Ce lien entre la Colombie et la Syrie vient du fait
que ces deux pays font face à des groupes armés qui souhaitent un changement de
régime,
Dans le cas
de la Colombie, nous savons que deux
groupes armés, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée
de libération de la Colombie (ELC), luttent depuis des décennies pour
transformer la Colombie en un pays plus démocratique, plus juste, plus
solidaire. Des milliers de personnes de part et d’autre y ont laissé leur vie.
Les gouvernements de la Colombie ont une longue histoire de violence et de
manquements aux les droits de la personne. Les nombreux crimes commis sous le
commandement des paramilitaires hantent toujours des centaines de milliers de
Colombiens.
Il y a une semaine, un accord général a été signé entre les FARC et le Gouvernement
colombien pour qu’un processus de paix soit mis en place et qu’il conduise à
cette paix tant recherchée par les peuples. Ces rencontres s’amorceront en
Suède, le 8 octobre prochain, et seront accompagnées par la présence d’un
représentant du Venezuela et du Chili pour soutenir ces efforts de paix. Cuba
sera également le siège de ces rencontres permettant aux représentants des FARC
et du Gouvernement coloombien de mener à terme cette mission.
Dans le cas
de la Syrie, il y a le gouvernement et
des groupes armés d’une certaine opposition qui pilonnent les principales
villes du pays pour y semer la terreur et créer le chaos dans le but de
provoquer l’effondrement du Gouvernement et du régime. Cette opposition est
fortement soutenue en argent et en
armements par certains pays qui se gardent de bien de le dire ouvertement.
Les Nations unies et La ligue arabe avaient créé en
décembre 2011 un groupe d’observateurs qui devaient rendre compte à la
communauté internationale du constat de leurs observations. Après deux mois de
cette présence, le Rapport
faisait état, entre autres, de groupes armés dont plusieurs membres venaient de
l’extérieur, soutenus et armés par d’autres pays. Ce même rapport signalait
également que l’information recueillie sur le terrain n’était pas toujours
celle diffusée dans les médias occidentaux. Il ressortait de ce Rapport que la
violence s’expliquait en grande partie par la présence de ces groupes armés
clandestins que le Gouvernement se faisait un devoir de contrer par tous les
moyens. Ce fut la fin de cette mission des observateurs qui venaient de
confirmer l’implication des pays amis du peuple syrien.
C’est alors que le Conseil de sécurité et la Ligue arabe
nommèrent un représentant des Nations Unies, en la personne de Kofi Annan, lequel
sera secondé dans sa mission de paix par 300 observateurs. Son Plan en six points devait faire consensus entre les diverses parties impliquées dans le
conflit.
Le Gouvernement syrien donna son aval à cette approche
tant et aussi longtemps qu’elle respecterait la souveraineté du pays. Il se
disait prêt à amorcer ces discussions sans aucune condition préalable. Il n’en
fut pas de même pour l’opposition armée qui refusa ce Plan, en dépit du fait
que les pays qui la soutenaient, les Etats-Unis et la France, entre autres, avaient
donné « officiellement » leur accord à ce Plan. Le problème est que
ces derniers continuaient à soutenir par la porte arrière les rebelles armés.
De plus, les États-Unis et la France posèrent comme condition préalable à toute
négociation de paix, le départ de l’actuel président, Bachar Al Assad.
Kofi Annan fit
le constat de l’échec de sa mission et donna sa démission.
La dernière initiative des Nations Unies est le choix
d’un remplaçant à Kofi Annan. Pour la Russie, la Chine et les pays qui les
soutiennent, la mission de ce dernier devra se réaliser dans le cadre du Plan
Annan et de l’accord de Genève.
Nous en sommes rendus à ce point. La Russie veut que
le Conseil de Sécurité confirme les accords de Genève alors que les États-Unis insistent pour que cette résolution puisse être acceptée qu’elle soit assortie
d’une disposition laissant la porte ouverte à une intervention militaire. Ce à
quoi s’opposeront de nouveau la Chine et la Russie.
Une toute dernière initiative de la Russie est un appel urgent pour réaliser une conférence internationale à laquelle participeraient
tous les intéressés.
« "Nous proposons de convoquer une conférence à Moscou, ou à Genève, si
on souhaite s'y réunir, ou à Paris, si tout le monde est prêt à venir ici. Nous
n'avons aucune objection, nous n'en tenons à aucune ville. L'essentiel est de
lancer ce processus au plus vite", a indiqué M.Bogdanov qui avait appelé
le week-end dernier les représentants de l'opposition syrienne et les
dirigeants français à organiser une conférence avec la participation du Groupe
d'action, des autorités et de l'opposition syriennes, ainsi que de pays
étrangers, y compris de l'Arabie saoudite et de l'Iran. »
Le
président Al Assad s’est dit prêt à quitter le pouvoir si son peuple le décidait lors des prochaines élections présidentielles, prévues pour 2014.
En somme, ce qui différencie le cas de la Colombie de
celui de la Syrie, c’est que, dans le premier cas, il n’y a pas d’ingérence de
l’extérieur et que ce sont les Colombiens eux-mêmes qui vont discuter et
décider de leur avenir. Les autres pays qui sont présents servent de support et
d’assises pour ces rencontres.
Le Président Santos de la Colombie avait clairement
signifié à tous les présidents, membres de la Conférence des États de l’Amérique
latine et des Caraïbes (CELAC), de ne pas interférer dans le conflit colombien,
qu’il s’agissait d’une question interne au pays.
Dans le cas de la Syrie, l’intervention étrangère est
présente dans les groupes armés, dans leur financement et dans le type de
règlement acceptable pour eux.
La Russie, la Chine et les pays du Mouvement des
non-alignés, sont plutôt d’avis que le conflit syrien doit être réglé par les
Syriens eux-mêmes. Sous cet aspect, ils ont le droit international de leur côté
ainsi que le gros bon sens.
Le jour où l’opposition armée ne recevra plus d’armes
et ni d’argent de la part des pays qui se disent les amis du peuple syrien,
elle se résignera vite à s’asseoir à la table de négociation pour décider avec
les autres oppositions non armées et le gouvernement de l’avenir de leur pays.
Cela, M. Harper, premier ministre du Canada, ne semble pas le comprendre.
Oscar Fortin
Québec, le 9 septembre 2012
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