« Lorsque le mensonge devient roi, la vérité
s’éclipse, mais quand elle revient le mensonge s’évapore»
Depuis que les États-Unis ont
décidé de prendre le contrôle de l’Ukraine, la paix recherchée par Washington
ne peut être que celle fondée sur la soumission complète du peuple ukrainien à
ses volontés. Il ne saurait être question qu’il fasse un pas en arrière pour
assurer une paix qui respecte les droits fondamentaux d’indépendance du peuple
ukrainien ainsi que sa diversité ethnique.
Toutes les tentatives pour
arriver à une paix durable devront passer inévitablement par ce pas en arrière
des Etats-Unis, consistant à abandonner leur prétention de dominer
l’Ukraine et de s’en servir comme leur dépendance. En Syrie, toutes les
négociations pour la paix ont échoué pour la simple raison que Washington n’a reculé
en rien sur sa prétention de dominer la Syrie en exigeant le départ du
président Al Assad et en prenant le contrôle d’un nouveau gouvernement
répondant à ses attentes.
En Ukraine, il y a eu Minsk 1 et Minsk 2, où des accords
de paix ont été conclus entre les principaux belligérants internes du pays.
Toutefois, l’absence du principal belligérant externe que sont les États-Unis, rend
ces accords caducs. Ce dernier alimente ses alliés dans le pays en armement et
ne se fait aucun scrupule à envoyer ses marines pour renforcer leur force de
combat. Rien dans tout cela pour favoriser la paix. Ce ne sont ni le Président
actuel d’Ukraine, ni le Président de France, ni même la Chancelière d’Allemagne
qui fera reculer Washington dans ses prétentions d’occuper en totalité
l’Ukraine.
Une médiation du Vatican
Voilà que maintenant, on
annonce une médiation du Vatican, en la personne de Pietro Parolin, secrétaire général
de la Curie romaine. Ancien nonce apostolique au Venezuela, de 2008 à 2013, il
aura été aguerri à jouer diplomatiquement la carte des ambitions des États-Unis
sur le Venezuela. Il a été et est toujours l’homme de Washington au cœur même
de l’administration du Vatican.
En 2014, en préparation de la seconde rencontre de négociations
sur la Syrie à Genève, le Vatican avait convenu avec le secrétaire d’État, John
Kerry, d’une stratégie
commune. En mars 2014 aboutissait le projet d’un Pacte secret entre le Vatican et Washington. Il fut signé par le président
Obama et le pape François, un peu comme l’avaient fait, en juin 1982, le
président Reagan et le pape Jean-Paul II. Si nous en savons plus sur le Pacte
secret de 1982, nous n’en savons que très peu sur celui de mars 2014.
En 1982, il s’agissait, pour
l’essentiel, d’être solidaires dans la lutte contre le communisme et tout ce
qui pouvait s’en rapprocher. Une alliance fondamentale qui ne pouvait que
servir les forces des pays de l’Est qui voulaient s’affranchir de l’URSS
d’alors, comme c’était le cas en Pologne avec Lech Walesa et le syndicat
Solidarnosc. Beaucoup de combines entre les principaux acteurs furent critiquées
et condamnées par l’Histoire. Cette solidarité s’est élargie à l’Amérique
latine où tous les mouvements sociaux aux allures anti-impérialistes et
anticapitalistes furent poursuivis et anéantis. L’histoire du plan Condor et de
la guerre au Nicaragua de las Contras, cadrent
avec cette grande alliance contre le communisme.
Qu’en est-il de ce second
Pacte signé en mars 2014 ? Il
s’agit, à n’en pas douter, d’une approche différente de celui de 1982. On y
rattache l’intervention du pape François pour la reprise des relations
diplomatiques entre Cuba et Washington. Cette intervention a également permis la libération de deux prisonniers à la solde des services secrets des Etats-Unis en
échange des trois Cubains antiterroristes, détenus depuis 16 ans dans les
prisons étasuniennes. Il faut évidemment se réjouir de ce premier pas, mais
sans toutefois en espérer trop. Les objectifs d’Obama de changer le régime
politique cubain est toujours là et ceux de l’Église d’éliminer le communisme
l’est tout autant.
