NOTE :
Le 13 octobre 2013, j’avais publié un article portant sur les nominations de
ceux et de celle qui allaient occuper des postes de premier plan dans cette
grande réforme, voulue par le pape François. Suite au scandale
des derniers jours, impliquant ces personnages et dénoncé avec force par le
Vatican, j’ai pensé remettre à la UNE cet article. Le scandale porte sur le filtrage de documents
ultras secrets, mis entre les mains de deux auteurs italiens. Deux livres, tout
fraîchement édités, font état du contenu de ces documents. Le lien plus haut
indiqué vous en dira plus sur le sujet.
" il n`est rien
de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être mis au
jour. » Marc, 4,22
Suite
aux nombreux scandales, rapportés par Vatileaks, entre autres ceux de la Banque
du Vatican et de l’existence d’un
lobby gay, une réforme radicale s’impose, non seulement de la Curie
romaine, mais aussi et de façon prioritaire de la Banque du Vatican, dénommé « Institut
des œuvres religieuses » (I0R).
Comment
une institution comme celle de l’Église peut-elle continuer de proclamer au
monde un message de justice, de vérité, de solidarité, de compassion, de partage, etc. tout en
incarnant dans ses rouages administratifs ce qu’il y de plus contraire à ces
valeurs? L’Église, porteuse du message évangélique et du témoignage de Jésus de
Nazareth, se retrouve, dans sa façon d’être, aux antipodes tant du message que
du témoignage. Benoît XVI en a pris
conscience et n’a eu d’autre alternative honorable que celle de démissionner
comme pape. Toutefois, quelques jours précédant sa démission, il a procédé à la
nomination d’un nouveau directeur général de la Banque du Vatican en la
personne du baron
Ernst von Freyberg.
« Cinquante-cinq ans, avocat marié
à une Française, aristocrate de grande lignée, chevalier de l'ordre de Malte, von Freyberg a une grande expérience
de la finance internationale. Mais il est également président des chantiers
navals Blohm & Voss de Hambourg, qui fabriquent des yachts de luxe et...
des navires de guerre. Le site de l'entreprise arbore fièrement les photos de
frégates lourdement armées. Une activité que beaucoup jugent incompatible avec
une responsabilité aussi stratégique que la présidence de l'IOR. …»
Une
nomination qui demeure suspecte et qui n’est pas sans soulever la question des
secteurs d’investissement de ces centaines de millions d’euros. Servent-ils à
construire des bateaux de guerre, à financer des activités de mercenaires au
service de forces politiques et économiques, etc. ? Ce capital énorme, à
qui et à quoi sert-il vraiment ?
LE PAPE FRANÇOIS PASSE À L’ACTION
Dès ses premiers mots, le pape François
a fait entendre qu’il voulait une Église pauvre avec les pauvres. Le nom
adopté, le rattachant à François d’Assise, en est un signal de taille. Ce
dernier est reconnu pour son choix de vie de pauvre avec les pauvres et surtout
par ces paroles entendues de la bouche du
Christ : « François, reconstruis mon Église
qui est tombée en ruine »
Il va de soi que ces ruines dont il est
ici question n’ont rien à voir avec la situation matérielle de l’Église, mais
bien avec le vide moral et l’abandon des grandes consignes laissées par Jésus à
ses disciples.
Trois commissions furent rapidement
mises en place pour procéder aux réformes les plus urgentes, sans exclure qu’elles
puissent conduire à une véritable révolution dans l’Église.
Il y a celle visant les réformes de
la Curie, appelée le G8, en référence aux huit (8) membres qui intègrent
cette commission. J’aurai l’occasion de revenir sur cette commission dans un autre
article.
Il y a celle, se référant à l’Institut
des œuvres religieuses (Banque du Vatican), qui comprend cinq (5) membres.
Finalement il y a celle portant sur les services économiques et administratifs du
Vatican, intégrée par huit (8) membres.
Ces trois commissions ont en commun de relever
directement du pape et d’être au service de ce dernier. Les deux dernières, ont en commun de disposer des
pouvoirs nécessaires pour accéder aux archives de l’IOR ainsi qu’aux principaux
intervenants impliqués dans la gestion de cette dernière. Il s’agit donc, pour ces deux dernières commissions,
de treize (13) personnes, mandatées par
le Pape pour pénétrer dans les entrailles de l’Institut pour les œuvres
religieuses.
