoproclamer le vainqueur du présent scrutin, ses
adversaires n’ont pas tardé à faire valoir, avec preuves à l’appui, que le Mexique
venait de vivre une des élections les plus corrompues de son histoire et que
cette fois ce serait par la voie légale qu’elle serait remise en question.
· Un bref
rappel historique
Le Mexique est un
immense pays de près de 107 millions de personnes, regorgeant d’immenses
réserves pétrolières, d’un secteur touristique qui absorbe plus de 50 % de
la main-d’œuvre comparativement au secteur primaire avec 18 % et au
secteur secondaire avec 24 %. Il est l’arrière-cour de la puissance
économique et politique des États-Unis. En 1848, après une guerre sanglante, le
pays est envahi par les forces militaires des États-Unis et un traité est signé
visant la concession d’un immense territoire au nord du Rio Bravo.
« La
guerre se termine par la signature en 1848 du traité de Guadeloupe Hidalgo par lequel
le Mexique reconnaît le Rio Bravo comme sa frontière avec le Texas. De plus, le
Mexique cède plus de 40 % de son territoire aux États-Unis, soit près de
2 000 000 de km2. Les États de la Californie, Nouveau-Mexique, Arizona, Nevada, Utah, la majeure partie du Colorado et le
sud-ouest du Wyoming représentent
les territoires que les États-Unis ont annexés à la suite de la guerre
américano-mexicaine. En 1857 est promulguée la constitution qui règle
les institutions politiques mexicaines jusqu'en 1917. »
Tout en étant
un pays indépendant, le Mexique demeure sous le contrôle d’une oligarchie
puissante, soutenue et encadrée par la présence impériale des États-Unis, son
voisin du Nord. Dans ce contexte, toute élection devient une mise en scène où
le peuple ne parvient pas à faire sortir des urnes le vote qu’il y a placé.
C’est un peu comme si à la beurrerie le lait centrifugé se transformait en
margarine plutôt qu’en beurre. Le vote du peuple est transformé par des
milliers d’interventions en un vote oligarchique, garant des intérêts de
ces derniers. La présente élection, tout comme celle de 2006, n’y échappe pas.
Les moyens sont plus sophistiqués, l’hypocrisie et les mensonges, plus subtils,
mais le peuple, lui, a changé. Il est plus instruit et sa jeunesse, plus
fortement organisée.
· Une entente suspecte
entre Google et l’Institut fédéral électoral (IFE)
Le journal la
Jornada nous apprend
que Google a mis gratuitement sa plateforme informatique de diffusion de
l’information électorale au service de l’Institut Fédérale Électoral. Il est
donc celui qui, le premier, va recevoir toute l’information que lui transmettra
l’IFE. Si ce n’était que de Google comme outil de recherche et de diffusion de
l’information, ce ne serait sans doute pas un problème, mais il y a plus que Google.
En effet,
depuis décembre 2010, nous
savons que toute une partie de l’administration générale étasunienne est passée à
l’entreprise Google.
« Les Services d’Administration Générale (GSA) américains ont annoncé aujourd’hui leur décision de faire passer leurs 17 000
employés et contractuels à la solution Google Apps for Government. La GSA supervise les activités du
gouvernement fédéral américain, fournissant des services de gestion et
d’acquisition de biens immobiliers et bâtiments, et procurant également une
assistance à d’autres agences fédérales. »
Il y a
évidemment des activités purement administratives, prévues à l’entente, mais
aussi des activités d’assistance à
d’autres agences fédérales. Dieu sait que ces agences sont multiples et
qu’elles sont présentes dans à peu près tous les milieux où les États-Unis ont
des intérêts à protéger et des richesses à conquérir. Dans le cas du Mexique et
tout particulièrement dans la conjoncture de l’Amérique latine où les peuples
s’éveillent et se mobilisent pour reconquérir leur indépendance et leur
souveraineté, les États-Unis et les oligarchies nationales ne peuvent se
permettre de perdre le contrôle de la gouvernance du pays. Cette dernière
éventualité est d’autant plus réelle que le candidat AMLO et la coalition qu’il
dirige ont le vent dans les voiles.
Dans un
excellent article sur les
élections mexicaine 2012, nous apprenons entre autres, « que pour cette élection du 1er juillet plus de 3 500 000
jeunes entre 18 et 19 ans voteront pour la première fois à une élection
présidentielle. Plus de la moitié des citoyens ayant droit de vote le 1er
juillet ont entre 18 et 39 ans, représentant plus de 43 millions de personnes
sur un total de 79 500 000 d’électeurs inscrits, soit 55 % de la
population votante. »
Une population jeune, plus instruite et, ces derniers temps, beaucoup plus
mobilisée. Le collectif « YoSoy 132 », première grande expression du printemps mexicain, a de quoi interpeller
et faire craindre les oligarchies et l’empire.
