jeudi 22 janvier 2015

L'épiscopats vénézuélien doit se rétracter.





Depuis déjà des décennies, l’Église catholique, tout particulièrement à travers ses évêques, ses cardinaux et ses nonces apostoliques est perçue comme une alliée fidèle des volontés des Etats-Unis sur ce territoire, toujours considéré comme leur arrière cour. Il s’agit, évidemment, de la grande majorité de ces hauts fonctionnaires qui représentent tout à la fois l’Église catholique et l’État du Vatican.

Il y a toutefois et heureusement des exceptions d’évêques et de pasteurs qui se sont démarqués de cette solidarité pour rejoindre les préoccupations des pauvres et des humbles avec lesquels ils ont partagé leur vie.  Tous se souviendront de Mgr Elder Camara, du Brésil, cet évêque des pauvres, également signataire lors du Concile Vatican II du pacte des catacombes. Il y a également Mgr Romero, évêque du Salvador, froidement assassiné par une armée qui ne pouvait supporter ses rappels à la paix, à la non violence, à ne pas tuer ces hommes, ces femmes et ces enfants qui étaient également leurs frères et sœurs. Il y en a beaucoup d’autres dont les noms sont moins connus, mais qui ont témoigné des évangiles avec l’odeur de pasteur vivant avec leur peuple. Tout en étant nombreux, ils n’en demeurent pas moins des exceptions.

Le cas qui m’intéresse dans le présent article est celui de l’Épiscopat vénézuélien, mais aussi celui du cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, cardinal du Honduras. Je les mets cote à cote parce qu’ils ont une fonction commune qui est celle de participer avec Washington et les oligarchies locales au renversement du gouvernement légitime du Venezuela, qualifiée par ces derniers, de populiste, de totalitaire, de marxiste, de socialiste. Ils ne manquent pas une occasion de dénoncer sur toutes les tribunes, ce gouvernement qui se réclame de Chavez et du socialisme du XXI è siècle.

On se souviendra du coup militaire de 2002 que la droite oligarchique réalisa avec le support de l’Église officielle et l’appui de généraux toujours liés à l’oligarchie. Un intervention qui n’aura durée que 48 heures, grâce à la fidélité d’une partie importante de l’armée qui a repris l’offensive et mis à la porte les putschistes. Il est toutefois intéressant de voir sur les images vidéo de ce coup d’État le cardinal de l’époque célébrant ce renversement de gouvernement. Il fallait le voir célébrer avec les putschistes cette victoire qu’ils croyaient alors irréversibles.

Treize ans plus tard, les comportements de l’épiscopat vénézuélien n’ont pas changé.  Il utilise tous les moyens pour discréditer le gouvernement et faciliter les actions de sabotages des forces oligarchiques et réactionnaires qui agissent en concertation avec Washington. Ce dernier est toujours intéressé à récupérer le pouvoir de l’État et prendre le contrôle des plus importantes réserves de pétrole au monde. À cet objectif s’ajoute celui de contenir la montée du pouvoir des peuples toujours plus conscients de leurs droits et de leur capacité de prendre leur destinée en main.  La politique d’intégration des peuples de l’Amérique latine mise de l’avant par les pays émergents comme la Bolivie, l’Équateur, le Venezuela, l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et tous les autres, ne fait pas l’affaire de l’oncle Sam.  La démocratie participative et le socialisme lui donne des ulcères et en cela il se retrouve en bonne compagnie avec les hiérarchies de l’Église et du Vatican.

Pour revenir au sujet principal de cet article, il faut en arriver à cette déclaration de la Conférence épiscopale du Venezuela, en début de janvier 2015. Lors de cette conférence de presse, elle s’en prend sans ménagement au gouvernement présidé par Nicolas Maduro. Les épithètes ne manquent pas : socialiste, marxiste, totalitaire, populiste, sans avenir etc. Mais le plus important c’est qu’elle accuse le gouvernement d’être responsable de la rareté des biens essentiels de subsistance, occasionnant des files à ne plus finir de personnes et un temps énorme pour qu’elles puissent obtenir quelques uns de ces biens.  L’accusation est sérieuse et place le gouvernement en mauvaise situation devant une opposition qui n’attend qu’un signal de désespoir pour allumer la flamme de la révolte et du trop plein d’une population à bout de nerf.

