En tant que canadien, je suis scandalisé de l’engagement du Canada dans
toutes les guerres que Washington et l’OTAN sèment un peu partout au M.O, en
Afrique, en Europe et en Asie pour y défendre des intérêts pour lesquels les Canadiens
et Canadiennes n’ont que faire.
Ces décisions se prennent par un gouvernement qui se tare d’être
démocratique, alors que son premier ministre gouverne avec moins de 25 %
de l’électorat canadien et son gouvernement avec moins de 40 % des votes
émis aux urnes. C’était une vraie farce d’entendre, au 7e Sommet des Amériques,
ce premier ministre canadien parler de démocratie. De fait, à quoi peut rimer une
démocratie sans que le peuple y soit?
Je comprends que ce soit ce type de démocratie que l’Occident aime et
dont il se fait le promoteur un peu partout à travers le monde. Elle est celle
qui lui permet, sans aucune majorité de l’électorat (50 % +1) de prendre
le plein contrôle des pouvoirs de l’État et des budgets qui vont avec pour en
faire les ressources indispensables au service des grands intérêts de conquête
et de domination du monde. Pendant ce temps, on assaisonne l’esprit des peuples
d’une information, préparée sur mesure, pour que leurs interventions militaires
dans le monde soient perçues comme de véritables actes héroïques au service de
la libération des peuples. On se souviendra de ces bombardements humanitaires
sur le peuple libyen. Plus de cent mille morts…
Que va faire le Canada en Ukraine ? N’y va-t-il pas pour soutenir un
gouvernement, issu d’un coup d’État militaire, puis transformé en
démocratie occidentale avec tous les attributs d’une véritable
démocratie ? Que diraient les Canadiens
et les Canadiennes si la véritable histoire de ce qui se passe en Ukraine leur
était racontée? Qu’on leur dise comment le gouvernement actuel est le produit
d’actions subversives encouragées et soutenues par Washington et l’OTAN. Qu’on
leur raconte les crimes commis par ce nouveau gouvernement contre les
populations civiles du Donbass et de tout le sud-est de l’Ukraine. Qu’on leur montre
les corps ensanglantés de femmes, d’enfants gisant au milieu des débris causés
par des tirs aveugles de roquettes et de bombardements.
C’est en soutien à ce gouvernement qui ne sait respecter les ententes,
pourtant signées à MINSK
1 et à MINSK 2 entre les parties en conflit. Le Canada, loin d’encourager
au respect de ces ententes, poursuit son
appui en armements et apporte sa pleine collaboration à la préparation de
nouvelles offensives. Nous sommes loin du temps où le Canada avait une
personnalité internationale, respectée à travers le monde. On se souviendra de
ce premier ministre canadien, Lester B. Pearson, prix Nobel de la paix, à une
époque où ce prix inspirait encore respect.
Le Canada a cessé depuis longtemps d’être un État indépendant et
souverain. Il est devenu une marionnette entre les mains de Washington et de
Londres qui en font leur petit caniche pour payer et faire des guerres. Les
budgets visant le mieux-être social des citoyens et citoyennes sont subtilement
grugés au profit de budgets militaires qui ne cessent de croître.
Bientôt, des élections auront lieu. On parlera de tout et de rien à la
fois pour démontrer qu’il y a débat, mais on se gardera bien de discuter des
budgets militaires et des engagements du Canada dans ces guerres. S’ils en parlent,
ce sera dans le cadre d’émissions de radio ou de télévision bien contrôlées. Ce
serait rêver en couleur que de voir de véritables débats entre les promoteurs
des politiques guerrières actuelles et ceux et celles qui s’y opposent. En
général, ces derniers ne font pas partie des spécialistes invités pour
commenter les politiques internationales du Canada pas plus que pour discuter
de la pertinence des interventions militaires du Canada.
Je termine cette intervention en rappelant une anecdote toute récente
qui met en évidence le caractère incohérent des politiques du Canada à
l’étranger. Le 12 mars dernier, un coup d’État a été démonté au Venezuela au
moment même où tout était prêt pour une attaque aérienne en règle contre le
gouvernement et la population. Nous savons tous que le Venezuela est un pays de
droit, doté d’une constitution et que le gouvernement actuel a été élu avec
plus de 50 % des voix. Or, le Canada qui se tare de défendre la démocratie
dans le monde, a été pris les mains dans le sac de ce montage de coup d’État.
Par son ambassade au Venezuela, il a collaboré avec les promoteurs de ce coup
d’État, véritable acte terroriste contre un État souverain. Dire qu’il se
présente sous la bannière de la lutte contre le terrorisme. Du cynisme plein
les yeux.
Les deux pays, sur les 35 présents au Sommet des Amériques, qui se sont
objectés à signer la déclaration finale convenue entre tous les ministres des
relations extérieures des pays présents au Sommet, furent les Etats-Unis et le
Canada. Ils se refusèrent à reconnaître la santé comme un droit fondamental.
L’actuel premier ministre canadien, Stephen Harper, est l’emblème même
de l’hypocrisie consommée. Avec l’actuel système électoral dont est doté le
Canada, il est possible qu’il soit reporté au pouvoir pour un troisième mandat avec
moins d’un quart de l’électorat canadien. De toute manière, le peuple canadien se
désintéresse de plus en plus de la question politique, tout occupé qu’il est au
divertissement, au travail et à la consommation. Le tsunami social ne l’a pas
encore atteint. Toutefois, il ne saurait tarder encore longtemps.
Oscar Fortin
Le 15 avril 2015
À lire également la réaction russe à cet envoi de militaires canadiens en Ukraine
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