Il ne fait aucun doute que tous les moyens ont été pris par les oligarchies
et les États-Unis pour contrer une victoire possible de la coalition de gauche
sous la direction d’AMLO. Google fait partie, à n’en pas douter de cet arsenal.
· Quelques
unes des plaintes
Le collectif YoSoy-132 a mis à jour une
entente secrète, liant la principale chaîne de télévision mexicaine, Televisa, et le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Televisa mettrait l’emphase sur le candidat du PRI et
lui accorderait beaucoup de temps d’antenne alors qu’elle se ferait plutôt
critique du candidat Obrador tout en évitant de le mettre positivement en
évidence.
À cette
première dénonciation s’ajoutent celles recueillies tout au long du scrutin.
D’abord ce scandale, mis à jour par le journal la Jornada, de cartes prépayées
qui étaient remises à des électeurs et électrices en échange de leur vote pour
le candidat du PRI. Selon certaines évaluations, ce seraient des millions de
votes qui auraient été ainsi achetés.
Il y a
également toute cette documentation accumulée tout au long de la journée
électorale. AMLO, les partis qui l’accompagnent ainsi que la grande
majorité des mouvements sociaux disposent actuellement d’une documentation qui
prouve l’irrégularité du suffrage dans plus de 113 855 boîtes de scrutin sur
les 143 132 qui existent. De quoi amener l’Institut fédéral électoral à assumer
ses responsabilités constitutionnelles et à s’assurer que le vote émis par le
citoyen et la citoyenne fut un vote libre qui se retrouve inscrit au bon
endroit au terme du processus électoral.
· LE RECOMPTAGE À LUI
SEUL NE SAURAIT SUFFIRE
L’article 295
du Code Fédéral des Institutions et des Procédures Électorales (COFIPE)
DIT CECI :
« Le conseiller du district devra réviser de
nouveau le scrutin et sa compilation chaque fois qu’il existent des erreurs et
des inconsistances évidentes de faits qui peuvent être corrigées ou clarifier à
la lumière d’autres éléments à la satisfaction entière de celui qui l’aura
demandé, ou quand le nombre de votes nuls devient supérieur ou quand tous les
votes sont déposés en faveur d’un même candidat. »
Dans le cas présent, le recompte, à lui seul, ne saurait
suffire. Comment, en effet, distinguer dans les boites de scrutin les votes
achetés de ceux qui ne l'ont pas été? Comment évaluer les votes qui sont allés
au candidat Pena Nieto en raison de la couverture , à sens unique, de certains
grands médias? Comment reconnaitre les votes directement conditionnés par le
dépassement des sommes autorisées pour la campagne électorale? Ces éléments de
preuve doivent se faire sur d'autres références que celles des votes dans les
urnes. C’est l’objet de la requête au plus haut tribunal électoral du pays.
Cette requête
devrait, normalement réjouir tous les vrais démocrates qui accordent au peuple
le pouvoir de choisir librement et sans contrainte ses élus. Quoi de plus
normal que son vote soit libre et respecté. C’est ce que réclame AMLO. S’il y a
eu des erreurs, qu’elles soient corrigées et si les dommages sont tels que la
volonté du peuple ne s’y retrouve plus, qu’il y ait un nouveau scrutin.
Un premier
recomptage sans surprise
Le président
de l’IFE a ordonné, mercredi
le 4 juillet, le recomptage de 54.4 % des votes pour l’élection
présidentielle. Par contre, l’éditorialiste de la Jornada de ce même jour et
Andrés Manuel Lopez Obrador, du Mouvement progressiste, réclament, pour leur
part, un recomptage complet de tous les bulletins de vote.
Il faut dire que, selon l’IFE, le recompte tel qu’il se déroule présentement
porte sur les informations de compilation des votes, réalisée par les
fonctionnaires des 300 districts électoraux. Il ne s’agit donc pas de reprendre
le recompte de chaque vote présents dans les boites de scrutin, mais de revoir
les fiches transmettant les résultats de ce décompte tel qu’effectué par les
fonctionnaires d’alors.
À cette première étape des vérifications il
est normal que les fiches produites par les conseillers soient à peu près les
mêmes que celles transmises par les autorités de l’IFE. Cette procédure
explique que ce recomptage a pu s’effectuer en l’espace de deux jours et que le
résultat rejoint, pour l’essentiel, les données officielles. Ce type de
recomptage n’est pas de nature à révéler de grandes irrégularités et les
autorités du PRI le savent très bien. Elles n’ont pas d’objection à poursuivre
ce type de recomptage pour l’ensemble des boites de scrutin. À ce niveau, tout
a été prévu.
El conteo oficial de los votos, según el
IFE, consiste en el cotejo, en cada uno de los 300 distritos electorales del
país, de las actas con los resultados que llenaron los funcionarios de casilla.