LA COMMISSION VISANT L’INSTITUT DES ŒUVRES
RELIGIEUSES
Dès le mois de juin, le pape François a
procédé à la création d’une commission spéciale pour faire toute la lumière sur les
activités de la banque du Vatican. Cette commission a pour mandat exclusif de
recueillir toutes les informations pertinentes ainsi que les documents de toute
nature relatifs à la provenance et à la gestion des fonds qui s’y retrouvent.
La collaboration des autorités et employés est sollicitée pour que cette
commission puisse mener à bien son mandat. Une fois compilées toutes ces informations,
elles seront remises au Pape et ladite commission sera dissoute.
Les membres de cette commission
sont : le cardinal italien Raffaele Farina, ex-responsable des archives secrètes
du Vatican; le cardinal Jean-Louis_Tauran;
Mgr Juan Ignacio Arrieta Ochoa de Chinchetru, un spécialiste espagnol
de la législation du Vatican, désigné comme coordinateur; un Américain membre de la Secrétairerie d’État,
Mgr Peter Bryan
Wells, en tant que secrétaire;
la professeure étasunienne Mary Ann Glendon, spécialiste en droit de Harvard.
L’IOR gère 19.000
comptes appartenant en majorité au clergé catholique, soit environ 7 milliards d'euros.
Dans un rapport récent, on parle d’un rendement de
capital de 86.6 millions d’euros pour l’année 2012, soit près de 4 fois les revenus
de 2011. On signale également la présence d’un millier de comptes, représentant plus de 300 millions d’euros, qui ne répondent à aucun des membres pour
lesquels l’IOR existe. Ces comptes devront être fermés. On suppose qu’il s’agit
d’une couverture pour le lavage d’argent noir. On dit également que plus de
2000 clients se sont retirés au cours de la dernière année.
Pour le moment
la commission poursuit son travail de cueillette des données et le nouveau
directeur général, baron Ernst von Freyberg, produit des communiqués qui vont dans le sens d’une plus
grande transparence.
LA COMMISSION
VISANT LA RÉFORME DES SERVICES ÉCONOMIQUES ET ADMINISTRATIFS DU VATICAN
Cette commission a été créée le
19 juillet 2013, un mois après celle portant sur l’IOR. Ses membres sont nommés
directement par le Pape et c’est à ce dernier qu’ils auront à faire rapport. Ses membres, tous laïcs, à l’exception du coordonnateur,
sont des experts des affaires économiques et financières, de la gestion et
des questions juridiques. Ils viennent d'Espagne, d'Allemagne, de France,
de Singapour, de Malte et d'Italie.
Les
membres de la
Commission sont Jean-Baptiste
de Franssu (France), Jean Videlain-Sevestre (France), Joseph
FX Zahra (Malte), Président, Enrique Llano (Espagne), Jochen
Messemer (Allemagne), Francesca Immacolata Chaouqui (Italie) et George
Yeo (Singapour).
Deux
noms sont particulièrement à retenir : celui du coordinateur, Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, et celui
de cette jeune dame, Francesca
Immacolata Chaouqui.
Mgr Lucio Angel
Vallejo Balda est un prêtre espagnol de 52 ans avec plus de 25 ans
d’expérience dans le secteur économique. Secrétaire de la Préfecture des Affaires
économiques du Vatican, il devient, avec cette nomination, coordinateur de
cette commission, une référence incontournable dans ce processus des réformes
amorcées par le pape François. Il s’était démarqué de façon particulière comme
responsable de l’organisation des Journées mondiales de la jeunesse, réalisées
en Espagne, en 2011. À n’en pas douter,
il est un homme de confiance de premier plan du pape François.
Francesca
Chaouqui, 30 ans, née de père marocain et de mère italienne, mariée,
a derrière elle une carrière dans le domaine des relations publiques en Italie.
Avant sa nomination, elle était directrice des communications et
relations extérieures de la branche italienne du prestigieux cabinet Ernst&Young.
