Il y a des moments dans l’histoire qui nous obligent à aller au fond des choses et à prendre un langage qui ne laisse aucun doute sur le sens à lui donner. Ce fut le cas pour les interventions des prophètes dans l’Ancien Testament qui sont venus marteler le sens à donner à l’action de Dieu dans l’histoire du peuple juif. Jérémie, Isaïe, Ezéquiel et tous les autres ont pris la parole sans ménager ceux et celles à qui elle était destinée. Ce fut également le cas pour Jésus qui n’a pas ménagé les soi-disant défenseurs de la loi derrière laquelle ils aiment se placer pour mieux protéger, dans bien des cas, leurs privilèges et la bonne opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. La Loi, celle qu’il est venu accomplir et que les prophètes n’ont eu de cesse de rappeler est celle qui s’enracine dans les deux grands commandements que sont l’amour de Dieu et l’amour du prochain. C’est une Loi qui vit de l’Esprit de Dieu et qui ne peut être comprise et vécue que dans l’ouverture à cet Esprit.
LE SANHÉDRIN ET JÉSUS
Les Évangiles évoquent à maintes reprises les démêlés de Jésus avec les autorités religieuses de son temps. Le Sanhédrin, institution constituée de doctes juifs faisant office d'autorité suprême religieuse et de cour de justice politique, siégeait à Jérusalem et avait juridiction sur la Judée. Il est alors composé de soixante et onze membres, la majorité desquels sont des docteurs pharisiens ou appartiennent à la noblesse sacerdotale juive (sadducéens). Beaucoup d’anecdotes nous les présentent cherchant à piéger Jésus pour mieux le discréditer. C'est notamment devant cette assemblée (le Sanhédrin) et son grand prêtre Caïphe que Jésus comparait avant d'être jugé par les Romains (le conseil ne pouvant prononcer de condamnation à mort). Pierre, Jean et Etienne ainsi que Jacques, le frère de Jésus passeront aussi à leur tour devant les membres de la docte assemblée. Certains (Pierre et Jean battus de verges) s'en sortiront mieux que d'autres (Etienne et Jacques seront lapidés pour avoir violé la loi hébraïque).
Jésus n’y va pas de mains mortes avec ces défenseurs de la loi et ces garants de l’orthodoxie religieuse. Il est même surprenant qu’il accorde à cette question du fanatisme religieux autant de place comparativement, par exemple, à celles portant sur la morale et la sexualité. Les invectives prononcées nous montrent un Jésus qui n’a pas froid aux yeux et qui se porte prioritairement à la défense des valeurs de justice, de miséricorde et de la bonne foi des personnes. (Mt. Ch. 23,23) Cette intervention mérite d’être citée dans ses passages les plus significatifs pour nous.
1. Alors Jésus s'adressa aux foules et à ses disciples en disant :
2. « Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les Pharisiens :
3. faites donc et observez tout ce qu'ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas.
4. Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt.
5. En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes. C'est ainsi qu'ils font bien larges leurs phylactères et bien longues leurs franges.
6. Ils aiment à occuper le premier divan dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues,
7. à recevoir les salutations sur les places publiques et à s'entendre appeler »Rabbi» par les gens.
8. « Pour vous, ne vous faites pas appeler »Rabbi» : car vous n'avez qu'un Maître, et tous vous êtes des frères.
9. N'appelez personne votre »Père» sur la terre : car vous n'en avez qu'un, le Père céleste.
10. Ne vous faites pas non plus appeler »Directeurs» : car vous n'avez qu'un Directeur, le Christ.
11. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
12. Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé.
13. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le Royaume des Cieux ! Vous n'entrez certes pas vous-mêmes, et vous ne laissez même pas entrer ceux qui le voudraient ! [
15. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui parcourez mers et continents pour gagner un prosélyte, et, quand vous l'avez gagné, vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous !
23. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela.
24. Guides aveugles, qui arrêtez au filtre le moustique et engloutissez le chameau.
25. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui purifiez l'extérieur de la coupe et de l'écuelle, quand l'intérieur en est rempli par rapine et intempérance !
34. C'est pourquoi, voici que j'envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes : vous en tuerez et mettrez en croix, vous en flagellerez dans vos synagogues et pourchasserez de ville en ville,
35. pour que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang de l'innocent Abel jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez assassiné entre le sanctuaire et l'autel !
36. En vérité, je vous le dis, tout cela va retomber sur cette génération !
37. « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes..., et vous n'avez pas voulu !
