mardi 13 août 2013

L’ÉQUATEUR AVEC RAFAEL CORREA





L’ÉQUATEUR, pays de l’Amérique du Sud,  comptant environ 15 millions d’habitants, aura été, jusqu’à l’arrivée de RAFAEL CORREA, l’arrière cour des États-Unis. Ces derniers contrôlaient les pouvoirs de l’État à travers la corruption de ses principaux dirigeants. En 1999, ils y établissaient une des plus importantes bases militaires de l’Amérique du Sud, avec plein pouvoir et immunité pour ses ressortissants.

Lorsque le jeune économiste, Rafael Correa, se présente à l’élection présidentielle de 2006, il a déjà à son programme la fermeture de cette base militaire. Aux cris d’abois des autorités étasuniennes, il répond en leur demandant d’offrir à l’Équateur la réciprocité en lui permettant d’ouvrir une base militaire équatorienne en Floride. La réciprocité ne faisant pas partie des alternatives, le jeune président Correa, vainqueur à l’élection de novembre 2006, ne modifiera pas son approche ni sur la base militaire, ni sur son engagement de soumettre au peuple une nouvelle constitution, indispensable pour les suites à donner à l’ensemble de ses engagements.

CORREA PASSE À L’ATTAQUE

Dès 2007, un projet de nouvelle constitution est élaboré. Il sera soumis au peuple qui le sanctionnera, par référendum en septembre 2008. Sur 80 % des suffrages exprimés, le oui pour la nouvelle constitution obtient 64 %.

Comme prévu, le président Correa annonce la tenue d’élections présidentielles et législatives, conformément à cette nouvelle constitution, pour avril 2009. Élu au premier tour, il passe au second niveau de son plan de transformation de l’Équateur en un pays indépendant avec une économie et les richesses orientées prioritairement au service du bien commun de la collectivité. Lors de cette dernière élection, il s’était positionné en faveur du « socialisme du XXIe s. », développé par Hugo Chavez du Venezuela et Évo Morales de la Bolivie.


Fermeture de la base militaire étasunienne

Dans la nouvelle constitution, il y a un article qui interdit toute base militaire étrangère sur le territoire national. Dès 2009, année prévue pour le renouvellement de l’entente sur cette présence militaire, le président Correa informe les principaux intéressés qu’il ne renouvèlera pas cette dernière. Ces derniers doivent donc plier bagage et retourner sur d’autres terres.





Correa s’en prend au FMI et à la dette

En 2008, le jeune président de l’Équateur se démarque en prenant la décision de ne plus payer la part illégitime de la dette publique et de suspendre le remboursement des titres de la dette. Cette part illégitime de la dette a été fixée à 70 % de la dette totale. Correa a pu faire la démonstration que cette part de la dette n’était pas celle du peuple et que ce dernier n’avait pas à la payer. Sadek Hadjeres nous décrit dans un article fort intéressant la trame de ce combat.

Correa contre Chevron et Texaco

Il s’agit de l’histoire d’un long combat des communautés indigènes locales contre les multinationales Texaco et Chevron. Correa, en 2009, annonce la possibilité, à certaines conditions, de cesser la production de pétrole dans le pays pour le bien de l’humanité. Il a également, depuis longtemps, apporté son soutien aux communautés indigènes contre ces deux multinationales.

« C’est en mai 2003, 10 ans après la première plainte déposée contre Texaco, que l’entreprise Chevron [3] a dû se soumettre à la justice équatorienne, à Lago Agrío, et en répondre à plus de 80 communautés touchées par cette catastrophe qui n’a rien de naturel, dont 30.000 victimes. Depuis lors, les parties civiles demandent la réparation de la zone affectée qui s’élèverait selon des experts internationaux à plus de 6 milliards de dollars. Le géant pétrolier réplique qu’il a déjà procédé entre 1996 et 1998 à la réhabilitation de cette zone, ce qui a été démenti par des prélèvements effectués par la suite. »

Un jugement sera rendu le 14 février 2011, condamnant Chevron à payer 9 milliards $ en compensation pour les dommages causés. Ce jugement, porté en appel, a été maintenu avec, en plus, l’obligation, pour Chevron, de présenter ses excuses, faute de quoi, la pénalité serait doublée.  

Depuis, Chevron dépense des millions de dollars pour discréditer l’Équateur et son président. Ici, un article récent à lire au complet pour comprendre l’ensemble de cette « saga ».  

Ces actions de Correa ne sont pas étrangères à la tentative de coup d’État, dont il fut victime en 2010.


