Voilà bien une question qui met à l’épreuve les défenseurs de la démocratie et du droit international. Les États-Unis et la France réclament haut et fort le départ du président de Syrie, Bachar el-Assad. Bien plus, ils se font les promoteurs et le soutien d’une armée, dite libre, de l’opposition syrienne en vue de créer le chaos et de forcer ainsi le départ ou l’assassinat de l’actuel président de Syrie. Ce dernier, bien qu’élu par son peuple, est devenu persona non grata des principaux dirigeants des pays de l’Occident. Personne ne se surprendra que le leadership de cette opération soit assumé par les États-Unis d’Amérique et la France.
« Je n’imagine pas une situation dans
laquelle nous pouvons mettre fin à la guerre civile en Syrie, avec Assad qui
resterait au pouvoir », a déclaré M. Obama en marge d’un forum
économique à Manille
« Nous
devons tout faire pour qu'une transition politique puisse être trouvée en
Syrie, cette transition passe par le départ de Bachar al-Assad. » Hollande aux Nations Unies.
Les citations de
ces deux principaux intervenants sont présentes dans presque chacune de leurs
interventions relatives au peuple et au gouvernement syrien. À les écouter, ils
sont ceux qui savent ce qui convient le mieux à ce peuple. Ils l’ont dit et le
répète à qui veut l’entendre « le président Bachar Al-Assad ne peut faire
partie de la solution ». Le régime politique dont il se fait le défenseur
n’est tout simplement pas celui qui convient aux besoins et intérêts de son
peuple. Tout ce qui reste à ce Président c’est qu’il libère la place avant
qu’on l’y oblige par la force.
Cette approche
impériale et coloniale des États-Unis et de la France n’est pas partagée par la
Russie et encore moins par le président Bachar Al Assad et son peuple qui l’a
assuré de sa confiance. Ce fut le cas lors du référendum
de février 2012, sur la modification de la constitution et lors des élections
présidentielles, en juin 2014.
Dans une entrevue
récente au Magasine français « Valeurs actuelles », le président
Assad a répondu à cette question portant sur son départ obligé.
« Je répondrais tout d’abord par la question suivante :
le peuple syrien a-t-il désigné le président Hollande pour être son
porte-parole ? Accepteriez-vous, en tant que citoyen français, qu’une remarque
pareille vienne d’un homme politique étranger, quel qu’il soit ? Ne serait-ce
pas une offense au peuple français ? Nous voyons les choses de manière
identique. N’est-ce pas insulter le peuple syrien que de tenir de tels propos ?
Cela ne veut-il pas dire qu’il ne reconnaît pas ce peuple ?
Il
en va de même avec l’argumentaire russe qui y fait valoir le droit
international des peuples à disposer eux-mêmes de leur propre destin.
Lavrov,
ministre des Relations extérieures de Russie : “La politique
russe ne consiste pas à demander à
quelqu’un de démissionner. Le changement de régime n’est pas notre profession”
Poutine
à la T.V. américaine : “Il n'existe aucun moyen de
régler le problème syrien autrement que par le renforcement des institutions
d'État légales en place et en les aidant à combattre le terrorisme.”
Il
y a donc un fossé infranchissable qui
sépare la compréhension que se font les États-Unis et la France de la
démocratie et du droit international par rapport à celle que se fait la Russie.
Pour les premiers, la démocratie est surtout la participation contrôlée d’un
peuple à l’élection de ses représentants. Le contrôle de cette participation
aux suffrages universels peut prendre de multiples formes, allant de la
corruption jusqu’au contrôle de chaque étape du processus électoral lui-même.
Par son vote, le citoyen a le sentiment de participer au choix de ses
dirigeants et du régime politique de son État.
Tant
que les peuples s’accommodent de cette démocratie, l’empire, les oligarchies et
leurs alliés en font l’apothéose de la liberté. Toutefois, lorsque des peuples
prennent conscience de cette grande tricherie et décident de récupérer leur démocratie
en la transformant en un pouvoir du peuple pour le peuple, alors, là, la
démocratie perd de son charme pour l’empire et les oligarchies qui en avaient
le plein contrôle. Ce fut le cas, en 1973, du peuple chilien sous la gouverne
de Salvador Allende. Ce fut également le cas, en 2009, du Honduras, sous la
gouverne de Manuel Zelaya. C’est actuellement le cas du Venezuela de Chavez et
de Maduro, de la Bolivie d’Évo Morales, de l’Équateur de Rafael Correa. Ces
derniers sont constamment menacés par des coups d’État et des interventions
terroristes visant la déstabilisation et le renversement de leurs
gouvernements. Pourtant, aucun de ces pays ne peut être accusé de torturer et
de massacrer leurs peuples. Aucun ne peut les accuser de manipuler en leur
faveur le système électoral. Pour ce qui est du Venezuela, la Bolivie et
l’Équateur, ils ont un système électoral qui ne permet pas la fraude.
L’ex-président des États-Unis et un habitué du suivi d’élections, dans diverses
régions du monde, a qualifié le système de votation du Venezuela comme l’un des
plus fiables au monde. Alors, c’est quoi ce harcèlement des chantres de la
démocratie et du droit international?
Ce
que veulent les têtes dirigeantes de l’Occident ce n’est ni la démocratie, ni
le respect du droit international, sinon le plein contrôle des peuples, des
gouvernements et des richesses. Ils veulent être les maîtres du monde. Que ce
soit l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Ukraine et tous ces pays de l’Amérique
latine, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient qui leur échappent encore,
l’objectif recherché est le même.
Ce
n’est pas pour rien, si ces têtes dirigeantes de l’Occident ont perdu toute
crédibilité. Tout est combine et manipulation. Le mensonge et l’hypocrisie sont
devenus leur réalité.
Je
vois de façon très positive l’actuation de Vladimir Poutine dans le sens du
respect du droit international et de celui des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Son intervention en Syrie vient renforcer le respect des institutions
démocratiques et donne un signal clair à l’empire et à ses acolytes que le jeu
de l’interventionnisme et du terrorisme prend fin. Il a les armes et l’intelligence
de leur usage pour que ses “partenaires récalcitrants” y réfléchissent, deux
fois plutôt qu’une, avant de poursuivre
dans le sens de l’interventionnisme qui ne respecte ni les peuples ni leurs
droits.
Oscar
Fortin
Le
20 novembre 2015
Kissinger :
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