jeudi 9 octobre 2008

HABACUC

Je suppose que peu connaissent ce nom et encore moins le personnage qui le porte. Pourtant, avec ses trois petits chapitres d’un livre qui figure dans l’Ancien testament, il soulève des questions qui ne perdent rien de leur actualité.

Comment se fait-il que Dieu demeure insensible aux injustices et laisse courir les arnaqueurs qui s’emparent des richesses des autres sans dire un mot? « Pourquoi me fais-tu voir l'iniquité, et contemples-tu l'injustice? Pourquoi l'oppression et la violence sont-elles devant moi? Il y a des querelles, et la discorde s'élève. Aussi la loi n'a point de vie, La justice n'a point de force; Car le méchant triomphe du juste, et l'on rend des jugements iniques. » (Hab, 1,3-4)

Pourquoi laisse-t-il ces Chaldéens, anciens et nouveaux, impétueux et furibonds, traverser de vastes étendues de pays pour les piller et les soumettre à son joug? Pourquoi les laisse-t-il décider eux-mêmes de leurs droits comme si le droit des autres n’existait pas? « Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage; Ses regards avides se portent en avant, Et il assemble des prisonniers comme du sable. Il se moque des rois, et les princes font l'objet de ses railleries; Il se rit de toutes les forteresses, Il amoncelle de la terre, et il les prend. Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu! » (Hab, 1,9-11)

Dieu serait-il donc trop pur pour voir le mal et regarder l’iniquité? Autrement, comment expliquer qu’il se taise et ne fasse rien quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui? « Traiterais-tu l'homme comme les poissons de la mer, Comme le reptile qui n'a point de maître? » (hab.1, 14)

Après toutes ces questions, notre prophète, a bien hâte d’entendre ce que son interlocuteur va lui répondre. « J'étais à mon poste, Et je me tenais sur la tour; Je veillais, pour voir ce que l'Éternel me dirait, et ce que je répliquerais après ma plainte. » (Hab.2,1)


RÉPONSE

« L'Éternel m'adressa la parole, et il dit: Écris la prophétie: Grave-la sur des tables, Afin qu'on la lise couramment. Car c'est une prophétie dont le temps est déjà fixé, Elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas; Si elle tarde, attends-la, car elle s'accomplira, elle s'accomplira certainement. Voici que vont mourir ceux qui n’ont pas l’âme droite, alors que le juste vivra par sa fidélité.»


«
La richesse est perfide et rend semblable à celui qui est ivre et arrogant. L'orgueilleux ne demeure pas tranquille; Il élargit sa bouche comme le séjour des morts, Il est insatiable comme la mort; Il attire à lui toutes les nations, il assemble auprès de lui tous les peuples. Ne deviendra-t-il pas pour tous un sujet de sarcasme, de railleries et d'énigmes? On dira: Malheur à celui qui accumule ce qui n'est pas à lui! Jusques à quand?... Malheur à celui qui augmente le fardeau de ses dettes!

Tes créanciers ne se lèveront-ils pas soudain? Tes oppresseurs ne se réveilleront-ils pas? Et tu deviendras leur proie. Parce que tu as pillé beaucoup de nations, Tout le reste des peuples te pillera; Car tu as répandu le sang des hommes, Tu as commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.

Malheur à celui qui amasse pour sa maison des gains iniques, afin de placer son nid dans un lieu élevé, pour se garantir de la main du malheur! C'est l'opprobre de ta maison que tu as résolu, En détruisant des peuples nombreux, et c'est contre toi-même que tu as péché. Car la pierre crie du milieu de la muraille, et le bois qui lie la charpente lui répond. Malheur à celui qui bâtit une ville avec le sang, qui fonde une ville avec l'iniquité! Malheur à celui qui fait boire son prochain en y ajoutant du venin pour l’enivrer et voir sa nudité!

Tu seras rassasié de honte plus que de gloire; Bois aussi toi-même, et découvre-toi! La coupe de la droite de l'Éternel se tournera vers toi, Et l'ignominie souillera ta gloire. Car les violences contre le Liban retomberont sur toi, et les ravages des bêtes t'effrayeront, Parce que tu as répandu le sang des hommes, et commis des violences dans le pays, contre la ville et tous ses habitants.

Malheur à celui qui dit au bois: Lève-toi! A une pierre muette: Réveille-toi! Donnera-t-elle instruction? Voici, elle est garnie d'or et d'argent, Mais il n'y a point en elle un esprit qui l'anime.

L'Éternel pour sa part rempli et fait vivre l’univers de sa sainteté, que toute la terre fasse silence devant lui.
» (Hab.2, 1-20)

Pour conclure ce rappel du dialogue d’Habacuc avec son Dieu au sujet des calamités qui couvrent la terre et dont il est témoin, force est de constater que ce dialogue garde tout son sens pour les temps présents que nous vivons. Nous assistons à l’effondrement d’un empire qui était parvenu à étendre ses tentacules jusqu’aux confins de la terre et à décider de ce qui était bien et mal. La loi était devenue sa loi, le droit, son droit. Les créanciers frappent maintenant à sa porte et il ne peut plus répondre.

Son dieu, incrusté dans les pierres et sur des images, reste inanimé car il n’y a pas d’esprit en lui. Le temple du Dieu vivant est l’univers qu’il remplit de sa gloire. « Car la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent [le fond de] la mer. »(Hab.2,14) Un rappel que les idoles sont toujours là pour distraire, mais que le Dieu vivant se laisse rencontrer dans le monde et l’Univers. Là est son vrai temple.

Oscar Fortin

9 octobre 2008

Aucun commentaire:

Publier un commentaire