jeudi 11 octobre 2012

SABRA ET CHATILA



ÇA VOUS DIT QUELQUE CHOSE?


Il y a trente ans, 3000 palestiniens, hommes, femmes et enfants furent massacrés et tués. Autant la shoah a été et est toujours pour les juifs et le monde un crime contre ce qu’il y a de plus inhumain, autant le massacre de Sabra et Chatila devrait l’être.

 "C'était une nuit sans lune. Ils ont illuminé le ciel avec des fusées éclairantes", se souvient cette femme de 53 ans, les yeux sombres cernés de rides profondes qui en disent long sur son chagrin. "Les miliciens ont fait irruption dans notre maison avec des mitraillettes, et ont achevé certains membres de ma famille au couteau. Ils ont tué ma cousine Amal, l'ont éventrée et ont retiré son bébé. »

Grâce aux travaux du chercheur Seth Anziska, de l'université Columbia, qui a eu accès à des archives israéliennes et à son article, paru tout récemment dans le New York Times, sous le titre "Un massacre évitable", nous en savons plus sur les auteurs de ces crimes.

Dans cet article, il met en évidence le rôle prédominant d’Ariel Sharon, alors ministre israélien de la défense, qui imposa son point de vue à  l’ambassadeur accrédité de Washington pour le Moyen Orient, Morris Draper, à l’effet que les camps fourmillaient de terroristes. Ce dernier, « obnubilé par son objectif de voir les Israéliens se retirer de Beyrouth, accrédite comme réel un fait non avéré – la présence de "terroristes" supposément restés par milliers dans les camps – et accorde à son allié 48 heures de présence supplémentaire dans la ville. "En résumé, il finit par dire aux Israéliens : 'Bon, allez-y, tuez les terroristes, et vous partirez ensuite. » Or, les supposés terroristes étaient partis depuis déjà plusieurs jours. Il était facile d’en faire le constat.

Ce travail de massacre fut confié aux phalangistes chrétiens qui avaient l’occasion de venger l’assassinat, quelques jours plus tôt,  de leur Président, récemment élu.

Justice n’a toujours pas été faite sur ces crimes. « En Israël, une commission d'enquête a attribué, en 1983 la "responsabilité personnelle" mais "indirecte" des massacres à Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, et la responsabilité directe à Elie Hobeika, chef des renseignements des Forces libanaises (milice chrétienne). » Aujourd’hui s’ajoute la responsabilité des Etats-Unis, représentés par Morris Draper, qui donna le feu vert. 

On ne peut se laver les mains de ces crimes. Ces femmes, ces enfants et ces hommes réclament toujours, après 30 ans, que justice soit faite.

Oscar Fortin
Québec, le 10 octobre 2012



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