mardi 2 avril 2013

FRANÇOIS AU TOMBEAU DE PIERRE ET DE JEAN XXIII







Hier, le 1er avril 2013, Francisco a été le premier pape de l’histoire de l’Église à se rendre jusqu’à la crypte où se trouve le tombeau de Pierre. Il s’y est recueilli, regardant avec les yeux du cœur et de l’esprit ce pêcheur aux traits rustiques, impulsif dans ses réactions, pas toujours inspiré dans ses jugements, traîtres au moment de la passion de son maître, mais aussi repentant et profondément aimant au moment de la grande conversion. Il mourra, crucifié sur une croix, la tête en bas, ne se croyant pas digne de l’être à la manière de Jésus.

Il n’y a pas de doute que le pape François a revu, lors de cette visite, la scène, non seulement celle où Pierre reconnaît en Jésus le Fils de Dieu, mais aussi, et surtout celle où il veut retenir son maître qui a décidé d’aller à Jérusalem pour y vivre sa passion. Une scène aux résonnances multiples pour celui qui a vécu sous le régime militaire en Argentine.

« À dater de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en disant : Dieu t'en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t'arrivera point ! ». Mais lui, se retournant, dit à Pierre : Passe derrière moi, Satan ! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! Mt. 16, 21-23

J’imagine que bien des images de son Argentine, celle soumise à la dictature sanglante d’une junte militaire, lui passèrent par l’esprit. Il a eu, à n’en pas douter, un regard différent sur ces prêtres, ces croyants et non-croyants, résistant aux pressions voulant les éloigner du danger, qui y sacrifièrent leur vie pour la justice et leur solidarité avec les pauvres. À cette époque, comme provincial des jésuites, il intervint à plusieurs reprises pour éloigner des prêtres et des religieux et religieuses de la violence criminelle de cette Junte militaire.

Sa méditation l’a également conduit à cette trahison de Pierre qui a craint d’être identifié à ce Jésus condamné à mort pour avoir annoncé l’avènement d’un règne nouveau de justice, de paix, de vérité, de solidarité et de compassion. Sa peur l’avait alors transformé en un traître. À trois reprises, il a nié connaître ce Jésus. De quoi faire réfléchir François dont les charges d’autorité l’ont parfois éloigné des véritables engagements exigés de ses disciples par Jésus.

Je ne doute pas que l’émotion de François ait atteint son sommet, lorsqu’il a entendu le maître, après sa résurrection, s’adresser à Pierre en lui demandant à trois reprises: Simon m'aimes-tu ?

Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux.

: Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? - Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.
Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? Pierre fut peiné de ce qu'il lui eût dit pour la troisième fois : M'aimes-tu ?, et il lui dit : Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis. (Jn, 21, 15-17)

Se faire poser la même question à trois reprises nest pas sans rappeler toutes les fois où il a fait, la main sur le cœur, des promesses qui furent par la suite trahies, non accomplies. Jésus exige cette fois que le principal intéressé sen remette entièrement à lui et que lhumilité se substitue à la suffisance, à lautoritarisme et au jugement sans appel. La grandeur de Pierre repose ne repose pas sur le pouvoir de l'autorité mais  sur lhumilité et sa disponibilité entière au service de la volonté de celui qui a su lui pardonner sa trahison et sa trop grande suffisance en lui-même.

Cette visite au tombeau aura été, à nen pas douter, un  moment de grande méditation et de conversion renouvelée au service de ce Jésus de Nazareth. Sur le chemin du retour, il sarrêta également au tombeau de Jean XXIII pour y méditer sur l’œuvre du Concile Vatican II et sans nul doute sur son Encyclique « Paix sur terre » dont ses successeurs ont peu parlé.

À peine revenu, il téléphona à celui qui a été le secrétaire particulier de Jean XXIII, actuellement âgé de 97 ans, Loris Capovilla. Un appel qualifié de grande émotion. Il la remercié pour sa vie et son ministère et il lui a confié quil le voyait avec les yeux du cœur, que chaque parole quil écrit est une source de grande inspiration.

Pierre, Jean XXIII et François réunis pour ramener linstitution ecclésiale à l’évangile et au monde, assoiffé de justice, de vérité, de solidarité, de compassion, de paix et damour.

Pas de doute que nous serons témoins dans les mois qui viennent de grandes décisions. Le pape François, renouvelé de lintérieur, posera les gestes quespèrent toutes les personnes de bonne volonté.

Oscar Fortin
Québec, le 2 avril 2013




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