Samedi, le 22 juin, j’ai participé, dans les rues de Québec, à la manifestation contre la guerre en Afghanistan. Au même moment 2000 militaires circulaient également dans cette même ville, soutenus, évidemment, par leurs parents et les membres de leurs familles. En effet, comment ne pas être au coté des siens à la veille d’un départ douloureux sur une terre étrangère pour y mener une guerre sanglante ?
La manifestation à laquelle j’ai participé, beaucoup plus limitée, s’est déroulée dans l’ordre et de façon responsable. Les orateurs rappelaient les mensonges qui enveloppaient les vrais motifs de cette présence militaire canadienne en Afghanistan et la grande tromperie de l’aventure dans laquelle étaient entraînés nos soldats. Des morts de femmes, d’enfants, de civils, tous innocents et étrangers à cette guerre pour le contrôle de la drogue, le transport du pétrole, notamment, sans compter celles des soldats de tous les camps tombés au combat. Les orateurs n’ont pas manqué de faire ressortir les vrais motifs derrière cette aventure qui n’a rien à voir avec les grandes valeurs dont on l’enveloppe pour mieux la faire digérer. Entre temps, nous assistons aux sacrifices des familles qui verront partir les leurs vers un destin inconnu et de tous ces morts dont nous serons, nous tous, les citoyens canadiens, ultimement responsables.
Des journalistes et photographes faisaient des entrevues, prenaient des photos. Tout près de moi, une dame, en compagnie de son petit fils, a été interviewée pendant que le photographe prenait des images du petit fils. Ils ont même eu la délicatesse de lui demander l’autorisation d’utiliser ces images. Cette dame a dit avec émotion pourquoi elle était là et pourquoi elle était contre la guerre. « Les armes servent davantage les guerres que la paix et le prix à payer en vie humaine rejoint rarement ceux qui en profitent. Si les 14 milliards de dollars canadiens investis dans les armements l’étaient pour aider vraiment, les armes ne seraient pas nécessaires. » À la fin, la journaliste lui a demandé, en raison de son accent, d’où elle venait. « Je suis chilienne et j’ai connu les méfaits d’une guerre sale. »
Combien de ces entrevues, auront été l’occasion de partager des opinions et des sentiments rejoignant la grande majorité de la population? Pourtant, ce même soir, le journal télévisé de Radio Canada, cette même chaîne qui avait interviewé la dame à mes côté, n’avait pour image que celles de certains punks qui s’étaient massés le long de la marche et celles de certains autres, venant je ne sais d’où, et qui passaient rapidement avec des slogans plutôt disgracieux. On aurait dit qu’ils le faisaient juste pour alimenter certains photographes. Aucun commentaire sur les dizaines d’entrevues réalisées. Il faut croire qu’elles n’étaient pas pertinentes pour la couverture voulue.
Par contre, celle rapportant la manifestation de l’armée, célébrée en grande pompe au Centre des Congrès, donnait la parole aux personnes touchées par le dévouement de notre armée et choquées par l’ingratitude des manifestants qui ne comprennent toujours pas que ces soldats vont se battre pour notre liberté et celle des autres. Rien sur les 75% de la population qui s’opposent toujours à cette guerre.
En taisant les interventions des manifestants on laisse évidemment la place aux autres. Il n’est donc pas nécessaire d’être devin pour savoir ce que les millions de personnes, à l’écoute de ces médias, vont penser de ces deux parades. La parade des parades, celle des montages en studio, aura donné le ton. L’armée est là pour rester et il en va de notre sécurité et de notre liberté. Tout cela, même si 75% de la population est contre cette mission de l’armée.
Il est regrettable, pour les croyants, que le cardinal Ouellet n’ait pas profité de l’occasion pour reprendre à son compte les propos de Benoît XVI, tenus à Assise pas plus tard que le 17 juin dernier : « Seul un dialogue responsable et sincère, soutenu par le généreux appui de la communauté internationale pourra mettre fin à autant de douleur… il faut sortir de l’illusion que la force peut résoudre les problèmes. » C’était pourtant là l’essentiel du message de ceux qui ont marché contre la présence militaire canadienne en Afghanistan. Il y a de ces silences qui laissent songeur.
Oscar Fortin
24 juin 2007
Il est regrettable, pour les croyants, que le cardinal Ouellet n’ait pas profité de l’occasion pour reprendre à son compte les propos de Benoît XVI, tenus à Assise pas plus tard que le 17 juin dernier : « Seul un dialogue responsable et sincère, soutenu par le généreux appui de la communauté internationale pourra mettre fin à autant de douleur… il faut sortir de l’illusion que la force peut résoudre les problèmes. » C’était pourtant là l’essentiel du message de ceux qui ont marché contre la présence militaire canadienne en Afghanistan. Il y a de ces silences qui laissent songeur.
Oscar Fortin
24 juin 2007
Bien dit M. Fortin. Le grand Manitou de notre Télé nationale est M. Rabinovitch, un juif bien ancré dans sa culture.