38. Voici que votre maison va vous être laissée déserte.
39. Je vous le dis, en effet, désormais vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
LE SANHÉDRIN ET JÉSUS
Les Évangiles évoquent à maintes reprises les démêlés de Jésus avec les autorités religieuses de son temps. Le Sanhédrin, institution constituée de doctes juifs faisant office d'autorité suprême religieuse et de cour de justice politique, siégeait à Jérusalem et avait juridiction sur la Judée. Il est alors composé de soixante et onze membres, la majorité desquels sont des docteurs pharisiens ou appartiennent à la noblesse sacerdotale juive (sadducéens). Beaucoup d’anecdotes nous les présentent cherchant à piéger Jésus pour mieux le discréditer. C'est notamment devant cette assemblée (le Sanhédrin) et son grand prêtre Caïphe que Jésus comparait avant d'être jugé par les Romains (le conseil ne pouvant prononcer de condamnation à mort). Pierre, Jean et Etienne ainsi que Jacques, le frère de Jésus passeront aussi à leur tour devant les membres de la docte assemblée. Certains (Pierre et Jean battus de verges) s'en sortiront mieux que d'autres (Etienne et Jacques seront lapidés pour avoir violé la loi hébraïque).
Jésus n’y va pas de mains mortes avec ces défenseurs de la loi et ces garants de l’orthodoxie religieuse. Il est même surprenant qu’il accorde à cette question du fanatisme religieux autant de place comparativement, par exemple, à celles portant sur la morale et la sexualité. Les invectives prononcées nous montrent un Jésus qui n’a pas froid aux yeux et qui se porte prioritairement à la défense des valeurs de justice, de miséricorde et de la bonne foi des personnes. (Mt. Ch. 23,23) Cette intervention mérite d’être citée dans ses passages les plus significatifs pour nous.
1. Alors Jésus s'adressa aux foules et à ses disciples en disant :
2. « Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les Pharisiens :
3. faites donc et observez tout ce qu'ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas.
4. Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt.
5. En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes. C'est ainsi qu'ils font bien larges leurs phylactères et bien longues leurs franges.
6. Ils aiment à occuper le premier divan dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues,
7. à recevoir les salutations sur les places publiques et à s'entendre appeler »Rabbi» par les gens.
8. « Pour vous, ne vous faites pas appeler »Rabbi» : car vous n'avez qu'un Maître, et tous vous êtes des frères.
9. N'appelez personne votre »Père» sur la terre : car vous n'en avez qu'un, le Père céleste.
10. Ne vous faites pas non plus appeler »Directeurs» : car vous n'avez qu'un Directeur, le Christ.
11. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
12. Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé.
13. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le Royaume des Cieux ! Vous n'entrez certes pas vous-mêmes, et vous ne laissez même pas entrer ceux qui le voudraient ! [
15. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui parcourez mers et continents pour gagner un prosélyte, et, quand vous l'avez gagné, vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous !
23. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela.
24. Guides aveugles, qui arrêtez au filtre le moustique et engloutissez le chameau.
25. « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui purifiez l'extérieur de la coupe et de l'écuelle, quand l'intérieur en est rempli par rapine et intempérance !
34. C'est pourquoi, voici que j'envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes : vous en tuerez et mettrez en croix, vous en flagellerez dans vos synagogues et pourchasserez de ville en ville,
35. pour que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang de l'innocent Abel jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez assassiné entre le sanctuaire et l'autel !
36. En vérité, je vous le dis, tout cela va retomber sur cette génération !
37. « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes..., et vous n'avez pas voulu !
38. Voici que votre maison va vous être laissée déserte.
39. Je vous le dis, en effet, désormais vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
Ces invectives mettent en évidence, entre autres, le caractère pervers du légalisme qui transforme les institutions en des pouvoirs sans âme. La « lettre » prend la place de l’ «esprit », « les lois et toutes les doctrines qui s’y rattachent» se substituent à « la Loi fondamentale de l’amour», l’ «extériorité» s’impose à l’ «intériorité », les « apparences » deviennent « réalité », le culte devient la foi. De quoi nous faire réfléchir sur la réalité de notre Église.
