mercredi 22 juillet 2009

NE PAS UTILISER EN VAIN LE NOM DE DIEU


Nous connaissons tous la formule utilisée par les Présidents étasuniens à la fin de chacun de leurs discours: « GOD BLESS AMERICA ». Ce fut le cas des Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan, Clinton, Bush et Obama, qui, pour la plupart, ont été, au cours des 50 dernières années, à l’origine d’initiatives peu compatibles avec le nom de Dieu, révélé en Jésus de Nazareth et auquel ils se disent profondément croyants.

Un survol rapide de quelques unes de leurs initiatives met en évidence les contradictions profondes qui existent entre la foi qu’ils professent et les actions qu’ils déploient dans le monde et tout particulièrement sur cette partie du Continent latino-américain ou vivent plus de 500 millions de latinos, d’indiens mayas, incas et métis. Depuis les cinquante dernières années, qu’a-t-elle fait en Amérique latine cette « AMÉRIQUE » qui se réclame de la bénédiction de Dieu?

1. Elle a continué, évidemment, à se servir en richesses naturelles et en produits alimentaires à bas prix: cuivre, nickel, pétrole, étain, fruits et légumes de toute sorte…
2. Elle a lancé l’invasion de la Baie des Cochons, à Cuba, dans le but de reprendre le contrôle du pays qu’une révolution avait enlevé au dictateur Batista, un fidèle allié.
3. Elle a instauré un blocus économique criminel contre le peuple cubain, blocus qui défie le droit international et les droits de l’homme et qui dure depuis 50 ans;
4. Elle a mené des opérations de nettoyage ethnique en Amérique centrale faisant des centaines de milliers de morts parmi les populations indigènes;
5. Elle a donné le feu vert au coup d’État militaire d’Augusto Pinochet qui a transformé la démocratie du Chili en une dictature militaire qui a duré plus de 15 ans et dont les emprisonnements, les tortures, les assassinats se comptent par dizaine de milliers;
6. Elle a autorisé le PLAN CONDOR, dont l’objectif était d’éliminer physiquement tous les opposants militants aux régimes politiques et économiques en place. « Elle » les baptisait tous de communistes comme si cette appellation l’autorisait à les tuer;
7. Elle a soutenu la Junte militaire en Argentine fortement compromise avec le Chili dans la réalisation du Plan Condor et la persécution des opposants au régime de domination. Des milliers de morts et de disparus ont soulevé la colère de millions de personnes à travers le monde.
8. Elle a soutenu et encouragé les mercenaires « Contras » pour mener une guerre salle contre le Gouvernement sandiniste qui avait mis fin à la dictature de Somoza, fidèle allié de Washington;
9. Elle a fait et continue de faire des pieds et des mains pour renverser par la force le gouvernement démocratiquement élu du Venezuela, actuellement sous la gouverne du Président Hugo Chavez;
10. Elle en fait tout autant pour renverser les gouvernements démocratiques d’Évo Morales en Bolivie et de Rafael Correa en Équateur;
11. Elle manœuvre actuellement dans l’actuel Coup d’état au Honduras pour mettre un terme aux réformes amorcées par l’actuel Président, Manuel Zelaya, qui vient d’être expulsé, manu militari, de son pays.
Cette énumération s’en tient que très succinctement à l’Amérique latine et demeure très partielles. Elle ne fait pas mention de ce qui s’est passé au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, à Guantanamo et partout ailleurs. Elle ne parle pas des actions subversives de la CIA et des diverses agences mises à la disposition des oligarchies nationales de chacun des pays. Cependant, il importe de relever que « cette Amérique qui se réclame de la bénédiction de Dieu » est la même qui contrôle les moyens de communication et qui cuisine l’information de manière à servir ses propres intérêts et à diaboliser ses adversaires et leurs initiatives. Le mensonge, la manipulation, la tricherie, n’ont plus de secrets pour « elle ». Elle est passée maître dans l’art de créer la nouvelle qui convient le mieux à la poursuite de ses objectifs.

Que sont-ils donc les intérêts de cette « Amérique bénie des dieux»? Ils peuvent se résumer, en Amérique latine, de la façon suivante :

1. Avoir dans chaque pays des gouvernements (démocratiques ou dictatoriaux, peu importe) qui lui soient subordonnée;

2. Que ses entreprises et multinationales puissent se servir sans contrainte dans le bassin de leurs richesses naturelles;

3. Que les opposants, menaçant cet ordre, soient détenus ou éliminés.

Tout le reste ne sera que parures. Les problèmes sociaux trouveront leur solution par les œuvres de charité. De quoi donner bonne conscience et faire oublier les crimes commis. Également, de quoi occuper les églises et les organismes à but non lucratif. Les dons, desquels ces derniers seront dépendants, permettront aux donataires d’en garder le contrôle. Pas question de revoir l’ensemble du système qui génère pauvreté, maladies, analphabétisme, la non-participation politique. La seule démocratie valable est celle qui trouve grâce à ses yeux et lui assure une mainmise sur tout.

Qui peut penser que le Dieu, révélé en Jésus de Nazareth, puisse bénir de telles initiatives? L’ambition des richesses, le mensonge et l’hypocrisie sont à l’opposé de ce qu’est Dieu. N’est-ce pas scandaleux de se payer ainsi la tête de « Dieu », sans que ceux qui se font une vocation de le faire connaître n’y trouvent rien à redire? Plus grave encore, ils sont souvent de fidèles collaborateurs qui permettent de couvrir les effets pervers d’un tel système.

La seule référence biblique qui me vient à l’esprit est celle qui relate la tentation de Jésus qui reçoit l’invitation du PRINCE DE CE MONDE à se joindre à lui. Il suffisait qu’il se soumette à ce dernier pour que tous les royaumes lui soient remis. La réponse de Jésus a été sans aucun compromis : « mon seul maître est le Seigneur mon Dieu et à lui seul je rendrai des comptes. » Il y a également, dans le même sens, ce passage de l’évangéliste Mathieu qui fait dire à Jésus : « On ne peut servir deux maître, Dieu et l’Argent. » N’est-ce pas abuser du nom de Dieu que de lui demander de bénir « cette Amérique-là ».

Il appartient aux chefs d’État ainsi qu’à ceux des diverses églises de suivre l’exemple de Jésus qui a dit non au MAMMON du désert tout comme ceux et celles d’aujourd’hui qui disent non aux offres alléchantes qui leur sont faites pour trahir et trompés leurs peuples. Il ne suffit plus de se montrer attaché à la pratique de la messe du dimanche pour témoigner de sa foi. Encore faut-il que la justice et la vérité soient au cœur de ses engagements. La vraie prière qui devrait conclure ces discours serait :

« QUE DIEU BÉNISSE LA BONNE FOI DES HUMBLES ET CONFONDE LES HYPOCRITES ET LES MENTEURS. »

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