RépondreEffacerIl contrôle l'information et ce n'est pas difficile d'y voir la manipulation pro sioniste et antipalestinienne. Même les émission de journalisme libre disparaissent de plus en plus.
C'est ça notre nouvelle démocratie que l'on lègue à nos enfants. Les pauvres n'y voient que du feu mais ils vont devoir se réveiller où alors tout est perdu.
À propos de la guerre en Afgannistan, elle ne justifie même pas une journée de la vie d'un de ces jeunes soldats dont plusieurs reviendront dans des cercueils. Triste.
Monsieur Fortin,
RépondreEffacerMerci de publier ce billet. En écoutant le journal télévisé de Radio-Canada, j’ai quitté en voyant ce reportage et ce, afin, pensais-je alors, d’écrire un billet mordant sur la manipulation de l’information (et des désinformés) par « ma » société d’état. Mais, devant mon clavier, ma colère fut telle, que je n’ai pas réussi à livrer une ligne : j’aurais cassé le clavier. Sachant que vous aviez assisté à cette « parade de la parade », je vous ai donc tardivement écrit un mot, afin que vous me fassiez part de ce que vous aviez vécu sur les lieux, en prenant soin de vous mentionner la façon dont la nouvelle concernant cette « marche contre le sang » nous avait été rapportée par nos manipulateurs radio-canadiens. Comme nous nous en doutions tous, il n’y a pas une ligne ni une image de ce reportage tronqué qui ne faisaient pas l’objet d’un montage très précis et planifié de longue date, dans le seul but de promouvoir le meurtre soigneusement camouflé derrière une « sainte guerre pour la démocratie… ».
Enfin, n’étant pas très papiste, comme vous le savez déjà, non seulement les paroles de Benoît XVI que vous rapportez m’étonnent agréablement, mais elles me réconcilient un peu avec cet homme qui, à ses tous débuts de « papisserie », m’inspirait une grande confiance. Cette dernière n’aura été que bien éphémère…hélas !
André Tremblay
Monsieur Fortin, il y a dans le devoir d'aujourd'hui un excellent article sur cette mafestation et ses aléa à laquelle vous avez participé. voici la reférence:
RépondreEffacerl'article en question
J'ai particulièrement aimé les rapprochement avec le livre d'Orson Well : "1984".
Merci Marchello. J'ai bien vu dans le Journal de Québec la critique que MARTINEAU fait d'un article paru dans le Devoir, mais je ne me suis pas rendu à la page en question. C'est maintenant fait.
RépondreEffacerJe te remercie et je te reviendrai plus longuement plus tard... J'ai bien des choses qui m'attendent pour le moment. Ce n'est que partie remise.
Quant au christianisme, l’auteur devrait méditer les phrases suivantes que l’on prête au dénommé Jésus « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. (Mathieu, 10, 34,37). Ou encore : « Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les devant moi. (Luc, 19, 26, 27). On conviendra qu’en matière de non violence, on a fait mieux. Toute l’histoire ensanglantée du christianisme montre que ce n’était une vue de l’esprit.
RépondreEffacerAnonyme,Je trouve intéressant le rappel de ces passages de Luc qui sont, de toute évidence, pas faciles à comprendre. Je me souviens que ma mère n'arrivait pas à comprendre ce passage où il est dit qu'on enlèvera même à celui qui n'a pas pour le donner à celui qui a. Je ne suis pas celui qui peut répondre clairement à ces interrogations. Toutefois, sur la paix, je puis dire que le message de Jésus message vient perturber un ordre établi et qu'il ne peut que provoquer des réactions fortes et violentes. Les nantis et les maîtres du monde n'acceptent pas et n'accepteront jamais de partager ce qu'ils auront accumuler grâce à un système qui les a favorisés. Qu'on pense au coup d'État au Chili, provoqué par la droite chilienne et l'Empire qui n'accepta pas la solidarité voulue par le gouvernement d'Allende. Ce fut la même chose au Nicaragua... Le message qui dérange soulèvent des conflits... en ce sens, il n'est pas venu apporter la paix comme le monde de la domination la veut. Cette dernière ressemble plus au "laissez-moi la paix, ne me dérangez pas."
RépondreEffacerPour les autres éléments, je pense que chacun peut se placer sous la couverture de ce texte pour justifier les pires ignominies. Ceux que l'on identifie aux terroristes, l'impérialisme qui s'identifie à l'Occident tous peuvent dire qu'ils font oeuvre de Dieu. Mais quels sont les intérêts des uns et des autres, sachant que l'intérêt de la foi apportée par Jésus est que tous nous soyons un comme le Père et lui sont un. Pour celà il faut accepter un ordre nouveau....
Je t'invite à lire mon dernier blog sur le livre de Benoît XVI PORTANT SUR JÉSUS DE NAZARETH. Je ne prétends pas avoir les réponses à toutes ces interrogations, mais je cherche dans le sens plus haut mentionné un éclairage. Il faut également lire Harmaguenon, la guerre à finir. Tout celà donne des indications.
bonne journée
Oscar