Correa et les médias

D’abord le mensonge médiatique sur Correa. Ce n’est un secret pour personne le fait que les principaux médias du pays sont entre les mains d’oligarchies puissantes. Leur politique éditoriale est évidemment contre Correa, ses politiques et son gouvernement. Tous les moyens sont bons pour le discréditer.

« La saga découle d’un article publié par El Universo, le 5 février 2011, écrit par Emilio Palacio et intitulé « Non aux mensonges ». Le journal a ensuite été poursuivi pour diffamation par Correa.

L’article présentait le compte-rendu de Palacio sur les événements dramatiques du 30 septembre 2010, lorsque Correa a été pris en otage par des policiers rebelles à l’intérieur d’un hôpital militaire pendant neuf heures. L’Union des Nations d’Amérique du Sud (UNASUR), qui regroupe 12 pays d’Amérique du Sud, a qualifié ces événements de tentative de coup d’Etat.

Dans le récit de Palacio publié dans El Universo, celui-ci désigne Correa comme le responsable de l’effusion de sang, qui a fait huit morts et plus de 200 blessés dans tout le pays. Il a accusé Correa d’avoir donné l’ordre d’ouvrir le feu sur l’hôpital où il était détenu en captivité, le qualifiant de crime de « lèse humanité » : le terme est une insulte à connotation raciste dans les Andes qui signifie grossier, stupide et inférieur. »

Or, le président Correa, profondément offensé par un mensonge aussi grossier et monté de toutes pièces, intente une poursuite contre le journaliste et le média.

« Sans surprise, Palacio et El Universo ont été reconnus coupables de diffamation. Mais la diffamation en Équateur est encore une infraction pénale, alors Palacio et deux directeurs du journal ont été condamnés à trois ans de prison (par un tribunal et non par Correa).

« En fait, Correa les a graciés - aucun journaliste n’a été emprisonné sous son gouvernement au pouvoir depuis sept ans. Toutefois, la loi (qui est antérieure à Correa) a un besoin urgent d’être réformée. »

Puis un referendum sur les médias de communication. Le 7 mai 2011, un référendum populaire confirme la nouvelle loi qui encadrera dorénavant les objectifs de l’information et ceux de la protection du droit à la vérité des citoyens et des citoyennes. Le « oui » l’emporta avec plus de 61 % des votes.

Correa reporté au pouvoir pour un second mandat

Le 17 février 2013, c’est jour d’élection présidentielle en Équateur. Rafael Correa se présente pour la troisième fois. En dépit des dizaines de millions de dollars investis et des complots mis en place pour éliminer le candidat Correa, ce dernier remporta l’élection haut la main, au premier tour,  avec 56,7 %.  Un sondage, réalisé en février dernier, lui accorde un appui de plus de 72 % de la population qui est en accord avec sa gestion et ses politiques.

Correa avec le pape François


Je ne sais si son prénom angélique, Rafael, y est pour quelque chose, mais la chimie a vraisemblablement passé entre les deux hommes. Il faut dire que ce jeune président a été élevé et a grandi dans la foi chrétienne et s’est engagé à fond dans les divers mouvements sociaux d’inspiration chrétienne. Ce qui a fait dire à certains qu’avec Correa c’est la théologie de libération qui arrive au pouvoir. Sur ce plan, une histoire semblable à celle de Chavez, profondément croyant, qui portait également dans son prénom  celui de  Rafael».


Le pape François au président Correa : « je vous vois comme une laitue fraîche »

Conclusion

Je termine ainsi cette série d’articles sur certains pays émergents de l’Amérique latine (Brésil, Argentine, Venezuela,  Bolivie et Équateur) sous le thème de "L'Amérique latine à la croisée des chemins". Je souhaite qu’ils aient donné le goût de poursuivre dans l’analyse et la connaissance de ce qui se passe dans « l’arrière-cour » des États-Unis. Des peuples se lèvent et nous ouvrent la voie vers un monde nouveau, un monde où les mots justice, vérité, respect, solidarité, compassion prennent également un sens nouveau, le sens qu’ils auraient toujours dû avoir.

Rafael Correa, Hugo Gabriel Chavez et Evo Morales sont des fers de lance qui ouvrent la voie à une nouvelle manière de faire de la politique, de servir les intérêts des peuples. La démocratie participative et le socialisme du XXIe s. en sont les principales références.

Merci de m’avoir lu jusqu’à la fin.

Oscar Fortin



Pour en savoir plus sur ce jeune président :



Ses influences humanistes et chrétiennes



Rafael 

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