LE VATICAN ET L’ÉGLISE
Deux mille ans se sont écoulés depuis ce discours de Jésus. Deux mille ans d’histoire qui ont vu naître les premières communautés chrétiennes, leur organisation, l’encadrement des responsabilités de leurs chefs, la définition des dogmes, la mise en place des lois et réglementations précisant les actes de culte et les célébrations liturgiques. C’est ainsi que les catholiques se retrouvent, aujourd’hui, avec le Vatican, institution qui tient lieu et place de gouvernent de l’Église. Il y a un Pape, comme il y avait à l’époque de Jésus un Grand Prêtre. Il y a des cardinaux, des évêques, des prêtres, un gouvernement avec ses ministères et départements. Les nominations se font à l’interne et les décisions sont prises par voie d’autorité, investie des pouvoirs divins. Le VATICAN est en quelque sorte le pendant du SANHÉDRIN.
La COMMUNAUTÉ DES CROYANTS qu’est l’ÉGLISE ne souscrit pas toujours à tout ce que le VATICAN fait, décrète, ordonne. Théologiens, prophètes et croyants de toute provenance font entendre leurs voix. Le Concile Vatican II dont Jean XXIII a pris l’initiative s’est inscrit dans la continuité de l’ouverture au monde amorcée par les mouvements d’action catholique ouvrière et par une réflexion théologique attentive aux problèmes contemporains. Bien des théologiens s’étaient fait rappeler à l’ordre et bien des initiatives, comme celle des prêtres ouvriers, n’étaient pas les bienvenues. Des conflits surgirent ici et là et les écarts entre le Peuple de Dieu et les structures ecclésiales devinrent de plus en plus grands. Le Concile a rendu possible de nombreux débats, certains traités à l’interne, mais également plusieurs autres l’ont été sur la place publique. Beaucoup de ces questions continuent d’alimenter les discussions et les échanges. Ça dérange évidemment ces autorités peu habituées à être à l’écoute de la Parole de Dieu qui leur arrive par une voie autre que celle qu’elles se sont elles-mêmes définie. L’élan donné par le Concile a vite été récupéré par les tenants d’une pensée plus conservatrice, et l’ouverture amorcée a été rapidement mise en quarantaine.
Ainsi beaucoup de questions continuent d’être soulevées. Mentionnons, entre autres, celui du sacerdoce des femmes, du célibat des prêtres, des finalités du mariage, de l’homosexualité, du contrôle des naissances, de l’avortement, de l’Église comme communauté de croyants. On discute également de démocratie dans l’exercice du pouvoir, de théologie de libération et d’option pour les pauvres. On parle du gouvernement de l’Église, de son approche des problèmes et de sa proximité avec les pouvoirs en place. De plus en plus de voix s’élèvent pour que les Évangiles occupent de nouveau toute la place. Qu’ils soient libérés du carcan des dogmes, des réglementations, des directives autoritaires qui finissent par accaparer toute l’attention et à faire oublier l’essentiel du message de Jésus aux personnes de bonne volonté. On veut que le Christ Ressuscité et son Esprit soient reconnus comme les vrais chefs de l’Église, ceux à qui nous devons amour et fidélité, et de qui nous tenons, chacun selon la grâce reçue, les dons qui donnent vie au Corps qu’est l’Église. On veut que les pécheurs soient les bienvenus, que les couples remariés aient accès à l’Eucharistie qui donnent force et vie… Il n’est pas venu pour les gens en « santé » mais pour ceux et celles qui sont malades, qui savent qu’ils sont pécheurs et qui sont bien conscients que leur désir de perfection est constamment en décalage avec leur capacité réelle d’y arriver. On veut que la responsabilité ultime soit renvoyée à la conscience de chacun en qui l’Esprit agit tout autant que dans ceux qui dirigent.
Il faut redonner à Jésus la Parole et entendre ce qu’il a à dire aux grands prêtres et aux docteurs de la loi des temps modernes. Il est là et parle à travers la mort de Mgr Romero, celle des 7 jésuites assassinés au Guatemala et de combien d’autres en raison de leur engagement au service de la justice, du respect des personnes et des peuples. Il est là dans l’engagement et la poésie du Père Ernesto Cardenal du Nicaragua, dans le témoignage d’un Jean Vanier engagé auprès des handicapés, d’un abbé Pierre au service des ouvriers et des sans abris. Il est également là avec cette sœur Emmanuelle qui a partagé une partie de sa vie avec les chiffonniers et chiffonnières au Caire. On l’a évidemment reconnu dans l’œuvre de mère Teresa, mais qu’en fait-on lorsqu’il nous interpelle à travers les théologiens de la libération, les apôtres de l’œcuménisme et de la réconciliation des Églises. Que nous dit-il, LUI, du terrorisme sous ses mille et une formes, des guerres, des moyens de communication, des ambitions démesurées de certains par rapport aux pouvoirs inexistants de certains autres ? Il est là dans la voix de ceux et celles qui dénoncent les alliances avec les pouvoirs en place, qui relèvent les silences complices avec les puissants, qui condamnent la manipulation des messages pour mieux contrôler l’emprise de certaines orientations.
