lundi 10 novembre 2014

LES GRANDS ENJEUX DES TEMPS QUE NOUS VIVONS (partie 1)


ÇA PASSE OU ÇA CASSE





Le suivi des principaux évènements qui marquent les temps que nous vivons me conduit à partager avec vous les réflexions qu’ils m’inspirent. Le monde vit une époque charnière et déterminante quant à son avenir. Cet enjeu touche tout autant le devenir politique, économique et social de nos sociétés que le devenir des Églises et de façon toute particulière de l’Église catholique. Nous sommes tout à la fois témoins et acteurs de ces changements qui peuvent conduire l’humanité tout autant à la catastrophe finale qu’à un avenir de croissance et de paix.

L’ampleur des sujets traités m’amène à vous présenter ces réflexions en deux articles dont le premier portera sur les enjeux politiques, économiques et sociaux. Le second article portera sur les enjeux d’une Église confrontée à un monde qui l’oblige à sortir de ses murs pour aller là où est le maître avec les pauvres et les exclus de nos sociétés.

PARTIE 1

Quels sont ces enjeux politiques, économiques et sociaux ?



Pour nous y retrouver, il est important de signaler que le monde, celui dans lequel nous vivons depuis plus de 100 ans, est dominé par les forces du capital et les impératifs de conquête non seulement des peuples, mais aussi, et surtout de leurs richesses. Dans ce scénario de conquêtes et de domination, les États-Unis et ses alliés européens y jouent un rôle majeur. Si dans les premiers temps, les peuples les voyaient comme des sauveurs, il n’en fut plus de même à partir des années 1950 jusqu’à aujourd’hui.




En décadence, un monde unipolaire

Au cours de ces années, de nombreux soulèvements en Afrique, en Amérique Latine, en Europe et en Asie donnèrent lieu à des guerres, à des persécutions, à des arrestations massives, à des tortures qui n’avaient rien à envier à l’histoire de l’humanité pour leur cruauté, le tout se terminant par des morts atroces. L’auteur de ces atrocités n’était autre que l’empire sous la gouverne des États-Unis d’Amérique et de ses alliés européens. Les assassinats politiques et les coups d’État militaires devinrent un mode d’emploi rapide pour mettre hors de combat les présidents trop préoccupés des conditions de vie de leur peuple. Un moment tout indiqué pour pourchasser les militants pour une plus grande justice sociale et les éveilleurs de conscience et les faire disparaître définitivement. Pour ne mentionner que l’Amérique latine, il suffit de penser à l’invasion-surprise de la Baie des Cochons à Cuba en 1961, au coup d’État militaire au Brésil, en 1964, au coup d’État militaire au Chili, le 11 septembre 1973, à l’arrivée de la junte militaire en Argentine, en 1976, à la guerre des Contras au Nicaragua contre le gouvernement sandiniste, aux  persécutions tant au Salvador qu’au Guatemala, au début des années 1980, où des  milliers d’innocentes victimes payèrent de leur vie ces combats pour une société plus juste. Que dire du Plan CONDOR, mis en place par les États-Unis et ses alliés militaires pour faire le grand ménage de toutes les oppositions aux intérêts de l’empire, dans les pays de l’Amérique latine?

Nous pourrions en écrire autant pour l’Afrique qui a vécu sous les régimes de l’Apartheid et des gouvernements soumis aux pays colonisateurs. Nous connaissons l’histoire héroïque de Nelson Mandela et un peu moins celles de Présidents héroïques qui ont choisi la mort à la soumission.   Patrice Lumumba, militant pour l’indépendance du Congo, colonie de la Belgique en est un bel exemple. Une histoire que vous pouvez revivre en visionnant ce documentaire sur l’assassinat de ce Président.

