NOTE : Une réflexion qui, tout en s’inspirant d’un
prophète religieux, nous renvoie à ce qu’il y a de plus humain et de plus
actuel. Une critique sévère pour tous les cultes religieux et un plaidoyer sans
compromis pour la justice, la vérité et la compassion.
Relire ce prophète à la lumière des temps
présents apporte un éclairage qui mérite qu’on s’y attarde. Dès ses premières
interventions, Isaïe donne le ton sur le culte qui plaît à l’Éternel et
sur ce qu’il fait pour apporter justice et paix.
« Cessez
d'apporter de vaines offrandes : j’ai en horreur l'encens, les nouvelles
lunes, les sabbats et les assemblées ; je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.
Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; quand vous
multipliez les prières, je n'écoute pas : vos mains sont pleines de sang.
Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l'opprimé ; faites
droit à l'orphelin, défendez la veuve. (Is.1, 13-17) »
Le ton est donné : le culte pour le culte
ne l’intéresse aucunement. Il n’a que faire de ces prières et de ces
dévotions de complaisance. Il a un impératif autrement plus important qui met à
l’épreuve la sincérité du cœur : recherchez la justice, faites droit à
l’orphelin, défendez la veuve. En d’autres mots, soyez justes, bons et
sincères.
Cette justice dont parle le prophète est une
préoccupation constante qui traverse tout l’Ancien et le Nouveau Testament.
Déjà, le choix d’Abraham porte le mandat de pratiquer la droiture et la justice
pour que s’accomplissent les promesses de l’Éternel (Gn. 18 :19). Ce
dernier jugera le monde avec justice, il jugera les peuples avec droiture
(Ps.9 :9). Celui qui marche dans l’intégrité, qui pratique la justice et
qui dit la vérité selon son cœur (Ps.15 :2) trouvera grâce à ses yeux. La
pratique de la justice et de l’équité, voilà ce que l’Éternel préfère aux
sacrifices. (Pr.21 :3) « Celui
qui marche dans la justice, et qui parle selon la droiture, qui méprise un gain
acquis par extorsion, qui secoue les mains pour ne pas accepter un présent, qui
ferme l'oreille pour ne pas entendre des propos sanguinaires, et qui se bande
les yeux pour ne pas voir le mal. Celui-là habitera dans des lieux élevés ; des
rochers fortifiés seront sa retraite ; du pain lui sera donné, de l'eau lui sera
assurée. »
(Is.33 :15-16)
Mais
malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ,
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace, et qu'ils habitent seuls au milieu du
pays !
Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les
ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l'amertume en
douceur, et la douceur en amertume ; qui justifient le coupable pour un présent, et enlèvent
aux innocents leurs droits ! Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances iniques,
et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes, pour refuser justice aux
pauvres, et ravir leur droit aux malheureux de mon peuple, pour faire des
veuves leur proie, et des orphelins leur butin ! (Is.5-10)
Deux mille six cent
ans après ces temps qui inspirèrent les paroles de ce prophète, nous pouvons
les reprendre presque textuellement pour les temps que nous vivons.
Comment ne pas entendre ce cri des deux tiers de
l’humanité qui crépissent dans la sous-alimentation, la misère, privés de leurs
biens et dominés par des oligarchies nationales et internationales ? Comment ne pas entendre le
désespoir de ces milliers d’immigrants et de réfugiés refoulés aux portes des
sociétés bien nantis ?
Comment ne pas voir cette force manipulatrice qu’ont les médias, transformant
le vrai en faux, le faux en vrai, le saint en diable et le diable en saint.
« Rends-moi justice, ô Dieu, défends ma cause contre une nation
infidèle! Délivre-moi des hommes de fraude et d’iniquité! Sois vainqueur, monte
sur ton char, défends la vérité, la douceur et la justice, et que ta droite se
signale par de merveilleux exploits. (Ps.43 :1;45 :4) »
Au temps d’Isaïe, Cyrus, le roi des
Perses, a été choisi par l’Éternel pour apporter justice au peuple. « C’est
moi qui ai suscité Cyrus dans ma justice. J’aplanirai toutes ses voies ; il rebâtira ma ville et
libérera mes captifs, sans rançon ni présent, dit l’Éternel des armées. » (Isaïe 45 :24)
Qui sont, aujourd’hui, les Cyrus qui livrent le
combat de l’Éternel, apportant justice, libérant les captifs, redonnant le pays
à leur peuple ? Chacun peut faire sa
liste sur la base de ceux qui s’adonnent à donner consistance à la justice par
rapport à ceux qui se réclament de toutes les libertés pour mieux manipuler et
piller au nom de leurs intérêts nationaux.
« Ainsi parle l'Éternel : pratiquez
la justice et l'équité ; délivrez l'opprimé des mains de l'oppresseur ; ne maltraitez pas
l'étranger, l'orphelin et la veuve ; n'usez pas de violence, et ne répandez point de sang
innocent dans ce lieu. (Jér.
22 :3)
Oscar fortin
9 décembre 2012
Je me permets un petit commentaire pour situer le contexte de tous ces merveilleux textes bibliques. Isaïe m’apparait comme le plus grand prophète de l’Ancienne Alliance. Il est né et a vécu à Jérusalem (766-701 av. J.-C.) Il est quelqu’un de cultivé, d’instruit, et certainement proche du pouvoir. Le peuple Juif vient de vivre une longue période de paix et aime faire des alliances avec les peuples voisins, spécialement avec l’empire Assyrien. Et Isaïe arrive et rappelle au peuple Juif son Alliance avec Yahvé. Vous êtes dans une période de prospérité, vos affaires vont bien et vous pensez acheter Dieu par vos sacrifices. Vous avez développé un culte incroyable. Isaïe commence son discours par une charge très lourde contre le peuple. « Qu’êtes-vous venus faire ici dans le temple, vous êtes venus salir mon plancher (pourrait dire Dieu), quand vous faites vos prières, je me bouche les oreilles, quand vous m’envoyer des bouffées de fumée de vos sacrifices, je me bouche le nez, j’ai en horreur vos supplications et vos offrandes. Ici Isaïe rappelle aux Juifs qu’ils ont un Dieu d’Alliance (les autres religions n’ont pas cela : une relation d’Alliance avec Dieu) et personne ne peut acheter Yahvé pour le mettre de son bord, même pas le peuple élu. Mais alors, quoi faire pour vivre cette Alliance? Cherchez la justice et le droit. C’est ce à quoi répond le texte de M. Oscar Fortin.
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