Conscients de
l’inefficacité de ce décompte, les partis politiques de la coalition de gauche
(PRD, PT et Mouvement citoyen) n’ont pas attendu les résultats de ce
premier recomptage pour décider d’aller plus à fond dans leur démarche et de présenter,
dans les jours qui viennent, une requête officielle à la Salle supérieure du
Tribunal électoral suprême du pays. La coalition ne peut accepter une élection,
de toute évidence inéquitable, et il reviendra au tribunal d’en annoncer
l’annulation. Ce sera par la voie légale que la preuve sera faite, entre
autres, de millions de votes achetés par la remise de cartes prépayées, du rôle
joué par certains médias, tel Televisa, en faveur d’un seul parti politique et
du dépassement important par le PRI des
montants autorisés pour l’élection.
Rôle des observateurs internationaux
Il est
curieux de constater que les centaines d’observateurs internationaux, présents
sur les lieux, le jour du vote, n’aient rien observé d’anormal. Ils se font
plus que silencieux. La Jornada
rapporte que le 30 juin, la veille des élections, plus de 160 de
ces observateurs ont été reçus, pendant près de deux heures, par le candidat du
PRI. Même la délégation de l’OEA n’avait rien de spécial à dire, elle qui se
fait habituellement si active en pareille circonstance.
Il faut
croire que nous n’en sommes qu’à un début d’un processus où les principaux
dirigeants de l’IFE se révèleront bons joueurs pour procéder au recomptage de
tous les votes, question de faire oublier, entre autres, la fraude de l’achat des votes comptabilisés
comme votes en faveur de Pena Nieto ainsi que tous les moyens utilisés pour
que les votes dans les boites de scrutin donnent invariablement Pena Nieto
vainqueur de la présente élection. Obrador et ceux qui le suivent seront
qualifiés de mauvais perdants.
La suite de
cet affrontement juridique portera sur ce qui s’est passé en amont et en aval
du vote émis dans la boite à scrutin. Nous n’en sommes plus au simple
recomptage des votes.
Oscar Fortin
Québec, le 4 juillet 2012
Merci beaucoup pour écrire cet article, Monsieur Fortin et informer avec véracité:
RépondreEffacerCi-dessous, ce que les médias aux Mexique, taisent:
Mega marchas Anti-imposition en 37 Villes du Mexique 7 juillet 2012 (liste non exhaustive):
México: http://youtu.be/FbzEY4_iW_E et http://youtu.be/L3CXjOzR620
Monterrey: http://youtu.be/u43cScnQIzc (20 000 personnes)
Guadalajara: http://youtu.be/I6U8GJL0t4E (30 000 ersonnes)
Cancun: http://youtu.be/AoNKje68HJ (7000 personnes)
Puebla; http://youtu.be/t_3JKw2SWek : (15 000 personnes)
Acapulco: http://youtu.be/zeHTgsYnsas
Ciudad Juarez: http://youtu.be/fp8XGZqiDic
Tijuana: http://youtu.be/cBhVYeHHeSE
Acapulco: http://youtu.be/A410kXT3Q2U
Puerto Vallarta: http://youtu.be/7Hxl6qKAMTE
Cordoba, Veracruz: http://youtu.be/nUS3rcOZGWQ
Torreon, Coahuila: http://youtu.be/can7zAUgJi0
Etranger:
Montreal, Canada: http://youtu.be/_UjYN75_E78
Los Angeles, USA: http://youtu.be/N18Oa0Nfl-Q
Les citoyens mexicains crient: “Mexique sans PRI”, “Non à la Fraude”, “IFE vendu, le Mexique est offensé”, “non au vandalisme”, “gaviota, gaviota comment est morte l’autre?”, “Arret la tv et allume le spirit”, “nous sommes en train de travailler, nous sommes en train de nettoger les élections” , “Enrique comprend la patrie ne se vend pas”, “l’IFE est un danger pour le Mexique” “que le PRI rende tout ce qu’il nous a volé”, “Peña comprend, le peuple ne t’aime pas”, «Le peule fatiguée d’autant de tricheries », «Nous lisons, nous ne regardons pas Televisa » ; « Televisa te idiotiza = Televisa te rends idiot », « Las noticias de Televisa dan risa=Les informations de televisa font rire», « TELERISA », « Presse vendue, fais bien les comptes, nous ne sommes pas 1, nous ne sommes pas 10, nous sommes très, très nombreux », «Repitan las elecciones, se me acabó la despensa», «Nous voulons des écoles et pas des sitcoms», « Peña entiende, tu n’est pas président », «Peña n’as pas gagné», etc. etc.
Merci anonyme pour votre commentaire. J'espère qu'Obrador n'attendra pas à la toute dernière minute pour présenter son rejet des présentes élections. Un vice de procédure serait suffisant pour faire avorter toute démarche en ce sens. Je souhaite que ses conseillers sont conscients de cela ainsi que de tout évènement pouvant retarder le dépôt de l'objection légale. Une crevaison, un embouteillage, une migraine , un accident etc.... Vous savez ce dont je veux parler.
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