De fait, pendant que cette
ouverture se fait à l’endroit de Cuba et qu’Obama reconnaît que le blocus n’a
pas permis d’atteindre les objectifs recherchés, le même Obama établit des
sanctions contre le Venezuela et continue d’y alimenter la préparation d’un
coup d’État. Tout se passe, dans ce cas, sans que le Vatican et l’Épiscopat
vénézuélien élèvent la voix pour condamner ces actions interventionnistes. Au
contraire, les prises de position tout comme les silences vont plutôt dans le
sens des politiques de Washington. L’Épiscopat vénézuélien ne manque pas une
occasion pour affubler le gouvernement de tous les mots. Serait-ce un élément
de solidarité prévu dans le pacte secret de mars 2014 ?
On se souviendra qu’en 2014,
le Vatican avait été appelé par l’opposition vénézuélienne pour agir comme
médiateur pour résoudre les conflits internes au Venezuela. Pour l’opposition,
l’objectif était d’amener le gouvernement à partager avec elle une partie du pouvoir
exécutif. Il y a eu des rencontres, mais le Gouvernement n’a pas cédé à ce
partage du pouvoir que le peuple lui a consenti lors des élections
présidentielles de 2013. Il a toutefois ouvert la porte à une coopération
renforcée avec tous ceux et celles qui acceptent de respecter la Constitution
et d’agir dans le cadre des lois. Cette prise de position fut reçue par les
autorités religieuses comme un manque de collaboration. À ce moment, le
secrétaire d’État du Vatican n’a pas jugé bon d’aller au Venezuela pour y
poursuivre une médiation.
Tout ceci pour dire que la
situation en Ukraine se saurait évoluer vers une paix durable que si le peuple
ukrainien retrouve sa pleine indépendance et qu’il décide par lui-même de sa
gouvernance. Pour cela, il faut que les États-Unis, l’OTAN, les pays de la
Communauté européenne, la Russie, permettent au peuple ukrainien de résoudre
ses propres problèmes sans interférences extérieures motivées par des
prétentions de contrôle ou de domination.
Dans ce contexte, le Vatican
aura-t-il la crédibilité et le courage d’exiger la non intervention des
Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie dans les affaires internes de
l’Ukraine ? Pietro Parolin pourra-t-il imposer un agenda qui aille à
l’encontre des intérêts des États-Unis? Chacun
peut avoir son idée à ce sujet. Personnellement, j’en doute. D’ailleurs, qui
pourrait y parvenir ?
Nous nous dirigeons tout
droit vers un conflit majeur entre la Russie et les forces de l’OTAN, sous
commandement des États-Unis. Les sanctions
et provocations contre la Russie se multiplient. Le mensonge est devenu
roi. Pour le moment, la Russie patiente, mais pour encore combien de temps? Le
déplacement des navires de guerre dans la Méditerranée et les exercices à
répétitions des armées des deux camps sont-ils des signes avant-coureurs de
cette guerre.
Il faut savoir que l’Empire,
pour survivre, doit s’asservir toutes les forces de nature à lui faire ombrage.
C’est évidemment le cas de la Russie et de tous les pays qui se font les promoteurs
d’un monde multipolaire, respectueux de la souveraineté des peuples, et de leur
indépendance. Dans ce monde, il n’y a plus de place pour un Empire, dominant
tous les peuples de la terre.
Oscar Fortin
Québec, le 7 mars 2015
Le mensonge parcourt le monde accoutrée de la toge et des attributs de la vérité...
RépondreEffacerMerci pour votre commentaire et la conclusion que vous tirez de cet article.
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