Mgr Vallejo Balda résumait ainsi son CV et ses qualités professionnelles à
l’intention du Pape:
« Expérience de plusieurs années dans le domaine du conseil en
gestion de la communication d’entreprise et en management des relations
extérieures et institutionnelles; leadership faisant autorité; fondé sur de grandes
aptitudes en matière de relations publiques et de communication, et forte
capacité à finaliser les contacts au niveau business; guidée par des principes
et des valeurs éthiques et moraux très forts. »
Elle n’a pas froid aux yeux et sa participation à cette commission lui
donne le pouvoir de scruter tous les dossiers rattachés à la gestion économique
et financière du Vatican. Son arrivée dans ce milieu d’hommes et de secrets en dérange
plusieurs. Déjà, elle fait l’objet d’attaques sournoises qui visent toutes à la
discréditer. Le pape François ne bronche pas et maintient le cap.
LE CAS DE MGR BATTISTA RICCA
Je ne saurais
terminer cette section portant sur ces commissions reliées à l’IOR et à la
gestion économique et financière sans parler du cas de Mgr Battista.
Au début du mois de
juin, le pape François, après consultation et vérification du dossier personnel
de Mgr Battista Ricca, le nomme
« prélat » de l’IOR. Un poste
qui permet de participer à toutes les rencontres du Conseil d’Administration et
de consulter tous les documents.
Ce
dernier avait gagné la confiance de Bergoglio : d’abord en tant que directeur
de la résidence de la via della Scrofa, où l'archevêque de Buenos Aires logeait
lorsqu’il se rendait en visite à Rome, et actuellement en tant que directeur
de la Domus Sanctæ Marthæ, où le pape François a choisi d’habiter depuis
qu’il est pape.
Or, voici qu’au moment où le pape François est au
Brésil pour les Journées mondiales de la jeunesse, on apprend
que ce prélat est « gay » et qu’il a eu diverses aventures amoureuses
alors qu’il était diplomate.
Cette
nouvelle explique l’insistance des journalistes, dans l’avion de retour du
Brésil, à interroger le pape sur l’homosexualité. Nous connaissons la réponse du
pape qui a été amplement commentée.
Toujours
est-il que le pape ne fut pas heureux du fait qu’on ne l’ait pas informé de ces
choses dans les rapports qui lui avaient été remis avant qu’il procède à sa nomination Ni le Secrétaire d’État, ni les autres
sources consultées n’ont fait allusion à cette situation du personnage. A-t-on
voulu piéger le pape pour mieux le discréditer ?
Le
pape François a passé outre à cette révélation et a maintenu le Mgr Ricca à son
poste.
CONCLUSION
Là
où est le trésor, les intrigues ne se font pas attendre. Le pape François, en
s’attaquant à ce trésor doit s’attendre, tout comme ceux et celles qui
l’accompagnent dans cette opération, à être la cible des magouilleurs et des tricheurs.
Le 8 octobre dernier une nouvelle loi a été
adoptée par la Commission pontificale pour l’État de la ville du Vatican
« pour les normes en matière de transparence, de vigilance et
d’information financière. Elle donne suite au « motu proprio du pape
François, du 8 août dernier. En voici les principaux
éléments :
- mesures préventives
contre le blanchissement d’argent et le financement du terrorisme;
- supervision et
régulation des entités qui réalisent des activités de caractère financier;
- des mesures contre
les sujets qui mettent en danger la paix et la sécurité internationale;
- coopération et
échange d’information de la part de l’Autorité de l’information financière,
tant au niveau national qu'international ;
- déclaration de la
circulation transfrontière d’argent en effectifs;
Remarque : Bien
des points demeurent imprécis, comme la référence au terrorisme, aux activités qui
mettent en danger la paix ainsi que la sécurité internationale. Sur ces questions,
le Vatican opère-t-il avec le dictionnaire de Washington ou avec celui du droit
international des Nations Unies ? Ces points devront être clarifiés.
Dans
son entrevue accordée aux revues jésuites, le pape François répond à la
question « Qui est Jorge Mario
Bergoglio? »
RUSÉ-MANŒUVRER-INGÉNUE-PÉCHEUR
Il
a de quoi mettre à profit toutes ces caractéristiques.
Une histoire à suivre.
Oscar
Fortin
Québec,
le 13 octobre 2013
« Sur ces questions, le Vatican opère-t-il avec le dictionnaire de Washington ou avec celui du droit international des Nations Unies ? Ces points devront être clarifiés. » Les Nations Unies sont-elles un organisme souverain, autonome ou une instance menottée par Washington et les multinationales ? Merci de pouvoir communiquer avec toi par courriel.
RépondreEffacerMerci Marius, le plaisir est réciproque
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