POUR Y
JETER LES BASES D’UNE RÉVOLUTION DE COULEUR
Nous connaissons tous ces révolutions présentées sous le chapeau des
« révolutions
de couleur ». Elles consistent pour l’essentiel à introduire sous les
couverts les plus inoffensifs des agitateurs qui sauront enflammer de diverses
manières les groupes d’opposition pour les transformer en force
déstabilisatrices de l’État. Une stratégie qui a donné ses fruits dans
plusieurs pays de l’Est et au Moyen-Orient. Dans ce dernier cas, on parle
surtout des
printemps arabes.
J’ai écouté avec attention la conférence de presse qui a suivi les échanges
des deux dirigeants. Je n’ai perçu aucun changement chez Obama quant aux
objectifs de changement de régime à Cuba. L’approche envisagée ne sera plus
celle du Blocus économique, devenue plutôt une monnaie d’échange pour forcer
certains changements, mais celle des révolutions de couleur qui agissent de
l’intérieur comme un cancer qui s’attaque au régime en place.
L’ouverture de ce nouveau chapitre, perçu comme une bonne nouvelle et
marquant l’avènement d’une ère nouvelle, risque de se transformer en cauchemar
pour ceux et celles qui en découvriront rapidement le venin qui s’y cache. Au
moment où la Bolivie, le Venezuela et l’Équateur renvoient chez eux ces
organisations étasuniennes aux multiples visages humanitaires, Obama voit
l’opportunité de les y introduire à Cuba sous le couvert de la coopération en
éducation, dans les secteurs de la santé, dans celui de la recherche, etc.
Ce que M. Obama ne sait pas, c’est que le peuple cubain n’est pas
n’importe quel peuple. S’il est pauvre, il n’est pas ignorant et ses dirigeants
ne sont pas sans le voir venir avec ses ambitions secrètes d’en arriver à avoir
raison du régime révolutionnaire cubain et de ses dirigeants. Le président
Raoul Castro, avec ses 84 années bien comptées, s’est révélé d’une très grande
ouverture pour en arriver à construire un nouveau pont, fondé sur le respect de
la diversité et de la souveraineté des deux peuples. Il veut bien croire en la
sincérité du président Obama pour mettre en marche cette nouvelle approche de
faire de la politique internationale, mais il n’y va pas les yeux fermés.
Il sait que l’homme qu’il reçoit et à qui il a donné la main est le
même qui a déclaré le Venezuela comme menace
à la sécurité nationale des États-Unis, ouvrant ainsi la porte à une
intervention militaire au Venezuela. Il sait également que c’est ce même homme
qui a soutenu le coup d’État
militaire au Honduras, en 2009, puis celui
tout en douceur au Paraguay, en 2012, contre le président Fernando Lugo. Il
sait que ce même Obama a tout fait pour discréditer l’ex-présidente
d’Argentine, Cristina
Fernandez et, maintenant, qui salive les suites que connaîtront les actions
visant la
destitution de la présidente du Brésil et le discrédit du candidat
potentiel pour les prochaines élections présidentielles, Ignacio Lula. Il sait
qu’il en va de même pour la Bolivie d’Evo Morales où tout en fait pour le
discréditer. Ill en ainsi pour l’Équateur de Rafael Correa.
Sur la photo qui coiffe cet article, on voit un Raoul qui regarde Obama
dans les yeux alors que ce dernier, comme s’il se savait démasqué, n’ose
supporter ce regard et se contente de regarder ailleurs avec in sourire
trompeur.
Deux mondes, deux vérités, deux vécus se croisent en ce moment de
l’histoire. L’un est puissant en armes et en argent, l’autre en authenticité de
vie et en solidarité humaine.
Sans la bonne foi des parties et le respect de la diversité des
régimes, aucun pont, réunissant les deux peuples, ne pourra être construit.
La bonne volonté de Washington doit se manifester par l’élimination du
blocus économique, condamné, année après année, par l’Assemblée générale des
Nations Unies et la remise, sans condition du territoire cubain occupé
illégalement par les États-Unis à Guantanamo. Ces deux décisions marqueront le
début d’une ère nouvelle.
Oscar Fortin
Québec, le 22 mars 2016
Le pouvoir du président américain est beaucoup plus limité que ce que l’on croit. Au-dessus du gouvernement américain règne un pouvoir beaucoup plus puissant que Peter Dale Scott décrit dans son livre intitulé : « L’État profond américain ». Ce pouvoir de l’ombre se développe depuis trois décennies et impose sa loi sur le monde entier : par la dérégulation-délocalisation, la financiarisation de l’économie virtuelle, la faillite de Wall Street et ses spéculations boursières, les pétrolières, les pharmaceutiques, les multinationales d’armement, l’érosion des libertés civiles et la guerre sans fin. Nos pays sont en train de perdre leur liberté et démocratie.
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