Tout ceci pour dire que cette vision d’un empire qui s’assujettit les peuples et les nations en fonction de ses ambitions et intérêts arrive au terme où le monde en a décodé les ambitions ainsi que tous les maquillages sous lesquels il se présente. Les mille et un prétextes élaborés, fabriqués, largement diffusés pour couvrir la cupidité, les ambitions, l’hypocrisie, les mensonges derrière ces guerres de conquête sont maintenant mis à nu. Le monde unipolaire qui aura servi si bien les bénéficiaires du capital et du pouvoir auquel il donne accès telles les armes, la corruption, les moyens de communication arrivent à son terme. Le monde le voit de plus en plus sous son vrai visage et la désinformation avec laquelle il les a bernés pendant des décades perd, chaque jour, un peu plus de sa force persuasive. Les mensonges qu’on nous sert pour justifier toujours plus de guerres sont de moins en moins crédibles et de plus en plus dénoncés.


En émergence, un monde multipolaire

Ce monde multipolaire se caractérise par le fait qu’il n’est dominé par aucun empire s’imposant aux peuples et aux États du monde. Les intérêts des peuples sont tous aussi importants les uns que les autres. Les relations entre les États se font sur la base du respect et des intérêts réciproques. La communauté internationale se doit de représenter l’ensemble des États et de ce fait ses structures doivent permettre à l’ensemble des États à y jouer un rôle actif.

Rien de mieux pour illustrer l’émergence de ce nouvel ordre mondial que ce discours majeur du président Poutine au Club international de Valdaï en octobre dernier. Une intervention dans laquelle sont clairement martelés les points sur lesquels il y a divergence profonde entre la Russie et les États-Unis sur le nouvel ordre mondial auquel aspire l’humanité. Voici trois extraits qui pourraient être repris par de plus en plus de pays soucieux de leur souveraineté et des intérêts de leurs peuples.

Auparavant, « le jeu de la politique internationale se pratiquait comme suit : les politiciens faisaient des déclarations publiques dans l’optique de préserver la fiction agréable de la souveraineté nationale, mais ce n’était que de l’esbroufe et n’avait rien à voir avec la vraie nature de la politique internationale ; en sous-main, ils étaient engagés dans des négociations secrètes dans les antichambres, et c’est là que les vrais accords étaient forgés. »

« La Russie n’a pas l’intention d’aller pêcher dans les eaux troubles résultant de l’expansion constante de l’« empire du chaos » de l’Amérique. Elle n’a aucun intérêt à bâtir un nouvel empire à elle ce n’est pas nécessaire : la Russie doit d’abord s’attacher à développer son propre territoire, qui est déjà très vaste. La Russie ne souhaite pas non plus jouer le rôle de sauveur du monde comme elle a pu le faire dans le passé.

La Russie ne tentera pas de refaçonner le monde à son image, mais elle ne laissera pas non plus les autres la refaçonner à leur propre image. La Russie ne s’exclura pas du monde, mais quiconque tentera de l’en exclure devra s’attendre à un retour de bâton. »

Voilà, le ton est donné et la direction est prise. S’il y a un nouvel ordre mondial, ce sera dans le respect de chaque État, sans qu’aucun ne s’improvise supérieur aux autres pour en dicter et en assurer la gouvernance.

Dans cette grande mouvance d’un Nouvel Ordre mondial émergeant du respect des peuples et des États, il faut voir le regroupement du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud (BRICS). Une alternative qui s’oppose au diktat occidental. Leur dernier sommet au Brésil, en juillet dernier, en illustre les orientations et la force. Faut-il y voir une des principales sources des sanctions occidentales qui accablent la Russie depuis lors ?

Je conclurai cette première partie des enjeux politiques, économiques et sociaux en affirmant que l’approche multipolaire est irréversible du fait qu’elle répond aux droits fondamentaux des peuples et qu’elle se réalise en plein jour, sans mascarades et sans complicités secrètes. Les États-Unis et ses alliés devront en prendre note. Voir à ce sujet ces deux textes qui en disent long, le premier, sur les États-Unis, le second, sur l’Europe.

À suivre ..

Oscar Fortin

10 novembre 2014


Quelques références :



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