Jésus nous appelle de nouveau à briser les chaînes qui nous retiennent à l’immobilisme, à la superficialité des évènements, à la complaisance à l’endroit des grands et des puissants de ce monde, aux plaisirs de l’avoir, du pouvoir et du paraître. Il nous invite à mettre de coté « la langue de bois » impersonnelle et sans vie pour retrouver la liberté de l’Esprit et lui donner toute la place dans le monde d’aujourd’hui.
C’est pourtant ce que Pâques nous enseigne et nous confirme. Celui que l’on a mis en croix, le Père l’a ressuscité et est devenu la Tête de l’Église qui vit en Lui et par Lui. Si nous avons des comptes à rendre c’est à lui qu’il nous faudra les rendre. Son message continue d’être un message d’espérance pour l’ensemble de l’humanité et l’Église doit en être témoin. La liberté dont il a témoigné est celle-là même qu’il nous donne aujourd’hui pour poursuivre son œuvre de salut. « Que celui qui croit en moi, nous dit Jésus, me suive. »
Oscar Fortin
23 mars 2006
LE VATICAN ET L’ÉGLISE
Deux mille ans se sont écoulés depuis ce discours de Jésus. Deux mille ans d’histoire qui ont vu naître les premières communautés chrétiennes, leur organisation, l’encadrement des responsabilités de leurs chefs, la définition des dogmes, la mise en place des lois et réglementations précisant les actes de culte et les célébrations liturgiques. C’est ainsi que les catholiques se retrouvent, aujourd’hui, avec le Vatican, institution qui tient lieu et place de gouvernent de l’Église. Il y a un Pape, comme il y avait à l’époque de Jésus un Grand Prêtre. Il y a des cardinaux, des évêques, des prêtres, un gouvernement avec ses ministères et départements. Les nominations se font à l’interne et les décisions sont prises par voie d’autorité, investie des pouvoirs divins. Le VATICAN est en quelque sorte le pendant du SANHÉDRIN.
La COMMUNAUTÉ DES CROYANTS qu’est l’ÉGLISE ne souscrit pas toujours à tout ce que le VATICAN fait, décrète, ordonne. Théologiens, prophètes et croyants de toute provenance font entendre leurs voix. Le Concile Vatican II dont Jean XXIII a pris l’initiative s’est inscrit dans la continuité de l’ouverture au monde amorcée par les mouvements d’action catholique ouvrière et par une réflexion théologique attentive aux problèmes contemporains. Bien des théologiens s’étaient fait rappeler à l’ordre et bien des initiatives, comme celle des prêtres ouvriers, n’étaient pas les bienvenues. Des conflits surgirent ici et là et les écarts entre le Peuple de Dieu et les structures ecclésiales devinrent de plus en plus grands. Le Concile a rendu possible de nombreux débats, certains traités à l’interne, mais également plusieurs autres l’ont été sur la place publique. Beaucoup de ces questions continuent d’alimenter les discussions et les échanges. Ça dérange évidemment ces autorités peu habituées à être à l’écoute de la Parole de Dieu qui leur arrive par une voie autre que celle qu’elles se sont elles-mêmes définie. L’élan donné par le Concile a vite été récupéré par les tenants d’une pensée plus conservatrice, et l’ouverture amorcée a été rapidement mise en quarantaine.
Ainsi beaucoup de questions continuent d’être soulevées. Mentionnons, entre autres, celui du sacerdoce des femmes, du célibat des prêtres, des finalités du mariage, de l’homosexualité, du contrôle des naissances, de l’avortement, de l’Église comme communauté de croyants. On discute également de démocratie dans l’exercice du pouvoir, de théologie de libération et d’option pour les pauvres. On parle du gouvernement de l’Église, de son approche des problèmes et de sa proximité avec les pouvoirs en place. De plus en plus de voix s’élèvent pour que les Évangiles occupent de nouveau toute la place. Qu’ils soient libérés du carcan des dogmes, des réglementations, des directives autoritaires qui finissent par accaparer toute l’attention et à faire oublier l’essentiel du message de Jésus aux personnes de bonne volonté. On veut que le Christ Ressuscité et son Esprit soient reconnus comme les vrais chefs de l’Église, ceux à qui nous devons amour et fidélité, et de qui nous tenons, chacun selon la grâce reçue, les dons qui donnent vie au Corps qu’est l’Église. On veut que les pécheurs soient les bienvenus, que les couples remariés aient accès à l’Eucharistie qui donnent force et vie… Il n’est pas venu pour les gens en « santé » mais pour ceux et celles qui sont malades, qui savent qu’ils sont pécheurs et qui sont bien conscients que leur désir de perfection est constamment en décalage avec leur capacité réelle d’y arriver. On veut que la responsabilité ultime soit renvoyée à la conscience de chacun en qui l’Esprit agit tout autant que dans ceux qui dirigent.