Or la semaine, suivant cette conférence de presse, les autorités gouvernementales découvrent que le principal distributeur de ces biens de base qui contrôle 70% du marché de distribution, garde dans des entrepôts des quantités énormes de ces biens.  Bien plus, dans chacun des centres de distribution, un marché au noir s’installe pour aller vendre à des prix astronomiques de ces biens. Tout cela dans le but avoué de créer la rareté, de provoquer les files d’attente de nature à faire monter le mécontentement et la colère contre un gouvernement qui n’arrive pas à gérer la production et la distribution des biens.

Le 21 janvier, le Président, à l’occasion de son bilan annuel présenté à l’Assemblée nationale, a fait entendre une conversation téléphonique entre deux responsables de la mise en place de ce plan de la rareté des biens dans les centres de distribution. Lors de cette conversation, en décembre dernier, ils précisaient que le but ultime était de créer des files d’attente de manière à ce que la pression du mécontentement monte et qu’il finisse par déborder sur des actions de violence que d’autres groupes, étudiants et mercenaires, viendraient amplifier.

En révélant ce plan de guerre économique, le Président a permis au peuple de voir qui étaient les véritables coupables et dans quel but ils provoquaient le mécontentement leur.

Ces faits, maintenant connus, il est important que l’Épiscopat vénézuélien en tire les conclusions en retirant sa condamnation portée contre le gouvernement et en condamnant haut et fort ces forces oligarchiques et ces entreprises impliquées dans ce scénario criminel qui prend le peuple en otage à des fins de conquête du pouvoir.

Il est également important que le cardinal du Honduras, également le numéro deux du G-9 mis en place par le pape François  pour la réforme de la Curie, révise sa pensée sur le gouvernement du Venezuela et sur le socialisme.  Dans une entrevue récente qu’il donnait à Rome en tant que président de Caritas international, il disait de Chavez et du socialisme ceci :

« …le socialise de Chavez est comme un feu de paille sèche…Chavez se présenta avec le désir de combattre la corruption et c’est pour cela qu’il a obtenu un grand nombre de votes. Mais ce projet, le socialisme du XXIè s. qui a échoué, n’était que du capitalisme de quelques voleurs, et a fait beaucoup de dommages.



Celui qui parle ainsi n’est pas n’importe qui dans la hiérarchie de l’Église et dans les jeux de coulisse du Vatican. On se souviendra qu’il a été un acteur important dans le coup d’État militaire du Honduras, en juin 2009. Il a pu bénéficier pendant de nombreuses années d’une contribution gouvernementale mensuelle de $5000.00. Il est le représentant le plus élevé de l’Église catholique au Honduras, pays où les homicides battent tous les records, où la pauvreté est le lot de la majorité de la population.

Il serait important qu’il nous dise ce qu’il pense de l’opposition vénézuélienne qui utilise trompeusement le peuple pour le soulever contre le gouvernement légitime.

Si l’épiscopat vénézuélien et le cardinal Maradiaga se taisent sur ces actions criminelles contre le peuple, en leur coupant l’accès aux biens essentiels, c’est qu’ils en sont complices et du fait même menteurs au même titre que les autres en reportant sur le gouvernement des actions qui ont leur source dans une opposition d’extrême droite à laquelle ils sont parties prenantes.

Je pense que le pape François doit faire des rappels à l’ordre à ces militants, évêques et cardinaux, à la solde et au service des politiques de Washington et des oligarchies nationales. Il est temps qu’ils s’attardent à son Exhortation apostolique Evangelio Gaudium

L’Église ne peut plus se confondre avec l’État du Vatican, véritable antichambre de Washington. Il est urgent que l’Église se détache de cet État pour retrouver les témoins de la foi et des Évangiles auprès des peuples. Il faut tourner la page à ces fonctionnaires et personnages qui ont perdu le sens de l’humain pour se rassasier de celui du pouvoir.


Oscar Fortin
Le 22 janvier 2015
http://humanisme.blogspot.com


Note :
Aujourd’hui, 22 janvier, le président socialiste de Bolivie, Evo Morales, prend Possession pour une troisième fois consécutive de la présidence de Bolivie. Il a été élu avec plus de 63 % des électeurs et électrices qui se sont rendus aux urnes à plus de 95 %. Une grande victoire, mais surtout un grand développement pour un peuple considéré, il n’y a pas encore si longtemps comme le plus pauvre de l’Amérique latine. Le feu de paille avec lequel le cardinal Maradiaga qualifie les pays émergents de l’Amérique latine n’est pas près de s’éteindre. Mieux vaudrait que ce cardinal se rapproche de son peuple et prenne davantage ses distances des oligarchies qu’il protège. 

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