La journaliste Amy Wilentz du Los Angeles Times a écrit cette fin de semaine que « selon plusieurs sources, incluant le président lui-même, la communauté internationale a menacé Préval d’exil immédiat s’il ne se soumettait pas à son interprétation des résultats électoraux. »
Nous comprenons que la « communauté internationale » dans le cadre de ce texte correspond surtout aux États-Unis, France et Canada, les trois pays identifiés par l’OEA pour procéder au recomptage des votes du premier tour. Sur les sept spécialistes participant à cet exercice 6 étaient en provenance de ces trois pays. Il est pertinent de signaler que la France, ne faisant pas partie des pays membres de l’OEA, n’en a pas moins été partie prenante à cette opération. Allons savoir pourquoi?
Hier, au Conseil de sécurité des Nations Unies, la représentante des États-Unis, Mme Rice, a exigé que le président Préval accepte dans son intégrité le rapport de l’OEA qui élimine du second tour la participation du candidat du gouvernement, Jude Célestin, pour celle de Martelly, le chanteur, arrivé troisième au premier tour. Le lien sur ce troisième candidat que l'OEA veut faire passer au deuxième rang nous décrit quelque peu le personnage qu'il est.
« L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, a exigé des autorités haïtiennes «un processus crédible qui représente la volonté du peuple haïtien». Mme Rice, qui s'exprimait devant le Conseil de sécurité, a appelé le Conseil électoral haïtien à «mettre en œuvre les recommandations de l'OEA», qui a constaté des fraudes. «Nous exhortons les autorités haïtiennes à définir une voie très claire qui mènera rapidement à l'investiture d'un gouvernement démocratiquement élu et légitime», a-t-elle déclaré, réclamant la mise en place d'un «calendrier crédible». Le Devoir, 21 janv.
Il n’y a pas de doute dans l’esprit de Mme Rice que le processus ne saurait être crédible que dans le cadre de l’acceptation intégrale du Rapport de l’OEA dont les principaux auteurs sont les mandataires des États-Unis, de la France et du Canada. À l’entendre, l’urgence d’un « gouvernement démocratiquement élu et légitime » est manifestement au cœur de ses préoccupations et de celles du Gouvernement qu’elle représente.
Dans un article publié récemment, je rapporte les données d’une étude indépendante réalisée par le Center for économic and Policy research (CEPR). Les auteurs se demandent comment l’OEA, présente comme observatrice lors du premier tour de scrutin, et le Conseil électoral provisoire (CEP) aient pu reconnaître la validité de ce premier tour. Avec un taux de participation de 22.9%, des fraudes nombreuses à tous les niveaux des partis, et des résultats donnant pour le second tour des candidats ne recueillant que 6% et 4 % de l’ensemble de l’électorat haïtien, on ne peut que se demander comment y reconnaître l’expression d’une véritable démocratie dont le fondement est le « pouvoir du peuple pour le peuple »? À juste titre les auteurs de l’étude du CPER se questionnent sur la validité d’une telle élection.
« En se basant sur le nombre d’irrégularités, il est impossible de déterminer qui devrait accéder au second tour. S’il y a un second tour, il sera basé sur des suppositions et/ou des exclusions arbitraires. Le rapport note que les plus grands problèmes dans le processus électoral ont eu lieu avant le jour du suffrage : l’interdiction de scrutin d’une douzaine de partis (dont le parti le plus populaire), et la « tache gargantuesque » de tenter d’enregistrer des centaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays, une tache qui fut clairement un échec retentissant. »
Encore une fois, faut-il le noter, la communauté internationale, dans le présent cas, se ramène à la volonté des États-Unis et de ses alliés les plus proches. Ils n’ont rien à faire d' un gouvernement démocratiquement élu et légitime. Ce qu’ils veulent, c’est de garder le contrôle des pouvoirs en Haïti. Les pressions et même les menaces exercées sur l’actuel Président indiquent jusqu’où ils sont prêts à aller pour garder ce contrôle. À croire qu’ils s’accommoderaient plus facilement avec un Jean-Claude Duvalier, dictateur à l’allure d’un repenti.
Oscar Fortin
Québec, le 21 janvier 2011
Ce que les Américains veulent c'est un gouvernement et un président haïtien plus ou moins élus, imposant la loi martiale aux Haïtiens,ouvrant les frontières au marché américain pour que leurs grandes entreprises puissent investir dans le pays, prendre leurs ressources naturelles,et enrichir quelques arrivistes locaux.
RépondreEffacerAmis Haïtiens levez-vous, descendez dans les rues, faites comme nos amis Tunisiens et Soudanais présentement.Dehors les dictateurs, les marionnettes et les corrompus QUI NE TRAVAILLENT PAS POUR LE BIEN DU PEUPLE, ça suffit!
Votre commentaire confirme ce que le représentant de l'OEA en Haïti a déclaré récemment dans une longue entrevue. Ses déclarations lui ont valu d'être mis à pied..
RépondreEffacerSi vous ne l'avez pas lu, je vous donne le lien.
http://twitter.com/Lautjournal/statuses/28453644617646080