Il faut redonner à Jésus la Parole et entendre ce qu’il a à dire aux grands prêtres et aux docteurs de la loi des temps modernes. Il est là et parle à travers la mort de Mgr Romero, celle des 7 jésuites assassinés au Guatemala et de combien d’autres en raison de leur engagement au service de la justice, du respect des personnes et des peuples. Il est là dans l’engagement et la poésie du Père Ernesto Cardenal du Nicaragua, dans le témoignage d’un Jean Vanier engagé auprès des handicapés, d’un abbé Pierre au service des ouvriers et des sans abris. Il est également là avec cette sœur Emmanuelle qui a partagé une partie de sa vie avec les chiffonniers et chiffonnières au Caire. On l’a évidemment reconnu dans l’œuvre de mère Teresa, mais qu’en fait-on lorsqu’il nous interpelle à travers les théologiens de la libération, les apôtres de l’œcuménisme et de la réconciliation des Églises. Que nous dit-il, LUI, du terrorisme sous ses mille et une formes, des guerres, des moyens de communication, des ambitions démesurées de certains par rapport aux pouvoirs inexistants de certains autres ? Il est là dans la voix de ceux et celles qui dénoncent les alliances avec les pouvoirs en place, qui relèvent les silences complices avec les puissants, qui condamnent la manipulation des messages pour mieux contrôler l’emprise de certaines orientations.
Jésus nous appelle de nouveau à briser les chaînes qui nous retiennent à l’immobilisme, à la superficialité des évènements, à la complaisance à l’endroit des grands et des puissants de ce monde, aux plaisirs de l’avoir, du pouvoir et du paraître. Il nous invite à mettre de coté « la langue de bois » impersonnelle et sans vie pour retrouver la liberté de l’Esprit et lui donner toute la place dans le monde d’aujourd’hui.
C’est pourtant ce que Pâques nous enseigne et nous confirme. Celui que l’on a mis en croix, le Père l’a ressuscité et est devenu la Tête de l’Église qui vit en Lui et par Lui. Si nous avons des comptes à rendre c’est à lui qu’il nous faudra les rendre. Son message continue d’être un message d’espérance pour l’ensemble de l’humanité et l’Église doit en être témoin. La liberté dont il a témoigné est celle-là même qu’il nous donne aujourd’hui pour poursuivre son œuvre de salut. « Que celui qui croit en moi, nous dit Jésus, me suive. »
Oscar Fortin
23 mars 2006
Monsieur Fortin,
RépondreEffacerPlus j'avançais dans la lecture de ce texte et plus j'ai constaté que très peu de pas nous séparent de l'époque de Jésus, hélas!
Selon vous, monsieur Fortin, combien de temps faudra-t-il encore pour que ces personnes instruites et cultivées, pour que ces dirigeants, autant des sociétés laïques que religieuses, mettent leurs connaissances au service et au profit d'un monde d'ouverture, de tolérance, de partage, pour un monde de Paix?
André Tremblay, 26 mars 2006.
Monsieur Tremblay je trouve votre observation peritnente à savoir que plus passe le temps plus le monde se ressemble... Votre question m'inspire une réponse que je souhaiterais prophétique à savoir au moment de l'émergence de lHomme nouveau, de l'humanité nouvelle vers les années 2050. C'est d'ailleurs l'année qui identifie votre blog sur la société et son devenir...
RépondreEffacerMerci pour l'intérêt manifesté...
oscar fortin
Monsieur Fortin,
RépondreEffacerNe me remerciez pas: C'est que vos textes m'intéressent et m'interpellent au plus haut point!
Acceptez, monsieur Fortin, mes salutations distinguées.
André Tremblay, consultant en gestion humaine des ressources.