lundi 31 janvier 2005

LE TROISIÈME ÂGE AU BANC DES ACCUSÉS

Que ce soit l’approche favorisée par le Gouvernement du Québec au Forum des générations ou la manière avec laquelle certains medias traitent de la dette publique, les personnes âgées, les retraités sont de plus en plus mis au banc des accusés. Les faiseurs d’opinion donnent facilement l’impression que ces derniers, en se retirant du marché du travail, ne paient plus d’impôt et laissent ainsi aux jeunes générations le fardeau des coûts rattachés à leur vieillissement. Ils deviennent les privilégiés d’un système et un fardeau pour ceux et celles, de moins en moins nombreux, qui entrent et demeurent sur le marché du travail.

La Revue l’Actualité dans son numéro du 1ier octobre dernier présentait en couverture le visage d’un enfant avec en grosse lettre ce titre «Cet enfant doit 31 000 $ ». Pourtant, à peine deux semaines plus tôt, soit le 16 septembre, Statistique Canada publiait dans le Quotidien :

La valeur nette nationale a atteint 4,2 billions de dollars à la fin du deuxième trimestre, soit 131 100 $ par habitant. (Deuxième trimestre de 2004 )

C’est dire que la même Revue aurait pu tout aussi bien titrer son dossier : « Cet enfant vaut à sa naissance 131 000 $ ».

Il y a dans l’approche adoptée quelque chose de pernicieux et de malhonnête. C’est comme un venin que l’on infiltre subtilement dans les relations intergénérationnelles et qui ne peut être que dommageable pour tous. Pourquoi alors agir de la sorte ? Pourquoi amener les jeunes à s’élever contre les aînés et à en faire les responsables des déficits et des dettes ?

Où sont les études comparatives qui mettent en évidence les impôts payés par les personnes à la retraite et ceux payés par les autres couches d’âge ? Où sont les dossiers qui développent les dépenses effectuées par ces mêmes personnes pour subvenir à leurs besoins et permettent à bon nombre d’entreprises de vivre et de se développer par les services qu’elles achètent ? Nous savons tous que le troisième âge est une clientèle cible d’un bon nombre d’entreprises qui vivent d’elle. Combien d’impôt ont-ils payés durant leur vie active pour développer les réseaux d’éducation, de soins de santé, de sécurité sociale, de transport etc. ?

Avant de s’attaquer aux personnes âgées et de monter les jeunes générations contre elles pour, peut-être, justifier plus facilement la privatisation de certains soins de santé et des coupures sur l’assurance médicament, il serait sans doute plus honnête de revoir l’ensemble de la fiscalité. Des milliards de dollars sont laissés en amortissement dans les poches d’entreprises rentables sans parler d’autant de milliards dans les paradis fiscaux. Que dire des avantages financiers réservés à certaines activités spéculatives et à certains groupes ?

S’il y a quelque part un effort à faire tous doivent être mis à contribution et l’exemple doit venir d’abord d’en haut. De la rigueur dans la gestion, de la sobriété dans les conditions de travail et de la transparence dans les comptes publiques. Commençons par éviter les gouffres financiers qui ne cessent de se multiplier. Cet argent va sûrement quelque part.

Oscar Fortin

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