mercredi 2 février 2005

LA DÉMOCRATIE ET LA GUERRE

La question de la démocratie se pose avec d’autant plus d’acuité et de pertinence que les tenants de la guerre se donnent pour objectif l’implantation de celle-ci dans le pays visés par cette même guerre. M. Bush et ceux qui le suivent ne veulent-ils pas libérer l’Irak du régime dictatorial de Saddam Hussein pour y implanter la démocratie ? Mais qu’en est-il de la décision démocratique d’une telle initiative ?

Les dernières semaines et plus particulièrement les derniers jours ont donné lieu à des situations mettant clairement en évidence le vide constitutionnel laissant la voie libre aux dirigeants politiques de décider de questions n’ayant jamais fait l’objet d’un débat publique lors de campagne électorale. Sans ces manifestations au Québec, au Canada, au Chili, au Mexique et un peu partout dans le monde disant haut et fort le refus de la guerre, un plus grand nombre de nos dirigeants politiques auraient sans doute basculé dans le camp de l’administration Bush.
Dans plusieurs autres cas toutefois, les pressions exercées par les tenants de la guerre ont eu le dessus sur la démocratie et ont entraîné plusieurs dirigeants et chefs d’État sur le sentier de la guerre. Ce fut le cas, entre autre, en Espagne, en Angleterre, en Turquie et dans quelques autres pays. M. Chrétien n’a-t-il pas reconnu lui-même avoir subi de telles pressions, mais qu’il n’était pas à vendre.

Il est tout de même curieux que les apôtres de la démocratie dans le monde soient les premiers à bouder cette même démocratie lorsqu’elle se prononce dans un sens différent de leur volonté. La réaction de certains milieux américains à la décision de la France et de sa population de s’opposer à cette guerre en dit long sur le sens démocratique des acteurs en présence. Beaucoup d’autres pays plus petits et moins puissants que la France vont souffrir pendant longtemps de la mauvaise humeur du grand frère pour avoir oser affirmer leur indépendance et le respect de la volonté de leur population. On peut penser au Chili et au Mexique pour n’en nommer que deux.

Pour éviter toutes ces situations confuses des dirigeants politiques pris en tiraille entre la volonté de leurs commettants et celles des dirigeants étrangers sur une question aussi importantes que celle d’aller ou non en guerre offensive ou préventive pourquoi n’y aurait-il pas une obligation constitutionnelle de consultation de la population ? Cette consultation dont la forme resterait à définir permettrait les débats appropriés des diverses options et deviendrait la référence des mandats accordés à nos représentants politiques. Les pressions extérieures ne pourraient plus avoir d’effet sur les chefs d’État, ces derniers étant liés aux mandats accordés par leur population.

La médecine de la démocratie retrouverait ainsi toute sa vigueur et son efficacité.

Oscar Fortin

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